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IMPASSIBLE, adj.
A. − THÉOL. Qui n'est pas susceptible de souffrance. Si nous étions impassibles dans la vie, l'idée de la mort serait intolérable; mais les douleurs nous aliènent (Senancour, Obermann, t. 2, 1840, p. 170) :
1. ... Malebranche a l'air de dire quelque part que le Verbe se serait incarné, même quand le péché n'aurait pas eu lieu. Mais alors on ne voit pas pour quelle fin. Ce Christ non souffrant et impassible n'eût été qu'une sorte de luxe de la nature humaine et un ornement. Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 264.
B. − P. ext.
1. [En parlant d'une pers.]
a) Qui ne laisse paraître aucune émotion, qui reste indifférent. Mademoiselle Sophy qui, froide et impassible, contemploit avec joie la belle et touchante Annette à ses pieds (Balzac, Annette,1824, p. 203).Roland, mon ami, il faut que vous soyez fort, muet, impassible, comme si vous ne m'aviez jamais vue (Ponson du Terr., Rocambole, t. 5, 1859, p. 20) :
2. Je me sentais ému, mais sans tendresse, retenu par la crainte de n'être pas assez impassible, de manifester ce bonheur ou cette inquiétude que les femmes ne savent pas distinguer l'un de l'autre... Abellio, Pacifiques,1946, p. 186.
P. anal. Les dromadaires impassibles marchent lentement, comme en cadence (Du Camp, Nil,1854, p. 55).
b) Qui ne se laisse émouvoir par aucune considération extérieure. Le tribunal, impassible, rapide et indifférent, rendait la justice en série (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 60).
2. [En parlant d'un trait de caractère, d'un élément de la personnalité] Qui n'exprime aucune émotion, aucun trouble. Style, visage impassible. Le docteur Sivermarus, dont vous connaissez l'impassible gravité, avait sans cesse son mouchoir à la main (Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1910).Tel était le sens de son impassible sourire (Bernanos, Joie,1929, p. 577) :
3. ... elle s'attendrit, et quand il fallut se quitter, ce fut en pleurant qu'elle baisa son pauvre Henry sur les deux joues. Henry alluma de suite un cigare et prit une tenue impassible; mais à peine la voiture s'était-elle ébranlée que le cigare l'étouffait... Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 17.
3. Au fig. Que rien ne peut affecter. Comme je descendais des fleuves impassibles, Je ne me sentis plus guidé par les haleurs (Rimbaud, Poés.,1871, p. 128).Les incendies de Bazeilles, les massacres d'Illy, les angoisses de Sedan n'empêchaient pas l'impassible nature d'être belle (Zola, Débâcle,1892, p. 354).Les façades de maisons demeuraient impassibles (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 3).
Prononc. et Orth. : [ε ̃pasibl̥]. [ε ̃pɑ-] ds Passy 1914. V. impasse. [-a-], en dehors de l'accent, dans tous les autres dict. V. aussi Martinet-Walter 1973. Le mot est att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Début xives. « qui n'est pas susceptible de souffrance » (Ovide moralisé, éd. C. de Boer, livre IV, 6376 : Diex immortelz, Diex impassibles); 2. a) av. 1778 « qui, par la force de son caractère, s'est bien mis au-dessus des douleurs et des émotions » (Volt., Dict. philos., Bien ds Rob.) b) 1797 « qui exprime ou reflète l'impassibilité » (Sénac de Meilhan, loc. cit.); 3. 1791 « qui ne se laisse pas détourner de son devoir, de son but » (Volney, Ruines, p. 158 : Il croit au destin aveugle et à l'impassible fatalité). Empr. au b. lat.impassibilis (composé de in- privatif et du b. lat. passibilis « susceptible de souffrance », dér. de passum supin du lat. class. pati « souffrir »), employé par les aut. chrét. au sens de « qui ne sent pas, qui ne souffre pas (en parlant de Dieu qui n'est pas soumis à la souffrance); sans passions »; les autres sens du fr. découlant d'une infl. de passion* (v. FEW t. 4, p. 557b). Fréq. abs. littér. : 863. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 936, b) 1 730; xxes. : a) 1 378, b) 1 114.
DÉR.
Impassiblement, adv.De manière impassible. Allé chez la marchesa (...). A cherché à m'impressionner avec une coquetterie bien tendre ou bien sournoise, mais je suis resté impassiblement doux, avec des prunelles de marbre fixées sur la flamme noire des siennes (Barb. d'Aurev., Memor. 2,1838, p. 255).[ε ̃pasibləmɑ ̃]. 1resattest. a) 1551 « sans souffrir, sans être soumis aux passions » (Leon Hebrieu, trad. P. de Tyard, II, 89 ds Z. rom. Philol. t. 28, p. 726 : Dieu, qui eternellement et impassiblement ayme), b) 1838 « de façon impassible » (Barb. d'Aurev., loc. cit.); de impassible, suff. -ment2*.