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INCLINER, verbe
I. − Emploi trans.
A. − [L'obj. désigne un inanimé concr.] Placer, disposer avec un certain angle par rapport à un plan, en particulier celui de l'horizon. Incliner un flacon (pour verser le liquide), le plateau de la balance, une surface. On incline un peu les mâts de certains bâtiments sur l'arrière (Ac.1835-1935).Une toilette inclinait son miroir de Venise à biseaux sur une nappe de guipure (Gautier, Fracasse,1863, p. 94).Elle inclina la cruche. Il but en la regardant (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 64):
1. Dans sa hâte d'en finir, il manqua de faire glisser toute la vaisselle du plateau qu'il inclinait trop vers la droite, et quoiqu'il évitât cet accident, la sueur n'en coula pas moins sur son front. Green, Moïra,1950, p. 200.
Incliner sa route vers. Obliquer par rapport à la direction suivie vers (telle direction). On incline la route vers ouest-sud-ouest (Baudry Des Loz., Voy. Louisiane,1802, p. 155).
[Suivi gén. d'une indication de mesure ou de direction]
1. Au passif. Mais l'axe terrestre est incliné d'une quantité notable (Lapparent, Abr. géol.,1886, p. 13).
2. Emploi pronom. à sens réfl. Deux droites qui s'inclinent l'une sur l'autre forment un angle aigu; l'écliptique s'incline vers l'équateur de vingt-trois degrés et demi (Ac.1835-1935).Ce fut un soulagement pour tous de voir le navire s'incliner sur la gauche et tracer sa nouvelle route (Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 158).
a) [Le suj. désigne un terrain] S'abaisser, être en pente. L'endroit où le dos de la colline s'arrondit pour s'incliner en deux pentes contraires (Lamart., Raphaël,1849, p. 291).
b) [Le suj. désigne le soleil] Littér. Décliner sur l'horizon. Je regardais la marche du soleil qui s'inclinait vers l'horizon (Constant, Adolphe,1816, p. 88).
B. − Mettre en position oblique ce qui est normalement ou naturellement vertical; courber vers le sol, faire pencher.
1. [L'obj. désigne une plante ou un inanimé concr., qui peut être un élément du sujet] Étangs silencieux, sur la surface desquels des roseaux chevelus et des joncs inclinaient leurs tiges endormies (Gozlan, Notaire,1836, p. 109).Le vent qui inclinait mollement les branches glissa sur leurs corps étendus (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 430).
Emploi pronom. L'arbre s'incline sous le poids des fruits. Cinq étages, une vieille maison branlante qui s'inclinait sur le côté, avec ses planchers qui craquaient et ses plafonds vermoulus (Rolland, J.-Chr., Maison, 1909, p. 963).Parfois le cerceau prend un élan, se sauve. La pointe du bâton le poursuit, sans parvenir à le toucher. Et il s'incline légèrement, il vire (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 178):
2. ... quand la rivière déborde, le roseau s'incline et se ploie, et l'inondation s'écoule sans le briser; après quoi il se redresse et se relève dans toute sa vigueur et jouit de sa nouvelle vie. Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p. 237.
2. [Le suj. désigne un être animé, l'obj. désigne une partie (gén. le haut) de son propre corps] Courber plus ou moins profondément, parfois dans un geste de salutation, de respect. Incliner la tête devant qqn; incliner son front sur un livre; remercier en inclinant la tête. L'enfant, qui écoute sonner les cloches de l'église voisine (...) incline la tête, en mesure, à chaque vibration de l'airain (Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 28).On avait vu d'abord l'âne inclinant l'oreille (Jammes, Géorgiques, chant 1, 1911, p. 43).Elle le regardait s'en aller, remarquant qu'il marchait, la tête inclinée vers l'épaule, presque de biais (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 177):
3. Elle repart même avant le signe. Et elle incline le buste en avant et puis elle se redresse en exprimant l'effort. Elle se penche à droite, à gauche (...). Elle se reprend à chanter. Duhamel, Cécile,1938, p. 68.
Emploi pronom. réfl. S'incliner devant l'autel, devant un cercueil; s'incliner en signe d'assentiment; s'incliner légèrement, poliment, profondément; saluer en s'inclinant. Il se courbe devant elle et s'incline avec respect sur la main qu'elle lui offre (Cottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 154).Sa tête s'incline comme un roseau brisé (Musset, Confess. enf. s.,1836, p. 361).À l'avant, le torse du rameur s'incline et se relève (Martin du G., J. Barois,1913, p. 489).Ce Français (...) combattu par une partie des troupes et devant qui s'inclinaient les drapeaux (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 263).
Au fig. S'incliner devant (qqn, qqc.)
Témoigner son respect, sa déférence à; se prosterner devant. S'incliner devant l'autorité, le deuil de qqn. L'univers s'incline devant son créateur (Ac.1835-1935).Les plus beaux génies italiens s'inclinent devant ce génie fraternel (Ozanam, Philos. Dante,1838, p. 7):
4. Dans notre pays, où l'on veut que le talent soit patenté pour le reconnaître, les bourgeois ne s'inclinent que devant l'écrivain qui porte l'estampille de l'Institut. Zola, Romanc. natur., Balzac, 1881, p. 37.
[Dans une discussion, une compétition, une lutte] Se reconnaître vaincu. S'incliner devant ses adversaires. Comment se fait-il donc que [l'équipe de] Rouen qui au minutage domina se soit incliné si nettement [devant Bordeaux]? (L'Œuvre,3 mars 1941).
Reconnaître la valeur, la supériorité (de quelque chose); se soumettre à (quelque chose). S'incliner devant un avis, la loi, un verdict. Si le gouvernement croit devoir passer outre à mes objections, je m'inclinerai devant sa décision (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 11).Je m'incline devant la compétence de M. Rumelles, et suis aussi sensible que quiconque à la force de son argumentation (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 350):
5. ... mais Henriette, lorsqu'on fixa le jour de son mariage, ne savait si elle devait rire aux éclats d'une illusion si ridicule de tout ce monde, ou s'incliner terrassée, brisée devant une confiance et une volonté si nettes, si imperturbables. Duranty, Malh. H. Gérard,1860, p. 309.
Absol. Se soumettre, obéir. C'était le grand mot, il fit plier Doloir lui-même. D'habitude, bien qu'il se laissât guider en toutes choses par sa femme, il n'aimait pas qu'elle usât de sa puissance devant le monde. Mais, cette fois, il s'inclina (Zola, Vérité,1902, p. 68).Napoléon conçut alors l'espoir qu'allié des Russes contre l'Angleterre (...), il la forcerait à s'incliner (Bainville, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 123).
C. − Au fig., vieilli ou littér. Incliner (qqn) à
1. Incliner qqn à qqc.[Le compl. prép. désigne une disposition naturelle, une tendance, un état] Donner une impulsion (à quelqu'un) en faveur de quelque chose, amener à. Synon. rendre enclin à.Incliner qqn à la bienveillance; tempérament qui incline qqn à l'hypocrisie, au mensonge. Époque, où un sentiment sympathique nous incline à l'amour (Borel, Champavert,1833, p. 142).Sa digestion l'inclinait à un bien-être somnolent (Martin du G., Devenir,1909, p. 83):
6. Il a passé près d'une semaine à Paris et j'ai cru qu'il allait calmer le patron, l'incliner à la conciliation (...). Malheureusement, Nicolle est parti. Nous sommes retombés tout de suite dans les murmures et les commérages. Duhamel, Maîtres,1937, p. 139.
Incliner qqn vers qqn.Là où elle [la solidarité] est forte, elle incline fortement les hommes les uns vers les autres (Durkheim, Division trav.,1893, p. 28):
7. Il y a les sentiments qui nous inclinent, qui nous conduisent vers Dieu, qui nous mènent, qui nous ramènent à Dieu (...); il y a le versant, le plan incliné, l'inclination, l'inclinaison qui nous fait glisser, qui nous fait tomber du côté de Dieu. Péguy, Myst. charité,1910, p. 147.
P. anal., rare. Ils [les chats] cherchent le silence et l'horreur des ténèbres; L'Érèbe les eût pris pour ses coursiers funèbres, S'ils pouvaient au servage incliner leur fierté (Baudel., Fl. du Mal,1857, p. 105).
Absol. Avoir une certaine influence. Il est admis en astrologie que les astres inclinent ou influencent, mais ne commandent pas (Maeterl., Ombre des ailes,1936, p. 165).
2. Incliner qqn à + inf.Amener quelqu'un à (penser, faire) quelque chose. Les événements m'inclinent à penser que. Les souvenirs de son enfance, de Gottfried et des humbles (...) l'inclinaient à croire que ses véritables amis étaient de ce côté (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1276):
8. Proust ne s'est séparé du monde que pour construire un monde. La maladie aida sans doute à ce renoncement, mais elle eût aussi bien pu l'incliner à rechercher le luxe, les compagnies faciles, une mollesse qui l'aurait diverti de son mal. Mauriac, Écrits intimes, Du côté Proust, 1947, p. 213.
3. Absol. Influencer, gagner à soi. Incliner la pensée, la volonté de qqn. Ses discours sont des enseignemens qui subjuguent les convictions et qui inclinent les consciences (Ozanam, Philos. Dante,1838, p. 15).
II. − Emploi intrans.
A. − [Le suj. désigne un inanimé concr., un élément naturel] Pencher légèrement, insensiblement
1. en présentant un angle avec un plan, en particulier celui de l'horizon. La pente incline vers le rivage. L'église [d'Auch] n'est pas exactement placée vers l'orient; elle incline un peu vers le nord-est (Stendhal, Mém. touriste, t. 3, 1838, p. 161).
2. en s'écartant du plan de la verticale. La colonne semble incliner à gauche; cette balance incline plus d'un côté que de l'autre (Ac.1835-1935).Nous nous endormîmes (...), bercés par le balancement insensible d'une mer qui faisait à peine incliner le mât (Lamart., Graziella,1849, p. 154).
3. P. anal. Synon. de tendre à, vers.Je comprends. Vous voulez saisir le moment précis où le plein cintre incline vers l'ogive, et engendre les quatre feuilles, les trèfles, les roses, enfin toutes les merveilles qui sont en germe dans le gothique (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 241).La couleur dégénère et, ternissant le pur accord de jaune et de bleu, incline au marron (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 349).
B. − Au fig. Incliner à (vers, de)
1. [Le suj. désigne un inanimé abstr.] Évoluer de telle ou telle façon. La victoire incline de ce côté. L'armée commence à obtenir l'avantage dans une bataille. (Ds Ac. 1798-1935). La philosophie de Platon (...) était mieux organisée qu'aucune autre pour se prêter à deux tendances contraires : pour incliner vers le mysticisme et vers le pyrrhonisme (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 561).Cette revue incline résolument vers la gauche (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1226).
2. [Le suj. désigne une pers.]
a) Incliner à qqc.Être amené à (tel état d'esprit), se sentir porté vers (telle tendance). Incliner à la bienveillance, à l'indulgence, à la modération. Ambroise [Paré], qui inclinait déjà vers la religion réformée, finit par l'adopter (Balzac, Cath. de Médicis, Martyr calv., 1841, p. 135):
9. − Vous me proposez, fils de Monique, une solution correcte, dit le Seigneur, et qui s'accorde avec ma sagesse. Mais elle ne contente point ma sagesse. Mais elle ne contente point ma clémence. Et, bien qu'immuable par essence, à mesure que je dure, j'incline davantage à la douceur. France, Île ping.,1908, p. 50.
b) Incliner à + inf.Avoir tendance à, être amené à. J'incline à penser, à croire que. Le peuple français, savourant la joie d'être libre, incline à croire que toutes les épreuves sont finies (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 3):
10. L'homme incline davantage à faire prévaloir le droit pur, rigoureux, impitoyable; la femme tend à régner par la charité et l'amour. Proudhon, Pornocratie,1865, p. 38.
REM. 1.
Inclinable, adj.[En parlant d'un inanimé concr.] Dont on peut régler l'inclinaison. Synon. partiel réglable.Voiture à sièges inclinables (Defert, Pol. tour. Fr.,1960, p. 71).
2.
Inclinant, adj. masc.,astron. Cadran inclinant. Cadran solaire tracé sur un plan qui incline du côté du midi (d'apr. Ac. 1798-1935; dict. xixeet xxes.).
3.
Inclinomètre, subst. masc.a) Appareil servant à mesurer une inclinaison, dont le modèle le plus simple comporte un niveau et un dispositif permettant la lecture directe de l'angle d'inclinaison, utilisé notamment dans l'aviation et la marine, en mécanique, en topographie. Synon. clinomètre/clinoscope (s.v. clino-).La bille dorée de l'inclinomètre bondit (Chambe, Enlevez cales,1935, p. 106).Inclinomètre à pendule (Pétrol.1964).b) Phys. Instrument servant à mesurer l'inclinaison magnétique au moyen des courants induits, dans un circuit mobile, par le champ terrestre. V. J. phys. et Radium, 1923, p. 700.
Prononc. et Orth. : [ε ̃kline], (il) incline [ε ̃klin]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Trans. 1. 1213 incliner (qqn) « (le) saluer en inclinant la tête » (Fet des Romains, éd. L.-F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, p. 486, 33); 2. fin xiiies. « pencher, baisser (la tête) » (Roland, ms. Châteauroux, éd. W. Foerster, XXXIV, 1); 3. début xvies. incliner (qqn) « (le) soumettre » (J. Fossetier, Cron. Marg., ms. Bruxelles 10512, X, 1, 12 ds Gdf. Compl. : Je inclineray Aphricque et toutes les autres terres soubz ma volenté); 4. 1596 « mettre dans une position oblique » (Hulsius). B. Intrans. 1. 1358 fig. incliner à « être favorable à » (Ordonn. des Valois ds Isambert, Rec. des anc. lois fr., t. 5, p. 37 : inclinans à leur supplication); 2. 1370-72 « être porté (vers quelque chose) » (Oresme, Ethiques, I, 16, éd. A. D. Menut, p. 134); 3. 1671 au propre « pencher » (Pomey). Empr. au lat.inclinare « faire pencher, pencher »; a supplanté l'a. et m. fr. encliner (enclin*). Fréq. abs. littér. : 2 759. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 845, b) 4 437; xxes. : a) 3 936, b) 4 560. Bbg. Pinchon (J.). Questions de vocab. Fr. Monde. 1968, no60, p. 54. - Quem DDL t. 13 (s. v. inclinomètre).