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LOLLARD, subst. masc.
HIST. (Moy. Âge)
A. − [En Angleterre] Disciple de Wycliffe, qui prêchait la pauvreté de l'Église et de ses membres, dont les principes furent déclarés hérétiques par un concile au xivesiècle. Le nouveau roi anglais, Henri IV, menait fermement l'Angleterre. Contre la Jacquerie, les lollards, le puritanisme naissant, il la gouvernait avec les propriétaires et l'église établie (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 114).
B. − [En Allemagne et aux Pays-Bas] Membre d'associations mystiques, qui se vouait au soin des malades et menait une vie austère de pénitence. J'ai parlé tout à l'heure des tisserands de Flandre au Moyen Âge, les lollards, béghards [v. bégard], comme on les appelait. L'Église, qui souvent les persécuta comme hérétiques, ne reprocha jamais à ces rêveurs qu'une seule chose : l'amour (Michelet, Peuple,1846, p. 86).Par les lollards et les mystiques du moyen-âge, par les iconoclastes et les innombrables martyrs du xviesiècle, il [le génie national] (...) se dirige vers les idées protestantes (Taine, Philos. art, t. 2, 1865, p. 16).
REM. 1.
Lollardisme, subst. masc.Doctrine des lollards disciples de Wycliffe (cf. supra A). On pourrait relever chez les Lollards certains traits qui, au moins au début, les empêchaient de faire figure de révolutionnaires : leur pacifisme profond, leur insistance sur le devoir d'obéissance, même à un mauvais maître. Et puis, il est certain qu'on ne trouve pas un « pauvre prêtre » parmi les agitateurs de 1381, et que la rébellion se déroula dans des régions très peu touchées par le lollardisme (M. Mollat, P. Wolff, Ongles bleus, Jacques et Ciompi, Paris, Calmann-Levy, 1970, p. 209).
2.
Loller, verbe intrans.Chanter doucement à la manière des psalmodies des lollards (cf. supra B). On se rappelle les lollards du Moyen Âge, ces tisserands mystiques, qui, en travaillant, lollaient en cadence, et mêlaient le rythme du cœur au rythme de la navette (Renan, Avenir sc.,1890, p. 397).
Prononc. et Orth. : [lɔl(l)a:ʀ]. Att. ds Ac. 1878. Étymol. et Hist. 1. 1415 (Stat. de Henri V, an II, impr. goth., Bibl. Louvre ds Gdf. : tielx heretikes et lollardes); 2. 1846 (Michelet, Peuple, p. 85 : les tisserands mystiques du Moyen Âge furent célèbres sous le nom de Lollards; parce qu'en effet, ils lollaient, chantant à voix basse, ou du moins en esprit). Dans l'emploi 1, empr. au moy. angl. lollard (1395 ds MED; 1387 lat. médiév. d'Angleterre ds Théol. cath. t. 9, 1, p. 913), nom donné aux premiers prédicateurs partisans des positions doctrinales de John Wycliffe et qui entrèrent en opposition avec l'autorité ecclésiastique et le pouvoir royal. Ce nom était empr. au moy. néerl. lollaert désignant les Alexiens, membres de communautés religieuses de laïcs portant un costume de pénitent et menant une vie austère comme celle que prônèrent J. Wycliffe et ses partisans. Les Alexiens avaient été ainsi dénommés par un dér. du verbe lollen « marmonner » à cause de leur manière caractéristique de psalmodier des chants religieux (cf. Théol. cath., loc. cit.). Le terme passa également en Allemagne pour désigner les membres d'une secte dont on attribuait la fondation à un certain Lolhard Walter (appelé parfois en fr. Gautier Lollard) et fut appliqué en France à différents hérétiques (cf. Trév. 1732 : En France on appella aussi Lolards les Pauvres de Lion, et Mézeray les appelle ainsi, t. 1, p. 500. Voyez Pauvres et ci-dessus Léoniste). Comme terme historique désignant les anciens tisserands de Flandres, le terme représente le néerl. lollard et le verbe loller représente le néerl. lollen (cf. aussi le liég. lola « Alexien », v. Gesch., p. 177). Bbg. Boulan 1934, p. 112.