| KANTIEN, -IENNE, adj. A. − Qui est propre à Kant, se rapporte à sa philosophie, s'y rattache ou s'en inspire. Critique, conception, philosophie kantienne; idéalisme, moralisme, rationalisme, spiritualisme kantien; catégories kantiennes. La doctrine kantienne de l'impératif catégorique, adaptation du christianisme à la philosophie, promulgation d'un dogme moral tiré de la raison, universel et sans nuances (Gaultier, Bovarysme,1902, p. 137).Le criticisme kantien apportait (...) une nouvelle théorie de la connaissance qui, en limitant le champ de notre savoir aux seuls phénomènes, orientait définitivement la science vers le concret et le pratique, en même temps qu'elle impliquait déjà le sens du relatif (Hist. sc.,1957, p. 1564): La métaphysique de nos maîtres, (...) c'était surtout la métaphysique de la science, c'était la métaphysique ou du moins une métaphysique matérialiste, (...) (et en même temps idéaliste, profondément moraliste et si l'on veut kantienne), c'était une métaphysique positiviste, c'était la célèbre métaphysique du progrès.
Péguy, Argent,1913, p. 1119. B. − [Appliqué à une pers.] Qui est partisan de la philosophie de Kant. Synon. kantiste A.L'actuel [professeur de philosophie] le défunt plutôt, était barbu et kantien (Queneau, Enf. du limon,1938, p. 21).Je ne suis pas kantien le moins du monde, je ne me nourris pas d'idées si sublimes, non parce que je suis dur, mais plutôt parce que je suis tendre, et qu'il me semble que la charité vraie envers un peuple consiste à empêcher le meurtre d'être le plus fort et de dominer sur lui (Mauriac, Nouv. Bloc-Notes,1961, p. 231). − Emploi subst. masc. Les kantiens croient à l'action nécessaire et continuelle de la volonté contre les mauvais penchants. Ils ne tolèrent point les exceptions dans l'obéissance au devoir et rejettent toutes les excuses qui pourroient les motiver (Staël, Allemagne, t. 4, 1810, p. 323). REM. 1. Kantisé, adj. masc.,hapax. Imprégné de la pensée de Kant. Tout en promenant mon gros individu sur les riants coteaux d'Andilly et de Montmorency, je me suis lancé dans la philosophie allemande; vous m'en voyez tout kantisé (...) cela est ennuyeux, mais utile (Stendhal, Corresp.,1822, p. 244). 2. Kantophobe, subst. masc.,hapax. Celui qui est hostile à Kant, à sa doctrine. Les kantophobes de notre littérature politique ont fait là-dessus des confusions bien comiques (Thibaudet, Réflex. crit.,1936, p. 99). Prononc. : [kɑ
̃tjε
̃] ou [-sjε
̃], fém. [-jεn]. Étymol. et Hist. A. 1798 adj. école Kantienne (Le Spectateur du Nord, t. VIII, p. 364); B. 1798 subst. « partisan de la philosophie de Kant » (ibid.). Dér. du nom d'Emmanuel Kant [1724-1804], philosophe all.; suff. -ien*. Fréq. abs. littér. : 127. Bbg. Behrens D. 1923, p. 30. - Jourjon (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1928, t. 40, p. 131. - Quem. DDL t. 12, 21. |