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LUEUR, subst. fém.
A.− Lumière qui n'a pas un plein éclat, une grande intensité, mais qui est durable. Cette lueur purpurine dans les Hautes-Alpes qui précédant l'aube, fait vibrer le sommet neigeux qu'elle désigne et sort de la nuit (Gide, Symph. pastor.,1919, p. 890).À travers les volets et les rideaux entraient dans la pièce noire les reflets rouges de l'enseigne électrique d'un cinéma voisin. Des lueurs d'enfer (Montherl., Lépreuses,1939, p. 1497):
1. Les garçons viennent d'allumer les candélabres, et, dans la nuit hésitante, la lueur mate des petits abat-jour jaunes, enveloppant les cristaux et les fleurs qui penchent, crée autour du banquet qui s'achève une atmosphère languissante et recueillie. Martin du G., J. Barois,1909, p. 433.
SYNT. Lueur de la lune, des étoiles; les premières lueurs de l'aurore, les dernières lueurs du crépuscule; lueur d'un réverbère, d'une bougie, d'une veilleuse; lueurs d'un foyer, d'un incendie; lueur blafarde, blême.
B.− Lumière qui apparaît soudainement, mais qui est éphémère. Lueur brusque, intense, soudaine; lueur des éclairs. Cinq coups éclatent, en gerbes rouges, cinq schrapnells bien en ligne. Leur lueur soudaine éclaire les dos ronds et les têtes qui s'enfoncent (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 94).Des lueurs de fusées éclairantes venaient aussi, parfois de très loin, et glissaient sur la neige comme de rapides mains de soie (Romains, Hommes bonne vol.,1938, p. 140):
2. Une explosion nocturne par une nuit claire donne une si éclatante lueur que celle-ci peut être décelée par observation de la lune dont la partie obscure est brièvement illuminée par réflexion. Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 194.
En partic. [En parlant des yeux, du regard] Éclat vif et passager, qui manifeste un sentiment, une émotion. Lueur de désir, de haine, d'orgueil; lueur gaie, triste. Bien qu'il guettât, sans succès, une lueur de satisfaction sur le visage de son frère, il ne doutait pas un instant de réussir dans la tâche qu'il entreprenait (Martin du G., Thib.,Pénitenc., 1922, p. 759).Elle recommençait de trembler du menton. Une lueur trouble et malheureuse dénaturait son regard toujours si net (Duhamel, Jard. bêtes sauv.,1934, p. 77):
3. ... il ne put que lui dire : − Écoute, j'ai trop souffert, je ne te quitterai jamais. Elle ne répondit pas. Eut-elle dans ses yeux noirs cet éclair de triomphe, cette lueur de contentement qui, chez toutes les femmes, se nuance d'un peu de mépris, en présence de l'homme vaincu? Moselly, Terres lorr.,1907, p. 245.
C.− Au fig.
1. Manifestation imperceptible, floue ou, au contraire, soudaine et très vive de la pensée ou de la sensibilité. Lueur d'espoir, d'espérance; lueur de conscience, de raison; lueur qui jaillit dans l'esprit; avoir une lueur soudaine. Elle était (...) muette, muette par défaut d'intelligence. J'essayai de tous les moyens pour amener dans cette tête une lueur de pensée; rien ne réussit (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Berthe, 1884, p. 988).D'où je viens, où je vais? Voilà ce qu'on ne saura jamais. Ne pas en avoir même la plus petite lueur. Moi, j'existe. Voilà tout ce que je sais (Barrès, Cahiers,t. 1, 1896, p. 72).Pensons donc à une fourmi que traverserait une lueur de réflexion et qui jugerait alors qu'elle a bien tort de travailler sans relâche pour les autres (Bergson, Deux sources,1932, p. 19):
4. Du fond d'un compartiment obscur, Thérèse regarde ces jours purs de sa vie − purs mais éclairés d'un frêle bonheur imprécis; et cette trouble lueur de joie, elle ne savait pas alors que ce devait être son unique part en ce monde. Mauriac, Th. Desqueyroux,1927, p. 188.
2. P. méton., au plur.
a) Ce qui rend clair, ce qui permet la compréhension. J'arrive à la troisième partie de Tête d'or et je commence seulement à avoir des lueurs. Bien sûr, j'ai senti passer, par moments, des beautés, mais senti seulement (Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], 1906, p. 251).Les archives officielles et autres refusent de s'ouvrir. Je ne fais donc ici qu'essayer de projeter quelques lueurs de détail sur le sujet (Billy, Introïbo,1939, p. 85):
5. ... l'enfance n'est pas seulement puérile; ce n'est pas être infidèle au Descartes du Traité des passions que de chercher en elle des lueurs sur le mystère de l'union de l'âme et du corps... Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 413.
b) Connaissance, notion. Une femme intelligente, lettrée, pleine de lueurs (Montherl., Femmes,1936, p. 1197).
3. Loc. À la lueur de. En se fondant, pour faire avancer une réflexion, sur. À la lueur du présent, le passé s'éclaire (Gide, Robert,1930, p. 1331):
6. Tout ce qu'on peut discerner, à la lueur des événements les plus récents, c'est que la paix, en ne tenant pas ses promesses, a laissé la France dans l'étrange situation d'un pays victorieux mais blessé. Bainville, Hist. Fr.,t. 2, 1924, p. 280.
Prononc. et Orth. : [lɥ œ:ʀ], [ly-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1119 luur « lumière, éclat » (Philippe de Thaon, Comput, 2765 ds T.-L.); 1223 lueur (Gautier de Coinci, Miracles, éd. V. F. Kœnig, I Mir 31, 90); b) fin xives. luour fig. « splendeur » (E. Deschamps, Œuvres II, 11, 7 ds T.-L); 2. a) 1585 lueur « lumière faible, diffuse » (Garnier, Hippolyte, éd. W. Foerster, t. II, p. 13, 165); b) 1669 fig. « légère apparence ou trace » (Molière, Tartuffe, I, 1). Du b. lat. lūcor, lūcoris « éclat », dér. de lūcere « luire » (cf. FEW t. 5, p. 437). Fréq. abs. littér. : 4 142. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 764, b) 8 645; xxes. : a) 6 785, b) 4 837.