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MALTÔTE, subst. fém.
A.− HIST. Impôt levé sous Philippe Le Bel à titre extraordinaire, et considéré comme injuste par le peuple :
1. L'affaire flamande, c'est-à-dire au fond l'affaire anglaise, a commandé la politique de Philippe Le Bel. C'était aussi cette entreprise extérieure, longue et coûteuse, qui l'avait conduit à multiplier les impôts impopulaires. Les gouvernements en reviennent toujours aux mêmes impôts quand le trésor a de grands besoins : la maltôte était notre taxe sur le chiffre d'affaires. Bainville, Hist. Fr.,t. 1, 1924, p. 83.
P. ext., vx
a) Tout impôt levé indûment et injustement. On gaspillait quelque peu les lourds trésors amassés, si péniblement, par l'économe Charles V. Si les finances diminuaient, l'on augmentait les dîmes, tailles, corvées, aides, subsides, séquestres, maltôtes et gabelles jusqu'à merci (Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 260).
b) Exaction commise dans la perception d'un droit. Le vieux noble, enrichi par ses maltôtes aux armées (Balzac, Mmede La Chanterie,1850, p. 300).
B.− P. méton., vx, péj. L'ensemble des agents du fisc :
2. Il en présenta le plan [de la banque] à l'assemblée nationale; et, dans la crainte que de trop justes sujets de défiance ne le fissent rejeter, il engagea les membres du comité des finances à le reproduire avec de légères modifications, presque au moment même où il avait engagé l'un des chefs de la maltote à en proposer un autre peu différent, dont il approuva les bases en feignant d'en critiquer les détails. Marat, Pamphlets,Nouv. dénonc. Necker, 1790, p. 189.
[Dans un cont. plais.] Il y a de la maltôte là-dessous, messire; venez avec moi à l'Hôtel de ville; nous verrons les bureaux (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 250).
Prononc. et Orth. : [malto:t]. Att. ds Ac. dep. 1718. L'accent circonflexe marque la disparition d'un anc. s implosif. Sans accent supra ex. 2. Étymol. et Hist. 1. [1056 lat. médiév. malatolta « impôt, tribut » (ds Du Cange, s.v. tolta); 1096 (Cartul. d'Uzerche ds Nierm.); 1214 maltolta (Charte de Philippe Auguste ds Du Cange, loc. cit.); 1222 malatosta (Lettres du Comte de Chartres, ibid.)] 1262 [copie de 1529] la mautoste de Coignac « impôt, redevance perçue » (Franchises concédées par Gui de Lusignan à la ville de Cognac ds A. Giry, Établissements de Rouen, t. 2, p. 130; var. mautouste, copie du mil. xives.); 1296 malestautes (A.N. J 1124, pièce 37 ds Gdf. Compl.); 1340 malletoste (Cartul. de Corbie ds Du Cange, loc. cit.); ca 1340 en mauvaise part maletoute (Bâtard de Bouillon, 3755 ds T.-L.); 2. 1721 « corps des maltôtiers, des gens d'affaires » (Trév.). Maltôte « impôt extraordinaire, indûment perçu », spéc. nom donné par les contemporains à l'impôt indirect d'un denier par livre perçu par Philippe le Bel sur les transactions et les contrats de 1292 à 1297, pour subvenir aux dépenses de la guerre menée en Guyenne et en Flandre (J. Favier, Ph. le Bel, 1978, p. 189-190), cf. 1306, G. Guiart, Royaux lignages, éd. N. de Wailly et L. Delisle, 14740 [male-toste]; comp. de male, fém. de l'adj. a. fr. mal (mal1*) et de l'a. fr. tolte, puis toute « vol, pillage » (1160-74, Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 848, 4424) et « impôt, tribut » (1202 ds Du Cange, loc. cit.; cf. lat. médiév. tulta ca 1019, tolta 1067 ds Nierm.), part. passé fém. subst. [lat. vulg. *toll(i)ta] de toldre « enlever » (ca 1100, Roland, éd. J. Bédier, 2684 et passim), issu du lat. tollere « enlever ». Maltôte, à la place de la forme rég. mal(e) toute est − soit issu par dissimilation d'une forme maltolte refaite sur le lat. médiév. malatolta (supra), FEW t. 13, 2, p. 19a; Bl.-W.5− soit, plus prob., le résultat de l'évolution du o + l suivi de consonne aboutissant à -aw- devenant o en m. fr., dans le Nord, le Nord-Est et l'Est, v. Pope, § 391 (2); Gossen, § 23; Fouché, p. 313.
DÉR.
Maltôtier, subst. masc.,vx et péj. Agent chargé du recouvrement de la maltôte, plus généralement de l'impôt. Les vils et indignes maltôtiers (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 250).Puis, lorsque la guerre faisait trève, les maltôtiers du roi suffisaient au continuel tourment du pauvre monde; car le nombre et le poids des impôts n'étaient rien, à côté de la perception fantasque et brutale, la taille et la gabelle mises à ferme, les taxes réparties au petit bonheur de l'injustice, exigées par des troupes armées qui faisaient rentrer l'argent du fisc comme on lève une contribution de guerre (Zola, Terre,1887, p. 80).Je vous connais, vous et votre famille. Je vous ai tiré d'entre les pattes des maltôtiers (La Varende, Homme aux gants,1943, p. 142). [maltotje]. Ac. 1718 : -to-; dep. 1740 : -tô-. 1reattest. 1594 maletostier (Satyre Ménippée, Harangue de M. d'Aubray, p. 264 ds Hug.); de maltôte, suff. -ier*.