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INCARNER1, verbe trans.
MYTH. et RELIG.
A. − Revêtir (une divinité, un être spirituel) d'un corps charnel, d'une apparence animale ou humaine. (Dict. xixeet xxes.).
Emploi pronom. réfl. S'incarner dans, en + compl.Prendre l'apparence de. Les dieux de l'Inde se sont incarnés plusieurs fois dans la forme humaine et même dans des formes animales, pour la rédemption du monde (Ménard, Rêv. païen,1876, p. 116).En Grèce, Jupiter s'incarnait en taureau pour séduire Europe (Montherl., Bestiaires,1926, p. 511) :
1. Le Christ, pour lui [St Luc], est donc Dieu, mais il est homme. Il est l'homme s'élevant à Dieu et s'identifiant avec Dieu; ou bien il est Dieu se faisant homme, s'incarnant dans l'homme, mais d'une façon indissoluble. P. Leroux, Humanité, t. 2, 1840, p. 877.
B. − Au fig.
1. Incarner qqc.Représenter (une notion abstraite) sous une forme matérielle et visible. Synon. figurer.C'est en lui que se meuvent les grandes forces obscures qu'il incarne dans les princesses furibondes; forces toujours pareilles d'une tragédie à l'autre (Mauriac, Vie Racine,1928, p. 118).La ligne qui incarne le mieux la vie, nous le savons, est la courbe. Rubens composera donc selon des courbes (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 217) :
2. Le fait d'incarner, pour mes compagnons le destin de notre cause, pour la multitude française le symbole de son espérance, pour les étrangers la figure d'une France indomptable au milieu des épreuves, allait commander mon comportement et imposer à mon personnage une attitude que je ne pourrais plus changer. De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 111.
Emploi pronom. passif. S'incarner dans, en + compl.Se matérialiser sous la forme de. L'homme ne vit pas seulement d'idéal; il faut que cet idéal s'incarne et se résume pour lui dans les institutions sociales (Lamart., Destinées poés.,1834, p. 421).Robert tient solidement à quelques idées et nous étions sûrs avant la guerre qu'elles s'incarneraient un jour dans la réalité (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 49) :
3. Ces hommes en qui l'islamisme s'est incarné jusqu'à faire partie d'eux, jusqu'à modeler leurs instincts, jusqu'à modifier la race entière et à la différencier des autres au moral autant que la couleur de la peau différencie le nègre du blanc, sont menteurs dans les moelles au point que jamais on ne peut se fier à leurs dires. Maupass., Contes et nouv., t. 1, Allouma, 1889, p. 1313.
[Dans le vocab. de la philos. relig. vers les années 1950] « S'incarner », pour les Chrétiens d'Action catholique en 1938, c'était (...) créer des institutions chrétiennes, ou infléchir les institutions existantes dans le sens du christianisme. Et l'on faisait appel au mystère de l'Incarnation dans la mesure où « en assumant une humanité, c'est tout l'ordre de la création qui est mis en contact intime avec la divinité ». « S'incarner » pour les Chrétiens de 1944, c'est désormais « se faire semblable à »; c'est, pour l'apôtre, devenir un homme parmi les hommes auxquels il est envoyé, devenir en particulier un ouvrier parmi les ouvriers (B. Besret, Incarnation ou Eschatologie? Paris, éd. Du Cerf, 1964, p. 65).
2. Incarner qqn (gén. en parlant d'un acteur).Interpréter un personnage au point de s'identifier à lui. Un interprète qui, supprimant tous les gestes inutiles, arrive à incarner son personnage avec le maximum de simplicité est un grand comédien (Arts et litt.,1936, p. 60-7).Quant à Olivier, c'est sans conteste un grand acteur. Qu'il puisse, avec le même succès, incarner tour à tour le fringant jeune officier du Arms and Men de Shaw et le vieux Lear, tient du prodige (Gide, Journal,1946, p. 302).
Prononc. et Orth. : [ε ̃kaʀne], (il) incarne [ε ̃kaʀn̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1350 relig., au part. passé (Gilles Li Muisis, II, 105 ds T.-L. : Dieus li fieuls incarnés); 1681 pronom. (Bossuet, Hist., II, 11 ds Littré : Le Verbe s'est incarné); 2. 1580 « représenter quelque chose d'abstrait sous une forme matérielle » (Montaigne, Essais, I, 44, éd. A. Thibaudet, p. 308); 3. 1874 « interpréter un rôle (dans un spectacle) » (Mallarmé, Dern. mode, p. 785). Empr. au lat. eccl.incarnare (formé sur caro, carnis « chair ») « entrer dans un corps » et spéc. en parlant du Christ « revêtir la forme humaine »; cf. en ce sens l'a. fr. soi encharner (1119-xiiies. ds T.-L.; v. aussi Gdf. Compl. et Hug.).