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LIER, verbe trans.
I. − [Dans le domaine matériel]
A. − Lier qqc., lier qqn
1. Entourer quelque chose ou quelqu'un en serrant avec un lien (pour réunir deux ou plusieurs éléments de même nature, assurer la cohésion des parties d'un tout, empêcher une action ou un mouvement). Synon. ficeler, ligaturer, ligoter.[Lors de l'accouchement] avec l'un de ces cordonnets on lie le cordon avant de retirer l'enfant de dessus le petit lit (Baudelocque, Art accouch.,1812, p. 218).Les gerbes sont liées, les unes, avec une corde, les autres, avec un lien de paille (Renard, Journal,1902, p. 770):
1. ... de l'autre main il dénoua la corde qui lui servait de ceinture, et, en quelques minutes, Benoît fut ficelé, lié, enchevêtré, de manière à ne pouvoir faire le plus léger mouvement... Sue, Atar-Gull,1831, p. 10.
SYNT. Lier un paquet, un fagot; lier le blé, l'avoine, la javelle; lier en bottes, en gerbes; lier une artère, un nerf, un vaisseau; lier qqn, lui lier la langue, les membres; lier un prisonnier, un fou; lier fortement, étroitement.
P. hyperb. Être fou à lier (v. fou I A) et p. ell. être à lier. Avoir un comportement, des idées, des propos extravagants. Ma parole, elle est à lier, s'écria Cadignan, stupéfait. Tu n'as pas un grain de bon sens, Mouchette, avec tes phrases de roman (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 81).
Absol., AGRIC. Lier en gerbes, en bottes. Synon. gerber, botteler.Si le beau temps dure, on liera demain (Littré).Celui qui a été le dernier à faucher ou à lier est le plus souvent contraint de monter auprès du mai et, de crainte de le voir renversé par les cahots, reste debout auprès de lui (Menon-Lecotté, Vill. Fr., t. 2, 1954, p. 12).
P. méton. Lier dans qqc.Envelopper, enfermer dans quelque chose que l'on noue. Lier qqn dans un sac. La dame, sans me demander si l'on m'a payé ma course, tire un napoléon du coin de son mouchoir, où il était lié (Jouy, Hermite, t. 3, 1813, p. 33).
Au fig.
a) Locutions
Lier les mains, (ou plus rarement) les bras à qqn. Le rendre impuissant à agir, le réduire à la passivité. Avoir les mains liées :
2. Parcourez l'univers connu, vous trouverez l'homme fort et tyran, la femme faible et esclave; que si quelquefois elle a l'adresse de lier les mains à son maître et de commander à son tour, ce cas est extrêmement rare. Laclos, Éduc. femmes,1803, p. 457.
Lier la langue. Rendre incapable de parler. Quelque chose comme un souffle venu de l'au-delà, qui oppressait les poitrines et qui liait les langues (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 291).
Pieds et poings liés. Dans une situation de dépendance complète. L'idée géante de racheter toutes les actions, pour tenir les vendeurs à découvert, pieds et poings liés, à sa merci (Zola, Argent,1891, p. 339).Elle [la solitude] sait bien ce qui lui livre, pieds et poings liés, les hommes nés solitaires comme d'autres sont nés bossus ou aveugles (Mauriac, Journal 3,1940, p. 273).
Rem. On relève de légères var. dans des expr. du même type : Si paresse vous lie les doigts, faites-moi écrire par l'ami commun (Courier, Lettres Fr. et Ital., 1825, p. 741). Il est triste de n'être pas libre, de ne pouvoir aller où l'on veut et que la fortune toujours nous lie les pieds (Flaub., Corresp., 1847, p. 56).
b) Lier qqn.Priver quelqu'un de la possibilité ou de la liberté d'agir ou de réagir; paralyser, asservir. Par le traité qui termina la seconde guerre punique, Rome avait lié Carthage (Michelet, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 100).Terrifiées, liées par la peur, une de ces peurs de campagne qui ferment toutes les bouches (Pourrat, Gaspard,1931, p. 164).
Vx. Paralyser en jetant un charme. Elle [une musique aérienne] attache, elle entraîne, elle subjugue l'attention, qui ne peut se délivrer de son empire. Elle rappelle ces accords redoutables et doux des divinités marines, qui lioient les voyageurs et qui attiroient leur navire dans des écueils inévitables (Nodier, J. Sbogar,1818, p. 122).
2. P. anal.
a) Serrer quelqu'un (dans ses bras), enlacer, étreindre. Les deux amoureuses firent venir dans leur chambre l'amant enorgueilli de sa double bonne fortune; et tandis que l'une le liait passionnément de ses bras, l'autre passionnément le poignardait dans le dos (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1360).
b) CHASSE. [Le suj. désigne un faucon ou p. anal. un autre rapace] Lier la proie. La saisir avec ses serres. Un faucon lie la perdrix, le gibier (Ac.1798).Il [le hibou] rase le sol : les prés, les guérets, les landes fauchées, les ruisseaux dont les éclats intermittents le guident, s'il veut lier une taupe, un rat, un levraut (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 208).
c) ESCR. Lier l'épée (le fer, la lame). Faire tourner son épée autour de celle de l'adversaire, en exerçant sur elle une pression continue. Au moment où, Bastien rendait à demi l'épée, le baronnet la lui lia rapidement tierce sur tierce, l'enleva d'un énergique coup de poignet (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 370).
B. − Lier qqc./qqn à qqc.
1. Attacher, fixer au moyen d'un lien. Lier un homme à un arbre, à un poteau (Ac.1798-1935).Une perche pointue, liée au bras de l'homme, oscillait avec ses mouvements (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 133).Le thème du Prométhée (...) : c'est le héros humain réduit à l'immobilité, lié au roc (Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p. 87).
Emploi pronom.
réfl. Ceux qui ne veulent pas mourir sans être montés au Matterhorn, et qui vont se lier à la corde en se recommandant à leur guide ou à Dieu (Peyré, Matterhorn,1939, p. 204).
réciproque. Aussi, les colons s'étaient-ils liés les uns aux autres au moyen d'une corde (Verne, Île myst.,1874, p. 164).
En partic. [L'obj. désigne le lien ou ce qui en tient lieu] En attacher les deux bouts, les nouer. Lier les cordons de ses souliers, lier des rubans (Ac.1798-1935).On ne refuse rien à qui lie et délie les cordons du sac (Balzac, Gobseck,1830, p. 398).
Emploi pronom. à valeur passive. Le chapeau, fortement enfoncé et sur lequel une courte voilette noire se liait (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 533).
P. méton. Des infirmiers, des médecins, des aides, le grand tablier lié sous les bras, allaient et venaient (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813,1864, p. 139).
2. P. anal.
a) Réunir, joindre (deux ou plusieurs choses) par un élément d'assemblage ou de liaison. Dans les chiens le cœcum (...) repose sur l'iléon, auquel il adhère par du tissu cellulaire. Ce tissu lie aussi entre eux les tours du cœcum (Cuvier, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 485).
Emploi pronom. à valeur passive. En revenant nous montâmes, dans la tour du nord, sans doute celle que commença Richard III. À mi-ceinture, elle se lie aux deux tours de la porte par un parapet, qui est sans garde-fou du côté de la cour (Michelet, Journal,1834, p. 133).
BÂT. Assembler (des matériaux) à l'aide d'un liant (v. ce mot II A 1) ou les disposer en liaison (v. ce mot A 1 a). Avec la truelle le maçon étale le ciment, lie les pierres des édifices (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 27).
MAR. ,,Mettre en place et fixer les liaisons`` (Soé-Dup. 1906; cf. liaison A 1 b). Lier les couples (Lar. 19e-Lar. encyclop.).
ÉCRITURE. Lier des lettres. Réunir, relier des lettres entre elles. Liez bien vos lettres (Ac.1798-1935).Des lettres mal liées (Littré, s.v. lié).
PHONÉT. Lier des mots. Prononcer les mots d'un énoncé en faisant les liaisons (v. ce mot A 4). Deux, trois, dans les dates, peuvent être liés avec le nom du mois : le deux-z-avril, le trois-z-octobre, mais la prononciation « soignée » (ou recherchée) ne les lie pas : le deu(x) avril, le troi(s) octobre (Grev.1964,§ 100).
MUS. Lier les notes, les sons. Les jouer ou les chanter en les enchaînant, en passant des uns aux autres sans interruption. Synon. couler; anton. piquer, détacher.L'art de lier les sons est un des principaux mérites d'un bon chanteur ou d'un bon instrumentiste (Brenet, Dict. prat. et hist. mus.,1926, p. 223).Les contrepoints exécutés au piano doivent l'être avec certaine douceur, en liant les notes, sans qu'on perçoive aucune attaque martelée (Koechlin, Règles contrepoint,1926, p. 17).
b) En partic. Assurer la cohésion (d'un mélange, d'une préparation). Lier le mortier. Le sable [dont on couvre les fonds des cazettes d'encastage] doit (...) être (...) lié par un peu d'eau argileuse (Al. Brongniart, Arts céram., t. 1, 1844, p. 203).
ART CULIN. Lier une préparation. La rendre consistante et homogène en faisant une liaison (v. ce mot A 2). Versez le potage sur le pain, liez avec six jaunes d'œufs et deux décilitres de crème double (Gdes heures cuis. fr., J. Gouffé, 1877, p. 183).Veux-tu mon idée, gosse de gosse? Eh bien, ton fricot serait meilleur si t'ajoutais un peu de riz... ça te lierait ta sauce (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 70).
Emploi pronom. Il faut remuer cette sauce jusqu'à ce qu'elle se lie (Ac.1935).
BEAUX-ARTS. Lier des couleurs. Les mettre en accord, en harmonie. Des reflets bleus adoucissent et fondent ces couleurs ennemies; le bleu du ciel lie toutes les nuances (Alain, Propos,1910, p. 74).
II. − Au fig.
A. − Lier qqc. à qqc., lier deux ou plusieurs choses entre elles. Associer étroitement, mettre ensemble, réunir par un rapport logique ou nécessaire, par une relation de ressemblance, de continuité, de dépendance. Synon. attacher, rattacher, coordonner, conjuguer, faire dépendre.
1. [Le suj. désigne une pers. ou une faculté humaine telle que l'esprit, l'intelligence] Lier son sort, son nom à qqc.; lier ses idées, ses pensées, ses phrases. Les scélérats et les lâches qui ont lié leur destinée au mensonge, à l'iniquité (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 28).L'artillerie et l'infanterie ne cherchaient point à lier leurs efforts (...) les différentes armes ignoraient profondément les besoins et les possibilités les unes des autres (Joffre, Mém., t. 1, 1910-14, p. 33):
3. Le rapport est cette vue de notre esprit, cet acte de notre faculté de penser par lequel nous rapprochons une idée d'une autre, par lequel nous les lions, les comparons ensemble d'une manière quelconque. Destutt de Tr., Idéol. 1,1801, p. 51.
2. [Le suj. désigne le rapport existant ou établi par l'esprit] La connaissance des faits, sans la connaissance des rapports qui les lient, n'est que le savoir non digéré d'un commis de bureau (Say, Écon. pol.,1832, p. 8).On dira (...) que la phrase est une suite de mots liés entre eux par un rapport logique. (...) la phrase constate les relations multiples, directes ou inverses, des idées, des êtres, des actes (Gourmont, Esthét. lang. fr.,1899, p. 279):
4. L'abolir [un objet] est agir sur lui dans le temps et peut-être aussi dans l'espace; c'est accepter, par conséquent, les conditions de l'existence spatiale et temporelle, accepter la solidarité qui lie un objet à tous les autres et l'empêche de disparaître sans être remplacé aussitôt. Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 284.
3. Emploi pronom. Les arts mécaniques commencèrent à se lier aux sciences (Condorcet, Esq. tabl. hist.,1794, p. 68).Dans les premiers [poèmes] les idées se lient comme les faits, les transitions sont bien ménagées, l'intérêt suit la marche progressive (Baour-Lormian, Ossian,1827, p. xi):
5. ... voici que l'objet virtuel naît de l'objet réel, qu'il devient réel à son tour, voici qu'ils font image, du réel au réel, comme un mot avec tous les autres. On ne se trompe plus d'objet, puisque tout s'accorde, se lie, se fait valoir, se remplace. Éluard, Donner,1939, p. 76.
Au part. passé. Souvenir lié à un lieu, à une époque; choses intimement, indissolublement liées entre elles; tout est lié. Deux faits psychologiques simultanés sont liés si étroitement que l'analyse ne peut les séparer sans les mutiler. En est-il de même pour deux faits physiques? (H. Poincaré, Valeur sc.,1905, p. 48).
B. − [Dans le domaine des relations hum.]
1. Lier qqn (à qqn, avec qqn)
a) Mettre dans un état de dépendance, entraver la liberté en imposant des obligations, engager. Lier qqn par un pacte; contrat liant réciproquement deux personnes; être lié par un vœu, par une promesse, par le devoir, par un serment. À Rome enfin, une régression nouvelle et encore plus accusée se manifeste. Les seules obligations de famille que consacre la loi pénale sont celles qui lient le client au patron et réciproquement (Durkheim, Divis. trav.,1893, p. 130).C'était sans doute le contentement de lui être agréable (...). C'était aussi celui de le lier par un marché, un donnant-donnant, un moyen de pression (Montherl., Songe,1922, p. 71):
6. Si un contrat, naturel ou civil, pouvait encore lier le roi et son peuple, il y aurait obligation mutuelle; la volonté du peuple ne pourrait s'ériger en juge absolu pour prononcer le jugement absolu. Camus, Homme rév.,1951, p. 150.
Emploi abs. C'est à vingt ans qu'on est sage : on sait alors que rien n'engage ni ne lie, et qu'aucune maxime n'est plus basse que la fameuse phrase sur les pensées de jeunesse réalisées dans l'âge mûr (Nizan, Conspir.,1938, p. 24).
Emploi pronom. réfl. La dévotion des pêcheurs et habitants de la côte, qui dans les périls se liaient par quelque vœu (Sainte-Beuve, Volupté, t. 1, 1834, p. 78).
Vieilli, au part. passé. (Être) lié à + inf.Obligé, tenu de. Ne vous croyez pas lié à venir pour cela (Staël, Lettres L. de Narbonne,1794, p. 271).
RELIG. Lier les pécheurs et p. méton., les péchés. ,,Refuser d'absoudre, soumettre à une loi, une pénitence, une censure`` (Marcel 1938). Il demanda des conseils à celui qui conféra aux apôtres le pouvoir de lier et de délier les âmes (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 87).
Emploi abs. Le pouvoir, le droit de lier et de délier. (...) le Mot sacramentel Suffit, lie et délie; et l'unique blasphème Est de nier qu'un mot lave un péché mortel (Leconte de Lisle, Poèmes trag.,1886, p. 121).
b) Unir (deux ou plusieurs personnes) par des relations d'ordre affectif ou social. Lier qqn avec qqn; être lié d'amitié avec qqn; être lié à qqn (cf. aussi lié I A 2 a). Qu'elles sont belles et utiles ces institutions sociales! Comme elles lient et unissent les hommes! Comme elles servent à entretenir l'amitié, à encourager le commerce, à propager les connoissances! (Crèvecœur, Voyage, t. 1, 1801, p. 190).Lisbeth, que le baron Hulot désirait lier avec MmeMarneffe pour avoir un œil dans ce ménage (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 92):
7. Il s'avisait peu à peu que cet homme était sûrement un ami, qu'une étroite amitié, une amitié céleste, d'une céleste lucidité, les liait ensemble, les avait sans doute toujours liés. Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 187.
Emploi pronom. Contracter des rapports d'amitié, de société.
réfl. Se lier d'amitié, se lier avec qqn; se lier facilement, se lier peu. Locke s'y lia [dans la société de Londres] avec les personnages les plus importans de l'époque (Cousin, Hist. philos. xviiies., t. 1, 1829, p. 71).C'est l'âme même d'Éveline dont mon âme s'était éprise, à laquelle elle s'était liée par les liens les plus indissolubles (Gide, Robert,1930, p. 1336).
réciproque. Ils ont vite découvert d'autres jeunes gens que le même goût particulier rapproche d'eux, comme dans une petite ville se lient le professeur de seconde et le notaire qui aiment tous les deux la musique de chambre, les ivoires du moyen âge (Proust, Sodome,1922, p. 618).
2. Lier qqc. avec qqn
a) Vieilli. [Le compl. dir. exprimant un type de relation est déterminé] Établir, organiser, s'engager dans. Lier des relations, une partie. J'offris à Sara de lier une correspondance, qui la formerait au style épistolaire (Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 52).Mais voilà qu'aujourd'hui je reçois du gouverneur l'avertissement de ne chercher à lier aucun rapport secret dans l'île (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 1056).
b) Loc. Lier amitié, connaissance, conversation avec qqn. Contracter une amitié, entrer en relation, engager la conversation avec quelqu'un. Il l'a maintes fois entretenu de vous (...) lui témoignant un vif désir de lier avec vous connaissance et amitié (M. de Guérin, Corresp.,1834, p. 154).Mon père voulut lier conversation et plaisanter avec le jeune tringlot (Guéhenno, Journal homme 40 ans,1934, p. 42).
Lier partie avec qqn. S'entendre, s'accorder avec lui en vue d'une certaine fin. M. de Saint-Gilles passait en Hollande pour lier directement partie avec le cardinal de Retz (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 130).Si la jeune finance veut remplir sa mission (...) elle doit entretenir commerce et même lier partie avec les forces spirituelles du pays et du monde entier (Duhamel, Nuit St-Jean,1935, p. 203).
Avoir partie liée (avec qqn). Être solidaire, agir de concert, être de connivence. De plus en plus, l'Autriche a partie liée avec l'Allemagne comme l'ont montré les incidents de Bosnie et d'Herzégovine (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 107):
8. ... plus que jamais je dépends du temps, des courants, de l'entourage, des circonstances. (...) que nous le voulions et sachions ou non, chacun de nous fait partie de l'ensemble, a partie liée, reste, fût-ce à son insu, dépendant. Gide, Journal,1941, p. 78.
Prononc. et Orth. : [lje], (il) lie [li]. Homon. formes du verbe lire. À ce sujet, Buben 1935 § 58 souligne, que dans la bonne prononc. parisienne il n'y a aucune différence de durée entre je lierai et je lirai [liʀ ε], malgré la présence de e dans le premier qui induit en erreur les étrangers en les incitant à allonger la voyelle. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Entourer d'un lien; attacher ensemble, réunir par un lien. A. Un animé 1. 2emoitié xes. « entourer quelqu'un de liens, l'entraver pour le maintenir captif » (St Léger, éd. J. Linskill, 150 : [Ewruins] Penre'l rovat, lïer lo fist [Sanct Lethgier]); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 3965 : Puis si li lient e les piez e les mains [a Guenelun]); id. liier a « attacher à l'aide de » (ibid., 3738 : Les mains li lient a curreies de cerf [id.]); 1668 lier un fou (Racine, Plaideurs, I, VIII); 2. liier (aucun) a « attacher (quelqu'un) à (quelque chose) »; ca 1130 une personne (Couronnement de Louis, 758 ds T.-L. : Et a l'estache leiez et arestez); ca 1170 un cheval (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 466 : A la mangëoire le loie); 3. 1160-74 « lacer (une femme), lui attacher les liens de ses vêtements » (Wace, Rou, éd. J. Holden, III, 576); 4. ca 1200 liier les plaies « bander les plaies » (Chanson de Guillaume, éd. D. McMillan, 521); 5. 1377 p. ext. cynégétique « (en parlant d'oiseaux dressés à la chasse) saisir sa proie pour la plaquer à terre ou l'enlever » (Gace de La Buigne, Deduis, 2242 ds T.-L.); ca 1393 (Ménagier, II, 281, ibid.). B. Un inanimé 1. « unir par un lien les différents éléments d'un assemblage » a) ca 1150 tonneaus loier (Charroi de Nîmes, éd. D. McMillan, 966); b) ca 1393 liier [un potage, une sauce], part. prés. adj. lÿant « (d'un potage) dont les éléments font corps, moelleux, épais » (Ménagier, II, 15 ds T.-L. : Gravé d'oiselets... ne doit point estre trop lÿant, mais claret; doncques ne convient il que le pain ou les foies pour lïer); c) 1396 « unir, lier avec du ciment » cloquier bien loyés et bien ferme (doc. ap. Pièces et doc. relatifs au siège de Péronne, p. 79, Techener ds Gdf. Compl.); 2. ca 1170 liier aucune rien a « fixer, assujettir par un lien (quelque chose) à » (Marie de France, Lais, Fresne, éd. J. Rychner, 128); 1606 vitic. (Nicot); 3. fin xiiie-début xives. [ms.] « fermer (un sac) par un lien » (Erberie, texte anonyme du ms. BN fr. 19152, fol. 89, publ. ds Œuvres de Rutebeuf, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 2, p. 268 : s'il la met en un sac et il loie bien la bouche); 4. 1386 « attacher entre eux divers éléments d'un vêtement (ici, d'une armure) » (doc. ap. Lobin, Hist. de Bret., II, 672 ds Gdf. Compl.); 1530 « lacer [cf. A 3] » (Palsgr., p. 560 b : je lie ma chause); 5. « établir une continuité entre divers éléments » a) 1690 lier ses lettres (Fur.); b) 1771 mus. notes liées (Trév.). II Fig. A. 1174 cont. biblique synon. de vetare, interdicere, non remittere [Blaise Liturg., § 280] « ne pas pardonner, imposer des obligations, des peines en relation avec le péché » v. Théol. cath. t. 1, 1, p. 139 b (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2269 : lïer et deslïer [cf. Matthieu, xvi, 18-19]). B. Établir un lien affectif, moral, logique. 1. 1160-74 lien religieux, moral (Wace, Rou, éd. J. Holden, 1717 : Gardez vous de mal fere, que pechié ne vous lit); 1erquart xiiies. (Reclus de Molliens, Carité, 130, 10 ds T.-L. : Moine ... cui li liiens de l'ordre lie); ca 1245 (St Alban, 488, ibid. : A lui [Dieu] vus cumant e abandun e li); 1269-78 lien du mariage (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 8752); 2. 1176 lien affectif (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 6663); 3. 1269-78 soi loier « engager son service contre rétribution » (Jean de Meun, Rose, 7595); 4. 1283 lien jur. (Beaumanoir, Coutumes de Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 1263); 5. av. 1563 lien log. (La Boétie, 200 ds Littré). C. « Inhiber, entraver, assujettir » ca 1200 (Renart, éd. M. Roques, 10982 : la parole m'enpire et lie); 2emoitié xiiies. (Eudes de La Courroirie, V, 37 ds Z. fr. Spr. Lit. t. 32, 1908, p. 213 : ...la langue me lie); 1269-78 (Jean de Meun, Rose, 16348 : Qui se fie en fame ... Il se lie Les mains e se cope la gueule), ca 1274 (Adenet Le Roi, Berte, éd. A. Henry, 453 : Les mains li ont loiies par lour desloiauté); 1408 lier [aucun] « lier l'aiguillette [à quelqu'un] » (Arch. nat. JJ 162, pièce 240 ds Gdf.). Du lat. ligare « attacher, lier, assembler, bander; entourer, encercler; fixer, maintenir; unir, joindre » au propre et au fig. Les formes régulières issues de lĭgat - lĭgare étant leie, loie - leiier, loier (formes qui demeurent dans de nombreux dial., notamment du quart nord-est de la France, FEW t. 5, p. 319 a), le type très anc. [il] lie - lier est le plus souvent expliqué p. anal. avec prie < prĕcat, scie < sĕcat, nie < nĕgat, avec extension à la conjug. entière, du rad. du prés. de l'ind. 3 (Fouché, p. 448; Bl.-W.5; v. aussi l'hyp. de Fouché, p. 282 qui, constatant l'ancienneté du type lie - lier, suppose qu'il pourrait reposer sur un *līgat - *līgare que postuleraient de même l'a. prov. liar, ligar, le cat. lligar, le cast. et port. ligar). Fréq. abs. littér. : 2 241. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 220, b) 2 818; xxes. : a) 2 261, b) 3 063. Bbg. Barb. Misc. 29 1944-52, p. 433.