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MÂTIN2, -INE, subst. et interj.
I. − Emploi subst.
A. − Péj., vieilli. Personne grossière ou désagréable. C'est un vilain mâtin (Guérin 1892). Bob Milner (...) était un petit mâtin, hargneux et sûr (Bourget, Monique, Trois récits de guerre, 1902, p.229):
1. Et le mâtin [un professeur] n'omettait pas de marquer les consignes qu'il faisait grêler sur nous. Et même, un jour qu'il était à l'article de la mort, il envoya par sa bonne au censeur la liste coercitive. Jammes, Mém., 1922, p.10.
B. − [Souvent dans des tours exclam.] Personne capable de hardiesse et de ruse. Synon. coquin.La mâtine! pensait-il. Elle se moquait de moi! Lui aussi me trompait. Comme ils cachaient leur jeu! (Rolland, J.-Chr., Amies, 1910, p.1118):
2. − Voulez-vous me permettre, ma cousine, de sentir votre pouls? Vous avez peut-être de la fièvre. − Mais non, s'écria Renée. Je n'ai pas de fièvre, je vous jure (...). − Donne donc ta main, Renée. As-tu peur de ton cousin? C'est une consultation qui ne te coûtera rien, ma petite!... à moins que le mâtin ne réclame des honoraires. Arland, Ordre, 1929, p.84.
En partic. Enfant espiègle, turbulent. De la couvée le seul où je reconnaisse ma graine tout à fait, c'est ma coquine Martine, ma fille, la mâtine! m'a-t-elle donné du mal à passer sans naufrage jusqu'au port du mariage! (Rolland, C. Breugnon, 1919, p.19):
3. Et même le sommeil de Sylvie, ou ses sourires jaseurs sur les genoux de sa mère, ou son geste goulu vers le sein veiné de bleu − car elle tétait encore, la mâtine, à son âge! − c'étaient des choses qui faisaient mal, qui serraient la poitrine (...) sans qu'on pût expliquer pourquoi. Genevoix, Raboliot, 1925, p.148.
C. − Emploi subst. fém., pop. [Souvent dans des tours exclam.] Jeune fille ou femme au tempérament ardent. Une solide gaillarde dont le sang fourmillait et dansait dans les veines, une grande mâtine qui avait couru aux hommes, dès les premiers frissons de sa puberté (Huysmans, Soeurs Vatard, 1879, p.17):
4. Dès qu'elle rentrait, il la visitait, il la regardait bien en face, pour deviner si elle ne rapportait pas une souris sur l'œil, un de ces petits baisers qui se fourrent là sans bruit (...). Un soir, elle reçut encore une danse, parce qu'il lui avait trouvé une tache noire au cou. La mâtine osait dire que ce n'était pas un suçon! Zola, Assommoir, 1877, p.723.
II. − Interj. (au masc.), fam. [Pour marquer l'étonnement admiratif ou la surprise] Deux gibelottes, mâtin! dit-elle tout bas à la fille qui servait le garçon, voilà un jeune homme qui se nourrit bien (Murger, Scène vie boh., 1851, p.31).Il pensait: «Elle est vraiment jolie, cette fille. Elle a des yeux superbes. Et c'est une gaillarde, mâtin!» (Maupass., Contes et nouv., t.1, Hérit., 1884, p.477).
REM.
Mâtiche, interj.,synon. pop.Labosse: Quels amis? Tes camarades de boîte? René: Oui. Tous ont la leur [une «dame»]. Labosse: Mâtiche de précocité! Ah! on va bien chez Sautille! Et comment font-ils, ces messieurs, pour voir leurs objets aimés? René: Au parloir, et les jours de sortie (Lavedan, Vx marcheur, 1895, p.59).Je me revois à Neuilly, chez les soeurs de Notre-Dame des Trente-Six-Douleurs, espèce de maison de refuge, en même temps que bureau de placement, pour les bonnes. C'est un bel établissement − matiche − à façade blanche, au fond d'un grand jardin (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p.252).
Prononc. et Orth.: [mɑtε ̃], [-a-], fém. [-in]. Ac. 1694, 1718 mastin; dep. 1740 -â-. Étymol. et Hist. 1. 1119 «gros chien qu'on emploie à la garde des maisons» ici terme de mépris utilisé envers un homme (Philippe de Thaon, Comput, 2731 ds T.-L.); 1155 sens propre (Wace, Roman de Brut, éd. I. Arnold, 6138); 2. xves. [ms.] «homme grossier, qui, comme un mâtin, tourmente et maltraite celui qui se présente à lui» (Au Roy de la pye ds Le Parnase satyrique, pièce 87, éd. M. Schwob, p.170); 1573 fém. (Larivey, Facecieuses nuictz de Straparole, III, 3 ds Gdf. Compl.); spéc. 1640 «garce» (Oudin Curiositez); 3. 1847 «luron» (Balzac, Cous. Pons, p.183); 1874 subst. fém. (Lar. 19e). Du lat. pop. *ma(n)suetinus «apprivoisé», dér. du lat. class. mansuetus «id.». Fréq. abs. littér. Mâtin: 102. Mâtine: 30. Bbg. Pauli 1921, p.49.