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INTERROGER, verbe trans.
A. − Qqn interroge qqn (sur, au sujet de qqc.; dans tel domaine).
1. Poser à quelqu'un une ou plusieurs questions exigeant une réponse. Synon. questionner.Interroger un candidat, un élève; interroger sur le compte de, les motifs de; interroger directement, habilement, longuement; cesser, continuer, essayer d'interroger. Il fut surpris de l'étendue de son savoir. Son étonnement augmenta quand il l'interrogea en particulier sur les Saintes Écritures (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 172).Une enfant coupable qui tremble qu'on ne l'interroge et ne la confonde (Loti, Mariage,1882, p. 47):
1. Son air grave et le presque constant froncement de ses sourcils, qui plissait légèrement son beau front, semblaient indiquer une tension de volonté singulière, une attention... j'aurais voulu savoir à quoi, car ce n'était certes pas au cours. Lorsqu'il arrivait qu'on l'interrogeât, on se rendait compte qu'elle n'avait rien écouté... Gide, Geneviève,1936, p. 1352.
En partic. Soumettre à un interrogatoire (v. ce mot A). Synon. fam. cuisiner.Interroger un accusé, un inculpé, un témoin. On m'interrogeait à la Préfecture de police sur mes nom, prénoms, qualités (Courier, Pamphlets pol., Pamphlet des pamphlets, 1824, p. 208).L'attitude des prisonniers que j'ai vu interroger, et dont aucun (...) ne renonce à manifester son orgueil d'être Allemand (Bordeaux, Fort de Vaux,1916, p. 131):
2. ... comme il [le juge] devait se piquer de remplir ses fonctions avec beaucoup de conscience, il continuait à m'interroger, tandis que son greffier mettait le plus grand soin à transcrire mes réponses. Bosco, Mas Théot.,1945, p. 209.
2. Poser à quelqu'un une ou plusieurs questions pour obtenir une information, un renseignement. Synon. sonder, interviewer.Interroger avidement, doucement; oser, craindre d'interroger; interroger un acteur, une célébrité. Je l'interrogerai sans en avoir l'air et je saurai (Cocteau, Enf. terr.,1929, p. 147).On m'interrogera comme on interroge un voyageur qui revient de loin (Green, Journal,1933, p. 125).
Emploi pronom. réciproque. Émilie (...) remontait vers la rue des Fripiers, au milieu d'une cohue de gens qui passaient, traînaient, parlaient et riaient. Des masses de curieux, des flâneurs s'interrogeaient (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 423).
ANTIQ. Interroger les haruspices, les mânes, les oracles. Les anciens se réunissaient pour chuchoter des noms, pour interroger les oracles, gros de secrets qu'ils ne disaient pas (Vogüé, Morts,1899, p. 285).
3. Emploi pronom. réfl. Se poser à soi-même une ou plusieurs questions. Il n'est raisonnable de s'interroger sur les fondements métaphysiques de la magie que s'il y a une objectivité − c'est-à-dire une expérience − magique (G. Marcel, Journal,1923, p. 288).Nous sommes si pressés de vivre que nous ne nous interrogeons presque jamais sur le mode d'existence qui est le nôtre (Green, Journal,1940, p. 48):
3. Au temps de la négation, il pouvait être utile de s'interroger sur le problème du suicide. Au temps des idéologies, il faut se mettre en règle avec le meurtre. Camus, Homme rév.,1951, p. 14.
Emploi abs. Il n'avait rien regretté, rien désiré, rien envié. Et même, en ce moment, il s'interrogeait, il ne trouvait en lui aucun sujet d'amertume (Zola, Faute Abbé Mouret,1875, p. 1306).Je m'interrogeais, je m'analysais, et je me félicitais de ma transformation (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 187).
Rem. On rencontre parfois la constr. interroger qqn si : L'ami de Talleyrand, que son curé, à son lit de mort, interroge s'il a blasphémé, attaqué l'Église (Goncourt, Journal, 1858, p. 471).
B. − Au fig. Qqn interroge qqc.Examiner avec attention pour trouver un enseignement, une réponse à une question que l'on se pose.
1. [L'obj. est intérieur à la pers.] Interroger sa mémoire, sa conscience, ses sentiments, ses souvenirs. Elle cherchait, interrogeait ses désirs, ne trouvait plus rien de sérieux qui la tentât (Zola, Assommoir,1877, p. 411).Il est difficile d'interroger son âme et de reconnaître sa petite voix d'enfant au milieu des clameurs inutiles qui l'entourent (Maeterlinck, Trésor humbles,1896, p. 146).
2. [L'obj. est extérieur à la pers.] Interroger l'horizon, la nature, l'avenir, l'heure, l'histoire, le passé, le présent. L'idée de devoir être vu par elle, qui (...) m'aimait sans me voir − cette idée me cause une gêne intolérable (...). Pour la première fois de ma vie j'interroge anxieusement les miroirs (Gide, Symph. pastor.,1919, p. 925):
4. Au lieu d'interroger la langue française, d'étudier le jeu de ses suffixes, le mécanisme de ses mots composés, on a recours à un lexique dont la tolérance est infinie et qui se prête aux combinaisons agglutinatives les plus illogiques et les plus inutiles. Gourmont, Esth. lang. fr.,1899, p. 30.
[P. méton.] Nos sens interrogent les choses et (...) elles leur répondent (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 369).
REM.
Interrogeant, -ante, part. prés. en emploi adj.Les yeux noirs, écouteurs, interrogeants de la mère Archambauld (A. Daudet, Jack, t. 1, 1876, p. 239).M. Lerond qui, ayant appartenu à la magistrature, était curieux et interrogeant (France, Anneau améth.,1899, p. 54).
Prononc. et Orth. : [ε ̃tε ʀ ɔ ʒe] ou [ε ̃te-], (il) interroge [-ɔ:ʒ]. [-ε ʀ ʀ-] ds Mart. Comment prononce 1913, p. 297. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1355, 12 mars interroguer cont. jur. (Ordonnance ds Isambert, Rec. des anc. lois fr., t. 4, p. 767 : demanderont et interrogueront le vaillant et l'estat des personnes et de leurs mesnies); 1399 interroger (Lille, Recueil des anc. coutumes de Belgique, I, II, 203 d'apr. K. Baldinger ds R. Ling. rom. t. 20, p. 82); 1690 (Fur. : un examinateur interroge un enfant); 2. 1532 se interroguer + interrogative indir. « se demander » (Rabelais, Gargantua, XXIII, éd. R. Calder et M.A. Screech, p. 165); av. 1784 empl. absol. « se poser des questions à soi-même » (Diderot, Essai sur la peinture, éd. R. Desné, p. 63); 3. 1674 « examiner qqc. avec attention pour y trouver réponse à une question » (Racine, Iphigénie, I, 2 : Des victimes vous-même interrogez le flanc). Empr. au lat.interrogare « interroger, questionner »; a évincé la forme pop. a. fr. enterver (ca 1165 ds T.-L.). Fréq. abs. littér. : 4 185. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 359, b) 4 889; xxes. : a) 7 406, b) 7 001. Bbg. Gir. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 56. - Lüdi (G.). Konfrontative Semanalyse und Übersetzungsvergleich. Beitr. rom. Philol. 1975, t. 14, pp. 169-196.