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INSURRECTION, subst. fém.
A. − Action de s'insurger, de se soulever contre un pouvoir politique établi en recourant à la violence armée; le mouvement lui-même, quand il est de grande ampleur.
Insurrection contre qqc.L'étendard de l'insurrection contre le gouvernement (Robesp., Discours, Guerre, t. 8, 1792, p. 137).Leur action [des Alliés], appuyée au moment voulu par l'insurrection nationale contre l'envahisseur, pèsera lourdement sur la décision stratégique (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 561):
1. L'accord, à droite, était complet, le succès était en vue et les partis républicains alarmés se rapportaient et fondaient l'union des gauches, fort troublés d'ailleurs à l'idée de recourir à l'insurrection contre une restauration légale. Bainville, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 229.
Absol. L'insurrection de 1830, de 1848, de la Commune de Paris. Il y a l'émeute, et il y a l'insurrection; ce sont deux colères; l'une a tort, l'autre a droit (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 270).Le passage de la situation révolutionnaire à l'insurrection, c'est une chose; mais le passage de l'insurrection à la révolution, c'en est une autre (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 60):
2. L'insurrection devait commencer à une heure − la grève générale, donc, à midi − et il fallait que la plus grande partie des groupes de combat fût armée avant cinq heures. La moitié de la police, crevant de misère, passerait sans doute aux insurgés. Malraux, Cond. hum.,1933, p. 211.
Droit à l'insurrection. Droit revendiqué (et reconnu par certaines constitutions) de se soulever contre l'autorité légale lorsqu'elle va contre la volonté populaire ou les intérêts du peuple. Le droit à l'insurrection est celui en vertu duquel un peuple peut revendiquer sa liberté, soit contre la tyrannie d'un despote, soit contre les privilèges d'une aristocratie, sans dénonciation préalable, et par les armes (Proudhon, Confess. révol.,1849, p. 295).
Rare. [Constr. avec un compl. prép. de] Cette insurrection de la famine fut un véritable guet-apens des royalistes, pour écraser le peuple et lui donner un roi (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 364).
En partic.
[En parlant d'un groupe numériquement peu important] Vieilli. Synon. de rébellion, révolte.L'insurrection du régiment de Château-Vieux (Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 311).Une insurrection générale des équipages, qui éclata bientôt à Brest, n'eut pas de sanction (Bainville, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 50).
P. anal. Le pont ressemble à un dortoir de collège en insurrection (About, Grèce,1854, p. 174).
Action de se révolter, de contester une autorité (sans nécessairement recourir à la violence). Synon. contestation, révolte.Comme si la nature (...) avait voulu prévenir toute insurrection de la part du sexe faible, elle a donné à celui-ci en prédominance, la vénération, la subordination, l'attachement (Proudhon, Pornocratie,1865, p. 29).
P. méton. Groupe de personnes insurgées. Le second jour, vingt mille hommes de sections thermidoriennes et royalistes (...) repoussèrent l'insurrection dans ses quartiers misérables, d'où la famine l'avait fait sortir (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870p. 360).L'insurrection triomphante s'emparait définitivement de tous les ministères et de toutes les administrations publiques (Zola, Débâcle,1892, p. 587).
SYNT. Pays, peuple, ville en insurrection; se mettre en insurrection; fomenter, appeler à l'insurrection; l'insurrection couve, éclate, se prépare, échoue, triomphe; écraser, étouffer, mater, réprimer une insurrection; insurrection et anarchie.
B. − Au fig.
1. Action de se révolter, de contester une autorité sociale, morale, religieuse, esthétique, un état de fait.
Insurrection contre qqc.L'insurrection stoïcienne contre le mal (J. Simon, Relig. natur.,1856, p. 285).Entrer en insurrection contre la logique (Breton, Manif. Surréal., 2eManif., 1930, p. 98):
3. Caravage, dont tout l'art est une véhémente insurrection contre les conventions idéalistes de la Renaissance, bâtit de solides et rudes gaillards, aux membres durs, à la peau tannée, ridée par les intempéries et les brutalités de l'existence. Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 283.
Absol. Le canon ou le dogme écrit est produit par l'hérésie qui est une insurrection religieuse (J. de Maistre, Souveraineté,1821, p. 374).Dans ces espèces d'insurrections spirituelles du seizième siècle, ce n'étaient pas seulement les doctrines, c'étaient les mœurs qui étaient en jeu (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 7, 1853, p. 269):
4. Ici, quel recours d'abord? Rien à attendre du peuple (...). Rien à attendre de ses représentants (...). Rien à attendre que de la conscience humaine révoltée. Rien de possible que l'insurrection de l'individu. Par son gant jeté à la face de toutes les puissances qui sont, Zola, superbement rebelle, a fait l'acte sauveur. Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 490.
2. Littér. État d'exaltation intérieure. Gide me disait : « Ce qui nous a séduits dans cette morale, c'est son danger. » Je ne saurais vivre sans danger, sans ce danger-là. Cette insurrection intérieure elle m'est joie, mais en tant que périlleuse, en tant que presque insurmontable (Rivière, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1909, p. 104).Shelley était nerveux et agité. Une sorte d'insurrection sentimentale soulevait en lui les uns contre les autres des sentiments contradictoires (Maurois, Ariel,1923, p. 168).
REM.
Insurrectionner, verbe trans.Synon. de insurger (dans ses différentes accept.).Il faut (...) insurrectionner les prolétaires, sans attendre que les chefs donnent l'ordre! (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 101).Emploi pronom. Les générations contemporaines ne s'insurrectionnent que pour la satisfaction d'intérêts matériels (Goncourt, Journal,1871, p. 755).Au fig. − De quoi! Est-ce que tu t'insurrectionnes, par hasard? Quel est ce genre de scrupules, monsieur? (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 80).
Prononc. et Orth. : [ε ̃syʀ εksjɔ ̃]. [ʀ] ou [ʀ ʀ] ds Barbeau-Rodhe 1930 et Warn. 1968. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1372-77 (Oresme, Politiques, éd. A. D. Menut, 182a), rare du xvieau xviiies., à nouveau 1748 (Montesquieu, Lois, VIII, XI ds Brunot t. 6, p. 45, note 4). Empr. au b. lat.insurrectio, -onis « action de s'élever », formé sur le supin insurrectum de insurgere, v. insurger. Fréq. abs. littér. : 628. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 936, b) 1 389; xxes. : a) 438, b) 863. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 325.