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INONDER, verbe trans.
A. − Couvrir d'eau.
1. [Le suj. désigne un cours d'eau, un lac, une mer] Submerger (la terre) par un afflux d'eau incoercible. Rivière, torrent qui inonde la ville, le pays. La haute mer inonde ces terres en partie (Voy., La Pérouse,t. 1, 1797, p. 115).Les eaux inondent les mines, les champs (Michelet, Journal,1839, p. 300):
1. En amont, les rapides de l'Oubangui, dont les hautes eaux inondent presque, sur la rive belge, un charmant petit village de pêcheurs qu'abrite un groupe de palmiers. Gide, Voy. Congo,1927, p. 723.
Emploi abs. La vraie déclamation doit couler majestueusement comme un fleuve qui inonde de toutes parts (Stendhal, Journal, t. 1, 1805, p. 263).
P. exagér. L'eau répandue inondait le parquet (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Enf., 1882, p. 683).
2. Qqn1inonde qqc.2.Remplir, recouvrir d'eau; faire en sorte que l'eau contenue envahisse la terre. Le caveau pouvait être inondé en cas d'incendie (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 119):
2. Ils gagnèrent quelques bourgeois de l'Écluse, qui s'engagèrent à brûler les vaisseaux et à ouvrir les digues de la mer pour inonder le camp. Barante, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 309.
P. exagér. N'inondez pas mon appartement, cria Chloé (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 44).
B. − P. anal.
1. Tremper, mouiller abondamment.
a) [Le suj. désigne un autre liquide que l'eau] Sang, sueur qui inondent le visage. Les larmes inondèrent ses yeux (Stendhal, Chartreuse Parme,1839, p. 313).
b) Qqn1inonde qqc.2de qqc.1En même temps il inondait le sol d'un jet de salive (Courteline, Train 8 h 47,1888, 1repart., I, p. 13):
3. Celle-là se fustigeait à tour de bras avec des branches de genièvre et de houx, puis elle inondait ses blessures de vinaigre et les saupoudrait de sel... Huysmans, En route, t. 1, 1895, p. 194.
En partic. Inonder un pays (une ville, une province) de sang. Commettre de nombreux assassinats. Mais fallait-il inonder la terre de sang pour que le prince Jérôme prît la place de l'électeur de Hesse (...)? (Staël, Consid. Révol., t. 2, 1817, p. 90).
2. Envahir, occuper un espace tout entier.
a) [L'agent est nombrable; l'analogie porte sur l'abondance]
Qqn1inonde qqn2ou qqc.2de ou avec qqc.1Excusez-moi si je persiste à vous inonder de statistique (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 274).Ses fabricants crurent qu'il était habile d'inonder le marché avec de la camelote (Sorel, Réflex. violence,1908, p. 379).
[Le suj. désigne une collectivité, une foule] Quelle foule inonde les avenues du théâtre! (Jouy, Hermite, t. 3, 1813, p. 236):
4. Enfin, l'heure sonna : la foule impatiente Inonda les gradins et les couloirs obscurs, S'élevant par degrés le long des vastes murs, Ainsi qu'un vin fumeux dans la coupe écumante... Bouilhet, Melaenis,1857, p. 104.
b) [Le suj. n'est pas nombrable; l'accent est mis sur une idée d'intensité]
[Le suj. désigne une chose qui exerce un effet particulier sur les sens (lumière, chaleur)] La lune inondait le camp de sa clarté silencieuse (Gide, Si le grain,1924, p. 558):
5. Le lendemain matin, je fus réveillée par un rayon de soleil oblique et chaud, qui inonda mon lit et mit fin aux rêves étranges et un peu confus où je me débattais. Sagan, Bonjour tristesse,1954, p. 35.
[Le suj. désigne un sentiment] Un flot d'orgueil m'inonda soudain tout le cœur (Bourget, Disciple,1889, p. 163):
6. Elle m'aimait. Cette certitude, après un si long desséchement d'anxiété, m'inondait le cœur d'un flot de joie à me trouver mal, là, sur le tapis de cet escalier que je dus gravir à mon tour pour remonter dans ma chambre. Bourget, Disciple,1889p. 185.
[P. méton. du suj.] Un flot de sang inonda ses joues (Gracq, Beau tén.,1945, p. 179).
REM.
Inondateur, subst. masc.,hapax. Celui qui inonde. Autrefois j'envahissais la campagne, je faisais trembler la terre, j'étais le mugissant, l'inondateur (Flaub., Tentation,1849, p. 464).
Prononc. et Orth. : [inɔ ̃de], (il) inonde [inɔ ̃:d]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1remoitié xiies. verbe intrans. « déborder » enunder (Psautier d'Oxford, 77, 23 ds T.-L.); fig. xiiies. « affluer en grand nombre » en parlant de pers. (Baudoin de Condé, Dits et Contes, 91, 337, ibid.); 2. ca 1250 verbe trans. « recouvrir » fig. enonder (Robert de Blois, III, 123, 1330, ibid.); ca 1265 « couvrir d'eau » enonder (Brunet Latin, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, I, 122); p. ext. a) 1554 « submerger » en parlant de pleurs inonder (Loys le Caron, Poésies, fo65 rods Gdf. Compl.); b) 1653 en parlant du sang innonder (Saint-Amant, Moyse sauvé, éd. J. Bailbé et J. Lagny, II, 306); fig. 1653 « envahir » en parlant de pers. inonder (Vaugelas, Quinte-Curce ds Rich. 1680). Empr. au lat.inundare « déborder » dér. de undare « rouler des vagues, se soulever » avec préf. in- marquant le mouvement « vers ». Les formes fr. en i ne se généralisent qu'au début du xves. (1420, Arch. du Nord, B 4025, fol. 1 v. ds IGLF). Fréq. abs. littér. : 785. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 628, b) 856; xxes. : a) 1 166, b) 786.
DÉR.
Inondable, adj.Qui peut être inondé. Plaine inondable. Les interfluves, les plaines non inondables sont souvent occupés par les cultures de céréales ou de plantes commerciales (Meynier, Paysages agraires,1958, p. 60).[inɔ ̃dabl̥]. 1reattest. 1874, 15 mai (Roudavie ds Rev. des Deux Mondes, p. 341 d'apr. Littré Suppl.); de inonder, suff. -able*.