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IDÉAL1, -ALE, -ALS ou -AUX, adj.
A. − [P. oppos. à réel] Qui n'a qu'une existence intellectuelle, sans être ou sans pouvoir être perçu par les sens; en partic. qui a les caractères de l'idée. Synon. abstrait, idéel, théorique.Figure idéale; personnage, type idéal; êtres idéaux. Quel que soit l'objet idéal, nombre carré, ligne droite, figure, solide géométrique, vitesse, masse, force, si la définition qu'on en fournit est bien faite, il est entièrement et exactement exprimé par elle (Taine, Intellig., t. 2, 1870, p. 409).[Dans la démarche kantienne, les objets fournis par la raison] ne sont pas des objets, mais des schèmes idéaux sous lesquels se représente une unité systématique des objets donnés, achèvement de leur unité empirique (V. Delbos, La Philos. pratique de Kant, Paris, F. Alcan, 1926 [1905], p. 204) :
1. Tout ce qui est apparence pour les yeux, tout ce qui est idéal, non substantiel, n'existe pas pour le peuple. Il n'admet que le réel. Quand il a dit : « Cela n'existe pas », tout est fini. Renan, Drames philos., Caliban, 1878, IV, 4, p. 421.
Littér. Qui n'existe que dans l'imagination. Synon. chimérique, irréel.Il chiffonnait de la main un jabot idéal (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 177).
Spécialement
LITT. (symbolisme). Qui renvoie, qui correspond à l'Idée (v. ce mot II A 1) :
2. Ils [les Symbolistes] peuplaient leurs parcs enchantés et leurs sylves évanescentes d'une faune toute idéale. Chaque chose était allusion; rien ne se bornait à être; tout pensait, dans ces royaumes ornés de miroirs; ou, du moins, tout semblait penser... Valéry, Variété [I], 1924, p. 107.
SOCIOL. Type idéal. Type ou concept ayant une valeur purement opératoire, permettant en particulier de formuler des hypothèses, d'établir des comparaisons entre les différents faits de la réalité historico-sociale. Citons, à titre d'exemple, le type idéal que Weber construit du capitalisme, du charisme, de la bureaucratie, de l'artisanat (Sociol.1970) :
3. Max Weber a appliqué sa méthode de compréhension interprétative des sens internes conduisant aux types idéaux, en particulier à la sociologie des religions, à la sociologie juridique, à la sociologie politique et à la sociologie économique. Traité sociol.,1967, p. 56.
B. − [Non exclusif de A] Cour. Qui a toutes les qualités propres à son type, à son modèle et correspond à l'idée que l'on se fait de la perfection; qui présente le caractère élevé de la perfection. Monde idéal; femme, pureté, société idéale. Elle était d'une beauté splendide, grave, pâle, idéale, et que je ne lui connaissais pas (Barb. d'Aurev., Memor. 1,1838, p. 209).Tout homme qui se compare à un homme idéal, par exemple savant, tempérant, courageux, juste, se trouve aussitôt bien petit (Alain, Propos,1913, p. 154).Saint-Just rêve de la cité idéale où les mœurs, enfin conformes aux lois, feront éclater l'innocence de l'homme et l'identité de sa nature avec la raison (Camus, Homme rév.,1951, p. 159) :
4. Quand nous pensons, nous détachons de la réalité perçue comme un reflet embelli d'elle-même, nous projetons en avant de nous la vision d'un avenir où le présent se déploierait meilleur, nous créons un type supérieur au fait; et, à l'aide de cette forme idéale, nous mesurons le fait lui-même, nous l'apprécions. La notion du mieux est nécessaire à toute qualification. A. Ricardou, De l'Idéal, Paris, F. Alcan, 1890, p. 45.
Souvent fam. [En parlant d'une pers. ou d'une chose] Qui a ou semble avoir toutes les qualités que l'on peut souhaiter. Synon. parfait, rêvé.Couple, gendre idéal; maison idéale; vacances idéales. Un mari charmant, parfait, idéal, dont vous raffolerez, j'en suis sûr (Gautier, Fracasse,1863, p. 480).Je recommence à chasser cet animal aussi rare qu'il est farouche : l'appartement idéal (Green, Journal,1937, p. 112) :
5. Le vêtement (...) a subi en 1936 un profond changement pour s'adapter au nouveau style de vie. Le pantalon de golf et les chaussettes de laine, qui évoquaient jusque-là, dans les caricatures, le personnage de l'Anglais globe-trotter, se révélèrent comme la tenue idéale pour pédaler à l'aise... Cacérès, Hist. éduc. pop.,1964, p. 100.
Spécialement
BEAUX-ARTS. [P. oppos. à beauté naturelle] Beau idéal. La perfection dans l'art par opposition à la pure imitation de la réalité (v. idéalisme B 2). Ceux dont l'âme est ouverte au beau idéal, au sentiment ineffable que cause la perfection dans l'art (Balzac, Cous. Pons,1847, p. 154).Le réalisme, malgré les sursauts spectaculaires du caravagisme, avait été peu à peu résorbé, remis à sa place sous la férule de la beauté idéale (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 153) :
6. ... pourquoi une Vénus de Praxitèle toute nue, charme-t-elle plus notre esprit que nos regards? C'est qu'il y a un beau idéal, qui touche plus à l'âme qu'à la matière. Chateaubr., Génie, t. 1, 1803, p. 324.
MATH. Nombres idéaux. Classe de nombres possédant les propriétés de divisibilité des nombres entiers. Les nombres idéaux, comprenant les entiers algébriques mais pour lesquels la notion du pgcd[plus grand commun diviseur] reprend sa signification classique (Gds cour. pensée math.,1948, p. 84) :
7. ... les travaux de Kummer avaient ouvert tout un nouveau domaine de recherches, celui des corps de nombres algébriques. Sa théorie des nombres idéaux fut en particulier transformée par Dedeking, en 1871, en celle des idéaux qui se révéla des plus fécondes. Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 75.
PSYCHANAL. Moi idéal. ,,Formation intrapsychique que certains auteurs, la différenciant de l'idéal du moi, définissent comme un idéal de toute-puissance narcissique forgé sur le modèle du narcissisme infantile`` (Lapl.-Pont. 1967, s.v. moi). Le Moi Idéal conçu comme un idéal narcissique de toute-puissance ne se réduit pas à « l'union du Moi et du Ça », mais comporte une identification primaire avec un autre être, investi de la toute-puissance, c'est-à-dire à la mère (D. Lagache, La Psychanalyse et la structure de la personnalité ds La Psychanalyse, 1961, no6, p. 43) :
8. Pour ma part, je n'ai pas jugé nécessaire de distinguer entre Idéal du Moi et Moi idéal, dans la mesure où toute étude de l'Idéal du Moi implique celle des différents modes des reconquêtes du narcissisme perdu. J. Chasseguet-Smirgel, L'Idéal du Moi, Paris, Tchou, 1975, p. 267.
Prononc. et Orth. : [ideal], masc. plur. [-o]. Ac. 1694-1740 : ideal, ensuite -é-. Ac. 1762, 1798 ,,Il n'a point de plur. au masc.`` Ac. 1935 tolère un plur. idéals. Étymol. et Hist. a) 1551 formalité Ideale « qui participe à la nature des idées, et n'existe ou ne peut exister que dans l'intelligence ou dans l'imagination » (Du Parc Champenois, Trad. : L. Hébreu, Philosophie d'amour, 431-2 ds Quem. DDL t. 7); b) 1758 « qui réunit toutes les perfections que l'esprit peut concevoir, indépendamment de la réalité » (Buffon, Hist. nat., t. 7, p. 26). Empr. au lat. médiév.idealis « relatif à l'idée », dér. du lat. idea (v. idée); pour l'hist. de ce mot v. FEW t. 4, pp. 536-537. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 318. - Duch. Beauté 1960, p. 137.