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INJURE, subst. fém.
A. − Geste, procédé, parole ou écrit adressés directement et délibérément à une personne pour l'offenser. Synon. affront, offense.Injure atroce; faire une injure à qqn; venger une injure. Injure faite à l'honneur (Ac.1798-1935).Endurer le mépris, l'injure et les vexations de toute espèce (Sieyès, Tiers-État?1789, p. 33).Il me paraît homme à n'oublier ni une injure ni un bienfait (Zola, Conquête Plassans,1874, p. 1137).Le revendicateur prend la justice faite aux autres pour une injure personnelle, il la nomme injustice quand elle favorise son ennemi (Mounier, Traité caract.,1946, p. 547).V. champ ex. 11 :
1. robert esprels : Tu lui infliges la plus sanglante injure qui se puisse infliger à une femme... courpière : Qui est? robert esprels : Qui est de lui exprimer en paroles, et de lui prouver en action, qu'on la respecte. Hermant, M. de Courpière,1907, II, 4, p. 16.
Pardon des injures. Il y a, outre la loi divine, une loi fatale qui nous prescrit le pardon des injures et l'oubli des souffrances personnelles (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 403).
DR. Injure grave. ,,Acte, attitude ou parole d'une personne mariée constituant une offense outrageante pour son conjoint et, à ce titre, admise par la loi comme une cause de divorce`` (Cap. 1936).
SYNT. Injure blessante, cruelle, intolérable, irréparable, mortelle, odieuse; oubli, mépris, ressentiment d'une injure; mépriser, oublier, pardonner, subir, supporter une injure.
Loc. et expr.
Faire injure à
Vieilli. Faire du tort à. Il les épousa [les cinquante filles] toutes la même nuit, si bien que le lendemain matin elles se trouvèrent toutes femmes bien satisfaites et instruites. Car il n'avait fait injure à aucune (France, Contes Tournebroche,1908, p. 9).
Formuler un jugement injuste envers quelqu'un. Le pire, c'est qu'il court de mauvais bruits sur M. Sarrien. Je veux croire qu'on fait injure à M. le Ministre de la Justice (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 253).
Faire l'injure de + verbe. [Dans un sens atténué avec le verbe au cond. ou à la forme négative] Déconsidérer, offenser. Tu ne me feras certainement pas l'injure de croire que je puis mêler quelque idée d'amour-propre personnel à des réflexions aussi générales (Hugo, Lettres fiancée,1821, p. 64).Je me demandai (...) pourquoi je ferais cette injure à la nature de faire regarder comme faux et imaginaire ce qu'elle avait créé si réel et si digne de souvenir (Vigny, Mém. inéd.,1863, p. 37):
2. Vous pensez bien, monsieur le président, dit Joseph avec rondeur, que nous ne vous faisons pas l'injure de douter un seul instant de votre bienveillance, puisqu'il s'agit d'améliorer le sort des masses laborieuses... Duhamel, Nuit St-Jean,1935, p. 23.
Vieilli. Imputer, prendre à injure. Il impute cela à injure (Ac.1798-1878).Il n'est personne non plus qui ne prît à grosse injure l'accusation de gloutonnerie (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 311).
B. − En partic., souvent au plur. Parole offensante, qualification ressentie comme outrageante ou interjection grossière adressée à quelqu'un. Synon. invective, insulte, gros mot, quolibet.Injure grossière; de grosses injures; dire des injures à qqn. Il recommença à l'accabler d'injures atroces et dignes d'un cocher de fiacre (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 434).Ils se jettent du matin au soir à la tête des hottées d'injures et de reproches (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Homme-fille, 1883, p. 614).Égrener le chapelet des injures qui ont cours dans les mauvais lieux (Coston, A.B.C. journ.,1952, p. 134).V. affront ex. 3 :
3. Alors Athénaïs vomit les plus sales injures, les invectives les plus obscènes sur les magistrats et les grenadiers, qui croyaient sentir se vider sur leurs têtes toutes les cuvettes du Palais-Royal et de la rue Fromenteau. France, Dieux ont soif,1912, p. 218.
DR. Expression outrageante, terme de mépris ou invective ne renfermant l'imputation d'aucun fait (d'apr. Réau-Rond. 1951). Seules les offenses envers le Président de la République, les diffamations et injures envers les ministres, les injures envers les témoins, les jurés peuvent être poursuivies d'office en l'absence de plainte préalable (Civilis. écr.,1939, p. 44-15).Délit d'injure publique, contravention d'injure (Réau-Rond. 1951).
SYNT. Injure obscène; avalanche, bordée, débordement d'injures; dictionnaire d'injures; cracher, échanger, hurler, jeter, lancer, proférer des injures; abreuver, écraser qqn d'injures; se dire des injures; recevoir une lettre d'injures; répondre injure pour injure.
Expressions
Vieilli et pop. Se chanter mille injures (Ac.1798-1935).
Avoir l'injure à la bouche. Ne parler à qqn que l'injure à la bouche. Il n'a plus que l'injure à la bouche et sa rage de destruction n'épargne rien (Béguin, Âme romant.,1939, p. 384).
C. − Au fig., littér. Dommage, destruction causés par les éléments, les intempéries, le temps dans sa durée. Injure de l'âge, des éléments. Il y a deux choses auxquelles il faut se faire, sous peine de trouver la vie insupportable : ce sont les injures du temps et les injustices des hommes (Chamfort, Max. et pens.,1794, p. 29).Cette sorte de marbre (...) ne résiste pas longtemps aux injures de l'air (Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 292):
4. Évêques arborant avec des airs royaux La crosse d'or massif et la mitre à joyaux, Tandis que sous l'injure et l'âpreté des nues Les ouailles sans bergers grelottent toutes nues... Leconte de Lisle, Poèmes trag.,1886, p. 94.
P. anal., plais. La tête basse, il subit tristement l'injure des gouttières (Mussetds Le Temps,1831, p. 63).
Les injures du sort. ,,Les revers, les malheurs extraordinaires et non mérités`` (Ac. 1835-1935).
Prononc. et Orth. : [ε ̃ ʒy:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1155 enjurie « injustice, violation du droit » (Wace, Brut, 5581 ds Keller, p. 191b : par cruelté e par enjurie); 2. id. injuire « tort, dommage causé par violation du droit » (Id., op. cit., 13474, ibid., p. 255a); spéc. 1559 l'injure du temps (Amyot, Péric., 27 ds Littré); 1587 l'injure de l'hiver (Lanoue, ibid.); 3. 1174-76 injurie « outrage » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 3024 ds T.-L.); 1559 « parole outrageante » (Amyot, Péric., 8 ds Littré); spéc. dr. (Chartes de Hénaut ds Nouv. coutumier gén., éd. Bourdot de Richebourg, t. 2, p. 129b, CVII, XVIII : Action d'injure verbale ou par libel diffamatoire ...injure reelle, que l'on dit blessure et navrure). Empr. au lat.injuria, à l'époque class. « injustice; violation du droit, tort, dommage », terme de droit; cf. dans la lang. commune injuriae frigorum, oblivionis; « injure, parole blessante » à basse époque (lat. chrét.). Les formes en en- par adaptation aux formes pop., le préf. négatif in- étant encore étranger à la lang. (E. Staaff ds St. neophilol. t. 1, p. 53). Fréq. abs. littér. : 2 022. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 323, b) 2 953; xxes. : a) 3 548, b) 2 046. Bbg. Perret (D.). Termes d'adresse et injures. Cah. Lexicol. 1968, t. 12, pp. 3-14.