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IMPLANTER, verbe trans.
A. − Planter une chose dans une autre, insérer. Implanter des fleurs sur un arbuste. Il [le chêne] pousse sa radicelle vers le sol et l'y implante (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 15).On y remédia, vers le milieu du xvesiècle, en implantant à l'arrière un troisième mât, le mât d'artimon, garni, celui-là, d'une voile latine (P. Rousseau, Hist. transp.,1961, p. 125).
CHIR. Pratiquer une implantation :
1. La méthode de la greffe, qui consiste à implanter dans l'organisme sénilisé un organe ou un fragment d'organe provenant d'un organisme jeune, est l'une des plus séduisantes... J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p. 127.
Emploi pronom.
a) [Sans valeur affective] Se fixer dans, s'introduire. Une bouche lippue d'ivrogne et de satyre, un menton à verrue où s'implantaient quelques poils (Gautier, Fracasse,1863, p. 21).Je m'assis un instant sur le parapet de pierre dans lequel s'implante la grille du Luxembourg (Duhamel, Confess. min.,1920, p. 111).
P. ext. S'acclimater. Les terrains meubles et friables où la forêt n'avait pu qu'imparfaitement s'implanter (Vidal de la Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 40).L'aramon, qui redoute l'échaudage, n'a pu s'implanter ni dans les régions collinaires du midi de la France ni en Algérie (Levadoux, Vigne,1961, p. 44).
b) [Avec valeur péj.; cf. implantation A spéc. tératologie] S'insérer plus ou moins bien :
2. ... Courtois le cadet était bossu d'une manière complexe et, si j'ose dire, selon tous les méridiens. Son torse, monstrueux, en forme de barrique, semblait posé de guingois sur les jambes, et la tête elle-même s'implantait de guingois sur le torse. Duhamel, Notaire Havre,1933, p. 98.
B. − Au fig. Faire pénétrer une idée ou un sentiment, de manière durable, dans l'esprit de quelqu'un. Implanter une conviction, des préjugés :
3. ... c'est, sans une parole directe, sans une franche tentative de s'expliquer, une protestation sourde et soutenue par quoi elle cherche à implanter en son fils le sentiment qu'il fait quelque chose de douteux. Montherl., Olymp.,1924, p. 246.
ÉCON. Installer en un endroit précis des unités de production, favoriser des mouvements de main-d'œuvre, fixer une population qui autrement émigrerait. Implanter de la population, des usines :
4. ... les grands groupes d'intérêts du xxesiècle, les banques d'affaires alliées à des industries et appuyées par des administrations, implantent [it. ds le texte] des ensembles industriels, c'est-à-dire des combinaisons consciemment construites d'établissements ou de firmes qui remplissent plusieurs fonctions économiques entre elles liées. Perroux, Écon. xxes., 1964, p. 182.
Emploi pronom. Se fixer dans un lieu particulier, de manière durable. S'implanter à l'étranger. Tant de fois transplantés, nous nous implantons ici, et nous ne pensons plus réellement au départ, même lorsque nous en parlons (Barbusse, Feu,1916, p. 99).
Fam. et péj. Rester d'une façon abusive, s'incruster. Une maxime constante qui fut de n'en jamais laisser un seul s'implanter chez ma tante (Proust, Swann,p. 123).
REM. 1.
Implantable, adj.Susceptible d'être implanté. [Les industries fortement compétitives] sont facilement implantables dans les pays de main-d'œuvre faiblement qualifiée (Univers écon. et soc.,1960, p. 26-5).
2.
Implantateur, subst. masc.,hapax. Celui qui implante. Le réunisseur des peuples, l'implantateur de l'unité (Claudel, Repos 7ejour,1901, I, p. 812).
3.
Implanteur, subst. masc.,hapax. Celui qui plante ou implante. C'est la réponse suprême que la vigne élue réservait à son implanteur (Claudel, Poète regarde Croix,1938, p. 139).
Prononc. et Orth. : [ε ̃plɑ ̃te], (il) implante [ε ̃plɑ ̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1539 anat., réfl. « se fixer sur, adhérer à » (J. Canappe, 6elivre de la méthode thérapeutique, p. 87 ro); 1611 en gén., trans. « insérer, fixer dans » (Cotgr.); 1719 spéc. méd. « introduire une substance dans un organe pour en modifier le caractère » (Journ. des Sc., p. 597). Prob. empr. au lat. méd. implantare (FEW t. 9, p. 25b; EWFS2), le mot apparaissant en fr. dans une trad. de Galien, plutôt qu'adaptation de l'ital. impiantare (Bl.-W.1-5; Hope, p. 202). Fréq. abs. littér. : 94.