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HUER, verbe
A. − Emploi trans. ou intrans., vieilli, VÉN. Pousser des cris pour rabattre du gibier. Huer le loup (Ac.). Ces hommes peuvent-ils être tenus pour fidèles à leurs engagements qui passent leur temps à chasser, à courir les bois, à huer et à corner au derrière des bêtes? (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 32).On huait du côté de Panici (...). C'était seulement un lièvre que le peloton avait débusqué et après lequel on avait crié (Giono, Bonh. fou,1957, p. 343).
B. − Emploi trans. Pousser des cris, des vociférations contre (quelqu'un, quelque chose) pour manifester son hostilité ou sa réprobation. Siffler, conspuer et huer.
[Le compl. d'objet désigne une pers.] Les tribunes se mêlaient à la discussion, applaudissaient et glorifiaient, sifflaient et huaient les orateurs (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 230).Il avait vu la foule acclamer, puis huer Wellington; acclamer, huer, puis adorer de nouveau Gladstone (Maurois, Disraëli,1927, p. 324).
Se faire huer.Dans le dernier procès pour délit de presse, (...) il a fait preuve d'une si insigne mauvaise foi qu'il s'est fait huer des petits garçons de la ville (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1836, p. 139).
[Le compl. d'obj. désigne une chose] Huer un spectacle, une pièce. Et la tête oscille au-dessus de la foule, acclamée, huée, insultée et bafouée, brandie au bout d'une pique (Lorrain, Phocas,1901, p. 282).
Emploi pronom. passif. Les sucres ont été présentés hier, et la loi a été huée (...). Je suis ferme pour un impôt modéré : nous ne sommes pas assez riches et assez injustes pour donner une prime de 70 F par hectare à la betterave en ruinant nos colonies et notre marine. Cela peut se huer, mais non se soutenir (Lamart., Corresp.,1836, p. 205).
Absol. L'abbé Morel me racontait sa conférence sur Picasso, en Sorbonne. Il y projetait de ses œuvres. La jeunesse étudiante, qui bondait l'amphithéâtre, ricanait, trépignait, huait (Cocteau, Diff. d'être,1947, p. 193) :
« Vous pouvez défendre votre frère devant les juges, mais non devant l'opinion. » − Je le défends partout! Telle a été la brave réponse, d'ailleurs accueillie par les huées d'un auditoire savamment composé. Huer n'est pas répondre, messeigneurs (...). Ce serait trop simple de se mettre en troupe pour hurler comme des sauvages et d'imposer par ce procédé primitif le mensonge et l'iniquité. Clemenceau, Iniquité,1899, p. 128.
C. − Emploi intrans. [En parlant de certains oiseaux, en partic. du héron, de la chouette, du hibou] Pousser son cri. Des plongeons huaient (Genevoix, Laframboise,1942, p. 74).
P. anal. Elles écoutaient le vent huer (Schwob, Monelle,1894, p. 101).
REM.
Hueur, subst. masc.Personne qui pousse des huées. Nous avions, en outre, organisé une bande de siffleurs, de hueurs et de conspueurs (Berlioz, Grotesques mus., Paris, M. Lévy, 1871 [1859], p. 259).
Prononc. et Orth. : [ye] init. asp., (il) hue [y]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 trans. « lancer (un chien) par ses cris » (Enéas, 6889 ds T.-L. : qui ... hue son chien); en partic. 1174-1200 « crier pour effrayer un animal et le faire sortir du lieu où il se terre » (ici un renard) (Renart, éd. M. Roques, br. XVII, 15407); cf. xiiies. « id. » (en parlant du loup) le leu huer (Du Fevre de Creeil, 174 ds Fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaut, t. 1, p. 237); 2. 1174-76 « couvrir quelqu'un de huées » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 1925); 3. ca 1175 intrans. « crier » (B. de Ste-Maure, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 3402 : Chascun i corne e crie e hue); en partic. 1279 « en parlant de certains oiseaux, ici le hibou » (Adenet Le Roi, Berte, éd. A. Henry, 706 : S'oÿ les leus uller et li huans hua). Dér. de l'onomat. hu, v. hue; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 126. Bbg. Olef (F.). Die Familien von frz. huer, hucher. Z. fr. Spr. Lit. 1979, t. 89, pp. 319-340.