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INDUIRE, verbe trans.
A. − Littér. Amener ou tâcher d'amener à. Synon. conduire, convier, encourager, engager, faire (+ inf.), inciter, inviter, porter, pousser (à).
1. Qqn1induit qqn2à + subst. ou inf. (vieilli), en + subst., dans + subst. (rare).Induire qqn au mal, au péché, à erreur, à mal, à tentation, à mal faire; être induit à une démarche, à des idées fausses, à croire, à penser, à supposer (que). Induire qqn en erreur (v. ce mot II B), en tentation, dans le mal. Loin de l'inciter à la révolte, il l'induisait à l'obéissance (France, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 245).S'il tend à la rumination, au doute de soi, au scrupule, ne pas le raisonner, l'induire à quitter purement et simplement sa rumination en se perdant dans le travail quotidien (Mounier, Traité caract.,1946, p. 266):
1. Ah! Madame, ce n'est vraiment pas bien, Quand on n'est pas la Joconde, D'en adopter le maintien Pour induire en spleens tout bleus le pauv'monde. Laforgue, Imit. Lune,1886, p. 232.
Vous vivez dans l'isolement, fuyant exprès toute société, dans la crainte qu'elle ne vous induise à mal (Murger, Scènes vie jeun.,1851, p. 132).
P. anal. Le serpent, le plus rusé des animaux, induit la femme, puis l'homme, à enfreindre la prescription de Iahvé relativement à l'arbre dont le fruit ferait d'eux des élohim (Renan, Hist. peuple Isr., t. 2, 1889, p. 349).
2. Qqc. induit qqn à + subst. ou inf., en + subst., dans + subst. (rare).Cela, tout induit à. [Les préjugés] peuvent nous fausser l'esprit, nous induisant à tenir pour bons tous les arguments qui les favorisent et pour nul tout ce qui leur paraît contraire (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 446).Toutefois les interférences du spéculatif et du pratique, dans l'ordre éthique lui-même, ne doivent pas nous induire à confusion (Maritain, Human. intégr.,1936, p. 73):
2. L'inefficacité de cette première méthode m'induisit à tenter un autre procédé, celui d'un travail scientifique et qui intéressât mes facultés cérébrales, en même temps qu'il occuperait mes mains. Bourget, Actes suivent,1926, p. 38.
Rem. ,,Induire en erreur, que l'on déforme parfois par plaisanterie en : enduire dans l'erreur (tant qu'un tel jeu de mots est senti comme un vrai jeu de mots, il est utile à la langue, car il sert à maintenir consciente la distinction entre deux paronymes)`` (Dupré 1972). La confusion est faite parfois ds la lang. pop. Cette recommandation : « Faites attention de ne pas vous salir à la porte, car, rapport aux serrures, je l'ai faite « induire » d'huile (Proust, Sodome, 1922, p. 765).
B. − LOGIQUE
1. Tirer (une conséquence) par induction, en généralisant. Synon. usuel conclure, inférer; anton. déduire.Induire qqc.; induire qqc. de qqc; en induire que; être porté à induire que, il y a lieu, il est permis d'en induire que...
Qqn induit qqc.1(de qqc.2)
[Le compl. d'obj. est un subst.] De l'expérience commune, on ne saurait induire l'inexistence des exceptions (Massis, Jugements,1923, p. 82).Toutes les fois où nous constatons un arrangement dû à l'art, nous induisons l'existence d'un artisan (Gilson, Espr. philos. médiév.,1931, p. 82).
Emploi pronom. à valeur passive. Les concepts s'induisent à partir des faits dont, une fois induits, ils deviendront les juges (Gilson, Espr. philos. médiév.,1931p. 10).Le vouloir ne peut donc se déduire d'un pouvoir-vouloir qui le rendrait possible; mais il ne peut davantage s'induire d'un vouloir secondaire, dont il serait la volonté ou qui serait voulu par lui (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 234).
[Le compl. d'obj. est une prop. complétive] De ce que la force étouffe la sensibilité, il n'y a pas lieu d'induire que la sensibilité n'existe pas (Balzac, Corresp.,1825, p. 262).La lune n'a point d'atmosphère, et nous avons tout lieu d'induire des observations que sa surface est vouée à une stérilité permanente (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 88).
Emploi abs. Induire et généraliser; la faculté d'induire. Quand ils [les mathématiciens] cherchent leurs principes, ils induisent, et puis, quand ils ont trouvé, ils déduisent (C. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 212).
2. P. ext., littér. Tirer (une conclusion) d'un fait ou d'une affirmation, par induction ou par déduction. Synon. (abusif) déduire.Induire qqc.1de qqc.2Qu'en induisez-vous? J'en induis que... Si elle entendait (...) un bruit de piano, un écho de chansonnette, elle induisait : « Ils ont du monde en bas, c'est à la gaieté » (Proust, Guermantes 1,1920, p. 16).
a) Qqn induit qqc.1(de qqc.2).À quelques signes les amis du malheureux induisent la « mégalomanie », se demandent à quel médecin ils confieront le malade (G. Bataille, Exp. int.,1943, p. 235):
3. ... je ne pus m'empêcher de considérer un instant les yeux de Françoise d'où tous les espoirs s'étaient enfuis, en induisant de ce présage l'imminence du retour d'Albertine, comme un amateur de sports d'hiver conclut avec joie que les froids sont proches en voyant le départ des hirondelles. Proust, Fugit.,1922, p. 468.
b) Qqn induit (de qqc.1) à qqc.2(rare).Il est téméraire d'induire du passé à l'avenir, puisque deux moments de la civilisation ne sont jamais identiques (Bourget, Essais psychol.,1883, p. 61).Rien ne nous permet d'induire à une plus grande dissipation des éléments constitutifs du rêve (Breton, Manif. Surréal., 1erManifeste, 1924, p. 25).
C. − ÉLECTR., PHYS. Produire un phénomène d'induction, les effets de l'induction. Induire des courants électriques.
1. Qqn induit qqc.Le courant obtenu [dans une bobine par une tension sinusoïdale] peut être utilisé pour induire un autre courant dans un circuit spécialement accordé sur tel ou tel harmonique (J. Mercier, Radio-électr., t. 1, 1937, p. 85).
2. Qqc. induit qqc.Avec les couplages, l'évolution d'un ensemble de diverses particules dépend de produits d'opérateurs des différents champs associés, induisant des créations et absorptions pour ces particules (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 390).
Emploi pronom. réciproque. [Dans le variomètre utilisé en T.S.F. les] deux enroulements s'induisent mutuellement, en additionnels ou en différentiels, suivant les positions de la bobine mobile (Coustet, T.S.F. prat.,1924, p. 191).
D. − P. anal. (de C).
1. Littér. Influencer ou provoquer. Un ensemble d'exercices destinés (...) à induire des états comparables à celui d'hypnose; ils se systématisèrent dans le « yoga » (Bergson, Deux sources,1932, p. 236).Une sorte d'incantation destinée à induire chez eux des expériences analogues à celles du philosophe (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 70).
2. Spécialement
a) BIOL. Déterminer l'induction de. Induire la croissance, la différenciation (d'une ébauche, d'un tissu, d'un organe). La corde dorsale (...) a joué un rôle squelettique, en induisant la formation de membranes (...), puis de cartilage, puis de tissu osseux (Cuénot, J. Rostand, Introd. génét.,1936, p. 67).Ces éléments sont ainsi devenus le support d'une hérédité aussi bien formelle que physiologique, induisant aussi bien la formation des protéines structurales que celle des enzymes (Morand, Confins vie,1955, p. 165).Moewus a montré (...) qu'à chaque palier de la dégradation la substance produite agit spécifiquement pour induire la motilité, déclencher l'attraction des gamètes, ou différencier le sexe (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 793).
b) ÉCON. Provoquer. Induire des profits. Elle peut procéder à de nouveaux abaissements de prix qui induisent de nouvelles augmentations de débit chez les industries mues (Perroux, Écon. xxes., 1964, p. 150).
Prononc. et Orth. : [ε ̃dɥi:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. [xiiies. d'apr. Bl.-W.1-5] 1355 « amener quelqu'un à faire quelque chose » (Ordonnance ds Isambert, Recueil général des lois, t. 4, p. 739); 2. [xives. Oresme d'apr. Bl.-W.1-5] 1530 « tirer une conclusion » (Palsgr., p. 467a); 1933 ling. subst. masc. induit (Mar. Lex.). II. 1866 électricité induite (J. S. Mill, Système de logique déductive et inductive, p. 454); 1890 électr. subst. masc. (Lar. 19eSuppl.); 1883 électr. induire (E. Jacquez, Dict. d'électr. et de magnétisme, p. 111). I réfection d'apr. le lat. inducere « conduire vers, amener à » de l'a. fr. enduire « amener à l'esprit » (ca 1285 Huon de Cambrai, Regrets N.D., éd. A. Långfors, 25, 10, var. ms. B.N. fr. 1553) (v. enduire1); le sens 2 s'est développé à partir de induction* terme de log., cf. le lat. médiév. inducere (ca 1300 ds Latham). II empr. à l'angl. to induce terme d'électr., issu du lat. inducere « conduire vers ». Fréq. abs. littér. : 286. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 258, b) 340; xxes. : a) 381, b) 582.