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INSINUER, verbe trans.
I. − Emploi trans.
A. − DR. ANC. Consigner (un acte privé) dans un registre public pour lui donner l'authenticité. Insinuer, faire insinuer une donation, un testament (Ac. 1798-1878).
B. − Littéraire
1. Qqn insinue qqc. dans qqc.Introduire doucement et adroitement dans. L'étranger ouvroit son porte-feuille, et, par une présence d'esprit étonnante, défaisoit sa cravatte [sic] et y insinuoit un gros paquet de billets de banque (Balzac, Annette, t. 1, 1824, p. 112).J'aurais réussi peut-être, à mettre le doigt sur la fissure, à y insinuer la main, à l'élargir (Genevoix, Assassin,1948, p. 179).
P. anal. Quant aux petits vers qu'on trouve dans les fruits ou dans les galles, Swammerdam pense qu'ils doivent venir d'insectes ayant insinué leur semence dans le tissu végétal (J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 25).
2. Au fig.
a) Qqn/qqc. insinue qqc. dans qqc.Faire pénétrer adroitement. Insinuer de bons sentiments dans le cœur d'un enfant; insinuer dans l'âme, l'esprit. Insinuer une doctrine (Ac.1935) :
1. Le mensonge vital, que l'entraînement sincère des mots et du cœur insinue jusque dans nos conduites morales, est le principal responsable du discrédit que tant de vertus étroites ou troubles jettent sur la vertu. Mounier, Traité caract.,1946, p. 377.
b) En partic., souvent péj. Laisser entendre quelque chose sans l'exprimer ouvertement. Synon. glisser, suggérer.
Qqn insinue qqc. à qqn :
2. La véritable hypocrisie dans cette signature était manifestée par la suppression bien moins des autres lettres du nom de Swann que de celles du nom de Gilberte. En effet, en réduisant le prénom innocent à un simple G, Mllede Forcheville semblait insinuer à ses amis que la même amputation appliquée au nom de Swann n'était due aussi qu'à des motifs d'abréviation. Proust, Fugit.,1922, p. 587.
Usuel. Qqn insinue qqc.Il se croyait en possession d'une certitude, (...) il en insinuait tout doucement l'esprit et n'en révélait pas la lettre (Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 327).Il y a des choses que l'on ne doit jamais dire − semble-t-il toujours insinuer − précisément parce qu'elles vont de soi (Du Bos, Journal,1923, p. 265).Je n'ai point songé à prendre la défense de certains gros intérêts lésés, comme l'insinue mon contradicteur (Mauriac, Bâillon dén.,1945, p. 425).
Emploi abs. J'ai employé tout mon art d'insinuer et de plaire (France, Bonnard,1881, p. 439).Il chicane, pirouette, insinue, cligne de l'œil vers les « dames » avec lesquelles il ne veut surtout pas se brouiller (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 164).
II. − Emploi pronom.
A. − Vx ou littér.
1. Qqn/qqc s'insinue dans qqc.Pénétrer doucement et progressivement dans quelque chose. Synon. s'infiltrer.Les couches de tissu cellulaire, qui s'insinuent dans les divisions du cerveau, qui se glissent entre les stries médullaires (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 215).Un flot neuf d'arrivants s'insinue dans les moindres interstices du public massé; des étudiants à bérets, des avocats en robe (...) se juchent en grappes, sur la crête des portants (Martin du G., J. Barois,1913, p. 380).
2. Qqn s'insinue entre.Se glisser entre. Le mécanicien a mis la voiture en marche. Il s'insinue entre les leviers et le volant pour regagner son siège frémissant (T. Bernard, Sur les grands chemins, Paris, Ollendorff, 1911, p. 134).
3. [Sans compl. prép.] Les plantes (...) profitant des moindres ouvertures (...) s'insinuent, puis, une fois entrées, elles grimpent, s'enroulent aux fenêtres, courent le long des balcons (Michelet, Chemins Europe,1874, p. 170).
B. − Au fig., littér.
1. Qqc. s'insinue dans qqc.S'introduire dans (l'esprit, les pensées de quelqu'un). Synon. envahir, se glisser, pénétrer.Si quelque pensée orgueilleuse s'insinue dans notre imagination, nous la rejetons aussitôt avec la salive du dédain (Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 149).Des préoccupations d'une précision trop humaine se mêlèrent à la ferveur de ses prières, (...) même des doutes terribles et lancinants s'insinuèrent en son âme (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 225).Un danger se dissimule dans ces phrases douceâtres, des impulsions meurtrières s'insinuent dans l'inquiétude affectueuse, une expression de tendresse distille tout à coup un subtil venin (Sarraute, Ère soupçon,1956, p. 122).
[Sans compl. prép.] :
3. ... la pauvreté cessait d'être seulement privative, comme la croient trop souvent les riches; on la sentait réelle, agressive, attentionnée, elle régnait affreusement sur les esprits et sur les cœurs, s'insinuait partout, touchait aux endroits les plus secrets et les plus tendres, et faussait les ressorts délicats de la vie. Gide, Si le grain,1924, p. 473.
2. Péj. Qqn s'insinue dans qqc., auprès de qqn.
a) S'introduire avec habileté ou ruse dans, auprès de. Ambitieux, intrigant qui s'insinue; s'insinuer par la brigue, la flatterie :
4. Elle [l'Église] avait beaucoup d'influence, elle n'avait pas le pouvoir. Elle s'était insinuée dans les magistratures municipales; elle agissait puissamment sur les empereurs, sur tous leurs agens; mais l'administration positive des affaires publiques, le gouvernement proprement dit, l'Église ne l'avait pas. Guizot, Hist. civilisation, Leçon no10, 1828, p. 10.
b) Gagner adroitement (les bonnes grâces, la confiance, l'esprit de qqn). Les princes, n'ayant jamais affaire qu'à des serviteurs de bon goût, qui s'insinuent plus facilement dans leur faveur que nos gens dans la nôtre, vivent et meurent sans avoir jamais l'idée des choses telles qu'elles sont (Staël, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 428).Sir Williams s'insinuait dans l'esprit et la confiance de la vieille baronne (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 450).
Prononc. et Orth. : [ε ̃sinɥe], (il) insinue [ε ̃siny]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1336 dr. anc. « publier, notifier, faire connaître (un acte juridique) » (Arch. JJ 70, fol. 13 rods Gdf.); 1368 id. « enregistrer (id.) » (Charte ds Livre Roisin, éd. Brun-Lavainne, p. 420). B. 1. 1359 « faire pénétrer adroitement dans l'esprit » (Ch. A. mun. Senlis ds Gdf. Compl.); 2. 1541 s'insinuer a (qqn) « se glisser adroitement ds l'entourage de quelqu'un » (Calvin, Instit., VI, p. 363 ds Hug.); 1662 esprit insinuant [de Mazarin] (La Rochefoucauld, Mém., éd. D.L. Gilbert et J. Gourdault, t. 2, p. 63 [1643]); 3. 1588 s'insinuer en « (d'une substance) pénétrer dans » ici, empl. par image (Montaigne, Essais, II, XII, éd. M. Thibaudet et M. Rat, p. 467). Empr. au lat.insinuare « faire pénétrer au sein de, introduire, glisser dans » fig. « pénétrer, faire pénétrer dans les bonnes grâces, la faveur de quelqu'un » à l'époque class.; « déclarer, notifier, faire connaître » à basse époque; spéc. « déclarer, notifier, faire connaître » à basse époque; spéc. « enregistrer » à l'époque médiév. (s.d. ds Nierm.). Fréq. abs. littér. : 721. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 672, b) 713; xxes. : a) 1 179, b) 1 399.