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MÉDITER, verbe
A. − Emploi trans.
1. Méditer qqc.[L'obj. désigne une activité mentale] Soumettre à une longue et mûre réflexion. Synon. approfondir, réfléchir (à).Méditer des paroles, une phrase, une réponse; méditer une pensée, une vérité. Avant tout, méditez l'expression concise de mon opinion sur la société considérée dans son ensemble (Balzac,Lys,1836, p.156).J'ai découvert ce secret il y a longtemps. Mon coeur bat quand je le médite (J. Bousquet,Trad. du silence,1936, p.227).
Qqn médite que + complétive à l'ind. (rare).Songer (que). Il convient que je médite que la simplicité classique est belle par la force de la pensée (Barrès,Cahiers,t.2, 1900, p.178).
En partic. [L'obj. désigne une oeuvre ou un aut.] Étudier la pensée, la manière, le contenu (de). Synon. se concentrer (sur), (se) recueillir (sur).Méditer Spinoza. Or, quiconque a médité l'Évangile, doit convenir que ses préceptes divins ont précisément ce caractère triste et tendre (Chateaubr.,Génie,t.1, 1803, p.398).Cornélia avait l'habitude de lire (...) chaque matin à son réveil un sonnet de Pétrarque. Ce sonnet, elle le méditait et s'en nourrissait tout le jour (Maurois,Ariel,1923, p.151).
2. Préparer par une longue et mûre réflexion.
a) Vx. [L'obj. désigne une oeuvre, une entreprise quelconque] Méditer une aventure, un suicide, un voyage. Je fus bien aise d'avoir vu l'établissement champêtre où cet homme méditait d'avance son repos et son bonheur pour sa vieillesse (Lamart.,Voy. Orient,t.1, 1835, p.46).Elle s'occupa, les premiers jours, à méditer des changements dans sa maison (Flaub.,MmeBovary,t.1, 1857, p.36):
1. Surtout gardez-vous bien de leur parler politique et de leur confier la nature du remède que vous méditez à leur égard, car il faut craindre les préjugés. Reybaud,J. Paturot,1842, p.317.
b) [L'obj. désigne une production de l'esprit] Synon. élaborer.Méditer un livre, un sujet, une tragédie. Je suis tout occupé à méditer ma harangue, que peut-être à la fin je ne prononcerai pas (Courier,Lettres Fr. et Ital.,1821, p.902).Toujours préoccupé de moi, de mes ouvrages, de mes lettres, et méditant des publications de tout cela (Barb. d'Aurev.,Mémor. 3,1856, p.27):
2. Le vétérinaire s'assit à son bureau-secrétaire (...) et (...) médita sa lettre un moment. Il voulait qu'elle fût à la fois ferme, affectueuse, discrète et séduisante. Aymé,Jument,1933, p.91.
3. Méditer qqc. (à l'égard de/contre qqn).[L'obj. désigne un acte moralement condamnable; le subst. introduit par une prép. peut désigner une pers., un animal ou, par personnification, une chose] Projeter quelque chose (contre/à l'égard de quelqu'un). Synon. mijoter (fam.), ourdir, ruminer (fam.), tramer.Méditer une action ignoble, un mauvais coup, un crime, des forfaits, une méchanceté, une vengeance (à l'égard de/contre qqn). Starno, long-temps vaincu par le brave Fingal, méditait contre lui des projets de vengeance (Baour-Lormian,Ossian,1827, p.128).Sade médite l'attentat contre la création: «J'abhorre la nature... Je voudrais déranger ses plans (...)» (Camus,Homme rév.,1951, p.64).
P. ell. du compl. prép. Ce spectacle étonne et afflige Aëtès, qui retourne vers sa ville (...) méditant de nouveaux moyens de perdre Jason et ses compagnons (Dupuis,Orig. cultes,1796, p.280).À quoi pensez-vous? demanda-t-il, vous semblez méditer un complot (Estaunié,Empreinte,1896, p.110):
3. Alexis regagnait sa place sous le regard bienveillant et rêveur de son père, mais l'Adélaïde méditait un biais pour le perdre. Aymé,Jument,1933, p.80.
Méditer de + inf.Synon. calculer, combiner, manigancer.A-t-on pu obtenir (...) que la patrie cessât de payer les traîtres qui méditoient de déchirer son sein? (Robesp.,Discours,Guerre, t.8, 1791, p.50).Vous méditiez de porter un coup de Jarnac au champion qui combattait pour vous! (Sandeau,Mllede La Seiglière,1848, p.255):
4. Dans les contes marocains, il y a un personnage classique: le père qui médite de faire tuer sa fille, parce qu'il la voit amoureuse. Montherl.,Maître Sant.,1947, II, 1, p.633.
B. − Emploi trans. indir. Qqn médite à/sur qqc.Se livrer à de longues et profondes réflexions (à propos de/sur quelque chose). Synon. réfléchir (sur).
1. Rare. Méditer à qqc.Depuis un mois je ne cesse de penser à la mort, d'y méditer le matin, et de dire le soir un De profundis (E. de Guérin,Lettres,1839, p.313).Étant depuis trois jours en mon lit, c'est à mon lit que je pense, et même dans le sommeil j'y médite encore (Maupass.,Contes et nouv.,t.1, Lit, 1882, p.634):
5. J'étais donc là, extrêmement calme, les gens faisaient pas attention... ils allaient à leurs turbins... Je méditais à ma journée... Céline,Mort à crédit,1936, p.378.
2. Méditer sur qqc.Méditer sur un enseignement, un texte; méditer sur la condition humaine, sur la destinée, sur les grands sujets de la vie et de la mort. Il (...) se promenait à grands pas sur le gaillard d'arrière avec l'air de méditer profondément sur quelque point de la science nautique (Jouy,Hermite,t.3, 1813, p.38).Comme un homme qui, passé le grand emportement du désir, s'étonne de lui-même et médite sur ce qu'il fut (Montherl.,Pte Inf. Castille,1929, p.619):
6. ... je suis encore à concevoir (...) comment, en méditant sur tant de maux, l'on peut conclure froidement que toute recherche pour améliorer son sort n'est qu'un rêve inutile. Conclusion désespérante d'une législation stérile et orgueilleuse! Senancour,Rêveries,1799, p.218.
C. − Emploi abs. S'absorber dans de profondes réflexions. Synon. penser, réfléchir, rêver.Dans les situations violentes ce n'est pas se distraire, c'est méditer avec douceur qui est le plus grand bien auquel on puisse atteindre (Staël,Lettres L. de Narbonne, 1792, p.29).Je n'ai rien écrit de neuf depuis que tu m'as vu; j'ai médité, j'ai fait des plans (Flaub.,Corresp.,1838, p.31):
7. Il n'y a pas eu de meilleur Européen que notre héros intellectuel, qui va et vient si facilement. Il pense où il peut bien penser: il médite, il invente, il calcule, un peu partout... Valéry,Variété IV, 1938, p.211.
En partic. Faire de pieuses méditations. Je ne pouvais plus méditer sans retomber dans mes angoisses sur la justice et la bonté divines, en regard du mal et de la douleur qui règnent sur la terre (Sand,Hist. vie,t.4, 1855, p.284).Les disciples, non loin, assis sous les portiques, Méditaient, le coeur plein de visions mystiques (Leconte de Lisle,Poèmes barb.,1878, p.344).
REM.
Méditant, -ante, adj. et subst.,littér., rare. a) [En parlant d'une pers.] Qui se livre à la méditation. Vatard garda le silence, mais il devint, à son tour, méditant et triste (Huysmans,Soeurs Vatard,1879, p.148).Laurent resta quelques minutes au milieu du laboratoire, immobile et méditant (Duhamel,Combat ombres, 1939, p.97).Emploi subst. Oui, je suis bien plus un méditant qu'un liseur (Goncourt,Journal,1893, p.366).Et voilà soudain devant nous, l'anachorète de l'Inde, le panthéiste, le méditant des Upanishds (Arnoux,Calendr. Fl.,1946, p.148).b) [En parlant des traits physiques ou psychol. d'une pers.] Qui reflète la méditation ou qui est tourné vers elle. Le taciturne: tête carrée, méditante et robuste, œil oblique (Du Camp,Hollande,1859, p.70).En elle [Jeanne] se développait une espèce de mélancolie méditante (Maupass.,Une Vie,1883, p.91).Nous, les humains, nous participons de deux vies: la vie active, et la vie que l'on peut dire méditante, celle qui déterminera ensuite nos actions (L. Daudet,Ét. et mil. littér.,1927, p.78).c) [En parlant d'éléments de la nature ou d'objets par personnification] Qui semble méditer. Les trous de drapeaux méditants S'exaltent dans notre avenue (Mallarmé,Poés.,1898, p.75).À la lumière de la lune méditante je comprenais ce que je voulais faire (Jouve,Scène capit.,1935, p.229).
Prononc. et Orth.: [medite], (il) médite [medit]. Ac. 1694, 1718 me-, dep. 1740 mé-. Étymol. et Hist. 1. Ca 1330 «action de réfléchir profondément sur un sujet» (Guillaume de Digulleville, Pélerinage vie humaine, éd. J. J. Stürzinger, 4361); spéc. av. 1414 «action de réfléchir sur un mystère de la religion» (Myst. Passion, Ms. Arras, éd. J.-M. Richard, 11272); 2. 1495 «préparer quelque chose par une longue réflexion, projeter» (J. de Vignay, Mir. hist., 4evol., fo124d ds Gdf. Compl.). Empr. au lat. meditari (fréquentatif de medeor «soigner») «préparer, avoir en vue quelque chose, s'exercer» d'où «réfléchir», avec infl. sém. de méditation*. Fréq. abs. littér.: 1890. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2869, b) 2579; xxes.: a) 2656, b) 2607.
DÉR.
Méditateur, subst. masc.,rare. Personne qui s'absorbe dans de longues méditations, d'ordre religieux surtout. L'effet général de ses lignes, qui rappelaient celles que le génie des peintres espagnols ont le plus affectionnées pour représenter les grands méditateurs monastiques (Balzac,Curé vill.,1839, p.42).Des méditateurs passaient, des anges, des saints, des souffles surnaturels (Zola,Dr Pascal,1893, p.83).Quel abîme! À quoi rêvent les grands méditateurs religieux? (Barrès,Cahiers,t.4, 1905, p.120). [meditatoe:ʀ]. 1reattest. 1834 (Boiste); de méditer, suff. -(at)eur2*; cf. le b. lat. meditator «celui qui médite» (av. 431 ds TLL s.v., 573, 3).
BBG.Iéremia (E.). Essai d'analyse sémique. B. de la Soc. roum. de ling. rom. 1974, t.10, pp.23-35. _ Schalk (F.). Der Artikel méditation in der Diderotschen Enzyklopädie. Rom. Forsch. 1977, t.89, pp.227-239.