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INSOUCIEUX, -EUSE, adj.
A. − Insoucieux de qqc., de qqn.[En parlant d'une pers.] Qui ne se soucie pas de quelque chose, de quelqu'un. Insoucieux de l'avenir, du danger, de sa fortune, de l'heure, du temps. Baccarat (...) était bien changée. Ce n'était plus cette jeune femme élégante et folle dont la vie était une longue fête pleine de bruits et d'éclats de rire, insoucieuse du lendemain et ne songeant qu'au plaisir (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 701).Fort pauvre d'esprit d'ordre et de suite, insoucieux des affaires, je passais sans cesse de la dissipation à la lésine (Milosz, Amour. initiation,1910, p. 33).MmeDesgrès des Sablons parla la première, souverainement insoucieuse de ce que des personnes à côté pussent entendre (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 375):
Le père de Vanessa, démagogue intrigant, convaincu de participation dans une émeute des faubourgs qu'il avait soudoyée de sa grosse fortune, avait été la dernière victime de ces bannissements répétés; cette circonstance, grossie par l'imagination d'un très jeune homme, nuança d'un respect exalté et romantique mes relations avec Vanessa; elle était l'un des plus riches partis de la ville, et fort insoucieuse d'un père qu'elle avait à peine entrevu : je protégeai, je vénérai en elle une orpheline menacée. Gracq, Syrtes,1951, p. 57.
Rem. On rencontre a) Les constr. α) Insoucieux de + inf. Insoucieux de faire qqc. Ces mendiants, en plein soleil, insoucieux de chercher une ombre dont leur peau boucanée n'éprouve sans doute plus la douceur (Tharaud, Rabat, 1918, p. 41). β) Insoucieux que + subj. Il était depuis longtemps insoucieux qu'Odette l'eût trompé et le trompât encore (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 524). Mllede Sçaavedra, déesse naturellement, se hâtait vers la plage, insoucieuse que, toute, on la put voir (Toulet, Demois. La Mortagne, 1920, p. 81). b) Un emploi anal. en parlant d'un animal. Elle [une fouine] était retournée à son bois, insoucieuse des empreintes dénonciatrices de ses pattes (Pergaud, De Goupil, 1910, p. 91).
Absol. Qui ne se fait pas de souci. Romanesque à l'excès, folle des modes nouvelles, coquette, vaine, insoucieuse (Dumas père, Piquillo,1837, II, 3, p. 237).Son nouvel amant, M. Alexis (...) se plaignait à Musette de la trouver un peu légère et un peu insoucieuse lorsqu'il lui parlait de son amour (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 175).Ô remontrances enfantines de quand, insoucieux moutard, je poussais et tapais mon cerveau novice (Verlaine, Œuvres posth., t. 2, Souv. et prom., 1896, p. 130).
Emploi subst., rare. Voici le matin bleu. Ma rose et blonde amie Lasse d'amour, sous mes baisers, s'est endormie. Voici le matin bleu qui vient sur l'oreiller Éteindre les lueurs oranges du foyer. L'insoucieuse dort (Cros, Coffret santal,1873, p. 44).
[P. méton. du déterminé] Sa face blonde et sanguine, d'ordinaire insoucieuse et riante, montrait une gravité anormale, le tourment d'un obscur souci (Genevoix, Raboliot,1925, p. 11).
B. − Qui témoigne, manifeste de l'insouciance; exempt de souci.
1. [En parlant d'une manière d'être ou de faire] Attitude insoucieuse, comportement insoucieux. Les allures insoucieuses de ces dames (Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 123).
2. [En parlant d'une période de temps, de la vie d'une pers.] Du Tillet avait assisté à la toilette de Claparon, (...) car il tremblait que les habitudes grossières de cette vie insoucieuse ne vinssent à éclater à la surface du banquier (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 68).Nous parlions, en tout cas, sans aucune tristesse de souvenirs, d'années insoucieuses, et nous regardions en avant avec cette confiance aveugle qui nous rend si vulnérables (Green, Journal,1941, p. 78).
3. [En parlant d'une qualité ou d'un état] Insoucieuse confiance, générosité; pauvreté insoucieuse. Il s'y trouvait [sur le pantalon du juge Popinot] par places des lignes blanchâtres, rouges ou luisantes qui dénonçaient une avarice sordide ou la pauvreté la plus insoucieuse (Balzac, Interd.,1836, p. 117).Elle était devenue grave, d'une beauté douloureuse et irritée qui la transfigurait. Et, brusquement, sa gaieté coquette, son insoucieuse légèreté revinrent, au milieu d'un invincible rire (Zola, Débâcle,1892, p. 561).Il portait (...) un vieux chapeau de feutre gris dont la forme, le mouvement autour de son front, l'inclinaison au revers de sa tête, avaient je ne sais quelle grâce désinvolte, quelle élégance insoucieuse et rare (Genevoix, Laframbroise, Lac Fou, 1942, p. 123).
Rem. Certains dict. (Dupré 1972) notent qu'insouciant s'emploie gén. de façon absolue et insoucieux avec un compl.; la docum. ne permet pas de confirmer ce fait.
REM.
Insoucieusement, adv.De façon insoucieuse. Les journaux ont rapporté l'histoire d'un ouvrier, qui vient de se faire électrocuter. Il maniait insoucieusement des fils de transmission; le voltage n'était pas très fort; mais son corps était (...) en sueur. On attribue sa mort à cette couche humide qui permit au courant d'envelopper son corps (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1162).Parce que le duc paie insoucieusement ses intendants et collecteurs d'impôts, ses fournisseurs et ses flatteurs, ses avocats et ses poètes, le champ du travail est toujours lieu de pillage (Alain, Propos,1931, p. 1002).
Prononc. et Orth. : [ε ̃susjø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. 1878 et 1935. Étymol. et Hist. 1. 1787 « qui n'a aucun souci » (Fér. Crit. t. 2, avec citat. d'aut.); 2. 1801 insoucieux de « qui ne se soucie pas de (quelque chose) » (Mercier Néol.); 3. a) 1829 « qui est exempt de soucis, de préoccupations » (Balzac, Chouans, p. 333 : vie insoucieuse); b) 1837 « qui témoigne de ce caractère » (Soulié, Mém. diable, t. 2, p. 5 : air insoucieux). Dér. de soucieux, -euse*; préf. in-1*. Fréq. abs. littér. : 172. Bbg. Gohin 1903, p. 285.