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INTERLOCUTEUR, -TRICE, subst.
A. −
1. Personne qui participe à une conversation, un dialogue, une discussion. Une conversation dont les expressions manquaient aux deux interlocuteurs (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 269).Un parapluie tenu à quatre mains par les interlocuteurs surpris par l'orage (Verlaine, Œuvres posth., t. 2, Voy. Fr., 1896, p. 101).
Avec déterm., rare. Durkheim n'est pas seulement l'interlocuteur d'un dialogue échangé entre professeurs de Sorbonne (Nizan, Chiens garde,1932, p. 190).
P. anal. Les cantilènes [en contrepoint figuré] s'adaptent en perfection aux instruments à vent, que nous avons appelés déjà les interlocuteurs du drame symphonique (Gevaert, Orchestr.,1885, p. 125).
2. En partic. Personnage mis en scène dans une œuvre littéraire en forme de dialogue :
1. ... la méthode en est la même que dans tous les autres [ouvrages de Platon]. Ce sont deux interlocuteurs, dont l'un consent toujours, et dont l'autre, pour prouver une assertion tantôt commune et tantôt sophistique, commence par établir une foule de choses évidentes... Constant, Journaux,1804, p. 121.
B. − [Interlocuteur de qqn]
1. Personne qui tient une conversation, un dialogue, une discussion avec une autre. Ces petites phrases, qui ne supportaient pas la discussion, arrachaient un non ou un oui à l'interlocuteur, et la conversation tombait à plat (Balzac, Illus. perdues,1837, p. 81).À défaut d'interlocuteur, elle se parlait à elle-même (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 252).Seule : pour la première fois je comprenais le sens terrible de ce mot. Seule : sans témoin, sans interlocuteur, sans recours (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 139):
2. Ce Jean-Jacques, errant dans les faubourgs de Paris ou dans une île enchantée, demeure inaccessible aussi bien à la malveillance qu'à la charité. Il ne peut plus avoir d'interlocuteur : ni à côté de lui, ni au-dessous, ni au-dessus. Son moi emplit étroitement la capacité de l'être. Mauriac, Trois gds hommes dev. Dieu,1947, p. 112.
Interlocuteur + compl. nom.
[qualificatif] Le comte laissa échapper un geste de surprise et regarda cet interlocuteur étrange qu'il n'avait jamais vu auparavant (Ponson du Terr., Rocambole, t. 2, 1859, p. 94).
SYNT. Interlocuteur affable, aimable, attentif, ébahi, impartial, impassible, instruit, mystérieux, naïf, réservé, réticent, servile, sympathique; interlocuteur habituel, imaginaire, invisible, supposé; interlocuteur auguste, digne, éminent, honorable, privilégié.
[déterminatif] Cette réponse (...) fit sur mon interlocutrice le plus déplorable effet (France, Bonnard,1881, p. 359).Les échanges qui s'effectuent entre l'œuvre et le lecteur, le causeur et son interlocuteur (Blanche, Modèles,1928, p. 169):
3. Avec le nihilisme pas de discussion possible. Car le nihiliste logique doute que son interlocuteur existe, et n'est pas bien sûr d'exister lui-même. Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 620.
Interlocuteur + verbe.Interlocuteur (qui) ajoute, interrompt, parle, poursuit, réplique, répond, reprend, se récrie. Il est vrai, repartit mon interlocuteur, qu'il y a bien encore autre chose dans le dossier (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 306).
Subst. + d'un/de son/de l'interlocuteur.Il ne se doutait point de la qualité de son interlocuteur : jusque-là, ils ne s'étaient entretenus que de musique. Il fut très étonné d'apprendre que cet homme du monde était un chef de parti violent (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 753).V. allonger ex. 33 :
4. Dans l'expérience du dialogue, il se constitue entre autrui et moi un terrain commun, ma pensée et la sienne ne font qu'un seul tissu, mes propos et ceux de l'interlocuteur sont appelés par l'état de la discussion, ils s'insèrent dans une opération commune dont aucun de nous n'est le créateur. Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 407.
SYNT. Attention, compétence, curiosité, entêtement, habileté, honnêteté, intelligence, personnalité, politesse, prestance, probité, psychologie, réticence, sérieux, silence, subjectivité, timidité d'un interlocuteur; déclaration(s), embarras, explication(s), idée(s), interruption(s), manière(s), parole(s), pensée(s), propos, réaction(s), suggestion(s) d'un interlocuteur.
Verbe + interlocuteur.En parlant, il fixait sur son interlocuteur un regard pénétrant, habitué à faire baisser les yeux (Arland, Ordre,1929, p. 56).Il ne quittait pas son interlocuteur du regard. Le vieillard, les yeux fermés, semblait dormir; mais, sur le dos de ses mains, ses veines bleues, cordées, frémissaient comme des nerfs (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 262).L'art de faire dire à l'interlocuteur ce qu'il n'a jamais dit, ou de lui attribuer à toute force des intentions imaginaires (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 143):
5. Dès qu'on nie, on fait la leçon aux autres ou on se la fait à soi-même. On prend à partie un interlocuteur, réel ou possible, qui se trompe et qu'on met sur ses gardes. Il affirmait quelque chose : on le prévient qu'il devra affirmer autre chose (...). Il n'y a plus simplement alors une personne et un objet en présence l'un de l'autre; il y a, en face de l'objet, une personne parlant à une personne, la combattant et l'aidant tout à la fois; il y a un commencement de société. Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 288.
SYNT. Avoir un/qqn pour interlocuteur; charmer, convaincre, décontenancer, éblouir, ébranler, écouter, intriguer, offenser son interlocuteur; argumenter avec son interlocuteur; changer d'interlocuteur; donner raison, prêter attention à son interlocuteur; deviner la pensée, mépriser l'opinion, partager l'avis, provoquer les confidences de son interlocuteur; faire la conquête de son interlocuteur; être en communauté de pensée avec son interlocuteur; se faire du tort aux yeux de son interlocuteur.
2. En partic. Partenaire ou adversaire avec lequel on engage une discussion, des négociations, des pourparlers. Interlocuteur patronal, syndical. L'interlocuteur officiel de l'employeur n'est (...) pas, dans les négociations, un représentant de son personnel (Reynaud, Synd. Fr.,1963, p. 121):
6. Les accords à conclure devront être négociés en prenant pour interlocuteurs ceux qui paraîtront représenter le mieux les États et les populations et sans qu'aucune exclusive soit prononcée contre quiconque. De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 230.
Interlocuteur valable. Personne avec laquelle la discussion, les négociations, les pourparlers sont susceptibles d'être menés à bien. Recherche de l'interlocuteur valable, nécessairement hostile à quelque degré (...) et dont les progrès en compétence et en puissance réelle font un émule et un associé (Perroux, Écon. xxes., 1964, p. 244).
Prononc. et Orth. : [ε ̃tε ʀlɔkytœ:ʀ], fém. [-tʀis]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1549 plur. « personnages qu'un écrivain introduit dans un dialogue » (Cl. Marot, Deux Colloques d'Erasme, éd. G. Guiffrey, t. 2, p. 191); 2. 1791 « toute personne qui parle, qui converse avec une autre » (Bern. de St-P., Chaumière ind., p. 86); 3. 1952 « personne avec laquelle on peut engager une négociation politique » (Le Monde, 19 janv., p. 5, col. 3). Empr. au lat. des humanistesinterlocutores « partenaires dans un dialogue » (xves., cf. Fr. mod. t. 22, 1954, p. 257); cf. aussi l'angl. interlocutoures (1514) et l'ital. interlocutori (1537), lui-même prob. tiré du b. lat. interloquuntur (3epers. du plur. de l'ind. prés. de interloqui « converser, discuter »), 1ermot de la trad. lat. par Chalcidius (ives.) du Timée de Platon, calque gr. δ ι α λ ε ́ γ ε ι ν « converser, discuter ». Cf. Fr. mod. t. 22, pp. 89-95. Fréq. abs. littér. : 740. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 667, b) 817; xxes. : a) 706, b) 1 714. Bbg. Niedermann (M.). À propos de fr. interlocuteur. Vox rom. 1953-54, t. 13, pp. 16-23. - Quem. DDL t. 13.