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MARMITE, subst. fém.
A. −
1. Récipient de terre ou de métal, à fond plat ou arrondi, parfois sur trois pieds, muni d'un couvercle et généralement d'anses, et dans lequel on fait bouillir de l'eau, cuire des aliments. Marmite de cuivre, d'étain, de fer, de fer-blanc, de fonte; marmite commune. Mettez dans une marmite d'une contenance de quatre litres le gras-double, le lard et le pied, en ayant soin que les diverses espèces de viandes soient mêlées (Gdes heures cuis. fr.,J. Gouffé,1877, p. 184).La mère accrocha son écumoire à l'oreille de la marmite (Aymé,Jument,1933, p.176).Il convient d'éviter, à tout prix, de mettre la casserole, la marmite ou la cocotte sur la table (Mathiot,Éduc. mén., 1957, p.46).
a) En partic.
Marmite basse, à ragoût. Synon. fait-tout (d'apr. Lar. mén. 1926).
Marmite haute, à bouillon (d'apr. Lar. mén. 1926).
Marmite norvégienne. Appareil calorifugé avec des matières isolantes dans lequel on place un récipient dont le contenu, précédemment porté à ébullition, peut continuer à cuire plusieurs heures. Avec une grande marmite norvégienne, on peut aussi faire économiquement une lessive. Faites bouillir sur le feu, pendant une demi-heure, et plongez dans le cuiseur pendant toute la nuit (Lar. mén.1926, p. 459).La marmite norvégienne est un appareil qui consiste en une caisse à couvercle (...) où l'on place prestement la marmite sortie du feu vif (Ac. Gastr.1962).
P. méton. Procédé de cuisson de cet appareil. La marmite norvégienne, qui nécessite une durée de cuisson prolongée, est le procédé le plus destructeur des vitamines (R. Lalanne,Alim. hum.,1942, p. 101).
b) P. méton. Le contenu de ce récipient. Une marmite de bouillon; la marmite bout; faire bouillir une marmite de soupe. Le jour où je m'apercevrai (...) que je ne sais même plus faire chauffer une marmite d'eau sur le feu, je m'en irai tout de suite (Renard,Poil Carotte,1894, p. 86).Une marmite chantonnait dans l'âtre (A. France,Pt Pierre,1918, p. 239).
c) [Dans des loc. fig. et des proverbes]
Loc. fig. (Avoir le nez) en pied de marmite. (Avoir un nez) large du bas et retroussé. Les yeux rieurs et un peu sournois, la bouche gourmande, le nez en pied de marmite (Gide,Journal,1914, p. 491).Écumer la marmite (v. écumer B 1). Écumeur de marmite (v. écumeur A). Fourbir la marmite (région., v. fourbir B rem.).
Proverbe. Il n'y a pas si vieille marmite qui ne trouve son couvercle (v. ce mot A 1).
Rem. On relève deux loc. où marmite remplace l'usuel pot. Depuis toujours, les malheureux habitants de la terre paient les marmites cassées en leurs conflits, Kolikongbo tuant les amis de N'Gakoura, et N'Gakoura ceux de Kolikongbo (Maran, Batouala, 1921, p. 145). [Le connétable] était sourd comme une marmite (Druon, Lis et lion, 1960, p. 34).
2. Au fig. [En tant que symbole de la nourriture, de la subsistance]
a) Locutions
Faire bouillir la marmite. Assurer la subsistance, l'entretien d'un ménage. Cleiss m'a proposé des travaux qui suffiraient à faire bouillir la marmite, mais qui me prendraient tout mon temps (Duhamel,Notaire Havre,1933, p. 133).Ces rêves, ces projets avortés ne faisaient pas bouillir la marmite. Or Jean-Jacques (...) avait désormais une très grande marmite à faire bouillir (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 235).
La marmite est renversée (dans cette maison) (vieilli, fam.). On ne donne plus à dîner (dans cette maison). Il lui disait en finissant qu'il allait déjeuner dehors. En l'absence de Madame Fusellier, partie la veille pour Nevers, sa ville natale, la marmite était renversée (A. France,Lys rouge,1894, p. 310).
b) Pop. et vieilli. Prostituée qui fait vivre un souteneur. [La prostituée] est, selon qu'elle lui rapporte [au souteneur] plus ou moins d'argent, marmite de cuivre, de fonte, de carton, marmite qui fuit (Lucas,Dangers prostit.,1841, p. 31).Le jour de son arrivée au régiment Garnéro s'était rendu célèbre en s'amenant dans la cour du bastion 19 (...) avec tout un troupeau de filles, des radeuses et des marmites de La Fourche, où ce jeune marlou tenait ses ébats (Cendrars,Main coupée,1946, p. 98).
Marmite cassée, fêlée. Prostituée qui ne rapporte plus. Lorsqu'une de ces femmes tombe malade, ou qu'elle est entre les mains de la police, alors le souteneur a une de ses marmites cassée (Lucas,Dangers prostit.,1841p. 51).Le souteneur-voleur pratique le vol lorsque sa marmite est fêlée (Macé, 1887ds Larch. Nouv. Suppl. 1889, p.150).
B. − P. ext. et p. anal.
1. TECHNOL. Récipient où l'on fait chauffer, bouillir divers matériaux. L'opération finale a lieu dans les marmites soufflées (procédé Huntington-Héberlein) après addition de chaux ou de silice, suivant la nature du minerai (Guillet,Techn. métall.,1944, p. 24).
P. méton. Le contenu d'un tel récipient. Les marmites de goudron qui bouillaient et les feux de copeaux dont on flambait la carcasse des navires (Flaub.,Champs et grèves,1848, p.371).
Marmite de Papin, marmite autoclave, à pression, à vapeur. Récipient dont le couvercle ferme hermétiquement et dans lequel on peut porter l'eau ou tout autre liquide à des températures supérieures à celle de l'ébullition à l'air libre et obtenir ainsi de la vapeur sous pression. Synon. digesteur.On peut (...) considérer la marmite de Papin comme l'appareil de stérilisation de l'avenir (...) destiné (...) à prendre dans les laboratoires la place qu'occupe (...) en Allemagne le poêle à vapeur fluente (Ser,Phys. industr.,1890, p. 451).
IMPR. ,,Creuset, chauffé à l'électricité ou au gaz, qui contient, sur une linotype, le plomb en fusion destiné à la fonte des lignes-blocs`` (Voyenne 1967).
2. [P. anal. de forme]
a) GÉOL. Marmite de géants. Cavité circulaire, creusée dans le lit rocheux d'un cours d'eau par le mouvement tourbillonnaire de galets, de matériaux grossiers:
. Nous n'insistons pas sur les modalités des détails de l'érosion: gorges, cluses, combes, canons, méandres encaissés, marmites de géants, cheminée des fées, arches naturelles, etc. qui font la joie des touristes et l'illustration de tous les manuels. Combaluzier,Introd. géol.,1961, p. 78.
b) Arg. milit. (guerre de 1914-1918). Gros obus ennemi. Ses fatigues de fantassin, son séjour dans de «vraies» tranchées, sous les marmites, sa blessure, avaient entièrement assouvi son appétit de gloire militaire (Romains,Hommes bonne vol.,1938, p. 181).Le village en décombres. Deux cents marmites, tombées la veille. Nuit noire où s'élèvent les fusées éclairantes (Martin du G.,Thib., Épil., 1940, p. 984).
REM. 1.
Marmitage, subst. masc.,arg. a) Arg. milit. (guerre de 1914-1918). Bombardement d'artillerie dense et continu. Il partit donc, en profitant de ce qui lui sembla une légère accalmie locale du marmitage (Romains,Hommes bonne vol.,1938, p. 15).b) Hapax. Entretien d'un souteneur ou prostitution. J'ai certainement rencontré des femmes qui étaient nées pour le marmitage aussi sûrement qu'un musicien est né pour faire de la musique (J.-H. Rosny, Un Autre monde,1898, 216 ds Quem. DDL t.5).
2.
Marmitier, subst. masc.a) Vx. ,,Cuisinier`` (Boiste 1834). b) Personne qui fait des marmites. Alors que moi, tout marmitier... C'est un homme qui fait des marmites, vous dites, Eh bien, oui, je fais des marmites (Giono,Eau vive,1943, p. 15).
Prononc. et Orth.: [maʀmit]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1388 «récipient de terre cuite ou de métal dans lequel on fait bouillir de l'eau ou cuire des aliments» (Comptes de l'argenterie de Charles VI ds Havard); loc. a) 1609 nez en pied de marmite (Discours du Srde l'Espine ds Sat. fr. du XVIIes., éd. F. Fleuret et L. Perceau, t. 1, p. 33); b) 1623 faire bouillir la marmite «subvenir aux besoins de sa famille» (Ch. Sorel, Francion, p. 66 ds IGLF); 2. 1841 arg. «prostituée qui fait vivre un souteneur» (Lucas, Dangers prostit., p.31); 3. 1637 bombes ou grosses grenades [...] en forme de marmites de fer (J. Boyvin, Le Siège de la ville de Dole, p. 122); 1847 marmite «bombe» (Delacroix, Journal, p. 172); 1915 «gros obus» (Lambert, Lang. poilus, p. 23); 4. 1845 géol. marmites de géant (Comptes rendus de l'Ac. des Sciences, t. 20, p. 595). Substantivation de l'adj. a. fr. marmite «hypocrite» att. de ca 1223, Gautier de Coinci, Miracles Vierge, éd. V. F. Koenig, I Mir 10,1869, au 1ertiers du xives., Ovide moralisé, éd. C. de Boer, XIV, 740, comp. de mite «chat» (chattemite*) et de l'élém. onomatopéique marm-, à l'orig. de marmonner*, marmotter*, marmouser (marmouset*): l'évolution sém. s'explique par le fait que la marmite, profonde et fermée par un couvercle, cache son contenu aux curieux, p. oppos. p. ex. à la poêle, plate et ouverte (cf. all. Topfgucker, fr. fouillaupot* «curieux»; v. FEW t. 6, 2, p. 180). Fréq. abs. littér.: 520. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 254, b) 936; xxes.: a) 1434, b) 629.
DÉR.
Marmitée, subst. fém.,rare. a) Contenu d'une marmite. Synon. usuel marmite.Tous les jours il nous faisoit cuire des marmitées de cheval (...) qu'il avoit écorchés (P. Leclair,Hist. brig. et assass. Orgères,1800, p. 100).Martin s'est dressé et, ce faisant, il a renversé la marmitée d'eau (Cendrars,Homme foudr.,1945, p. 260).b) Bombardement. «(...) nous attendons qu'on nous dise de faire aut'chose que d'tirer.» Le type (...) avait l'air pas rassuré et s'en r'ssentait pas pour la marmitée (Barbusse,Feu,1916, p. 61). [maʀmite]. 1reattest. fin xvies.-début xviies. (Journal de l'Estoile pour le règne de Henri IV, éd. L.-R. Lefèvre, juill. 1590, p. 56); de marmite, suff. -ée*.
BBG. Mack. t. 2 1939, p. 244. _ Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 170.