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MAIN, subst. fém.
1resection [Organe d'un être animé]
I. − [Chez l'homme] Organe terminal du membre supérieur, formé d'une partie élargie articulée sur l'avant-bras et terminé par cinq appendices (les doigts), eux-mêmes articulés en plusieurs points et dont un (le pouce) est opposable aux quatre autres, organe qui constitue l'instrument naturel principal du toucher et de la préhension et, par là même, un moyen spécifique de connaissance et d'action. Synon. fam. patoche, patte; pop. et arg. cuiller, louche, paluche, pince, pogne:
1. Tel qu'il est constitué, ce couple [les deux mains] a non seulement servi les desseins de l'être humain, il les a aidés à naître, il les a précisés, il leur a donné forme et figure. L'homme a fait la main, je veux dire qu'il l'a dégagée peu à peu du monde animal, qu'il l'a libérée d'une antique et naturelle servitude, mais la main a fait l'homme. Focillon, Éloge de la mainds Vie des formes, Paris, P.U.F., 1947, p. 102.
Main droite, main gauche
[Différenciation anatomo-spatiale] La main droite est bien à ma droite, L'autre à ma gauche, je suis seul (Verlaine, Œuvres compl.t. 2, Parall., 1889, p. 185).Les parties qui les composent [les objets n'ayant pas de plan de symétrie] sont groupées de telle sorte que le gant qui les recouvrirait exactement ne pourrait s'adapter à leur image, pas plus que le gant de la main droite ne s'adapte à la main gauche (Pasteur dsTravaux,1895, p.8).
À main droite, à main gauche. V. infra I A 2 c.
ÉQUIT., vieilli. Main de brides, de la bride. Main gauche (d'apr. Carabelli, [Lang. caval.], s.d. et Tondra Cheval 1979).
ART MILIT. (XVIe-XVIIes.). Main gauche (p. méton.). V. infra I D 1 d.
Proverbes. [Fondés sur la dualité des mains et sur leur différenciation] La main droite ignore/ne sait pas ce que fait la main gauche (et variantes). V. droit1I A 1 loc.Une main lave l'autre. ,,On doit se rendre des services réciproques`` (Ac. 1835, 1878).
[Différenciation fondée sur une valorisation de la main droite] Ma main droite et ma main gauche sont l'incarnation de mon adresse et de ma maladresse (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p. 330):
2. La part d'usage de la main droite et de la main gauche est différente suivant les sociétés. C'est Hertz qui, le premier, remarqua le rapport existant entre la main et le social: «... à la main droite vont les honneurs, les désignations flatteuses, les prérogatives; elle agit, elle ordonne, elle prend. La main gauche est méprisée et réduite au rôle d'humble auxiliaire...» Notre expression «Un enfant de la main gauche» est significative à cet égard! Ethnol. gén., 1968, p. 827 (Encyclop. de la Pléiade).
Belle main (pop.). Main droite.
[Dans le mariage] De la main gauche. V. infra I E 3 b.
Expr. [La main gauche étant considérée comme moins habile que la droite, chez les droitiers] Ne pas se moucher de la main gauche. Synon. de ne pas se moucher* du pied, du coude.
Une main, deux mains. La simple altération d'un poids ou d'une mesure était punie de la perte des deux mains (Durkheim, Divis. trav., 1893, p. 139).
D'une (seule) main, des deux mains. En utilisant une seule main, les deux mains. Être accroché, cramponné d'une ou des deux main(s); s'appuyer, se retenir d'une ou des deux main(s); caresser, pousser, saisir, tenir qqc., tirer sur qqc. d'une ou des deux main(s).
D'une main..., de l'autre (main)... J'aperçus le mendiant droit devant moi, tenant son bâton d'une main et faisant de l'autre main un geste solennel (Janin, Âne mort, 1829, p. 70).
À deux mains ou, plus rarement, des deux mains (v. supra). En utilisant les deux mains. Comprimer, déchirer, empoigner, frotter, jeter, porter, prendre, relever, saisir, secouer, tenir à deux mains.
[En emploi intensif avec un verbe qui exprime une action impliquant l'usage obligatoire des deux mains] Applaudir à, des deux mains. V. infra I B 1 b .
Au fig. Complètement, totalement, sans restriction ni réticence. Souscrire à deux mains à qqc., donner des deux mains à qqc. Maman Coupeau donnerait son consentement des deux mains (Zola, Assommoir, 1877, p. 421).Il avait signé des deux mains (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 104).
Rem. 1. L'expr. souscrire à deux mains a vraisemblablement été formée d'apr. applaudir à, des deux mains au sens de «approuver entièrement» (v. infra I B 1 b β). 2. À deux mains ajouté, avec valeur intensive, à l'expr. cour. tenir sa langue (voir Sartre, Mains sales, 1948, 3etabl., 1, p. 64).
Changer de main. Utiliser une main après l'autre. Vous êtes fatigué de porter ce paquet, changez de main (Ac.1835-1935).Elle changea la main qui tenait le guidon, pour se rapprocher d'Antoine (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 845).
Main de gloire. Main de pendu desséchée, une bougie entre les doigts repliés, à laquelle on attribuait, au Moyen Âge, des propriétés magiques. C'est ici le gibet! Et voilà paraître dans la brume un Juif qui cherche quelque chose parmi l'herbe mouillée, à l'éclat doré d'une main de gloire (Bertrand, Gaspard, 1841, p. 138).Voir Nerval, Nouv. et fantais., 1855, p. 229.
Rem. Désigne aussi la (racine de) mandragore à laquelle on attribuait, au Moyen Âge, la propriété de doubler les sommes d'argent près desquelles on la plaçait. V. mandragore étymol.
Main artificielle, prothèse de la main. Goetz de Berlichingen fut surnommé la Main-de-Fer, parce qu'ayant perdu sa main droite à la guerre, il s'en fit faire une à ressort, avec laquelle il saisissoit très-bien la lance (Staël, Allemagne, t. 3, 1810, p. 24).
Main cosmétique ou esthétique. Prothèse non articulée imitant la morphologie de la main. Beaucoup de patients amputés unilatéraux préfèrent une main dite cosmétique c'est-à-dire ressemblant de très près à la main normale, à une prothèse outil mobile, parce que le handicap est ainsi oublié non seulement par les autres mais par le sujet lui-même (Sciences et Avenir, nospéc. hors série 28, Les Organes artificiels, 1979, p. 34).
Main (de travail)
Prothèse fonctionnelle en forme de crochet ou de pince, destinée à des usages spécifiques. Main de terrassier, de vigneron, de soudeur, de plombier (Lar. méd.1970).
Prothèse fonctionnelle articulée ayant l'aspect de l'organe qu'elle remplace. L'unité 103 de l'INSERM (...) a développé un prototype de main artificielle dans laquelle la commande est effectuée par un microprocesseur qui utilise un seul site de contrôle fournissant une information codée, élaborée notamment à partir d'une peau artificielle sensible (Sciences et Avenir, juill. 1981, no413, p. 44).
Rem. L'organe, opposé à la prothèse, est souvent appelé main naturelle.
A. − [Essentiellement comme objet, indépendamment de ses caractéristiques fonctionnelles]
1. [Considérée dans son apparence extérieure]
a) [Parties constitutives] Doigt(s) de la main; bord cubital, creux, plat, revers de la main; lignes de la main; os de la main. À son tour il considéra la paume de sa main gauche où sa vie était résumée en signes secrets et ineffaçables (Louys, Aphrodite, 1896, p. 90).Le seul tatouage qu'ils [les Touareg] portent sur le front, sur le dos de la main, est une croix à quatre branches égales (Benoit, Atlant., 1919, p. 73).
P. compar. ou p. métaph. Dehors la fraîcheur du matin faisait se serrer les jeunes feuilles, elles n'étaient pas encore ouvertes comme des mains qui montrent avec impudeur et confiance leurs lignes, celles du coeur et de la vie (Vialar, Bal sauv., 1946, p. 237).Je voyais Orion, cette main géante, accrochée comme l'enseigne d'un gantier avenue de l'Opéra (Cendrars, Lotiss. ciel, 1949, p. 224):
3. Et puis, tout par un coup, ils [les habitants des villages] avaient vu leurs quatre hameaux, leurs maisons, leurs quatre hameaux dans la main du torrent; comme si le torrent était une main avec cinq doigts descendant des montagnes, cinq doigts d'eau aux ongles plantés dans les forêts. Giono, Batailles ds mont., 1937, p. 17.
Rem. Création de Giono sur le modèle de l'aurore aux doigts de rose: l'aube aux mains molles (Giono, Colline, 1929, p. 46).
b) [Caractérisations d'aspect]
α) Main courte, frêle, grosse, noueuse, poilue; main d'homme. C'étaient des mains sublimes et qu'on eût dites sculptées par les plus purs ciseaux de la statuaire grecque (Murger, Scènes vie boh., 1851, p. 163).D'abord deux troufions (...), l'un dégingandé et maigre, l'autre carré, aux mains de carrier (Vercors, Silence mer, 1942, p. 25):
4. Ce ne sont pas des mains d'altesse, De beau prélat quelque peu saint. Pourtant une délicatesse Y laisse son galbe succinct. Ce ne sont pas des mains d'artiste, De poète proprement dit, Mais quelque chose comme triste En fait comme un groupe en petit; Car les mains ont leur caractère, C'est tout un monde en mouvement Où le pouce et l'auriculaire Donnent les pôles de l'aimant. Verlaine, Œuvres compl., t. 2, Parall., 1889, p. 183.
SYNT. Main longue, grande, petite, énorme, allongée, carrée, fuselée, large, délicate, fluette, forte, épaisse, fine, gonflée, grasse, maigre, potelée; main crochue, décharnée, déformée, musclée, tordue; main velue; main rhumatoïde; main charmante; belle, jolie, pauvre, vieille main.
MÉD. [Déformations de la main]
Main bote. Main ,,repliée sur l'avant-bras, qui se termine ainsi par une extrémité arrondie, analogue à celle qui termine la jambe dans la déformation connue sous le nom de pied bot`` (Garnier-Del. 1972). Main succulente*.
Main hypothalamique. ,,Déformation de la main observée dans les lésions du carrefour hypothalamique et caractérisée par la flexion de tous les doigts à l'exception d'un seul (index ou médius), qui est figé en extension`` (Méd. Biol. t. 2 1971).
Main en griffe, en pince de homard*. Main en trident. ,,Main dont les doigts sont tellement gonflés à leur base que leurs extrémités ont tendance à s'écarter les unes des autres`` (Méd. Biol. t. 2 1971).
Main d'accoucheur. Main dont ,,les doigts contracturés, à demi-fléchis sur le carpe, sont serrés les uns contre les autres de façon à former un cône (...), position que l'accoucheur donne à sa main pour pratiquer le toucher manuel`` (Garnier-Del. 1972). Main de prédicateur. Main ,,étendue sur l'avant-bras, tandis que les phalanges sont fléchies`` (Garnier-Del. 1972). Main de singe. Main caractérisée par l'atrophie des muscles des éminences thénar et hypothénar rendant impossible l'opposition du pouce (d'apr. Méd. Biol. t. 2 1971, Garnier-Del. 1972). Main de squelette ou de cadavre. ,,Main caractérisée par l'atrophie des muscles des éminences thénar et hypothénar ainsi que des espaces interosseux, lui donnant un aspect émacié, squelettique`` (Méd. Biol. t. 2 1972).
Main d'immersion ou de blanchisseuse. ,,Main blanche et ridée observée à la suite d'immersions prolongées dans l'eau`` (Méd. Biol. t. 2 1972).
β) Main brune, chaude, desséchée, molle. [Elle] se demanda ce que faisait son cousin pour avoir les mains si mollement blanches, les ongles si bien façonnés (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 78).J'ai laissé son ruban neuf, qui était d'une fraîcheur trop délicate pour les mains rugueuses d'une femme de service (Frapié, Maternelle, 1904, p. 103).
SYNT. Main grise, noire, pâle, rouge, violette; main brûlante, fiévreuse, fraîche, froide, glacée, moite, tiède; avoir froid aux mains; main douce, dure, rêche; main ferme, vigoureuse.
Proverbes. Mains froides, chaudes amours (ou mains froides et coeur chaud). V. chaud I B 2 a.
Rem. Var. anton. région.: main chaude, amour froid (d'apr. Proverbes Dictons 1980, p. 62).
γ) Main mouillée; main poisseuse; main couverte, pleine de boue; être blessé à la, aux main(s). Les manches retroussées, les mains engluées et rouges jusqu'au coude, comme des bouchers (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 272).V. indifféremment ex. 2.
SYNT. Main sèche; main propre, sale, soignée, souillée, terreuse; main blessée, calleuse, crevassée, écorchée, meurtrie; avoir du sang aux ou plein les mains; avoir des ampoules, des coupures, une épine à la ou aux main(s).
δ) Main baguée, bandée, gantée (de); se protéger les mains avec des gants; mettre un anneau à la main de qqn; passer des menottes aux mains. Le docteur, bien alourdi par la cinquantaine, une grosse bague d'or à la main gauche, la barbe dans la cravate, et une chaîne au gousset (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 203).
Main(s) nue(s). Main(s) non gantée(s). Toutes avaient leurs chapeaux et leurs gants, comme des dames en visite; et seule, les mains nues, décoiffée (...) elle restait stupide et gonflée de tristesse, en face de cette mort si brusque (Zola, Nana, 1880, p. 1477).
Rem. Pour d'autres emplois de mains nues, v. infra F 1 et H 1 d α.
2. [Comme élément de référence]
a) [d'aspect ou de modalité d'existence, le plus souvent en compar.]
Nu comme la main. Complètement nu ou dénudé. C'est la lande, nue comme la main (Giono, Colline, 1929, p. 90).Modigliani, nu comme la main et beau comme saint Jean-Baptiste (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 201).Chauve comme la main. Complètement chauve. Le petit qui prenait tant de truites dans la Nère, chauve comme la main sur le dessus du crâne, mais poilu du menton comme un bouc (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 199).
Comme ou autant que sur la main, pas plus que sur la main. Pas du tout. Pas plus de lune que sur la main, mais des étoiles en profusion: c'était bien la nuit qu'il me fallait (About, Roi mont., 1857, p. 211).Et quand la patache est arrivée, pas plus de curé que sur ma main, c'est pas croyable (Bernanos, Crime, 1935, p. 729).
[Comme ensemble d'éléments solidaires]
Être unis, se tenir comme les (deux) doigts de la main. V. doigt I B 1.
P. anal. [Désignant un groupe homogène de pers.; souvent terme de métier et régional] Quoique divisés en trois classes qu'on appelait mains, et dont la rivalité amenait souvent des discordes et des violences, les citoyens [de Perpignan] étaient tous égaux en droits politiques (Thierry, Tiers-État, 1853, p. 306).L'association d'ouvriers qui se chargent de cuire une fournée de briques se nomme, dans le département du Nord, une main de briqueteurs (Al. Brongniart, Arts céram., t. 1, 1844, p. 334).
,,Équipe homogène de dockers composée, suivant la nature de la marchandise, de six, huit ou douze hommes`` (Le Clère 1960). «Travailler à deux mains», «mettre une main par panneau de cale», «une main fera des heures supplémentaires» (Le Clère 1960).
Rem. On relève chez Toulet: danser, sauter comme une main «danser, sauter mal» (v. Tendres mén., 1904, p. 34; Almanach, 1920, p. 87).
b) [de dimension, souvent pour souligner la petitesse] Grand, haut comme la main. J'apportais une pelle de bois, large comme ma main (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 101).V. entaille ex.De la largeur, de la longueur d'une/de la main. Le Français, une fois Canadien, préférerait exploiter un lot de la grandeur de la main qu'un domaine seigneurial dont il ne serait encore que le vassal (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 195).Tenir dans le creux de la main. Marie Belhomme a confectionné un minuscule atlas qui tient dans le creux de la main (Colette, Cl. école, 1900, p. 190).
Au fig., vieilli. [Pour souligner un écart réduit] De père à parrain, C'est le cas de le dire, il n'y a que la main (Augier, Philiberte, 1853, p. 168).D'Aristophane à Beaumarchais, il n'y a que la main; le Siècle y fait à peine une différence (Veuillot, Odeurs de Paris, 1866, p. 168).
c) [de position dans l'espace] À main droite, à main gauche. V. droit1I A 1 et gauche1I A 1.
Rem. Au sens de «côté»: Le pays de Tartarin et des chasseurs de casquettes est un peu plus loin, à cinq ou six lieues, «de l'autre main» du Rhône (A. Daudet, Trente ans Paris, 1888, p. 142).
ÉQUIT. (manège). Côté (droit ou gauche) qui se trouve vers l'intérieur du manège. Trente tours au galop à main droite, puis trente tours à main gauche constituent un exercice pratiquement suffisant pour affirmer le diagnostic (Garcin, Guide vétér., 1944, p. 104).
Changement (ou changer) de main. V. changement III A.P. anal. La paisible frégate continuait (...) à décrire mille contours agréables autour de nous, faisant le manège, changeant de main comme un cheval bien dressé (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p.171).Mais l'officier de cavalerie (car c'en était un) fit un changement de main sans attendre sa réponse, et disparut du côté des bureaux, laissant le comte tout ébaubi (Montherl., Célibataires, 1934, p.790).
d) [comme support de comptage ou de représentation d'un système]
α) [dans le comptage] :
5. Merveille de mobilité, la main de l'homme sert de support matériel au concept numérique depuis un temps immémorial. (...) avec la main, l'idée du nombre cardinal, celle du nombre ordinal et celle que la réflexion relie au principe générique de la «récurrence» deviennent véritablement intuitives. Sciences et Avenir, oct. 1981, no416, p. 106.
P. méton., PAPET. Ensemble de vingt-cinq feuilles de papier formant la vingtième partie de la rame. Papier à filtrer blanc en feuilles, qualité extra. Se vend à la main ou à la rame (Catal. instrum. lab. [Prolabo], 1932, p. 171).Allez donc, et au trot, me chercher une main de beau papier, de format noble (Arnoux, Roi, 1956, p. 295).
Rem. ,,Ce mot qui tend logiquement à disparaître pour être remplacé par «vingtième» est né du procédé manuel de comptage où les doigts d'une main s'inséraient toutes les cinq feuilles d'une pile à compter`` (Leygues 1979).
β) MUS. (pédag. musicale)
Main guidonienne, harmonique, musicale. Procédé didactique employé entre le xieet le xviesiècle, où l'on représentait la position de tous les tons du système guidonien [inventé par Guy d'Arezzo] sur le bout des doigts et sur les phalanges de la main gauche ouverte; système musical ainsi représenté. [L'emploi des instruments] dépasse bientôt [au Moyen Âge] la «main guidonienne» (Ch. Lalo, Esthét. mus. sc., 1908, p. 274).Quand un homme connaissait parfaitement toutes les règles du système musical usité au Xesiècle, on disait qu'il savait bien sa main (Rougnon1935).
Main portée. Procédé pédagogique destiné à l'étude des notes sur la portée, où les doigts de la main représentent les lignes de la portée (d'apr. Éduc. 1979).
3. [Comme objet passif d'une action] Soin des mains; s'écorcher la main; se laver les mains; griffer, lécher la main de qqn. Elle mentait un peu pour rester et se chauffer les mains plus longtemps (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 740):
6. La chirurgie de la main, longtemps négligée, a pris au cours de ces dernières décades un développement considérable. Curieusement, c'est au moment où les métiers manuels sont relativement moins nombreux que l'on réalise l'importance du traitement des mains. Méd., t. 2, 1979, p. 1052 (Encyclop. de la Pléiade).
SYNT. Hygiène des mains; se blesser, se couper la (à la) ou les (aux) main(s); se faire mal à la main; s'essuyer, se salir, se soigner les mains; se faire faire les mains (par une manucure); se protéger les mains.
Essuie-main(s), lave-mains. V. ces mots.
Expressions
Se laver les mains de qqc. V. laver I A 1 d loc.
[La main étant considérée comme un organe exceptionnellement important] Quand je pense à cela, j'ai envie de me couper la main droite. Avoir manqué cette canaille! (Musset, Lorenzaccio, 1834, iii, 2, p. 169).Kolb se couperait la main plutôt que de tirer le barreau d'une presse chez les Cointet (Balzac, Illus. perdues, 1843, p. 562).
Donner sa main à couper/mettre sa main au feu que ou en donner sa main... Être absolument sûr que/de quelque chose. Il court encore, ça, voyez-vous, j'en donne ma main à couper (Zola, Fécondité, 1899, p. 528).Mais je mettrais ma main au feu qu'il ne dort pas! (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 26).
B. − [En tant qu'organe doué de mobilité]
1. [Positions et mouvements de la main]
a) Main ballante, immobile; tremblement de la main; main en pronation; ouvrir la main. À ces mots, Folly croisa les mains, les laissa retomber (Nodier, Fée Miettes, 1831, p. 142).Un arrière-grand-père qui, assis devant la maison, les mains agitées d'un tremblement nerveux, regardait la mer en murmurant des mots sans suite (Peisson, Parti Liverpool, 1932, p. 13).Le geste est lent, l'expression immobile, la voix calme, monotone, la main morte et molle, la peau froide et humide (Mounier, Traité caract., 1946, p. 182).
SYNT. Main close, convulsive, crispée, engourdie, étalée, étendue, fermée, gourde, levée, mobile, ouverte, prompte, tendue, tremblante, vivante; mains croisées, jointes, nouées; mouvement convulsif de la main; main qui s'agite, se crispe, se ferme, tremble; allonger, étendre la main; joindre les mains.
En un tour de main (altération de en un tournemain). Dans le temps qu'il faut pour tourner la main, très rapidement. V. cric-crac I ex. de Cladel.
Rem. 1. Var. rare: dans un tour de main (Ponchon, Muse cabaret, 1920, p. 176). 2. Var.: en deux ou trois tours de main. En deux tours de main, avant qu'elle pût jeter un cri et essayer de se débattre, la frêle créature fut garrottée (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 452).
[Positions et mouvements relatifs]
Tendre la main vers qqc. ou qqn; appuyer, presser, serrer la main contre qqc.; avoir, mettre la main devant les yeux, derrière le (ou au) dos, aux genoux; porter la main à son front, à sa gorge, à sa tête. La chemise bouffant à la ceinture, dépoitraillé, et mains aux hanches (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 13).Machinalement, elle porta sa main à sa joue, à sa joue écorchée (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 269).
Avoir, mettre, poser la main sur le dossier d'un fauteuil, sur son coeur, sur son front, sur ses genoux, sur le bras, l'épaule de qqn; cacher ses mains sous la table. Vous vous tiendrez correctement, les coudes au corps, les mains posées de chaque côté de votre assiette (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 49).
Sous-main*.
(En) sous main (loc. adv.). Secrètement. Les chefs des Girondins s'entendaient sous main avec le roi (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 10).Praxi-Blassans l'avertit en sous main de se tenir coi (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 71).Il les prenait [les lapins] pour le compte de Tancogne, qui les vendait sous main, à son profit (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 88).
Rem. 1. Parfois (en) sous-main (voir Sainte-Beuve, Corresp., t. 5, 1844, p. 734; Procès Pétain, t. 1, 1945, p. 27). 2. Var. région.: en dessous main (Sand, Jacques, 1834, p. 314; Lorrain, Phocas, 1901, p. 257).
Avoir, cacher, enfouir, glisser, mettre, plonger la ou les main(s) dans une fente, ses cheveux, un manchon. Vologuine, tassé dans son fauteuil, enfonça ses mains dans les manches kaki de son uniforme (Malraux, Cond. hum., 1933, p. 178).
Les mains dans les poches (en signe d'insouciance). Elles avaient aperçu Fontan, les mains dans les poches, flânant, très amusé des bonnes têtes de la foule (Zola, Nana, 1880, p. 1473).P. méton. Sans inquiétude:
7. On avait l'impression que ces quelques coups de fusil, ces quelques bandes de mitrailleuses, c'était encore de trop pour ce qu'ils s'attendaient à trouver. À croire que leurs chefs leur avaient dit: «Vous pouvez y aller les mains dans les poches». Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 57.
Mains dans les poches (en loc. adj.). Insouciant, décontracté. Des vacances «main dans les poches», l'esprit libre et la mémoire faisant son plein de prestigieux souvenirs (L'Express, 17 janv. 1966, p. 35, col. 2).Les dialogues sont salés, chics, sophistiqués, dans le style «mains dans les poches» et humour métaphysique (Le Point, 14 avr. 1975, p. 131, col. 2).
b) [Dans l'expr. gestuelle d'un individu]
α) [Gestes transmettant un message ou ayant une valeur soc. ou culturelle]
Signe de la main, faire des gestes avec la main; langage des mains. Lifar a des mains véritablement parlantes: c'est par le jeu éloquent de ses mains souples, tendres et fortes qu'il se distingue dès ses premiers pas sur la scène (Sazonova, Vie danse, 1937, p. 304):
8. Pour les usages courants de la vie, les gestes de la main lui donnèrent l'élan [au langage], contribuèrent à l'articuler, à en séparer les éléments, à les isoler d'un vaste syncrétisme sonore, à le rythmer et même à le colorer d'inflexions subtiles. De cette mimique de la parole, de ces échanges entre la voix et les mains, il reste quelque chose dans ce que les anciens appelaient l'action oratoire. Focillon, Éloge de la mainds Vie des formes, Paris, P.U.F., 1947,p. 104.
Désigner, montrer avec ou de la main. Les délégués avaient suivi son geste vague, sa main tendue vers une des fenêtres (Zola, Germinal, 1885, p. 1324).
Saluer de la main; faire au revoir, dire adieu, envoyer des baisers avec ou de la main; appel, bonjour, bonsoir de la main. Demandant de nouveau la permission avec sa main (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 241).
Porter la main à sa casquette, à son feutre, à son képi; plus rarement à sa tempe. [Pour saluer] Au moment de se détourner, il porta de nouveau la main à son front, et salua militairement (R. Bazin, Blé, 1907, p. 360).V. incivilité A ex. de Maurois.
Frapper dans ses mains. [Pour attirer l'attention, rappeler à l'ordre] La directrice tapa dans ses mains, sans grande conviction, vers les bancs grouillants et bruissants (Frapié, Maternelle, 1904, p. 16).
Lever la main. [Pour signaler que l'on veut parler ou demander qqc.] Soudain le régisseur des arènes, en costume de notaire, surgit assez emphatique d'on ne sait quel fond et leva la main droite. Aussitôt tout le monde se tut (...). «Il est l'heure, messieurs, il est l'heure!» (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 182).Feignant un urgent besoin de sortir, ou peut-être très authentiquement pris de coliques, il leva la main et claqua des doigts comme les élèves ont coutume de faire pour solliciter du maître une autorisation (Gide, Faux-monn., 1925, p. 1243).
[Pour intervenir dans une vente aux enchères] V. lever I A 2.
Vote* à main levée.
Lever, tendre la main (droite). [Pour prêter serment] Schmoûle, approche, étends la main, et jure! (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 140).V. lever I A 2.
Lever les mains en l'air. [En signe de reddition] Un ou deux policiers eussent pu tirer. Mais tous levèrent les mains. Aussitôt, désarmés (Malraux, Cond. hum., 1933, p. 247).Notre malheureux compagnon (...) avait été exécuté à dix mètres par une sentinelle furieuse, bien qu'il se fût arrêté dans son élan à la première sommation et qu'il attendît mains en l'air (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 227).(Les) mains en l'air! Haut les mains! V. haut1II A 3 b.
[Dans la bénédiction] Soyez bénis par ma main gauche, soyez sanctifiés par ma main droite, anges protégés par mon amour universel (Lautréam., Chants Maldoror, 1869, p. 302).Le fils de David allonge les bénédictions de ses mains, à droite et à gauche, vers les femmes (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 35).Imposer les mains, imposition des mains. V. imposer I A en partic., imposition A en partic.
[Geste de la main comme signe de reconnaissance entre initiés] L'apprenti-Maçon porte la main en équerre à la hauteur de la gorge, le Compagnon pose la main droite sur le coeur et lève la main gauche en signe d'attente (Masson1970).
β) [Gestes de la main traduisant des sentiments]
[Pour protester de sa sincérité] Appuyer, mettre la main sur son coeur. Il appartient à un genre d'hommes qui ont la mémoire des chiffres, qui mettent la main sur leur coeur quand ils mentent (Colette, Sido, 1929, p. 15).La main sur le coeur ou la conscience (loc. adv.). En toute sincérité. Quand un enfant est très misérable, on ne peut pas s'empêcher de taper dessus... Vous verrez, vous-même, ma bonne Rose, la main sur le coeur, on ne peut pas... (Frapié, Maternelle, 1904, p. 263).
[Imploration sous l'effet de la douleur ou de l'indignation] Lever les mains au ciel. V. lever I A 2.
[Prière, supplication] Joindre les mains; prier, supplier à mains jointes. Mon père! dit-il avec un accent déchirant, en étendant vers moi ses mains suppliantes, mon père! promettez-moi qu'un jour elle saura que je meurs pour elle! (Krüdener, Valérie, 1803, p. 247).La Vierge, les mains jointes, en prière devant l'Enfant-Dieu (Goncourt, Journal, 1860, p. 795).
[Désespoir, souffrance] Le jeune homme la contemplait d'un air égaré et se tordait les mains (Theuriet, Mariage Gérard, 1875, p. 153).
[Étonnement] Les mains m'en tombent. Synon. plus usuel les bras m'en tombent (d'apr. Ac. 1835-1935).
[Joie, enthousiasme]
Frapper des mains; frapper, taper dans ses mains; applaudir à ou des deux mains:
9. Et l'étonnement vif de constater sa propre intelligence le mettait en fête. Sur ses jambes, Omer sautait. Il battait des mains. Il applaudissait à l'étonnante transfiguration. Adam, Enf. Aust., 1902, p. 28.
P. méton. Être enthousiaste (pour quelque chose). Il a une idée à laquelle je bats des mains (Hugo, Corresp., 1864, p.477).Applaudir des deux mains (à qqc.). Approuver entièrement (quelque chose). Le mot était attendu, il a été choisi à merveille, vous avez vu comme il a porté. Pour ma part j'y applaudis des deux mains (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p.460).
Se frotter les mains. Avant d'ouvrir la porte, il se frotta les mains de contentement (R. Bazin, Blé, 1907, p. 333).Morhange se frotta les mains. Sa jubilation prenait des proportions insolites (Benoit, Atlant., 1919, p. 85).P. méton. Être très content, jubiler. Et comme on se frotta les mains, un beau soir, quand (...) on eut vu s'abattre Le Boeuf dont les rodomontades atroces avaient indigné tous les coeurs (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 52).
2. [Usages de l'organe découlant de sa mobilité générale]
a) Avoir l'usage de ses (deux) mains. Il ne savait plus que faire de ses mains, de ses yeux, de toute sa personne (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 86).
Mettre sa main en cornet sur l'oreille. Son frère, qui, à côté de lui, la main en visière, semblait comme lui inspecter l'horizon (Martin du G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 704).
b) [Dans le déplacement du corps] Se soutenir des deux mains. Il se traîna péniblement sur la terre à l'aide de ses mains et de ses genoux (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 15).
Marcher sur les mains. J'pourrais aussi faire des tours... (...). L'poirier... ou marcher sur les mains (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p. 157).Au fig. Aller à contre-courant, faire les choses à l'envers. Mais le poète est le personnage le plus vulnérable de la création. En effet, il marche sur les mains (Valéry, Mauv. pens., 1942, p. 35).
Arg., vieilli. Mains(-)courantes (p. anal.). Pieds; souliers (d'apr. Larchey, Dict. hist. arg., 1878, p. 228; Rigaud, Dict. arg. mod., 1881, p. 236).
Rem. Pour main-courante, v. infra D 1 d et H 1 c β.
c) Jeux de main(s). V. jeu I A 1 en partic.Jeux de main(s), jeux de vilains. V. jeu I A 1 en partic.
(Jeu de la) main chaude. Jeu dans lequel un joueur, la tête cachée dans les genoux d'un autre et une main derrière le dos, doit deviner qui lui frappe dans cette main. Cela faisait de la peine à l'excellente femme de voir cette jolie enfant polissonner dans la cour (...) et même quelquefois jouer à la main chaude sur le trottoir avec les deux gamins du savetier d'en bas (Coppée, Contes rap., 1889, p. 200).
Jouer à la main chaude (arg.). Être guillotiné. Encore un [le bourreau] que je voudrai voir jouer à la main chaude (O. Méténier, Lutte pour amour, 1891, p. 290).
Rem. ,,Cette expression n'est plus juste... le condamné ne s'agenouille plus pour recevoir le coup fatal, il est couché`` (Virmaitre, Dict. arg. fin-de-s., 1894, p. 153).
C. − [Comme instrument spécifique du toucher] :
10. La main siège du toucher est un organe sensoriel d'une efficacité toute particulière; alors que les autres organes des sens sont fixés au corps, la main se déplace vers l'objet qu'elle veut connaître. La main a de plus la possibilité d'augmenter sa capacité d'information grâce à ces manoeuvres volontaires d'exploration méthodique que sont la manipulation et la palpation. Méd., t. 2, 1979, p. 1052 (Encyclop. de la Pléiade).
1. [Comme instrument du contact physique avec le monde extérieur] Toucher de la main, atteindre avec la main; passer, promener la main sur; effleurer, flatter de la main; main qui frotte, masse, presse; main caressante. Après avoir monté à tâtons une vingtaine de marches, nos mains touchent une porte (A. France, Vie fleur, 1922, p. 300).Elle lui tournait le dos, carestournait le dos, caressant des deux mains une petite commode Louis XV (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 78).
[Dans le cadre de comportements érotiques]
Fam. et pop. Avoir la main leste, baladeuse, qui traîne (Rey-Chantr.Expr.1979).
Arg. Main tombée. Geste consistant à porter la main au postérieur d'une femme. Faire, (se) prendre une main tombée. Ce n'était, dans cette foule à la densité jamais de mes jours retrouvée, qu'embrassade, pelotages, mains tombées aux fesses (Simonin, Confessions d'un enfant de La Chapelle, p. 132 ds Cellard-Rey 1980).Mettre la main au panier*.
Passer la main dans le dos à ou de qqn (au fig.). Le flatter. Lui toujours à te passer la main dans le dos, parce qu'il espère des articles (Zola, Œuvre, 1886, p. 193).Il ne suffit plus de passer la main dans le dos de l'ours soviétique, de commercer avec lui pour l'amadouer et exorciser les démons de la guerre (L'Est Républicain, 23 nov. 1981, p. 20).
FOOTBALL. Le football, bannissant l'utilisation des mains, sauf pour le gardien de but et la remise en jeu, c'est par l'utilisation rationnelle des surfaces de contact du pied et du corps que s'exprime la technique (J. Mercier, Le Football, Paris, P.U.F., 1979, p. 30).P. méton. Faute de jeu consistant à toucher le ballon avec la main. Du penalty que l'arbitre (...) concéda au Red Star pour une main flagrante de Veillard (Match, 4 déc. 1934, p. 12 ds Grubb, Fr. sports neologisms, 1937, p. 48).
2. [En partic. comme instrument d'évaluation des caractéristiques tactiles, du poids, de l'épaisseur, de la résistance] Explorer, tâter de la main. Il palpa de la main, rencontra une sorte de grosseur occasionnée par un objet placé entre les deux toiles (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 562).Moi, j'y ai enroulé, en haut, à la bretelle, un cordon de soulier − et comme ça, je l'reconnais [mon fusil] à la main comme avec l'œil (Barbusse, Feu, 1916, p. 199):
11. La possession du monde exige une sorte de flair tactile. La vue glisse le long de l'univers. La main sait que l'objet est habité par le poids, qu'il est lisse ou rugueux, qu'il n'est pas soudé au fond de ciel ou de terre avec lequel il semble faire corps. L'action de la main définit le creux de l'espace et le plein des choses qui l'occupent. Focillon, Éloge de la mainds Vie des formes, Paris, P.U.F., 1947, p. 103.
Agréable, doux, rude à la main. Le cerfeuil plus frais aux mains que l'eau courante (Noailles, Coeur innombr., 1901, p. 107).
Lourd à la main. V. apprécier ex. 6.Vieilli. ,,Acheter de la viande à la main, L'acheter sans la faire peser, en jugeant de son poids par la vue, et avec la main`` (Ac. 1835, 1878).
P. méton.
PAPET. Main (d'un papier). ,,Valeur arithmétique exprimant le bouffant et qui est le quotient de l'épaisseur d'une feuille de ce papier exprimée en millièmes de mm. par le grammage`` (Leygues 1979). Papier vergé bibliophile de bonne main fabriqué à la forme ronde et filigrané à nos armes dans la masse (Le Monde, 23 sept. 1981, p. 9).
TEXT. Impression d'épaisseur donnée par une étoffe. Donner de la main à une étoffe. L'apprêter pour la faire paraître plus épaisse qu'elle n'est. La chaîne ou la trame supplémentaires [des tissus double face] donnent du poids et de la main à l'étoffe (Araud, Ch. Thomas, Fabric. drap,1921, p. 162).P. métaph.:
12. L'étoffe d'un film est trop courte. Au théâtre il faut de la perte, du poids, de la main. Ils [les acteurs] exigent cette large et longue étoffe. Ils ne jouent plus la pièce. Ils s'y drapent. Ma substance est devenue la leur. Cocteau, Maalesh, 1949, p. 20.
D. − [Comme instrument spécifique de la préhension]
1. [La main qui saisit ou qui contient] La nécessité de prendre a formé les mains (Boucher de P., Création, t. 2, 1838-41, p. 168).
a) S'accrocher de la main ou d'une main ou des deux mains à; agripper ses mains à. Il était blessé d'un coup de feu et marchait la main cramponnée à l'échelle de la voiture (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 234).Le geste sûr des deux mains saisissant les bras de la charrue (R. Bazin, Blé, 1907, p. 56).Tous les objets qu'elle tenait dans ses mains lui échappaient soudain pour prendre des directions imprévues (A. France, Vie fleur, 1922, p. 287).
SYNT. Maintenir, prendre, saisir avec la ou une ou les (deux) main(s); voir qqc. aux ou entre les ou dans les mains de qqn; échapper des ou aux mains de qqn; arracher, ôter qqc. des mains de qqn; remplir ses mains de qqc.; tourner qqc. dans ses mains.
À deux mains. V. supra I une main, deux mains.Ils mangèrent des sandwiches en les tenant à deux mains, et en arrachant, comme de jeunes chiens (Montherl., Célibataires, 1934, p. 846).
Prendre son courage à deux mains. Surmonter sa peur pour faire quelque chose. V. courage I B 2 c expr. et loc.
Claquer, craquer, péter dans la ou les main(s). V. claquer I B au fig., craquer B 1 b (surtout ex. 7 et 8).
Rien dans les mains, rien dans les poches (et var.). Pas un doublon dans les cales! Rien dans les mains! Peu dans les poches! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 419).Ici se termine la Symphonie pour un homme seul, fabriquée avec les bruits que peut faire l'homme, sans le secours de rien, rien dans les mains, rien dans les poches, tels que nous serons rendus à notre fin dernière, que nous serons bien obligés de jouer seuls, sans le secours d'aucun accessoire, et même sans microphone (Schaeffer, Rech. mus. concr.,1952, p. 58);
13. − (...) Dépêche-toi. Au fait: rien de dangereux sur toi? − Rien dans les mains, rien dans les poches. − Alors, à tout à l'heure... Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 23.
Rem. En partic., formule prononcée par le prestidigitateur pour souligner l'absence d'accessoires.
α) [Avec qualificatif adj. ou subst.]
Mains de ou en beurre. Mains qui laissent tout échapper. V. inapte ex. Var. can. mains de laine (Canada 1930).
Main de fer. V. fer C 2 a, C 2 c .Une main de fer dans/sous un gant de velours. V. fer C 2 c .
Rem. Pour un autre emploi, v. infra D 3 a .
Main libre. V. libre I C 2 b ex. de Courteline.Téléphone ou poste (téléphonique) mains libres. Appareil téléphonique permettant de converser sans devoir tenir un combiné. Le téléphone «mains libres» Peritel ML 200 se branche facilement sur votre téléphone actuel. Il sonne, vous appuyez sur une touche. Vous parlez, calé au fond de votre fauteuil ou en marchant dans la pièce ou en continuant de travailler. Conversation terminée? Vous appuyez sur une touche (Le Point, 15 sept. 1975, p. 28).
Rem. Pour (avoir) les mains libres, v. infra H 4 d.
Main(s) pleine(s) ou vide(s). Il est bien certain que si C'est là toutes vos étrennes, Vous n'aurez pas les mains pleines, Au jour de l'an (Ponchon, Muse cabaret, 1920, p. 265).
Les mains pleines ou vides (loc. adv.). En (n')apportant (pas) quelque chose à offrir; en ayant obtenu ou non quelque chose. L'idée qu'ils gobaient toutes ses bourdes, et qu'ils s'en allaient les mains vides, pendant qu'il mangeait la morue, au chaud, lui chatouillait les côtes d'aise (Zola, Germinal, 1885, p. 1370).On ne peut tout de même pas arriver les mains vides quand on vient déjeuner à cinq personnes (Aymé, Jument, 1933, p. 120).
Aux innocents les mains pleines. V. innocent B 1 a β.
À pleine(s) main(s). [Sans idée de quantité] De manière que toute la surface des (de la) main(s) soit en contact avec l'objet. Caresser à pleines mains.
[Avec des verbes du type prendre, tenir] La ou les main(s) étant solidement fermée(s) sur l'objet. Une forme humaine (...) qui, accroupie, empoignant à pleines mains la carapace de ses vêtements, se trémoussait (Barbusse, Feu, 1916, p.14).Il tenait son flacon d'iode à pleine main, au fond de sa poche (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p.643).
À pleine(s) main(s), plus rarement à main(s) pleine(s). [Avec une idée de quantité] La ou les main(s) contenant la plus grande quantité possible. Jeter à pleines mains. Le pasteur répand à pleines mains le sel sur sa toison humide [d'un agneau] (Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 163):
14. Depuis trente ans, je ne suis plus rien à tes yeux qu'un appareil distributeur de billets de mille francs, un appareil qui fonctionne mal et qu'il faut secouer sans cesse, jusqu'au jour où on pourra enfin l'ouvrir, l'éventrer, puiser à pleines mains dans le trésor qu'il renferme. Mauriac, Noeud vip., 1932, p. 41.
P. ext. En grande quantité, libéralement. En voyant ces dames manger de la viande à pleines mains (il m'est impossible de trouver une autre expression), je ne pus m'empêcher de penser que la mode des robes qui ne serrent point la taille étoit assez d'accord avec l'appétit des femmes du jour (Fiévée, Dot Suzette, 1798, p. 117).
Au fig. [En parlant de choses abstr. ou d'actes] Sans mesure. L'opiniâtreté avec laquelle il poursuit de ses invectives la cour romaine et les souverains pontifes, versant l'injure à pleines mains sur la tête de ceux dont il devrait baiser les pieds (Ozanam, Philos. Dante, 1838, p. 277).Les péripéties de la lutte intérieure où il prodiguait, jetait à pleines mains ces forces profondes (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 153).
Rem. Expr. synon. vieillies: à belles mains et à toutes mains (cf. Courier, Pamphlets pol., Disc. souscr. acquis. de Chambord, 1821, p. 76).
β) [Au sing., sans art., précédé d'une prép. et formant syntagme avec le subst. déterminé]
À main. Que l'on tient dans la main. Face à main (v. ce mot), sac à main. Il avait tiré de sa poche un petit miroir à main de malachite, et il s'examinait le nez qui lui rougissait depuis deux semaines, à son cruel déplaisir (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 129).
Rem. Pour un autre emploi, v. infra G.
De main (rare). M. Dominique était parmi ces vignerons, montés sur les étais du treuil, et les éclairant lui-même avec une lampe de main (Fromentin, Dominique, 1863, p. 13).Plus fort encore que les calculateurs surgis voilà à peine cinq ans dans notre univers quotidien, c'est [le traducteur électronique] un véritable mini-ordinateur, non pas de poche, mais «de main», puisqu'il tient lui aussi dans le creux de la paume (Le Point, 29 janv. 1979, p. 67, col. 2).
γ) [Précédé d'une prép. (ou loc. prép.)]
À la main. Garder, tenir qqc. (objet matériel) à la main. Elle aura à la main un livre qu'elle ne lira pas (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p. 1714).Il porte à la main une petite raquette en toile métallique, pour tuer les mouches (Pagnol, Fanny, 1932, i, 1ertabl., p. 7).
[Avec ell. du verbe type tenir, en loc. adv.] En tenant (quelque chose) à la main. Le ou un balai, bâton, bougeoir, chapeau, crayon, fouet, fusil, livre, verre, la ou une lampe, lettre, des fleurs à la main. Des messieurs, un catalogue à la main, examinaient des tableaux (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 269).Heureux et fier, la caisse à mon flanc, les baguettes à la main, je m'élançai dehors et marchai devant Mélanie en tambourinant (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 65).Les armes ou l'arme, l'épée à la main. Armé (d'une épée). Toi aussi tu as la possibilité de défendre ta patrie et ta famille, les armes à la main (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 342).[En parlant d'une pers.] En tenant (quelqu'un) par la main. Un jeune enfant à chaque main, et lourde du troisième qu'elle espérait au printemps (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 97).
Mettre qqc. (gén. une arme ou un instrument) à la main. Prendre en main quelque chose (pour s'en servir). Mettre l'épée à la main. Il reprenait toute sa mesure lorsqu'il mettait la plume à la main, et n'écrivait jamais que sous l'œil du goût le plus pur et le plus sévère (Chênedollé, Journal, 1821, p. 108).
À portée de la main (ou à la portée de la main, à portée de main). À proximité immédiate, de telle façon que l'on puisse saisir l'objet facilement et rapidement. C'était une corde à portée de main pour un homme qui se noyait (Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 82).Il avait toujours sur son lit, sur sa table, à portée de sa main, du papier à musique (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1584).
Au fig. La lutte fut longue, les douleurs fatigantes et insupportables, et la délivrance était toujours là, à portée de la main (Baudel., Paradis artif., 1860, p. 418).L'élan d'une imagination vive vers un univers poétique à portée de la main (Mounier, Traité caract., 1946, p. 94).
En main (plus rarement en mains). Avoir, garder, tenir qqc. (objet matériel) en main. L'oncle se leva, alluma une grande lampe à pétrole qu'il prit en main (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 276).
[Avec ell. du verbe type tenir, en loc. adv.] En tenant (quelque chose) en main. (Le ou un) dictionnaire, fouet, verre, (la ou une) coupe, plume en main. Car le chevalier du Matterhorn était lui aussi là. Rucksack au dos, corde en sautoir, piolet en main, équipé pour sa sempiternelle aventure, il avait surgi tout armé de la nuit (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 211).V. moine I A ex. de Verlaine.Clés en main(s). (Livré) prêt à être utilisé immédiatement. Maison, voiture clés en main. Les avions transportent par cohortes les travailleurs émigrés français (...) vers les chantiers d'usines clefs en main d'U.R.S.S. (L'Express, 20 oct. 1979, p. 147, col. 2).[Expr. anal.] Le futur directeur-général sera responsable (...) de la gestion des complexes jusqu'à leur remise «produit en main» (L'Express, 17 mai 1976, p. 107, col. 2).
Rem. Mêmes possibilités gén. (avec ou sans verbe type tenir) pour dans la ou les ou une ou chaque main(s) et entre les mains, mais moins souvent att. dans la docum.
Être en main(s) (vieilli). [En parlant d'un texte ou d'un document] Être en consultation. Les plans ne sont pas ici. Ils sont en main (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 252):
15. lucien (garçon de café): (...) Pardon, madame (...), la Patrie est demandée. alexandra, avec colère: Je n'ai pas fini!!! saint-gluten, au garçon, avec colère: Elle est en main!!! Labiche, Si jamais je te pince!1856, I, 10, p. 268.
Arg. et pop. [En parlant d'une femme] Avoir des relations, une liaison avec un homme. Je vous fiche mon billet qu'il y a un homme là-dessous, et que la demoiselle est en mains! (Bernanos, Crime, 1935, p. 847).
Rem. Pour un autre emploi, v. infra D 5 b.
Sous la main. À proximité immédiate et avec possibilité d'utilisation. Qu'ils fussent sous ma main ou à dix pas de ma personne (...) ils avaient toujours au moins un œil braqué sur mes mouvements (About, Roi mont., 1857, p. 204).M. Lebigre trônait derrière le comptoir, assis sur une banquette de cuir rouge capitonné. Il avait sous la main les liqueurs, des flacons de cristal taillé, à moitié enfoncés dans les trous d'une console (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 705).
P. méton. À disposition, disponible. J'ai bien Drumont sous la main, mais il est trop porte-guigne... (Goncourt, Journal, 1888, p. 795).Dans aucune des biographies que j'ai sous la main à Cuverville où j'écris ceci (Gide, Si le grain, 1924, p. 358).
Être, se trouver sous la main (de qqn). Si jamais il me tombe sous la main, je lui servirai une rançon de dix mille coups de poing (About, Roi mont., 1857, p. 32).Un jour, plusieurs numéros du Flambard lui tombèrent sous la main (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 41).
δ) Loc. verb.
Mettre la main à. Mettre la main sur (quelque chose) et s'en saisir.
Mettre, porter la main à qqc. (objet matériel). Étant proche du coffre, nous mîmes la main au couvercle (Nerval, Filles feu, Angélique, 1854, p. 546).
[En parlant d'une arme] Sachant qu'on ne peut mettre sa parole en doute sans qu'il porte la main à l'épée (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 119).[Sans le verbe] Il va se mettre devant la porte, la main à l'épée (Audiberti, Mal court, 1947, iii, p. 194).
[En parlant d'un instrument] Je mets la main à la plume pour vous écrire (Flaub., Corresp., 1872, p. 417).Le signal rouge passant au vert au moment précis où j'allais devoir freiner, mais avant que j'aie porté la main au frein (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 203).
Mettre la main au collet de qqn. Arrêter quelqu'un. Dans le doute Javert, l'homme du scrupule, ne mettait la main au collet de personne (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 566).
Rem. Pour un autre emploi de mettre la main à, v. infra H 4 b.
Mettre la main sur qqc. ou qqn
Trouver, découvrir. J'ai eu cette fortune de mettre la main sur plusieurs manuscrits persans peu connus de nom et encore moins étudiés de fait (Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1857, p. 282).Jamais Pétain n'a pu mettre la main sur un poète français assez bas pour rédiger ses manifestes et ses belles promesses du retour à la terre (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 138).
S'emparer de, étendre son pouvoir à. Pour cela, il fallait mettre la main sur l'armée (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 111).Quand Menier verra qu'après les sucreries on va mettre la main sur les chocolateries... (Barrès, Cahiers, t. 5, 1907, p. 190).
b) En partic.
α) [La main qui sert à donner, à recevoir, à transmettre] Si elle ajoutait du sien aux libéralités officielles de la commune, personne n'en savait rien; et les pauvres en recueillaient les bénéfices sans jamais apercevoir la main qui donnait (Fromentin, Dominique, 1863, p. 21).D'un portefeuille de maroquin, il extirpa négligemment quelques coupures et me les glissa dans la main (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 213).
Les mains pleines ou vides (loc. adv.). Aux innocents les mains pleines. V. supra D 1 a α.
Manger dans la main de ou à qqn. V. manger1A 2 loc.
Mettre qqc. à la main à qqn. Mettre quelque chose dans la main de quelqu'un (pour qu'il s'en serve). J'avais contribué à la relever [la France] de dessous les pieds de ses ennemis, et à lui remettre l'épée à la main (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 215).Mettre le pain à la main à qqn (au fig.). Être l'artisan de la fortune ou du bien-être de quelqu'un (d'apr. Ac. 1835, 1878). Une misérable à laquelle tu as mis le pain à la main! (Balzac, Illus. perdues, 1839, p. 514).
Mettre qqc. dans la main (de ou à qqn). [En parlant de qqc. de non matériel] Moi, il m'a mis ce compliment dans la main (Zola, Fécondité, 1899, p. 343).
Mettre qqc. en main(s) (à qqn). IMPR. [Sans compl. prép. à] Confier (la copie) au typographe pour la composition. Au reçu de la copie, et avant de la mettre en mains, le metteur en pages l'examine avec un soin minutieux (Leclerc, Nouv. manuel typogr., 1932, p. 198).
Au fig. Mettre le marché en (parfois à la) main à qqn. V. marché II A loc. 2.
Tendre la main. [Pour recevoir qqc. que l'on vous donne] Folcoche tend la main, récupère son bien, toujours sans mot dire, et recompte un par un les billets (H. Bazin, Vipère, 1948, p.265).En partic. Demander l'aumône; p. ext., solliciter servilement. V. impudent ex. 1.Chacun reçoit ou demande salaire, tend la main, se recommande, supplie. Mendier n'est pas honte à la cour: c'est toute la vie du courtisan (Courier, Pamphlets pol., Disc. souscr. acquis. de Chambord, 1821, p.80).Dans les villages, des Français tendaient la main comme des mendiants pour recevoir des cigarettes des motocyclistes casqués (Triolet, Prem. accroc, 1945, p.110).
[Modalités de la transmission]
De main(s) en main(s).(Faire) passer qqc. de main en main. Les corbeilles à pain, les bouteilles de vin circulaient de main en main (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 228).
De la main à la main. Directement; sans intermédiaire ou sans respecter la procédure légale. Par la simple remise d'un titre de la main à la main, la translation de la propriété est valablement opérée (Jaurès, Ét. soc., 1901, p. 267).Sans doute aurait-il préféré recevoir cent mille francs de la main à la main, que d'avoir à dissimuler cette énorme fortune (Mauriac, Noeud vip., 1932, p. 206).[En emploi subst.] Martell a été le premier à «travailler» le marché français. Marché rendu difficile par les 200 petites marques de cognac et le «main à la main» (Le Nouvel Observateur, 23 nov. 1970, p. 19, col. 2).
(Remettre) en mains propres (rare au sing.). À la personne intéressée et à elle seule. Voici un paquet très important pour M. Vacquerie (...). Il faudrait que cela fût remis en mains propres (Hugo, Corresp., 1862, p. 388).
En main tierce. ,,Dans la main d'un tiers. Mettre, déposer de l'argent en main tierce`` (Ac. 1835-1935).
[Idée d'origine]
De la ou des main(s) de qqn. De (la part de) quelqu'un, venant de quelqu'un. Après tant de hauts et de bas, il voyait un espoir certain de pouvoir (...) donner à son étrange prince, une maîtresse de sa main (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p.196).Accepter, recevoir, tenir qqc. ou qqn des mains de qqn. Le commodore, avec un geste fier, mais bienveillant, accepte le flacon des mains de son épouse (Lautréam., Chants Maldoror, 1869, p.332).La préfecture acceptait Florent des mains de M. Verlaque, presque les yeux fermés (Zola, Ventre Paris, 1873, p.696).[Avec idée de causalité] Les gens n'aiment pas plus à tenir leur bonheur des mains d'un autre que les anguilles à être écorchées vives! (Banville, Gringoire, 1866, p.20).
De toutes mains. De toute origine quelle qu'elle soit. Victor, sa femme, son fils, prennent argent de toutes mains (Courier, Pamphlets pol., Livret de Paul-Louis, vigneron, 1823, p. 172):
16. Mais nous sommes prévenus: Rabelais prenait de toutes mains, comme Molière. Les grands inventeurs sont de grands emprunteurs. A. France, Rabelais, 1909, p. 75.
De première main. (Acquis) directement à la source, sans intermédiaire. Ajoutez à cela un perdreau ou quelque poisson qu'on obtient naturellement de première main (Nerval, Bohême gal., 1855, p. 154).On dit à Bordeaux que Denis va tous les matins au marché de première main? (Mauriac, Chemins mer, 1939, p. 129).Citation, renseignements de première main; connaître, savoir qqc. de première main. L'information de Proust est rarement de première main (Blanche, Modèles, 1928, p. 120).[En parlant d'un ouvrage] Ce livre [de La Bruyère] est, en effet, un livre de première main et un tableau d'après nature (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 1, 1861, p. 128).
De seconde main. (Acquis) indirectement, en passant par un intermédiaire. Lui, Bossuet, il n'était pas versé pour son compte dans les textes hébreux originaux, et il ne savait ces choses que de seconde main et par les Pères (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 9, 1865, p. 301).P. méton. De moindre qualité. Fier de tant de chefs-d'oeuvre de seconde main qui parent ma chambre (Janin, Âne mort, 1829, p.93).
[Var.] Quant à ce qui se passe à Paris, vous le savez de meilleure main et plus à fond que moi (Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1851, p. 162).Il faut définitivement bannir de la science ces travaux de troisième et de quatrième main, où l'on ne fait que copier les mêmes données, sans les compléter ni les contrôler (Renan, Avenir sc., 1890, p. 242).
P. anal. Les mots imprimés lui faisaient le bizarre effet d'être une chose de seconde main, sans union véritable avec sa pensée (Lacretelle, Hts ponts, t. 4, 1935, p. 121).V. aménité ex. 2.[En parlant d'un sentiment] Elle lui était sympathique, il l'aimait; mais ce n'était qu'une tendresse de seconde main (Proust, Fugit., 1922, p. 595).
En partic. [En parlant d'une voiture d'occasion] (De) première main. N'ayant appartenu qu'à la personne qui l'a achetée neuve. Vends 304, première main, 55.000 kilomètres, 1973, 2.000 F, mécanique très bon état (L'Est Républicain, 23 mars 1982, p. 14, col. 2).De seconde, troisième main. Ayant appartenu à deux, trois personnes successivement.
[Idée de générosité ou de dépense] Donner à pleines mains (v. supra D 1 a α), donner d'une main généreuse.
Avoir la main donnante (vieilli). Être généreux (d'apr. Rey-Chantr. Expr. 1979).
(Avoir) le coeur sur la main. V. coeur II D 3 c loc.
Avoir toujours (sans cesse) l'argent à la main. Dépenser beaucoup par goût ou par nécessité, avoir l'argent facile. Pour y vivre convenablement, il faut avoir constamment l'argent à la main: les millionnaires seuls s'y trouvent commodément et avec toutes leurs aises (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 433).
L'argent ne lui tient pas, lui fond dans les mains. ,,Il dépense sans nécessité, sans modération`` (Ac. 1835-1935). V. fondre1I A 2 c α en partic.
Mettre (porter) la main à la ou sa poche. Mettre la main dans sa poche pour y prendre de l'argent; p. méton., payer, financer. Déjà le palefrin portait la main à sa poche. − C'est ma tournée, dit Lecouvreur (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 100).
β) [La main servant à dérober] V. huppé B ex. de Céline.[Dans une expr., avec allusion à la prestidigitation, v. infra H 1 d ] :
17. Un inspecteur croyait remarquer que le gantier Mignot volait. Toujours des filles aux allures étranges rôdaient devant son comptoir; et l'on venait d'arrêter une d'elles, les hanches garnies et la gorge bourrée de soixante paires de gants (...) l'inspecteur prit Mignot en flagrant délit, facilitant les tours de main d'une grande blonde... Zola, Bonh. dames, 1883, p. 712.
[Avec qualificatif] (Avoir les) mains crochues, croches (région.). Les voleurs ont la main leste en tous pays (Jeux et sports, 1967, p. 488).
Être pris la main dans le sac. Être surpris en train de voler; p. ext. être pris en flagrant délit. Le complice d'Esterhazy, pris la main dans le sac, prétend se tirer d'affaire avec une admonestation de son bon ami Godefroy (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 14).C'est au moins la dixième fois que nous le prenons la main dans le sac et chaque fois il nie avec obstination (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 62).
Ne pas oublier ses mains, ne pas aller sans ses mains (vx). ,,Être un voleur`` (Rey-Chantr. Expr. 1979).
c) Spécialement
α) ÉQUIT. [La main qui tient les rênes servant à diriger le cheval]
Guider, mener un cheval à la ou en main. Mener un cheval par la bride. Un cheval que l'on conduisait à la main traînait un large coffre monté sur trois roues (Flaub., Bouvard, t.1, 1880, p.26).
Cheval à deux mains ou à toutes mains. ,,Cheval qui sert à la selle et à la voiture`` (Ac. 1835-1935).
[Caractérisations de la façon de conduire du cavalier]
Main assurée, dure, fixe. Main bonne. Main ,,qui rend ou reprend avec à-propos`` (Cass.-Moir. 1979). Main légère. Main ,,qui respecte la sensibilité de la bouche du cheval`` (Cass.-Moir. 1979). Main savante. Main ,,dont les mouvements sont peu apparents`` (Cass.-Moir. 1979). Main de velours. Main ,,souple, légère, qui laisse filtrer l'impulsion`` (Cass.-Moir. 1979).
Haut la main. V. haut1II A 3 c.
Rem. Var. (peut-être sous l'infl. de l'expr. de haute lutte): de haute main. Le second acquittement fut enlevé de haute main (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 86).
Lâcher, rendre la main à (un cheval). ,,Rendre les rênes, diminuer leur tension, pour permettre au cheval de se porter en avant`` (Cass.-Moir. 1969). Le comte Artoff rendit la main à ses chevaux et tourna avec cette merveilleuse habileté des sportsmen parisiens (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 395).[Sans compl. prép. à] Là, il rendit la main, et s'éloigna au galop (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 179).
P. métaph. Il a suffi que Tolstoï rendît la main à son génie (Du Bos, Journal, 1924, p. 79).
Tenir la main à (un cheval). Lui faire sentir la bride. Au fig. Surveiller de près, veiller à ce que. Cette alliance (Allemagne, Autriche) signifiait que (...) M. de Bismarck avait enfin pris son parti et qu'il était décidé à tenir la main aux intérêts de l'Autriche (Jaurès, Eur. incert., 1914, p. 221).Les recteurs tiendront la main à ce que les écoles privées techniques constituées dans le ressort de leur académie soient inspectées au moins une fois chaque année (Encyclop. éduc., 1960, p. 76).
Tenir la main haute à (un cheval). Raccourcir les rênes pour mieux contrôler (un cheval). P. anal. [En parlant d'une pers.] Traiter quelqu'un avec sévérité, sans rien lui passer (d'apr. Ac. 1835-1935).
[En parlant d'un cheval]
Bien dans la main. ,,Qui obéit à la main du cavalier`` (Cass.-Moir. 1979). En main. ,,Dominé par la bride`` (Cass.-Moir. 1979). Tout cela, c'est pour te dire de tenir toujours bien ton cheval en main, de ne pas te porter en avant quand tu galopes (Sand, Corresp., t. 2, 1840, p. 159).
Gagner à la main. Ne plus obéir au cavalier et s'emballer. Sous les actions d'Alban il [le cheval] partit au galop, les oreilles aplaties, dans la direction du troupeau. D'instant en instant il gagnait à la main, et Alban (...) épiait la seconde où ce ne serait plus lui qui serait maître de l'animal, mais l'animal qui serait maître de lui (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 417).
P. métaph.:
18. Au début du siècle, les Hongrois avaient dangereusement menacé la prépondérance des Allemands d'Autriche. Pour leur résister, la dynastie s'était appuyée sur les Slaves de l'Empire, mais c'était alors ceux-ci qui avaient gagné à la main; en particulier les Serbes de Bosnie et d'Herzégovine (...) avaient affiché un patriotisme serbe assez inquiétant. Maurois, Édouard VII, 1933, p. 324.
β) JEUX DE CARTES, p. méton.
Vieilli. Levée. Partez, nobles ponteurs, et cherchez la main [ = la série de coups heureux] pharamineuse (Alyge dsLarch.1872, p. 194).Le colonel des hussards avait saisi le bras du joueur enrhumé au moment où il sortait de sa poche son mouchoir contenant une «main préparée», et l'exaspération des volés était à son comble (Gyp, Province, 1890, p. 246).
Fait de distribuer les cartes. Avoir la main, faire la main. ,,Donner les cartes (...). J'ai beaucoup gagné sous votre main`` (Ac. 1835, 1878).
Fait d'être le premier à jouer, initiative au jeu. P. ext. Initiative. [D., metteur en scène du film] me demanda pour le lendemain matin un albinos et deux lépreux. À vous la main pour dégotter ça! (Trignol, Pantruche, 1946, p. 133).
Passer, céder, donner la main (à qqn). Abandonner l'initiative au jeu. Ça fait cinq cents francs que vous me devez, petite, dit le banquier. Vous irez à mille. Je passe la main (Murger, Scènes vie boh., 1851, p. 237).
Au fig. Renoncer à quelque chose (souvent une fonction), abandonner la partie (au profit de quelqu'un). M. P.-K. Hartmann ne put, comme tous les ans, recopier son addition pour mélanger les mêmes quantités des mêmes terroirs que l'année précédente. Des crus mildiousés évoluaient. Il dut passer la main à Pérignon (Hamp, Champagne, 1909, p. 148).Pour un écrivain, il est temps qu'il se reprenne, qu'il passe la main (Schaeffer, Recherche mus. concr., 1952, p. 197).En partic., arg. Passe la main! Tais-toi! Oui, on sait. Passe la main! (Barbusse, Feu, 1916, p. 109).
γ) MAR. Main sur main. En agissant (sur un cordage) par un mouvement ininterrompu, en pesant de haut en bas, à longueur de bras (d'apr. Will. 1831). Le grelin rentra tout-à-coup main sur main; mais il n'en arriva qu'un morceau, rogné par les tranchantes arêtes des coraux (Dumont d'Urville, Voy. Pôle Sud, t. 9, 1846, p. 352).
δ) CIRQUE. Main à main (emploi subst. masc.). ,,Exercices d'équilibre et de force au cours desquels deux artistes s'enlèvent à tour de rôle, l'un étant le porteur et l'autre le voltigeur`` (Lar. encyclop.). Et puis il y avait eu le «main à main» des deux aînés (Vialar, Zingari, 1959, p. 27).
d) P. méton. [Désignant des objets tenus par ou dans la main]
AMEUBL. Poignée d'un tiroir, d'un coffre, qui permet de le manoeuvrer. Main pendante (mobile). Il subsiste quelques mains fixes, composées d'une guirlande maintenue par des noeuds de ruban ou par des crocs de mufle de lion (Viaux, Meuble Fr., 1962, p. 108).
ART MILIT. (XVIe-XVIIIes.). Main gauche. Dague qui faisait paire d'armes avec l'épée et servait à parer de la main gauche les coups de l'adversaire. À côté de la rapière, l'escrime italienne impose une arme complémentaire, la dague, tenue dans la main gauche: elle sert à arrêter la lame de l'adversaire, à la rompre éventuellement (certaines «mains gauches» sont, dans ce but, munies de trous devant la garde) (J. Bedel, Les Antiquités et la Brocante, Paris, Larousse, 1981, p. 54).
BÂT. Main(-)courante (ou vx coulante). Partie supérieure d'une rampe, d'une rambarde, sur laquelle on appuie la main. Elles [les allées] sont bordées maintenant de rampes à balustres, en granit revêtu des plus délicieuses mousses; on dirait qu'on a garni toutes les mains-courantes avec un beau velours vert (Loti, Japoneries, 1889, p. 201).
P. anal. Barre, corde ou filin auquel on peut se tenir, qui joue le rôle de rampe ou de garde-fou. Il monta, marche à marche, l'escalier dont les murs étaient blanchis à la chaux. La main courante en était un gros câble de marinier que des anneaux de fer retenaient de place en place (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 280).Cramponnés, le copilote-navigateur Roddlick (à gauche) à la main courante, le pilote britannique Kennerly (à droite) à son volant, ils se sont classés seconds du «Dauphin d'Or» (Réalités,avr. 1969, p. 67, col. 1).Il a négligé de munir son trimaran d'une «main courante», un bastingage en langage terrien (Paris-Match, 26 juill. 1969, p. 6, col. 2).
Main de toilette. Synon. de gant de toilette.
2. [Idée de propriété, de disposition]
a) [La main symbolise cette idée] Le plus souvent dans des loc.
α) [Avec prép. à] Elle [la propriété capitaliste] n'est pas concentrée aux mains d'une corporation comme l'Église, ou d'une caste comme la noblesse (Jaurès, Ét. soc., 1901, p. 90).
Aux mains de. En la possession de.
Être, demeurer, tomber aux mains de qqn. Il nous conviendrait peu de voir cette imprimerie aux mains d'un concurrent actif, remuant, ambitieux (Balzac, Illus. perdues, 1843, p. 568).Dans un temps où la terre tend à passer aux mains de financiers qui ne savent pas vivre (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 429).
Laisser aux mains de qqn. La prudence la plus élémentaire ne me permettant pas de laisser de tels documents aux mains d'un homme que la prospérité met à l'abri des inconvénients de mon affection et que je ne me sens plus aucun besoin d'estimer (Bloy, Journal, 1892, p.32).
Être un instrument, un outil, une arme aux ou dans les ou entre les mains de qqn. Il [le christianisme] a été une arme dans les mains des rois et des prêtres (Tocqueville, Corresp.[avec Gobineau], 1843, p. 57).Elle [la nature intrinsèquement éthique du caractère] peut devenir un dangereux instrument entre les mains des cuistres (Mounier, Traité caract., 1946, p. 62):
19. Que le système soit instrument aux mains de l'homme dans la situation où il se trouve, c'est ce qui est certain et nous aurons l'occasion de le redire, mais cet instrument, pour être efficace, doit avoir rapport à une vérité intemporelle. Lacroix, Marxisme, existent., personn., 1949, p. 50.
Avoir à la main (vieilli). Disposer de. Tant que tu n'as pas un bon état à la main (Nodier, Fée Miettes, 1831, p. 71).Lorsqu'il put, le testament de Bernard à la main, faire débouter de ses prétentions à la succession vacante l'administration des domaines (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 331).
β) [Avec prép. dans] L'accumulation (du capital dans les mains de quelques individus) est une des grandes découvertes de Marx (Sorel, Réflex. violence, 1908, p. 187).
Avoir qqc. dans les mains. Tu as dans les mains (...) tout ce que nous recevons des dieux (Louys, Aphrodite, 1896, p. 95).
γ) [Avec prép. en] Avoir en main(s). Disposer de, détenir. Ayant commencé la guerre avec les mêmes atouts en main (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 160).Le capitaine lui-même vous certifie, preuves en mains, la validité de votre carence (Audiberti, Quoat, 1946, 2etabl., p. 77).Samazelle n'avait pas en main toutes les données, mais il savait calculer (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 232).
δ) [Avec prép. entre] Être, demeurer, tomber entre les mains de qqn. La lettre existe, elle est entre les mains de Franz (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 591).
Laisser, mettre entre les mains de qqn. Le test du village du DrArthus met entre les mains du sujet un assez grand nombre d'éléments mobiles (Mounier, Traité caract., 1946, p. 22).
Avoir entre les mains. L'ensemble de mon rapport au Saint-Père, que vous avez entre les mains (Billy, Introïbo, 1939, p. 218).
ε) [Avec prép. par] Passer par les mains de qqn. Sans doute les 6000 francs qui ont passé par les mains de M. Malher (Hugo, Corresp., 1866, p. 535).
Rem. V. aussi sous la main (supra D 1 a γ) et mettre la main sur (supra D 1 a ε).
b) P. méton. [Désignant la ou les pers. qui possède(nt) qqc. ou dispose(nt) de qqc.] J'ai vu les richesses entassées dans quelques mains, et la multitude pauvre et dénuée (Volney, Ruines, 1791, p. 115).Mon domaine appartient à des mains étrangères (Barbier, Iambes, 1840, p. 243).
Changer de mains. Changer de propriétaire. Telle terre, vendue il y a vingt-cinq ans, est à cette heure partagée en dix mille portions, qui vingt fois ont changé de mains depuis la première aliénation (Courier, Pamphlets pol., Au réd. «Censeur», 1819, p. 21).La richesse change de mains, les politiciens de parti, les provinces de nation, les peuples d'habitat (J.-R. Bloch, Dest. du S., 1931, p. 138).
3. [Idée de puissance, d'autorité exercée par qqn]
a) [La main symbolise cette idée]
α) [Avec qualificatif] Amour lui-même cède à ma main souveraine: J'en ai fait un esclave (Valéry, Variété III, 1936, p.128).P. anal. Dès que l'on a opposé les devoirs aux desirs et les inclinations à la loi, il a fallu écarter en la déclarant impie la redoutable main de la raison (Senancour, Rêveries, 1799, p.123).
Avoir la main légère. Contrôler une situation sans faire sentir son autorité. V. léger IV G 1.
Main lourde (ou équivalent). L'on devrait châtier d'une main plus ferme, dit Gourmont, les mauvais écrivains (Paulhan, Fleurs Tarbes, 1941, p. 53).
(Avoir une) main de fer. V. fer C 2 c .
(Avoir, garder, tenir) la haute main sur ou dans qqc. V.haut1I A 6 loc. fig.
β) [Sans qualificatif]
Aux mains de qqn. Au pouvoir de quelqu'un.
Être, rester, tomber aux mains de qqn. Shanghaï aux mains de l'armée révolutionnaire (Malraux, Cond. hum., 1933, p. 237).L'homme aux mains des agents s'identifiait à cette viande décapitée (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 322).
Arracher, laisser aux mains de qqn. Dois-je vous livrer aux mains des Mores? (Claudel, Soulier, 1944, 2epart., 9, p.1079).
Dans la ou les main(s) de qqn. J'ai vécu quinze jours dans les mains du terrible Hadgi-Stavros (About, Roi mont., 1857, p. 3).Ça montre que nous ne sommes que de petits enfants dans la main du bon Dieu (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p.143):
20. Mais je vous ai dit: vous êtes maintenant dans ma main. Si vous signez, l'enfant ne saura pas. Si vous ne signez pas, il saura. Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 308.
Sous la main de qqn. La providence réunit sous la main de César le monde occidental (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 194).
[Autorité du pouvoir judiciaire] Qu'il serait accordé une amnistie, mais que cinq cents personnes en seraient exceptées, ainsi que celles qui avaient été bannies par procès régulièrement faits, ou qui se trouvaient sous la main de la justice (Barante, Hist. ducs de Bourg., t. 4, 1821-24, p. 27).
b) P. méton. [Désignant la pers. qui détient le pouvoir] Tendant toujours à concentrer le pouvoir en une seule main (Volney, Ruines, 1791, p. 68).
4. [Idée de responsabilité que qqn a de qqc./qqn]
a) [La main symbolise cette idée]
[Avec prép. à gén. avec remettre] Le comte de Hainaut promit à son beau-frère de Bourgogne qu'il ne remettrait le dauphin aux mains d'aucune personne, sans être bien assuré de l'accomplissement des conditions jurées (Barante, Hist. ducs de Bourg., t. 4, 1821-24, p. 110).L'indifférence et l'épouvantable légèreté des hommes aux mains de qui l'on remet sa fortune (Montherl., Célibataires, 1934, p.766).
[Avec prép. en] Vos capitaux confiés en mes mains ont profité (About, Roi mont., 1857, p. 90).
b) P. méton. [Désignant la pers. à qui incombe la responsabilité]
Être, tomber en bonnes mains ou en mains sûres; remettre en (ou entre de) bonnes mains ou en mains sûres. Je me félicitais que ma jeune amie fût tombée en d'aussi bonnes mains (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 136).Secrètement heureux de savoir mes intérêts en bonnes mains (Mauriac, Noeud vip., 1932, p. 55).
Changer qqn de main(s). Il importait de ne pas trop changer de main la petite comtesse (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 42).
5. [Idée de maîtrise que l'on a de qqc., parfois de qqn]
a) [Avec prép. dans ou entre] Le reste, fabrication et agriculture, banque et opérations de commerce, est dans les mains des natifs (Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1856, p. 255).
Tenir le sort de qqn dans ou entre ses mains. En être le maître. Tu as de la chance (...) de tenir ton sort dans tes mains à toi (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 175).
b) [Avec prép. en]
Avoir, garder, prendre, tenir (bien) en main(s) qqc. ou qqn. En avoir, en acquérir la maîtrise.
[En parlant de qqc.] Si je possédais votre méthode, si je l'avais bien en mains comme vous (Romains, Knock, 1923, iii, 6, p. 18).Dudule vous dira que quand je prends une affaire en main, on peut être tranquille (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 288).
Avoir la parole en main (vieilli). Savoir parler. Sa fille aînée, qui a la parole en main, à ce que dit son père, se charge de la narration (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 334).
[En parlant de pers.] Mes jeunes gens sont gonflés à bloc; je les ai bien en main (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p.127).
(Être) en main(s). (Être) bien maîtrisé, contrôlé.
[En parlant de qqc.] Son dessin qui est très sûr, très en main (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1898, p. 313).
[En parlant de pers.] Le bloc libre de l'Afrique équatoriale, du Cameroun et du Tchad est tout à fait en main et décidé (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 368).
Rem. Pour d'autres emplois de en main(s), v. supra D 1 γ et infra G être (bien) à la main.
E. − [Dans les rapports entre pers., impliquant le plus souvent une main qui prend et une qui est prise]
1. Garder, prendre, saisir, tenir la ou les main(s) de qqn dans la ou les sienne(s); étreindre, lâcher la ou les main(s) de qqn; se tenir par la main. Ils venaient de se joindre les mains; et le passé, l'avenir, les réminiscences et les rêves, tout se trouvait confondu dans la douceur de cette extase (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 80).
Donner la main à qqn. Au lieu de donner la main à Marcel qui était son cavalier, elle prit la main de son vis-à-vis (Murger, Scènes vie boh., 1851, p. 175).Au fig. Aller de pair. L'art du faussaire donne la main à l'art de trahir (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 156).
Se donner la main. Ils se donnèrent la main, et restèrent sans parler (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1438).
Au fig.
[En parlant de pers.] S'entendre, agir de commun accord. Slaves du nord, Slaves du sud finiront par se donner la main (Maurras, Kiel et Tanger, 1914, p. 200).Pouvoir se donner la main. Synon. de faire la paire*.Élu, comme vous, Saint-Père, et tiré de la foule. Sur ce point, nous pouvons nous donner la main (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p. 167).
[En parlant de choses] Aller de pair. L'art et la politique s'y donnent la main (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 157).
Tendre la main à qqn. [Pour l'aider] Il était devant sa chaloupe déjà débordée. Un matelot lui tendait la main. D'un bond, il fut à sa place, au centre de l'embarcation (Peisson, Parti Liverpool, 1932, p. 224).P. méton. Aider, secourir. Vous qui tendez la main à celui qui souffrait (Bornier, Fille Rol., 1875, ii, 8, p. 51).
La main dans la main; les mains dans les mains. Nous marchons, Laeta et moi, la main dans la main, ou elle se pend à mon bras (Larbaud, Journal, 1934, p. 310):
21. Les mains dans les mains restons face à face Tandis que sous Le pont de nos bras passe Des éternels regards l'onde si lasse Apoll., Alcools, 1913, p. 45.
Au fig. Ensemble, en collaboration étroite. Il est si bon de porter ensemble le fardeau des destinées; et cela semble si naturel à ceux qui cheminent, la main dans la main, en attendant de mourir (Amiel, Journal, 1866, p. 288).Je travaillerai la main dans la main avec les types du Pentagone (Sartre, Mains sales, 1948, 7etabl., 1, p. 257).Aller, marcher la main dans la main (avec qqn). Agir en parfait accord, collaborer étroitement (avec quelqu'un). Ces difficultés disparaîtront aussitôt si vous faites voir que vous marchez la main dans la main avec d'Argenlieu qui a toute ma confiance (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 538).
2. [Dans les relations soc.]
a) Baiser la main à qqn. [Pour marquer son respect] Elle avait doucement attiré Hélène vers le jeune baron, qui lui baisa la main avec respect (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 304).Brusquement, mon père se retourna, courut au-devant du chasseur, et, profondément incliné, baisa la main qu'il lui tendait, en balbutiant: − Vous!... Monseigneur! (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p.23).
Baiser les mains à qqn. [En signe de vénération] Puis, quand il la quitta, ce fut elle qui déborda de reconnaissance: elle lui disait merci, elle lui baisait les mains (Zola, Germinal, 1885, p. 1353).
[Comme formule finale de lettre pour prendre congé] Et que je vous baise les mains en vous priant de me croire, Madame, votre tout dévoué et affectionné (Flaub., Corresp., 1862, p. 303).
b) Offrir, présenter la ou sa main à une femme (vieilli). Le président, qui renonce toujours, le dernier, aux vieilles coutumes, offrit sa main à sa cousine, Mmede L, pour passer du salon à la salle à manger (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 317).
Rem. On dit aujourd'hui: offrir le bras (v. bras I C 1).
c) [Dans la salutation cordiale] Serrer cordialement la main (parfois les mains) à qqn; serrement de main; donner une poignée de main à qqn, échanger une poignée de main avec qqn. Après ce touchant échange de bonnes paroles, ils se serrèrent la main avec effusion (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 419).
[Comme formule finale de lettre pour prendre congé] Cher grand poëte, je vous serre la main. Victor Hugo (Hugo, Corresp., 1862, p. 430).
[Au plur. et sans compl. désignant des pers.] Il s'approcha, serra des mains, distribua des sourires (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 71).
Toucher la main à qqn (parfois toucher dans la main à qqn) (vieilli). Le dernier gouverneur d'Ispahan, un des habiles administrateurs de la Perse, à la persane, était domestique il y a quatre ans. Il en parle en toute liberté et touche dans la main à ses anciens camarades, ce qui ne cause ici d'étonnement d'aucune sorte (Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1856, p. 251).En allant lui toucher la main, je trouve au pied de sa chaire une grappe de mes connaissances (Amiel, Journal, 1866, p. 183).Au fig. Ainsi la morale chrétienne touche la main à l'horticulture (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 276).
Tendre, offrir, donner la main à qqn. [Pour saluer, en signe d'amitié] À propos de je ne sais quel mot sentimental, il me tend la main. Je ne lui donne pas la mienne (Renard, Journal, 1901, p. 628).Il est (...) si fort que, si tu le rencontres, il faut te garder de lui tendre la main. Sa poignée de main t'arracherait les doigts (Maran, Batouala, 1921, p. 147):
22. Gobseck tendait un doigt; c'était sa manière de donner la main. Chacun a pu observer que cet accueil de la main par la main est une sorte de langage qui trompe beaucoup moins qu'aucun autre. Alain, Propos, 1921, p. 305.
Au fig. Tendre la main à qqn ou qqc. Avoir une attitude cordiale et conciliante à l'égard de quelqu'un ou de quelque chose. Mais beaucoup de conventionnels, outre qu'ils n'en croyaient pas un mot, le soupçonnèrent de tendre ainsi la main aux catholiques (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p. 413).
(Politique de la) main tendue. (Politique de la) conciliation. Il est improbable que l'Élysée accepte de revenir à une politique de la main tendue si les milliards de francs investis au Sahara sont l'objet d'une contestation permanente (Le Nouvel Observateur, 28 oct. 1968, p. 22, col. 3).Wilson ne sut pas jouer la carte de la main tendue au nouveau régime, qui avait besoin de tout (Le Monde, 21 mai 1972, p. 3, col. 1).P. méton., rare. Manifestation d'une attitude conciliante. Quelle a été l'attitude de la masse ouvrière face à cette «main tendue» patronale? (L'Express, 10 nov. 1969, p. 166, col. 2).
d) Toucher (dans) la main à qqn, taper dans la main. [En signe d'accord] :
23. alvare: Oh! Ce sera un carnage épouvantable, et j'enrage que l'on n'ait pas mûri long-temps une si dangereuse révolte. almada: Tu l'as dit toi-même: une lente sagesse vaut moins qu'une impétuosité réglée. Touche cette main et sois prêt à marcher. Lemercier, Pinto, 1800, IV, 2, p. 126.
3. [Dans le mariage, avec valeur symbolique]
a) Demander, obtenir la main d'une femme. Demander, obtenir une femme en mariage. Donner, offrir, refuser la main à qqn. Accepter, offrir, refuser d'épouser quelqu'un. [En parlant du père] Accorder, refuser la main d'une jeune fille à qqn. Accepter, refuser de donner une jeune fille en mariage à quelqu'un. Vous seul avez le droit de disposer de sa main, et si j'ose aujourd'hui vous la demander pour mon fils, ne croyez pas que le desir de partager les biens de cette riche orpheline ait dirigé ma démarche (Guilbert de Pixér., Coelina, 1801, i, 8, p. 15).La mort de M. de Croisenois changea toutes les idées de Julien sur l'avenir de Mathilde; il employa plusieurs journées à lui prouver qu'elle devait accepter la main de M. de Luz (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p. 503).
b) De la main gauche. Synon. morganatique(ment).V. gauche1.
F. − [Comme instrument de l'action violente et de la lutte]
1. [Action violente] Abattre, flanquer sa main sur la figure de qqn. Ses tempes battaient, dans une montée de sang, ainsi que sous les coups de deux mains acharnées (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 38):
24. Elles s'empoignaient toutes les deux, la jeune accusant la vieille de lui ratisser ses pierres, à ce point qu'elle n'en faisait pas un panier en dix minutes. On les payait au panier, c'étaient des querelles sans cesse renaissantes. Les chignons volaient, les mains restaient marquées en noir sur les faces rouges. Zola, Germinal, 1885, p. 1187.
Lever, porter la main sur (vieilli contre) qqn; mettre la main sur qqn (vieilli). Le frapper. Les gens de service, sous aucun prétexte quelconque, ne portent une main violente sur eux [les aliénés de Bicêtre], même par représailles (Pinel, Alién., 1801, p. 66).J'admets qu'il ait mis la main sur un élève (Vallès, Réfract., 1865, p. 17).Te permettre de lever la main sur mon oncle! (Feydeau, Dame Maxim's, 1914, iii, 4, p. 58).
Porter la main sur qqc. (gén. une valeur, une institution). S'attaquer à quelque chose pour la supprimer. Ils ont essayé de porter la main sur cette institution fondamentale de la liberté démocratique de France [le suffrage universel] (Fondateurs 3eRépublique, Gambetta, 1877, p. 285).[L'impressionnisme] a porté la main sur un préjugé tenace et dangereux, sur une série de notions poncives (Mauclair, Maîtres impressionn., 1923, p.206).
Avoir la main leste. V. leste A 1 b loc.Avoir la main lourde. V. lourd II A 3 loc.Avoir la main qui démange. V. démanger B expr.
Être haut à la main. ,,Être impérieux, violent, prompt à user de voies de fait`` (Ac. 1835-1935). C'était une sorte de soudard, haut à la main comme à la voix, beau garçon au demeurant (Toulet, Mariage Don Quichotte, 1902, p. 186).
Ne pas y aller de main morte. V. mort2II A 2 a.
(Combat) de main à main (vieilli). (Combat) au corps à corps. Les mines sont souvent étroites et en zig-zag; il y faut des bâtons courts pour combattre main à main (Barante, Hist. ducs de Bourg., t. 4, 1821-24, p. 315).
(Combattre à) mains nues. Sans armes. Il aurait peut-être voulu que Jean-Paul II lance le peuple, les mains nues, à l'assaut des chars (Chez nous à Champigneulles, févr. 1982, p. 1, col. 2).
En venir aux mains. En venir aux coups, en venir à se battre. [Ils] devaient en venir aux mains avec l'homme le plus fort et le plus féroce (Borel, Champavert, 1833, p. 102).J'ai vu dans la sacristie des professeurs en venir aux mains et s'arracher les ornements sacerdotaux au moment de les revêtir (Billy, Introïbo, 1939, p. 30).(En) être aux mains (vieilli). Se battre. Ils ne sont pas fanfarons, puisqu'ils se battent sérieusement et de sang-froid quand ils en sont aux mains (Baudry des Loz., Voy. Louisiane, 1802, p. 79).Mettre aux mains deux personnes. Les faire se battre, se disputer. Entre la sage-femme et Elisa, parmi les nombreux sujets de conversation propres à les mettre aux mains, un sujet plus particulièrement amenait des scènes quotidiennes (E.de Goncourt, Élisa, 1877, p. 31).
Faire main basse sur. V. bas1I A 3 c.Faire une main tombée (arg.). ,,Faire «main basse»`` (Esn. 1965).
Coup de main. V. coup C 2 b synt. c.
Rem. Pour d'autres emplois de coup de main, v. infra H 1 d β et H 4 c.
Homme de main. V. homme II B 4.
À main armée. V. armé II A loc.P. ell., arg. (pour agression à main armée). À sa première main armée, il s'est fait secouer sa bâche [casquette] par le ponte (Pt Simonin ill., 1957, p.34).
2. SPORTS
Lutte à main(s) plate(s). Lutte où les adversaires s'opposent avec les mains ouvertes. La lutte à mains plates, astreinte à des règles sévères, à peu près invariables (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 226).V. lutte ex. 2.
Main nue. Pelote basque où les joueurs ne portent ni chistera ni pala. Jean-Baptiste ne fait pas mystère de sa préférence pour la «main nue». La main nue, c'est le fin du fin, le jeu le plus héroïque et viril, un brin masochiste − «celui qui tient dix points avec mal à la main, celui-là il peut parler de souffrance!», −l'apothéose (Le Monde dimanche, 23 août 1981, p.xv).
G. − [Servant à manier un objet (gén. un outil ou un objet similaire)] Il était assis sur le billard, les pieds ballants, et il maniait une boule de la main gauche (Maupass., Contes et nouv., t. 2, MllePerle, 1886, p. 638).La mitrailleuse (...) tenue pour une machine (...) qui se détraquera en campagne aux mains d'un maladroit (Valéry, Variété IV, 1938, p. 62).La nature particulière des instruments familiers à sa main (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 164).V. infra H 1 a ex. de Rimbaud.
Main à plume (p. méton.). Écrivain:
25. Homme de caméra, M. Jean Kerchbron n'est pas du tout une «main à plume»: d'une idée ingénieuse, il n'a su tirer qu'une maladroite histoire policière, ridiculement dialoguée, pour justifier des variétés injustifiables. Le Figaro littér., 12 janv. 1970, p. 39, col. 2.
À main. [Déterminant un subst. qui désigne un instrument, un mécanisme] Qui se manoeuvre à la main. Frein, grenade, scie, treuil à main. V. eau ex. 8.
Vieilli. [Dans un orgue] Clavier à main. Clavier par opposition au pédalier. Un orgue dont le clavier à main n'était composé que de deux octaves et trois 1/2 tons (Schmitt, Simon, Guédon, Nouv. manuel organiste, 1905, p. 59).
Arme de main. Arme blanche se maniant avec la main. Les quatre murs (...) n'avaient d'autre ornement (...) qu'une demi-douzaine d'armes de main, sabres mauresques, claymores écossaises et longues épées espagnoles (Feuillet, Onesta, 1848, pp.366-367).
Épée à deux mains. Épée longue et large que l'on maniait en la tenant à deux mains. (Dict. xixeet xxes.).
Être (bien) à la ou sa main, en main(s). [En parlant d'un objet] Être bien adapté à la main, maniable. V. bien2ex. 12.Au fig. «Décadisme» est un mot de génie (...). Ce barbarisme est une merveilleuse enseigne, il est court, commode, à la main, handy (Verlaine, Œuvres compl., t. 5, Biogr. (A. Baju), 1896, p. 381).Voici une idée aujourd'hui. Elle est nette, bien lisible, bien en main. Je m'y plais (Valéry, Tel quel I, 1941, p.200).
P. anal., vieilli. [En parlant d'une pers.] Accommodant. Les ministres le voyant homme à la main, d'humeur facile, comme sont les savants (Courier, Pamphlets pol., Pamphlet des pamphlets, 1824, p. 213).
Région. (Canada). Être à main. Être prêt à rendre service. − Est-il [le Survenant] d'avance à l'ouvrage? demanda Angélina, vivement intéressée. − Des journées, il n'est pas à main en rien (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 34).
Mettre un instrument à la main de qqn (vieilli). Lui apprendre à s'en servir, donner à quelqu'un ses premières leçons dans un métier, un art. Ce maître lui a mis les armes, le fleuret, le violon à la main (Ac.1798-1935).Cet aîné était un homme mûr déjà, cultivateur consommé, à qui, dans le temps, il avait mis les outils à la main (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 98).
H. − [Intervenant de manière primordiale dans l'exécution ou dans la réalisation de qqc.]
1. Adroit, maladroit de ses mains; savoir se servir de ses mains. Il ne savait rien foutre de ses mains à part la barre fixe et le trapèze... Il était des plus malhabiles, comme trente-six cochons réellement (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 407).L'art se fait avec les mains. Elles sont l'instrument de la création (Focillon, Éloge de la mainds Vie des formes, Paris, P.U.F., 1947, p. 107).Mais on pourrait n'y voir qu'une concession à la main qui exécute et qui se sent trop inhabile encore (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 110).V. chirurgie ex. 1.
Être bien à la ou en main (vx), être bien à sa main. [En parlant d'une pers.] Être commodément installé pour faire quelque chose. (Ds Ac. 1935, Rob., Lar. Lang. fr.).
Faire qqc. à sa main. Le faire commodément, confortablement, sans forcer. Rouler à sa main. L'équipe de l'A.S. Nancy-Lorraine a remporté une large victoire sur Nice mais sans livrer un grand match. Il n'y a pas de reproches à lui adresser, bien au contraire, mais on peut dire qu'elle a joué à sa main, sans forcer son talent (L'Est Républicain, 23 nov. 1981, p. 9, col. 1):
26. − C'est le lit de nos noces, dit-elle. − Et vous croyez que vous dormiriez mal dans un autre lit? − Je n'y dormirais pas à ma main, dit-elle. Renard, Nos frères farouches, 1910, p. 134.
Être en mains. Être en condition pour faire quelque chose. Cochet paraît en mains. Il prend bien sa balle (L'Auto, 29 juill. 1933, p. 4 ds Grubb, Fr. sports neologisms, 1937, p. 48).
a) [Dans le travail manuel p. oppos. au travail de l'esprit] Travailler de ses mains. Il serait impossible de séparer ces deux choses: la tête et la main. Une main habile sans la tête qui la dirige est un instrument aveugle; la tête sans la main qui réalise est impuissante (Cl. Bernard, Introd. ét. méd. exp., 1865, p. 8).J'ai horreur de tous les métiers. Maîtres et ouvriers, tous paysans, ignobles. La main à plume vaut la main à charrue. − Quel siècle à mains! (Rimbaud, Saison enfer, 1873, p. 213):
27. Mais entre esprit et main les relations ne sont pas aussi simples que celles d'un chef obéi et d'un docile serviteur. L'esprit fait la main, la main fait l'esprit. Le geste qui ne crée pas, le geste sans lendemain provoque et définit l'état de conscience. Le geste qui crée exerce une action continue sur la vie intérieure. Focillon, Éloge de la mainds Vie des formes, Paris, P.U.F., 1947, p. 121.
[Plus gén. dans le travail concrètement créatif p.oppos. à l'activité purement spéculative, intellectuelle] Je n'adresse pas mon discours aux hommes politiques (...). Je ne l'adresse qu'aux artisans de mon espèce. À ceux qui ont un métier de main (J.-R. Bloch, Dest. du S., 1931, p. 19).
[Le travail manuel étant considéré comme symbole du travail en gén.]
Acquérir du cal aux mains. Travailler dur:
28. Qui te fournit la nourriture, l'éducation, l'habillement, et tous les moyens de figurer un jour, avec honneur, dans les rangs de la société! Mais il faut pour cela suer ferme sur l'aviron, et acquérir, comme on dit, du cal aux mains, fabricando fit faber, age quod agis. Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 95.
(Homme) à toutes mains. (Personne) capable de faire toutes sortes de travaux, compétente dans plusieurs domaines. M. de Saint-Amans, au défaut de ses plantes chéries, en rapporta des grenats ferrugineu.. Il était à toutes mains, et s'emparait avec discernement de ce que la nature a disséminé de plus curieux sur ces montagnes (Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 196).Maria (...), aidée seulement de son mari, homme à toutes mains, mou et robuste (Colette, Sido, 1934, p. 22).
Vendangeur toutes mains. ,,Ouvrier sans capacités viticoles spéciales pouvant exécuter dans la vigne certains travaux simples`` (Dict. des métiers et appellations d'emploi, Paris, P.U.F., 1955).
Homme à deux mains. Homme ayant deux genres d'activité. Garçon à deux mains. Garçon boucher qui travaille tantôt à l'abattoir, tantôt à l'étal (Rigaud, Dict. arg. mod.,1881, p. 190).
Rem. Certains dict. rapprochent ces deux emplois de cheval à deux ou à toutes mains (v. supra D 1 c α).
P. méton., vieilli ou région. Personne qui travaille de ses mains, ouvrier. Employer cent mains dans une manufacture (Canada1930).M. Goutorbe embauchait toutes mains à cinq francs et Picart le chemineau se joignit aux hommes de bronze qui criblaient de cuivre le mildiou tenace (Hamp, Champagne, 1909, p. 117).
b) [P. oppos. à tout autre moyen, surtout mécanique] À la main
Arroser, fabriquer, faucher, semer à la main; brodé, creusé, fait, moulé à la main; lavage, repiquage à la main. De grandes parties de braconnage: pêches à la main, la nuit, pêches aux éperviers prohibés (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 359).La vessie de porc pleine de feuilles de tabac hachées à la main (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 7).[Le maïs] facile à cultiver à la main et sans charrue (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 137).
P. ell. Cousu, fait main; broderie main. Poudrier guilloché main (Catal. jouets [Trois Quartiers], 1936).Pour la bicyclette et le sport, vous aimerez ces gants en tricot main pour le dessus, et à l'intérieur, de peau de chèvre, cousu sellier (L'Œuvre, 31 mars 1941).
[Dans le domaine de l'écriture, p. oppos. à dactylographié, imprimé] Écrit à la main, mots tracés à la main. Ce rapport sur les chemins de fer d'Angola est parfaitement copié et les corrections à la main sont très nettes (Flers, Caillavet, M. Brotonneau, 1923, p. 4).
HIST. DE LA PRESSE. Nouvelle(s) à la main. Feuille(s) d'information manuscrite(s) qui contenai(en)t souvent des anecdotes scandaleuses ou malignes. Le théâtre, c'était la nouvelle à la main montant sur les planches, se stylisant en comédie de caractère (Morand, Chron. homme maigre, 1941, p. 93).Gazetier à la main. Il [La Beaumelle] est gâté, nous le verrons, par quelque vice d'esprit. Dès le début, il a en lui, par le ton et par la légèreté, du gazetier à la main, du folliculaire (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 14, 1857, p. 89).
[En parlant du fourrage donné au bétail, p. oppos. à l'herbe broutée dans les prés] Pâture à la main. L'auvent protégeait un cadre à compartiments, munis de volets, glissant, encastré dans la cloison extérieure, où les boeufs venaient passer la tête pour se faire pâturer à la main à l'aube et à l'entrée de la nuit (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 139).
c) [Dans certaines activités spécifiques]
α) [Couture, broderie, tricot, tapisserie] Ouvrages de main. Ouvrages d'aiguille:
29. On nous garde dehors, les grandes, pour que nous exécutions plus à l'aise les mirifiques travaux destinés à l'exposition des ouvrages de main. (Est-ce que les ouvrages peuvent être autres que «de main»? Je n'en connais pas de «pied»). Colette, Cl. école, 1900, p. 247.
P. méton., COUT. Première main. Couturière capable d'exécuter tous les modèles. Deuxième main. Couturière qui a achevé son apprentissage. Petite main. Couturière apprentie. D'abord «petite main» chez une couturière, employée à faire un point, à recoudre un volant (...), elle avait vite passé deuxième puis première, et s'était fait une clientèle de dames du meilleur monde, elle travaillait chez elle (Proust, Guermantes 1, 1920, p. 20).À la sortie des ateliers, un choeur de petites mains s'est bousculé pour me jeter dans les bras, en riant, celle que j'avais regardée (Larbaud, Amants, 1923, p. 221).
β) [Écriture]
De la main de qqn. Écrit (à la main) par quelqu'un. Ce billet a été reconnu pour être de la main de Limoelan (Procès conspir. 1erConsul, t. 1, 1801, p. 13).
À main reposée. À loisir, en prenant son temps pour bien écrire. Une inscription mise sur le titre, à main reposée, m'apprit qu'en 1779 ce livre appartenait à soeur Anne (A. France, Jard. Épicure, 1895, p. 160).
P. méton.
Manière d'écrire, type d'écriture. Déguiser sa main. L'écriture moderne est plus claire et plus déterminée que l'ancienne. Je ne dis pas que chaque homme n'eût son écriture ou sa main particulière, mais elle était beaucoup moins caractérisée et moins exclusive que de nos jours (J. de Maistre, Pape, 1819, p.127).
Belle main. Belle écriture. Je reçus, comme pour le bal des gens de maison, une invitation sur papier rose écrite d'une très belle main (A. Daudet, Nabab, 1877, p. 186).C'est une grande erreur que de croire qu'il suffit d'avoir une belle main pour apprendre promptement l'art d'écrire sur la pierre, c'est une manière tout à part (Villon, Dessin. et impr. lithogr., 1932, p. 98).
HIST. Main de cour. ,,Caractère anglais en usage en Angleterre dans les archives et les procédures`` (Carabelli, [Lang. typogr.], s.d.).
ADMIN. Main-courante. Registre où sont notés au fur et à mesure les opérations effectuées dans un commerce ou dans une banque, les arrivées et les départs de clients dans un hôtel, les événements notables consignés dans un commissariat. Une autre trace se trouvait dans la main-courante du commissariat du quartier de la Victoire, à la date du 15 août 1936. J'y copiai le rapport de décès sur la voie publique (R. Boussinot, Vie et mort de Jean Chalosse, moutonnier des Landes, Paris, Robert Laffont, 1976, p. 175).
γ) [Peinture] [Dans un ouvrage comme Don Quichotte] vous sentez la main de l'artiste et vous devez la sentir, de même que vous voyez un cadre à tout tableau (Delacroix, Journal, 1853, p. 107).[Devant les toiles impressionnistes] Nous voyons ce qui manque, nous sentons l'endroit où la main du peintre a trahi son désir (Mauclair, Maîtres impressionn., 1923, p. 208).
δ) [Musique (jeu instrumental)] N'oublions pas que la main gauche [au violon] ne représente que les matériaux et que la main droite a le secret qui peut les assembler (Capet, Techn. sup. archet, 1916, p. 11).
[Dans les instruments à clavier, spéc. le piano] Les accords, écrits à trois parties, pour le piano ou l'orgue, sont, ordinairement, disposés de telle sorte, qu'on puisse jouer, de la main droite, les deux parties supérieures, de la main gauche, la basse seulement (E. Durand, Traité harm., s.d., p. 32).Ici, le chant qui est à la main droite ne suit pas exactement (Rolland, Beethoven, t.1, 1937, p.267).
P. méton. Ligne mélodique dévolue à une main. Surtout on remarquera cette «troisième main» qui (...) s'insinuant entre la main droite et la main gauche, dessine une sorte de contre-chant par-dessous le chant (Jankél., Fauré, 1938, p. 84).
À quatre mains. Deux instrumentistes jouant simultanément sur le même clavier, l'un dans les aigus et l'autre dans les basses. Jouer à quatre mains, arrangement à quatre mains. Trois petites pièces que je venais de composer pour piano à quatre mains (Stravinsky, Chron. vie, 1931, p. 122).P. méton. Faire un quatre mains. Jouer un morceau composé pour piano à quatre mains.
P. métaph. Au fond, c'est d'une jolie ironie, cet éloge à quatre mains d'Hugo fabriqué par les deux jaloux, les deux désespérés de sa gloire (Goncourt, Journal, 1887, p. 662).Si Dumas avait Auguste Maquet, jeune professeur d'histoire, pour lui préparer le premier jet des récits qu'il remaniait, réécrivait et complétait, ce travail à quatre mains se retrouve de nos jours: Pierre Barret et Jean-Noël Gurgand préfèrent affronter à deux leur cycle médiéval: «Les tournois de Dieu» (Le Point,11 déc. 1978, p. 151, col.2).
d) [L'accent est mis sur le mode d'exécution, la manière de procéder]
α) [Avec déterminant ou qualificatif évoquant une manière spécifique de procéder] Main adroite, exercée, habile, inexpérimentée, inhabile; dextérité, habileté, sûreté de main. De la vraie peinture, exécutée avec une main sûre et d'après les règles les plus simples de l'art (Baudel., Salon, 1846, p. 172).Il [Coppée] reste bon Parnassien, même grand Parnassien, par une forme parfaite, par des ressources toujours renouvelées d'atelier, où l'on sent la main experte de l'ouvrier parisien (Thibaudet, Hist. litt. fr., 1936, p. 332).
Avoir la main bonne, une bonne main. Avoir des dispositions particulières dans un domaine. Il pensait que tel ouvrier et tel laboureur a la main plus ou moins bonne, et que, par la seule vertu de sa présence dans l'étable, il fait du bien ou du mal aux animaux (Sand, Pte Fad., 1849, p. 221).Il me vient une bonne main, tout d'un coup. Je sens que je vais écrire un chapitre admirable (Aymé, Travelingue, 1941, p. 91).
Main légère ou lourde, pesante. Main qui opère délicatement ou avec lourdeur. Qu'il t'est facile à toi, dans le silence du cabinet, de tracer d'une main légère une ligne mince et pure comme un cheveu sur ce papier blanc! (Musset, Lorenzaccio, 1834, p. 123).[Dans un cont. métaph.] Ses vers [de Rostand] sont délicieux, mais d'une pâte si tendre qu'à des mains lourdes il n'est pas difficile de les casser (Renard, Journal, 1901, p. 690).
Avoir la main légère ou lourde, pesante. Opérer délicatement, prudemment ou avec lourdeur. Vous pouvez donc, sur un travail de cuir, ajouter de la pyrogravure. Soyez prudent et ayez la main légère, pour ne pas gâter votre ouvrage (Closset, Travail artist. cuir, 1930, p. 34).
En partic. Mettre peu ou trop de quelque chose (gén. un assaisonnement) dans un plat. La soupe du matin était-elle trop salée? Inutile d'accuser Fine, qui, en fait de condiments, avait toujours eu la main légère (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 182).V. lourd II A 1 b.
À main levée. Sans guide ou appui pour la main. Dix-sept caractères différens, et des traits, à main levée d'une hardiesse! (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 75).Les coupes peuvent être faites au rasoir, à main levée, le fragment à couper étant placé dans la moelle de sureau (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 1, 1931, p.35).
À main(s) nue(s). Directement avec la ou les main(s), sans avoir recours à un instrument. Plus délicats que les matelotes de Boulogne, qui travaillent à main nue, ils [les hommes des camions] soulevaient les grosses pièces avec des crochets de fer (Hamp, Marée, 1908, p. 57).Le lancé des dés effectué par le sujet à main nue ou à l'aide d'un cornet (Amadou, Parapsychol., 1954, p. 276).P. métaph. [Avec une idée de souffrance dans la réalisation] On est bousculé par ce témoignage écrit à mains nues par un humilié, un grand écrivain (Le Point, 21 mars 1977, p.39, col. 4).
Guérisseur aux mains nues. Guérisseur philippin qui prétend pratiquer des opérations chirurgicales par simples manipulations manuelles, sans recourir à un quelconque instrument et sans qu'il en résulte ni trace d'incision, ni cicatrice. Une dénonciation énergique des guérisseurs aux mains nues des Philippines. L'analyse du sang et des organes prétendument retirés du corps des malades prouve qu'ils ne sont pas d'origine humaine (Le Point, 21 mars 1977, p.39, col. 1).
(Avoir la) main verte. (Manifester une) prédisposition particulière qui favorise la germination et la croissance des plantes. Presque toutes les femmes possèdent ce don mystérieux: la main verte (Marie-Claire, 15 nov. 1966, p. 3, col. 1):
30. Des expériences précédentes, tentatives de cohabitation avec un ficus, un dracaena et un pandanus, s'étaient tristement terminées. Il n'avait pas la «main verte», comme ces gens qui plantent un barreau de chaise et obtiennent un acacia. Le Monde, 22 févr. 1975, p. 18, col. 1.
De main de maître. V. maître II B 1 c β.De main d'ouvrier*.
Rem. Sur ce modèle, on relève de main de + subst. désignant une catégorie d'individus, pour évoquer une manière de procéder. 230 employés (...) menés de main d'Auvergnat par M. Lafon (...) ses deux fils et son gendre (Elle, 25 janv. 1968, p. 74, col. 3).
β) Coup (v. ce mot C 2 b p. ext.) ou tour de main. Mouvement adroit de la main permettant de réussir quelque chose; manière spécifique de procéder. Chaque pâte demande à être étendue sur le bois [des violons] avec un tour de main spécial (Grillet, Ancêtres violon, t. 2, 1901, p. 170).N'est pas enquêteur qui veut. Il y faut un tour de main spécial (Thibaudet, Réflex. crit., 1936, p. 155):
31. Veut-on par exemple faire une recherche de technologie? Le film rendra intégralement toutes les phases du travail et les prises de gros plans révèleront toutes les astuces des tours de main et tous les détails de la fabrication. Hist. sc., 1957, p. 1544.
γ) P. méton. Manière de faire, style propre à quelqu'un, surtout dans les réalisations artistiques. Dans la peinture (...) la disposition, le caractère, une certaine empreinte ineffaçable montrent la main et la conception d'un grand artiste (Delacroix, Journal, 1853, p. 46).Watteau a abordé les robes claires, les tons un peu froids, les blancs un peu zingués de Pater; mais toutefois, c'est la main de Watteau (Goncourt, Journal, 1860, p.804).Si tu veux me séduire ou me surprendre, prends garde que je ne voie ta main plus distinctement que ce qu'elle trace. Je vois trop la main de Pascal (Valéry, Variété[I], 1924, p. 154).
2. [Comme support symbolique de l'habileté professionnelle, du savoir faire] Gén. dans des locutions.
Avoir la main (à, pour qqc.). Être habile. La barque s'arrêta à l'île des Moineaux, merveilleux endroit pour jeter l'épervier, mais le patron n'y avait pas la main, ce jour-là (A. Daudet, Pte paroisse, 1895, p. 66).Les Nouvelles littéraires sont décidément un journal remarquable et qui a la main pour dénicher ses rédacteurs (Léautaud, Journal littér., t. 4, 1924, p. 269).
Se faire la main, faire sa main. S'exercer. On le tenait [l'étranger] généralement pour une manière de flibustier qui avait fait sa main dans les affaires des États-Unis du Sud (Sand, MlleMerquem, 1868, p. 144).Je croirais volontiers que c'est dans le journalisme qu'il [Coppée] s'est fait la main à la prose (A. France, Vie littér., t. 3, 1891, p. 289).Avoir la main faite. Avoir la main exercée. Au sortir de ce poëme [Les Natchez] il [Chateaubriand] était rompu aux images, il avait la main faite à tout en ce genre (Sainte-Beuve, Chateaubr., t. 2, 1860, p. 2).Faire la main à qqn. [Le suj. désigne ce qui constitue un exercice] Exercer. À votre place, puisque vous êtes mordu par le théâtre, j'aurais tenté de nouveau une pièce en un acte, ce qui est plus commode et ce qui vous aurait fait la main (Zola, Corresp., 1902, p. 451).
S'entretenir la main. Entretenir son habileté. La mort pour la mort, l'échafaud pour l'échafaud, histoire de s'entretenir la main (...) c'est hideux (Hugo, Actes et par. 3, 1876, p. 39).[Le père Chaque] vivait ainsi (...) s'entretenant la main à rédiger des bouts d'article (Vallès, Réfract., 1865, p. 88).
Perdre, se gâter la main. Perdre son habileté. Mais je ne les montrais pas [des lettres], dans la crainte qu'on ne me défendît de me gâter la main à cet exercice (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 258).
P. méton. [Avec art. partitif] Habileté, savoir faire. Il a de la main, il a du savoir (Balzac, Comédiens, 1846, p. 343).Il [Victor Hugo] avait trop d'instinct, et même trop d'intelligence, surtout trop de main pour ne pas avoir senti, pour ne pas savoir toutes les fois qu'il manquait, qu'il avait manqué (Péguy, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 756).
3. [Comme support symbolique de l'intervention d'un agent (dont l'identité est spécifiée) dans la réalisation de qqc.]
a) [Dans un système d'oppos. agent hum./agent non-hum.]
[Intervention hum.] Nulle part on n'apercevait l'oeuvre de la main humaine (Verne, Île myst., 1874, p. 98).
De main d'homme, de main humaine. V. homme I B 4.
[Intervention divine] Cromwell avait entrevu dans ce grand travail la main de Dieu, l'action du temps et de toutes les causes étrangères à la délibération humaine (Barrès, Cahiers, t.11, 1917, p. 224).
b) [Agent hum. partic., p. oppos. à tout autre agent hum.] Tout objet pratique sortant des mains d'un Japonais (Faure, Hist. art, 1912, p. 218).
(Faire qqc.) de sa ou ses (propre(s)) main(s). Soi-même, en personne. Presque toutes les concessions faites aux monastères (...) étoient des terres vagues que les moines cultivoient de leurs propres mains (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 540).Ces gendarmes et ces magistrats, il les employait comme des bravi en effet, comme les ouvriers d'une action qu'il eût tant aimé à exécuter lui-même, de ses mains et sous sa responsabilité! (Bourget, Disciple, 1889, p. 229).
(Faire qqc.) de sa blanche main (p. iron.). Soi-même, en personne. L'ouvrier qui la pratiqua [une cachette] de nuit, aidé de ma blanche main, car je m'étais convertie en apprenti menuisier (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 336).
4. [Comme support symbolique de l'activité en général]
a) [Avec qualificatif évoquant la nature de l'activité] Mains criminelles, fraternelles, innocentes, meurtrières, nettes, sacrilèges, sanglantes. Tyran aux mains sales.
P. méton. L'administration doit être surveillée, même lorsque des mains pures y puisent (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 439).
Avoir la main dans qqc. (vieilli). Participer à quelque chose. Pour en être, c'est-à-dire pour toucher à tout, se mêler à tout, avoir sa main dans toutes les ombres (Goncourt, Journal, 1865, p. 134).Tel de ces libraires a l'habileté d'avoir la main dans huit ou dix journaux (Hugo, Corresp., 1866, p. 521).
b) [Intervention de l'individu, la participation d'autres individus à l'action n'entrant pas en ligne de compte]
Mettre la main à qqc. Intervenir dans quelque chose. Si parfois ils mettent la main à mes affaires, le résultat est tel que j'aurais encore économie à leur offrir une somme double pour ne pas s'en mêler (Ménard, Rêv. païen, 1876, p. 168).
Mettre la main à l'ouvrage, à la pâte (fam.). Intervenir dans un travail, une entreprise. Quand on met la main à l'oeuvre, on s'aperçoit bien vite de tous les obstacles qui restent à vaincre (Destutt de Tr., Idéol., 1803, p. 15).M. Elie, de temps à autre, feignait de vouloir mettre la main à la pâte, mais tout de suite se prenait les reins avec des «aïe!... aïe!...» (Montherl., Célibataires, 1934, p. 867).
Mettre la dernière main à qqc. Achever, terminer. Ce fut pendant ces après-dînées, que Giulia mit en quelque sorte, la dernière main à l'éducation du jeune homme (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 239).Il ne reste plus que des compléments, que des embellissements, que la dernière main à mettre (Nizan, Chiens garde, 1932, p. 84).
c) [Participation de l'individu en coopération avec d'autres]
Coup de main. V. coup B synt., expr.
Donner, prêter la main à qqn. L'aider. V. donner I A 2 a α.
Donner, prêter la main (vieilli les mains) à qqc. En être complice. V. donner I A 2 a α.
d) [Les conditions de l'activité]
(Avoir les) mains libres ou liées; lier les mains à qqn. V. libre I C 2 b loc., au fig. et lier I A 1 a.
Forcer la main à qqn. V. forcer IV C.
Avoir la main heureuse ou malheureuse. V. heureux I B 1 loc.
Avoir un poil dans la main (fam.). Être paresseux:
32. Les ouvriers ne se pressaient pas, rallumaient des pipes; puis, le dos arrondi, après s'être appelés d'un marchand de vin à l'autre, ils se décidaient à reprendre le chemin de l'atelier, en traînant les pieds. Gervaise s'amusa à suivre trois ouvriers, un grand et deux petits, qui se retournaient tous les dix pas; ils finirent par descendre la rue, ils vinrent droit à l'assommoir du père Colombe. − Ah bien! murmura-t-elle, en voila trois qui ont un fameux poil dans la main! Zola, Assommoir, 1877, p. 409.
Faire des pieds et des mains. Faire tous ses efforts (pour arriver à ses fins). Les professeurs allemands faisaient des pieds et des mains pour qu'une section similaire fût instituée dans leurs écoles (Capelle, Demain, 1966, p. 97).
De longue main. V. long I B 2 a α.
e) P. anal. [En parlant d'un inanimé ou d'une entité abstr.] Action, effet. Quelques-uns [des monts] résistent encore à la main du temps; mais ils n'offrent plus que l'aspect de forteresses démantelées (Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 316).
II. − [Chez l'animal]
A. − P. anal.
1. Organe terminal du membre antérieur, présentant généralement une morphologie et parfois une faculté de préhension plus ou moins comparables à celles de l'organe humain.
a) Usuel. [Chez le singe] :
33. Quant à dire que l'homme descend du singe, cela ne mène nulle part. Le singe a des mains, il est vrai; il en a même quatre; cette ressemblance saisit, si seulement le singe épluche une noix. Alain, Propos, 1921, p. 270.
b) Littér. [Chez d'autres animaux] Rainettes bavardes aux petites mains délicates (Colette, Vagab., 1910, p. 279).L'écureuil (...) approchait, étreignant le fayard de ses petites mains dures (Genevoix, Rroû, 1931, p. 182).
2. FAUCONN. Serre (du faucon). Le faucon a la main habile, fine, bonne, gluante, forte, déliée et bien onglée (Baudr.Chasses1834).
B. − P. ext., ZOOL. Partie terminale du membre antérieur des Tétrapodes. Les rémiges primaires, qui servent essentiellement à la propulsion, sont fixées aux os métacarpiens et à l'un des deux doigts de la main (Guide des oiseaux, Paris, Sélection du Reader's Digest, 1971, p. 311).Chez les Batraciens le pouce de la main est réduit, peu distinct (Zool.,t. 4,1974, p. 27 [Encyclop. de la Pléiade]).Chez presque tous les Mammifères, la plante des mains et des pieds est nue, mais pourvue de pelotes palmaires ou plantaires (Zool.,t. 4,1974, p. 735 [Encyclop. de la Pléiade]).
2esection.
I. − [Objet constituant la représentation figurative d'une main hum.]
A. − [Représentation en trois dimensions]
1. [Avec déterminant évoquant l'usage auquel est destiné l'objet] Paul Radkai photographie sa collection de mains... Des mains en faïence, en ivoire, en bronze, des dizaines de mains posées sur les meubles, mains cendriers, main porte-plume, mains porte-bagues (Maire-Claire, 15 mai 1966, p. 174, col. 2).Un demi-siècle après les premières expériences surréalistes, des yeux lampadaires, des bouches cendriers, des mains porte-savon envahissent les boutiques à la mode (Le Point, 19 mars 1973, p. 21, col. 1).
ARCHÉOL. Main votive. Ex-voto en forme de main humaine, en usage dans l'antiquité. (Ds Rob., Lar. Lang. fr., Lar. 19e-Lar. encyclop.). Main-reliquaire. Reliquaire en forme de main humaine.
2. Gratte-dos. (Ds Lar. Lang. fr., Lar. encyclop.).
3. Main de Fat(h)ma. Amulette arabe en forme de main ouverte, conjurant les maléfices, utilisée comme bijou. Le chignon monté de peignes à brillants, un miroir à portée de la main, une main de Fathma pendant au cou (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 84).
4. HIST. Main de justice. Sceptre surmonté d'une main en ivoire ou en métal précieux, pouce, index et médius tendus, qui symbolise le pouvoir justicier que le roi tient de Dieu. Le syndic avait remarqué sur le grand cachet de cire verte (...) deux mains de justice croisées (Hugo, Han d'Isl., 1823, p.175).Les vainqueurs de Los Reyes ont tout pour eux: la couronne, la main de justice, l'épée (Barrès, Greco, 1911, p. 85).Le regard rêveur de Maître Martin resta un instant en suspens (...) sur la main de justice qui semblait l'embarrasser et qu'il portait sur l'épaule comme un jardinier le manche de sa bêche (Druon, Poisons couronne, 1956, p. 161).
B. − [Représentation en deux dimensions]
1. HÉRALD. Meuble de l'écu représentant une main humaine. V. appaumé ex. de Balzac.
2. IMPR. Signe typographique représentant une main à l'index tendu, qui attire l'attention sur le texte devant lequel il est imprimé. Vous y trouverez [dans l'article Lettres accentuées] (...) tout ce qui est en usage dans l'Imprimerie; pieds de mouches, paragraphes (...), mains, soleils, lunes, astérisques (Momoro, Impr., 1793, p. 14).
C. − [Emblème d'organisation secrète et p. méton. cette organisation] La Main Noire. Société secrète espagnole qui fut dissoute en 1883. Je ne puis imaginer de qui elle tenait ces idées absurdes sinon de miss Sharp, notre gouvernante anglaise, Lili vivant dans la hantise de la Main Noire (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 113).
II. − P. anal. (d'aspect ou de fonction avec la main hum.).
A. − [Dans le monde animal] Main(-)de(-)mer, main(-)du(-)diable. Animal marin du type alcyon dont les colonies digitées s'étalent sur les rochers submergés. En maniant l'énorme paquet de mains de corail qui lui brimbalaient sur le ventre (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 88).
B. − [Dans le monde végétal]
1. [Désignant une plante] (Orchis) Main de Dieu. Nigritelle, dont le tubercule est divisé en quatre ou cinq lobes allongés. Il existe trois variétés d'Orchis Main de Dieu (L. Jean, Fleurs des Alpes, Gap, Ophrys, 1969 [1937], p. 144).Main-de-Mars. Potentille rampante (la feuille est divisée en cinq folioles ovales allongées) (v. Secrets et vertus des plantes médicinales, Paris, Sélection du Reader's Digest, 2eéd., 1977, p. 252).
2. Groupe de bananes ayant un même point d'attache sur le pédoncule qui forme l'axe du régime. Le pédoncule floral s'allonge, écartant les unes des autres les «mains de bananes» échelonnées sur sa longueur (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 2, pp. 316-317).
3. Vrille de la vigne. (Ds Baillon t. 3 1891, Fén. 1970).
C. − [Instrument]
1. Sorte de crochet, ouvert ou fermé, servant à fixer ou à agripper.
a) ART MILIT. (Moy. Âge). ,,Arme à crochet dont on se servait autrefois pour saisir un ennemi, l'amener à soi et pouvoir combattre corps à corps`` (Leloir 1961).
b) Pièce qui enserre quelque chose. Le suisse du palais Grescenzi avait placé une douzaine de torches dans ces mains de fer que l'on voit sortir des murs de face des palais bâtis au moyen âge (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 462).Les cages sont munies de mains de fer (...) destinées à embrasser le guidonnage, en vue d'assurer la direction (Haton de La Goupillière, Exploitation mines, 1905, p. 1073).
c) Crochet ou anneau de fixation.
AUTOMOB., CH. DE FER. Main (de ressort). Pièce du cadre de châssis à laquelle s'attache un ressort. La jonction [du chassis aux roues] est obtenue par l'intermédiaire de menottes formées chacune de deux flasques articulées d'une part avec le ressort et de l'autre avec une main attachée à la voiture (Bricka, Cours ch. de fer, t. 2, 1894, p. 11).Les ressorts à lames s'attachent au chassis au moyen de mains (...) par l'intermédiaire de jumelles (Périsse, Automob., 1907, p. 372).
Anneau à ressort au bout de la corde d'un puits auquel on attache l'anse d'un seau. (Dict. xixeet xxes.).
d) Pièce servant d'arrêt.
BÂT. Main d'arrêt. ,,Patte en zinc ou en cuivre, clouée d'un côté sur l'encaissement, et rabattue de l'autre sur la rive d'un chéneau pour la maintenir`` (Barb.-Cad. 1963 et 1971).
INDUSTR. DU VERRE. Pièce métallique empêchant le verre en fusion de déborder de la table de coulage sous la pression du rouleau. Le rouleau en se déplaçant fait glisser sur chacune des règles une pièce en cuivre, appelée main (Wurtz, Dict. de chim., t. 3, 1878, p. 676).
2. Instrument du genre cuillère ou pelle.
,,Pelle de tôle, à manche de bois très-court, dont on se sert pour prendre ou pour porter de la braise, de la cendre, etc.`` (Ac. 1835-1935; ds Besch. 1845, Littré, Guérin 1892).
Main de chargement. ,,Partie de l'outillage de chargement constituée d'une plaque percée de trous pour recevoir les alvéoles à charger`` (Pyrotechnie 1972).
Sorte de cuillère sans manche, en verre, en porcelaine ou en métal, qui sert à prendre et à transvaser des matières solides, surtout pulvérulentes. Et le mélange porté dans le tube à combustion bien sec au moyen d'une main en cuivre (Wurtz, Dict. de chim., t. 1, 1ervol., 1869, p. 287).Mains en porcelaine pour poudres (Catal. instrum. lab. [Prolabo], 1932, p. 270).
REM.
Main-courantier, subst. masc.Celui qui tient en ordre la main-courante (supra 1resection I H 1 c β). Le père de René Agid m'a fait entrer comme main-courantier à l'hôtel La Pérouse (R. Gary, La Nuit sera calme, Paris, Gallimard, 1976, p. 51).
Prononc. et Orth.: [mε ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Homon. maint. Étymol. et Hist. A. Fin xes. man «partie du corps humain, situé à l'extrémité du bras» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 237: Pilaz sas mans dunques laved); ca 1170 main a main «côte à côte» (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 6535); 1225-30 a main senetre «du côté gauche» (Guillaume de Lorris, Rose, éd. F. Lecoy, 3864); ca 1375 employé comme mesure dans l'expr. un pié a pié main (Modus et Ratio, éd. G. Tilander, 86, 46); 1558 par soubs main «secrètement» (Du Bellay, Divers jeux rustiques, éd. V. L. Saulnier, p. 152, 85); 1377 pris elliptiquement désigne la personne qui agit (Gace de La Buigne, Deduis, éd. Åke Blomqvist, 746); spéc. 1910 petite main «apprentie couturière» (Lar. pour tous); 1. la main, organe de tact fin xes. mans metre «imposer les mains (à un malade)» (Passion, 463); 2. organe de préhension a) symbolisant l'autorité, le gouvernement 1155 fig. aveir en mein «commander» (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 12361); b) symbolisant la prise de possession ca 1160 prendre en main «s'emparer de» (Enéas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 3821); 1160-74 prendre en mains «se charger de» (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 5337); 1160-70 mettre main en (qqn) «toucher, saisir» (Id., ibid., III, 9209); c) symbole de possession ca 1170 avoir a main «avoir» (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 43, 3-4); 1306 tenir en sa main «être maître de» (Joinville, St Louis, éd. N. L. Corbett, 672); id. entre les mains de (Id., ibid., 642); ca 1480 soubz vostre main «sous votre domination» (Myst. du V. Testament, éd. J. de Rothschild, 41901); 1657 haut à la main «avec autorité» (Loret, Muze histor. ds Livet Molière, s.v. haut la main); 1670 haut la main «id.» (Molière, Monsieur de Pourceaugnac, II, 1); 1835 avoir, prendre la haute main (Ac.); 1312 main du commandement de la justice «autorité de la justice» (Acte de Philippe IV ds Ordonnances des rois de France, t. 1, p.514); 1385 main de justice «id.» (Lettre de rémission ds Du Cange, s.v. abatare); 3. symbole d'échange 2emoitié xiiies. emplir la mein «faire des cadeaux» (Chastie-Musart ds Rutebeuf, Œuvres, éd. A. Jubinal, t. 2, 1839, p. 486); 1488 [date éd.] de main en main «de l'un à l'autre» (Oresme, Eth., 254 ds Littré); 1460-83 (Jehan de Roye, Chron. scandaleuse, éd. B. Mondrot, t. 1, p. 130); 1538 à pleine main «abondamment» (Est.); 1573 changer de main «passer d'une personne à une autre» (Dupuys); 1690 première main «directement, de la source» (Fur.); 4. symbole de travail, d'activité 1176 mettre ses mains à (qqc.) «faire (quelque chose)» (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 1150); 1372 de le main «fait à la main» (Archives du Nord, B 10313, fo17); 1539 faict de main de maistre (Est.); 1523 main «écriture» (Sottie, éd. É. Picot, t. 2, p. 282, 49); av. 1277 prester une de ses mains «aider, secourir» (Rutebeuf, Herberie, éd. E. Faral et J. Bastin, t.2, p.278); 1636 preter la main «id.» (Monet); 5. servant à frapper ca 1208 se combatre main a main (Villehardouin, Conquête Constantinople, éd. E.Faral, 171); ca 1360 venir main a main «en venir aux mains» (Hugues Capet, éd. de la Grange, 151 ds T.-L.); 1559 venir aux mains «id.» (Amyot, Périclès, éd. L. Clément, p.44, 1); 1466 a main armee (Archives du Nord, B 1691, fo77); 1611 faire main basse «prendre, piller» (Cotgr.); 1620 hommes de main «hommes prêts à se battre» (D'Aubigné, Histoire universelle, à Maillé, t.2, p.380); 1640 homme de main «homme d'exécution» (Oudin Curiositez); 1640 il n'y va pas de main morte «il frappe rudement» (ibid.); 6. en fonction de gestes expressifs ou symboliques ca 1100 joindre les mains (en signe de soumission) (Roland, éd. J. Bédier, 223: jointes les mains); ca 1100 id. (pour prier) (ibid., 2015: ses mains juintes); 1549 frapper les mains (pour applaudir, se réjouir) (Est.); 1549 toucher en la main d'aucun (en signe d'accord) (ibid.); 1606 tendre la main (pour demander l'aumône) (Nicot); 1629 donner la main «épouser» (Corneille, Mélite, II, 4, 558). B. P. anal. 1. av. 1573 «pieds des oiseaux de fauconnerie» (Jodelle, Ode de la chasse, éd. Ch. Marty-Laveaux, t.2, p.314); 2. 1703 bot. «vrille de la vigne» (Dict. gén. des termes propres à l'agric., p.229); 3. 1740 main de mer «polypier» (Mém. de l'Acad. royale des Scienc. ds Encyclop. t.9). C. Fig. 1. a) 1369 main de fer «instrument» (Inventaires mobiliers et extraits des comptes des ducs de Bourgogne, éd. B. Prost, t.1, p.197); b) 1708 «poignée d'un coffre, meuble» (Invent. du château de Versailles ds Havard); 2. 1611 main de justice «sceptre des rois» (Cotgr.); 3. bot. main de gloire, v. mandragore; 4. 1360 papet. main de papier (Comptes de l'argenterie des rois de France, éd. L. C. Douet d'Arcq, 236); 5. 1842-46 main courante (d'un escalier) (Mozin-Biber). Du lat. manus terme d'anat., qui sert à désigner les deux côtés du corps dans les expr. laevā, dextrā manū (et en lat. médiév. ell. la personne: ca 1115 ds Latham), att. comme symbole de la force et de l'autorité et comme instrument de lutte ou de travail, d'où les expr. jur. in manū esse «être aux mains de», manu mittere «mettre la main sur», (en lat. médiév. désigne le geste de la remise de l'hommage: 757 ds Nierm.), milit. venire ad manum «en venir aux mains», dare manūs «se rendre» ou techn. urbs manu munitissima «ville très bien fortifiée par la main de l'homme», Praxitelis manus «main de l'artiste, sa façon», et désigne aussi des objets ressemblant à une main comme manus ferrea «grappin». Fréq. abs. littér.: 66196. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 79753, b) 112996; xxes.: a) 105942, b) 89209. Bbg. Archit. 1972, p.39 (s.v. main-courante). _ Quem. DDL t.6, 8, 9, 13, 16, 17.