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INTRIGUER, verbe
A. − Emploi trans.
1. Intriguer qqn
a) Donner à penser en suscitant un vif intérêt et une certaine perplexité.
[Le suj. désigne une pers.] Ce vieil étudiant soucieux qui, déjà, plongeait dans un livre avant d'avoir choisi sa consommation, l'intrigua quelques secondes (Martin du G., Thib., Sorell., 1928, p. 1173).
En partic., vieilli. [À un bal masqué] ,,Exciter vivement, sans se faire connaître, la curiosité de quelqu'un`` (Littré). Vandenesse : (...) Reste masquée, je te fais souper avec Nathan et Florine : il sera bien amusant pour une femme de ton rang d'intriguer une actrice (Balzac, Fille Ève,1839, p. 192).Carbonnel : (...) je me promenais dans le foyer [au bal de l'Opéra], lorsqu'un domino me prend le bras. Bonjour Carbonnel! (...) Je me dis : « Plus de doute, c'est une dame de nos connaissances qui s'amuse à m'intriguer... » (Labiche, J'invite le colonel,1860, 3, p. 336).
[Le suj. désigne une chose concr. ou abstr.] Il avait été fort intrigué la veille par le passage d'un homme qui répondait singulièrement au signalement du client de l'armurier (G. Leroux, Parfum,1908, p. 164).Il avait ce même air modeste et pourtant fier qui jadis avait intrigué maman, la première fois qu'elle l'avait vu (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 289):
1. Un cas très curieux nous est offert par la race Sebright, où le coq a un plumage de poule et acquiert le plumage typique du mâle à la suite de la castration. Ce phénomène paradoxal a longtemps intrigué les physiologistes. Cuénot, J. Rostand, Introd. génét.,1936, p. 41.
b) Vieilli. Remplir d'inquiétude :
2. Je fus jeune, j'aimai; Déesse, j'aime encore, Quand la divine nuit vient intriguer l'esprit, Je repose mon front, anxieux et surpris, Dans le col d'une enfant plus tiède que l'aurore. Noailles, Forces étern.,1920, p. 270.
Emploi pronom. réfl. S'inquiéter. M. de Pardaillan : Il faut que Triboulet s'intrigue, se torture, Et ne devine pas que sa belle est ici! (...) M. de Gordes : Serrons bien sur ses yeux le bandeau qui les couvre (Hugo, Roi s'amuse,1832, p. 418).
2. Intriguer qqc.[Le compl. d'obj. désigne un ouvrage littér. (roman, pièce de théâtre)] Vieilli. Y mettre une intrigue, une action plus ou moins compliquée. Sa pièce [de Térence] de l'Eunuque est fort intriguée (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 5, 1863, p. 338).On n'a pas encore repris La Contagion. C'est pourtant une pièce intéressante, admirablement intriguée (A. Daudet, Crit. dram.,1897, p. 308).
B. − Emploi intrans. Se livrer à des intrigues (v. ce mot B2). Bottot joignit le général français à Passeriano; il intrigua beaucoup dans les alentours de Napoléon (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 760).On a intrigué et remué pour avoir la place de mon père que l'on voulait ravir à Achille (Flaub., Corresp.,1846, p. 57):
3. ... il avait longuement intrigué pour obtenir, au laboratoire de psychologie expérimentale, une place de création récente et notablement rémunérée. Duhamel, Cécile,1938, p. 56.
Emploi pronom. réfl., vieilli. S'agiter beaucoup, se donner beaucoup de peine pour faire réussir une affaire. Je les vois tellement s'intriguer autour de moi qu'ils m'auront appris à intriguer autour des autres (Picard, Marionn.,1806, V, p. 287).Je m'étois intriguée secrètement pour acheter deux ou trois de ces antiquailles (Chateaubr., Itinér. Paris Jérus., t. 2, 1811, p. 25).
S'intriguer partout. ,,Se fourrer partout, chercher à se donner de l'accès partout où l'on peut`` (Ac. 1835, 1878).
REM.
Intrigué, -ée, part. passé adj.Qui ressent ou qui dénote une curiosité, une perplexité plus ou moins inquiète. Regard intrigué. Un peu intrigués et émus, nous cherchions des yeux ces cousins dont nous ne connaissions même pas les portraits, et qui sans doute guettaient notre arrivée, viendraient à notre rencontre (Loti, Rom. enf.,1890, p. 177).Antoine agressif, surveillait d'un œil intrigué l'énigmatique frisson de cette bouche, qu'allongeait une pointe de fard aiguë comme une égratignure (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1314).Ma grand-mère (...) semblait plus intriguée que sceptique (Sartre, Mots,1964, p. 124).
Prononc. et Orth. : [ε ̃tʀige], (il) intrigue [ε ̃tʀig]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1532 « embrouiller » (Gramm. de G. du Wes, éd. F. Génin [à la suite de Palsgr.], p. 948c d'apr. Chr. Schmitt ds R. Ling. rom. t. 43, p. 27); 2. av. 1630 réfl. « s'occuper de, s'intéresser à » (D'Aubigné, Vie, XXXIV ds Gdf. Compl. : Il s'intrigue d'un mestier que tu ne sçais pas); av. 1679 « s'immiscer (dans) » (Retz, Mém., éd. A. Feillet, J. Gourdault, R. Chantelauze, t. 5, p. 82 : Croissi étoit un conseiller du parlement de Paris, qui s'étoit beaucoup intrigué dans les affaires du temps); 3. 1656 abs. « se livrer à des intrigues » (Pascal, Prov. 3 ds Œuvres, éd. L. Lafuma, p. 381 : les plus habiles d'entre eux [les Jésuites] sont ceux qui intriguent beaucoup, qui parlent peu, et qui n'écrivent point); 4. 1678-79 trans. « préoccuper » (La Fontaine, Fables, VIII, 5, 7 : Il semble [...] que le plus petit de la race mortelle, A chaque pas qu'il fait, à chaque bagatelle, Doive intriguer l'Olympe et tous ses citoyens); 1735 intrigué « inquiet, anxieux (de savoir quelque chose) » (Marivaux, Paysan parvenu, éd. F. Deloffre, 2epart., p. 81 : Catherine vint au-devant de nous, toujours fort intriguée des intentions de MlleHabert sur son chapitre). Empr. à l'ital.intrigare, attesté au sens 1 dep. fin xiiies. (Giamboni ds Batt.), aussi « mettre dans l'embarras, rendre perplexe » (Id., Fiore di Virtù, ibid.), « se livrer à des intrigues » (av. 1541, Guidiccioni, ibid.), « s'immiscer (dans) » (1545, L'Arétin, ibid.), « éveiller la curiosité, intéresser » (av. 1610, Guarini, ibid.), forme septentrionale de intricare (intriquer*). Fréq. abs. littér. : 641. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 561, b) 808; xxes. : a) 1 003, b) 1 206. Bbg. Hope 1971, p. 203. - Kohlm. 1901, p. 48. - Wind 1928, p. 37, 179.