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MÉCONNAÎTRE, verbe trans.
A. − Méconnaître qqc.
1. Vx. Ne pas reconnaître, ne pas identifier (quelque chose de connu); ignorer. Quand on se mêle de critiquer, il ne faut pas pousser le défaut de mémoire jusqu'à méconnoître un passage de l'Écriture (Chateaubr., Martyrs, t. 1, 1810, p.98).Ils ont bien perdu, nos paysans, dans leur contact avec les livres, et qu'y ont-ils appris qu'une ignorance de plus, à méconnaître leurs devoirs? (E. de Guérin, Journal, 1837, p.124).Je suis encore fort étranger dans les Alpes. Je n'ai pu néanmoins méconnaître la cime colossale du mont Blanc (Senancour, Obermann, t. 1, 1840, p.43).
2. Ne pas reconnaître la véritable nature d'une chose; se méprendre sur ses qualités, son caractère. Comment méconnaître la nature des intentions qui soulevèrent cette juvénile fureur? (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p.67).Le temps vécu, conservé, amoncelé n'est donc rien, et pourtant on s'expose à de graves mécomptes et à des malentendus cruels si on méconnaît cette évidence de l'inexistant (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p.32):
1. Les populations de cet empire à demi barbare sont dans l'ombre; d'elles-mêmes et d'autrui, de leur intérêts, de leur avenir, elles distinguent et savent peu de choses; le gouvernement, qui devrait les guider et qui s'y hasarde en effet, ignore presque tout et méconnaît le reste. Or, pour les gouvernements comme pour les individus, méconnaître est pire qu'ignorer. Hugo, Rhin, 1842, p.441.
[Le compl. désigne un affect] Méconnaître l'amour, la douleur, l'émotion de qqn. Je méconnus le sentiment de mon ami; il s'en aperçut, me prit la main (Staël, Corinne, t. 2, 1807, p.247).J'ai jadis méconnu le dévouement d'une jeune fille, ma passion doit être aujourd'hui méconnue (Balzac, Méd.camp., 1833, p.229).
En partic. [Le compl. désigne une loi, un règlement, un droit, etc.] Ne pas reconnaître comme valable ou légitime, refuser d'admettre, d'accepter. Méconnaître les bienséances, une coutume, un usage. Si la très grande majorité voulait être criminelle, et méconnaître les lois, qui est-ce qui aurait la force de l'arrêter ou de la contraindre? (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823,p.231).[Le sixième roi (de Rome)] flatte les classes inférieures, leur distribue des terres, méconnaissant le principe du droit de propriété (Fustel de Coul., Cité antique, 1864, p.317).[Les communistes] se garderont toujours de méconnaître mon autorité ou d'insulter ma personne (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p.100).
Rem. On relève la constr. méconnaître que. Enfin il mourut, parce qu'il passa fièrement à côté de la médiocrité, méconnaissant que cette déesse est l'arbitre du monde et tient dans ses mains les seuls biens qui puissent être obtenus (Gobineau, Pléiades, 1874, p.318). Les Français dignes de ce nom ne peuvent méconnaître que la défaite anglaise scellerait pour toujours leur asservissement (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p.277).
B. − Méconnaître qqn/qqc. (relatif à qqn)
1. Vieux
a) Ne pas reconnaître (quelqu'un de connu). Le roi retomba dans un accès plus terrible que jamais (...). La vue de la reine le mettait en fureur, et il méconnaissait aussi ses enfans (Barante, Hist. ducs. Bourg., t. 2, 1821-24, p.164).P. méton.; [le compl. désigne un attribut de la pers.] J'ai repoussé cette tête qui est retombée sur l'oreiller. Cette tête n'était plus belle: déjà en contemplant ce qui restait de mon unique amie, j'ai méconnu ses traits (Latouche, L'Héritier, Lettres amans, 1821, 163).
En partic. Affecter de ne pas connaître quelqu'un, refuser de le reconnaître pour sien. Il est devenu si orgueilleux qu'il méconnaît ses parents, ses amis (Ac.).
b) Emploi pronom. réfl. Se tromper sur soi-même, sur sa nature propre. C'est elle [la responsabilité] (...) qui anime l'émulation, arrête les prétentions excessives, et punit d'une chute soudaine l'ambitieux qui se méconnaît (Proudhon, Créat. ordre, 1843, p.424).
En partic. Oublier ses origines ou sa condition. Les parvenus se méconnaissent aisément. Vous prenez un ton qui ne vous convient pas, vous vous méconnaissez (Ac.).
2. Ne pas reconnaître le mérite, la valeur de quelqu'un, ne pas apprécier quelqu'un à sa juste valeur. Nous pourrons lui dire son fait à cette société qui méconnaît des êtres de notre valeur (Reybaud, J. Paturot, 1842, p.46).Mais n'est-ce pas, plutôt, que je souffre d'être méconnu par Max? Méconnu, c'est-à-dire insuffisamment apprécié à mon gré (Larbaud, Barnabooth, 1913, p.127).L'on a parfois appelé le XIXesiècle, siècle de la critique. Par antiphrase, sans doute: c'est le siècle où tout bon critique méconnaît les écrivains de son temps (Paulhan, Fleurs Tarbes, 1941, p.19).
[P. méton. du compl.] Elle crut avoir méconnu l'âme de son vieux père en se voyant l'objet de ses soins les plus tendres (Balzac, E. Grandet, 1834, p.218).Venir épancher (...) ses amertumes d'homme supérieur dont on méconnaît les services (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, 3etabl., iii, p.114):
2. ... je me demande si j'avais méconnu saint Thomas et Maurras; leurs doctrines continuaient à me déplaire; mais j'aurais voulu savoir comment on voyait le monde, comment on se sentait soi-même, quand on les adoptait... Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p.288.
Prononc. et Orth.: [mekɔnεtʀ ̭], (il) méconnaît [mekɔnε]. Ac. 1694 et 1718: mesconnoistre; 1740-1798: méconnoître; dep. 1835: méconnaître. Étymol. et Hist. 1. 1remoitié du xiies. intrans. «ignorer» (Psautier Cambridge, 118, 67 ds T.-L. [ignoravi]); 2. ca 1165 trans. «ne pas reconnaître» (Benoît de Ste-Maure, Troie, 6449, ibid.); 3. a) ca 1200 «ne pas apprécier quelqu'un ou quelque chose à sa juste valeur» (Aliscans, éd. E. Wienbeck, W. Hartnacke et P. Rasch, 2582); b) 1834 méconnu «qui n'est pas apprécié à sa juste valeur» (Balzac, Langeais, p.306); c) 1840 subst. (Id., Prince Bohême, p.368); 4. a) ca 1245 «inconnu» (St Auban, 78 ds T.-L.); b) 1809 «qui n'est pas connu, qui ne jouit pas de notoriété» (Constant, Wallstein, p.5); 5. a) 1349 se mesconoistre «se tromper» (Songe vert, 406 ds T.-L.); b) 1508 «se tromper sur soi-même, se surestimer» (É. d'Amerval, Livre de la deablerie, éd. Ch. Fr. Ward, p.85a); 6. 1377 [ms. du xvies.] «ignorer, ne pas reconnaître une chose pour ce qu'elle est» (trad. de la Chirurgie de Lanfranc, fo59 ds Littré); 7. 1672 «refuser de reconnaître pour sien (un parent, un ami, un acte dont on est l'auteur)» (Racine, Bajazet, I, 1); 8. 1717 «refuser d'admettre, d'accepter» (Cour des comptes, aides et fin. de Normandie, arrêt ds Littré). Dér. de connaître*; préf. mé-* Fréq. abs. littér.: 810. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1514, b) 865; xxes.: a) 1038, b) 1063.