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MANÈGE, subst. masc.
A. − ÉQUITATION
1. Art de dresser un cheval; ensemble des exercices nécessaires à cet effet. Un cheval bon pour le manège, dressé au manège; mettre un cheval au manège; faire le manège (v. manéger A). J'ai eu l'honneur de prendre des leçons de manège à Paris dans la Grande Écurie, et je me flatte de ne pas les avoir oubliées (Mérimée,Débuts aventur.,1853, p. 340).Les damoiseaux et les chevaliers (...) s'entraînent à dresser et à manier leurs chevaux selon les règles du manège (Faral,Vie temps St Louis,1942, p. 205).
P. ext.
a) Vx. Ensemble des connaissances relatives au cheval (d'apr. Littré). Synon. hippologie.
b) Dans un spectacle d'équitation, ensemble des évolutions équestres, des exercices de haute école:
1. ... le privilège accordé en 1835 par le ministre de l'Intérieur à Dejean, directeur du Cirque Olympique, de faire représenter des pièces, mentionnait comme condition expresse (...) que les représentations théâtrales devraient toujours être précédées ou suivies de manoeuvres de cavalerie et d'exercices de manège. Hist. spect.,1965, p. 1523.
2. Salle de manège et, p. ell., manège. Lieu où l'on procède au dressage des chevaux, à la formation des cavaliers. Manège couvert, découvert; maître de manège. Le manège de dressage réglementaire mesure 60 m x 20 m (...). Le sol est en terre battue, recouverte d'une couche de substance très meuble (TondraCheval1979):
2. Je n'avais jusqu'à présent connu de chevauchées que celles du manège, fastidieux défilé des élèves sous les regards critiques du maître qui rectifiait les positions; mornes tours et retours, une heure durant, dans une morne salle close. Gide, Si le grain,1924, p. 555.
P. ext.
a) École d'équitation. Le XIXesiècle vit également le triomphe de la haute école, dont le nom même a été emprunté à l'équitation savante, et où l'on retrouve les grandes traditions des manèges royaux (Hist. spect., 1965, p. 1524).À Saumur (...), lorsqu'on parle du «manège», on sous-entend le Cadre Noir (Tondra,Cheval1979).
b) Établissement où l'on pratique l'équitation. Fontanet m'apprit qu'il prenait des leçons d'équitation dans un manège et qu'il devait bientôt faire une promenade à cheval au Bois (A. France,Vie fleur,1922, p. 480).
Cheval de manège. Octave Sarrasin, qui (...) savait à peine rester en selle sur les chevaux de manège qu'il louait à l'heure, était devenu (...) un des hommes (...) les plus (...) versés dans les mystères de l'hippologie (Verne,500 millions,1879, p. 169).
B. − [P. anal. avec le mouvement circulaire que décrivent les chevaux dans un manège]
1. CHORÉGR. ,,Mouvement (...) qui consiste à tourner en rond autour de la scène en pivotant sur soi-même, soit sur les pointes, soit sur les demi-pointes, ou en sautant`` (Reyna 1967). Ces démonstrations [manèges prolongés, sauts puissants, entrechats multipliés, etc.], qui s'apparentent aux compétitions athlétiques, viendront renforcer l'action artistique, mais ne sont pas indispensables (Bourgat,Techn. danse,1959, p. 20).
2. TECHNOL. Appareil formé d'un arbre vertical portant une perche horizontale à laquelle on attelle un animal, qui permet d'utiliser la force de celui-ci pour faire mouvoir une machine. Attelés au manège qui met en mouvement la machine à battre, deux chevaux robustes, las et patients, la tête dans un sac, tournent incessamment (A. France,Vie littér.,t. 2, 1890, p. 52).Un treuil vertical actionné par un manège à cheval servait à l'enlèvement des déblais, à la descente et à la remontée du personnel (Chartrou,Pétroles natur. et artif.,1931, p. 42):
3. Elle entra dans l'odeur forte des vieux buis qui entouraient le manège pour monter l'eau, et où l'ânesse Grisette dormait debout sur son routin de fumier. Félicité, d'un geste coutumier, piqua de son ombrelle le vieux cuir de la bête qui rua, puis s'ébranla. Mauriac, Génitrix,1923, p. 352.
P. ext. Appareil muni d'un train d'engrenage et fonctionnant à l'aide de moteurs (d'apr. Ac. 1935).
En partic. Appareil d'attraction foraine constitué par une plate-forme circulaire entraînée par un axe vertical, sur laquelle sont disposés des figures d'animaux, des véhicules, où se placent les enfants. Manège de chevaux de bois; faire un tour de manège. Ils arrivaient sur le boulevard de Clichy où somnolaient des baraques foraines; deux enfants tournaient en rond sur un petit manège; les montagnes russes dormaient sous une bâche (Beauvoir,Mandarins,1954, p. 280):
4. Un beau manège, avec des glaces dans tous les sens, et taillées à facettes, et de l'or, et les vaches la langue pendante et rose, les cochons avec des rubans bleus et des noms de femmes, les cygnes traînant des chars en velours rouge avec des clous de cuivre; et près de la caisse, au centre, la mécanique à musique toutes en tuyaux, dans un cadre de fleurs bleues et blanches... Aragon,Beaux quart.,1936, p. 161.
P. ext. Attraction foraine. Mais les gens s'amusaient bien davantage dans le manège aux automobiles (...) à cause des espèces d'accidents qu'on n'arrêtait pas d'avoir là-dedans et des secousses épouvantables que ça vous donne dans la tête et aux tripes (Céline,Voyage,Paris, Gallimard, 1975 [1932], p. 394).
C. − Au fig. [P. allus. au fait que les chevaux de manège, parfaitement dressés, se plient à toutes les sollicitations]
1. Vx. Art de se comporter envers les personnes, les choses. Veut-on écraser un individu isolé, sans manège, sans appui? On le calomnie dans un libelle; puis on l'empêche de publier sa justification (Marat,Pamphlets,Offrande à la Patrie, 1789, p. 25).Ce qui manque à Cousin, c'est l'entière franchise: il fait de la politique en tout, il a du manége (Sainte-Beuve,Cahiers,1869, p. 51):
5. Les Tuileries sont un salon, un salon en plein air, où les petites filles apprennent les manéges, les gentillesses et les précautions du monde, l'art de coqueter, de minauder et de ne pas se compromettre. Taine,Notes Paris,1867, p. 70.
2. Comportement adroit et artificieux d'une personne pour arriver à ses fins d'une manière indirecte. Manège d'hommes politiques. Alexis n'était pas saoul, il voyait fort bien les manèges d'Henriette auprès de Paulais, et comment celui-ci y répondait, et la jalousie de la femme cadavérique avec sa peau grillée (Triolet,Prem. accroc,1945, p. 191):
6. ... les femmes furent d'autant plus généralement éprises de ce caractère original, qu'il échappait à leurs adroites flatteries, à ce manège par lequel elles circonviennent les hommes les plus puissants, et corrodent les esprits les plus inflexibles. Balzac, Langeais,1834, p. 240.
P. anal. Le grand public (...) suit (...) avec scepticisme le manège des négociations du désarmement avec sa succession d'échecs (Goldschmidt,Avent. atom.,1962, p. 174).
3. P. ext., fam. Attitude, manière d'agir qui paraît incompréhensible. Ce matin même, et en présence d'une personne tierce, vous avez compromis ma fille!... Que signifie ce manège? (Toepffer,Nouv. genev.,1838, p. 233).
P. anal. [En parlant d'un animal] Suivre de l'œil, sans en avoir l'air, le manège d'un crabe qui s'enfouit dans le sable (Renard,Journal,1893, p. 167).
Prononc. et Orth.: [manε:ʒ]. Ac. 1694, 1718: -nege, 1740: -nège, 1762-1835: -nége, 1878, 1935: -nège. Étymol. et Hist. 1. 1611 «lieu où l'on exerce les chevaux; action d'exercer les chevaux» (Cotgr.); 1812 «appareil servant à utiliser la force des chevaux pour faire mouvoir une machine» (Mozin-Biber); 1893 manège de chevaux de bois (DG); 2. 1671 au fig. «manières d'agir adroites et artificieuses» (Mmede Sévigné, Lettre à Mmede Grignan, 11 nov. ds Corresp., éd. R. Duchêne, t. 1, p. 377). Empr. à l'ital. maneggio, att. au sens de «dressage des chevaux» dep. 1590 (Grisone ds Batt.), proprement «maniement, exercice, etc.», déverbal de maneggiare (manéger*). Fréq. abs. littér.: 539. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 533, b) 690; xxes.: a) 770, b) 1004. Bbg. Hope 1971, pp. 207-208. _ Mack. t. 2 1939, p. 139. _ Quem. DDL t. 12.