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* Dans l'article "HOMME,, subst. masc."
HOMME, subst. masc.
I. − [Avec un déterm. de la généralité; ou bien sans art., ou encore au plur.] Être appartenant à l'espèce animale la plus développée, sans considération de sexe.
A. − BIOL. Mammifère de l'ordre des Primates, seule espèce vivante des Hominidés, caractérisé par son cerveau volumineux, sa station verticale, ses mains préhensiles et par une intelligence douée de facultés d'abstraction, de généralisation, et capable d'engendrer le langage articulé. Dans l'homme et dans la plupart des mammifères (Cuvier, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 386) :
1. De même, chez l'homme toutes les fonctions de l'animal se retrouvent, mais transformées. L'antique définition, répétée de siècle en siècle : l'homme [it. ds le texte] est un animal raisonnable, ne doit donc pas être entendue comme si l'on disait que l'homme est un animal, plus la raison, mais en ce sens que l'homme est un animal transformé par la raison. P. Leroux, Humanité, t. 1, 1840, p. 111.
2. ... comme tout animal supérieur, l'homme est un agrégat de plusieurs trillions de cellules, dont chacune représente un assemblage de molécules diverses. (...). En ce qui concerne la pensée, orgueil principal de l'homme, les pièces maîtresses de l'architecture biologique sont constituées par les cellules de l'écorce cérébrale. J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p. 199.
B. − [L'homme est identifié par des caractéristiques qui le distinguent des autres espèces et le situent par rapport à elles] Il faut aussi connoître les lois et les forces de l'univers pour étudier l'homme sous tous les rapports (Staël, Allemagne, t. 4, 1810, p. 94).L'homme n'est l'homme qu'à sa surface (Valéry, Tel quel I,1941, p. 196) :
3. ... le docteur Rodrigue a pris le terme d'« homme » dans son sens générique, considérant l'espèce humaine tout entière, abstraction faite du sexe... A. France, Chemise,1909, p. 199.
SYNT. Nature, essence, psychologie de l'homme; condition de l'homme; l'homme charnel, intérieur, moral, spirituel.
1. [Considéré dans son aspect phys.] L'étude de l'homme physique est également intéressante pour le médecin et pour le moraliste (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 111).
SYNT. Anatomie, corps, étude, représentation de l'homme; fonctions physiologiques de l'homme.
2. [Considéré dans son aspect morphol.] En faisant bien expliquer aux petits Namaquois que tu es l'homme blanc (Sue, Atar-Gull,1831, p. 13) :
4. À l'époque où, chez nous, Corneille donne Le Cid, les hommes rouges, Algonquins ou Mohawks, pénètrent parfois dans Broadway pour y massacrer les habitants. Morand, New-York,1930, p. 12.
SYNT. L'homme blanc, noir, métis; l'homme de couleur, l'homme de race jaune, rouge.
3. [Considéré dans son milieu géogr.] L'homme du Midi, placé comme le roi de l'univers sous le magnifique dais d'un ciel toujours pur et serein (Bonstetten, Homme Midi,1824, p. 202) :
5. L'homme des villes ne voit qu'insensibilité dans cet amortissement du cœur : il porte cependant, sous une primitivité incontestable, une vision des choses moins individualiste que la sienne [l'homme de la campagne], une mise en place cosmique plus ou moins confuse des événements privés qui affermissent l'égocentrisme bourgeois. Mounier, Traité caract.,1946, p. 84.
SYNT. L'homme du Nord, de l'Est; l'homme de la montagne, de la plaine, de la campagne; l'homme de la cité.
4. [Considéré comme un être social] La société des hommes; sous le regard des hommes. Aux yeux des Dieux et des hommes (Fustel de Coul., Cité antique,1864, p. 264).Être un homme parmi les hommes, lié aux hommes (Saint-Exup., Terre hommes,1939, p. 208) :
6. La politique prit le pas sur la religion, et le gouvernement des hommes devint chose humaine. Fustel de Coul., Cité antique,1864p. 416.
De mémoire d'homme. Une grande diablesse de jument, si haute que de mémoire d'homme personne ne se souvient d'avoir vu la pareille (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1539).
Droits de l'homme. V. droit3II A 1c spéc.
De main d'homme. La désagrégation des grès a engendré ses fantaisies pittoresques, qu'on prendrait de loin pour des constructions faites de main d'homme (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 189).
Exploitation* de l'homme par l'homme.
5. [Considéré dans sa nature morale, dans ses qualités ou ses défauts] Tout le monde peut faire la guerre. C'est le propre de l'homme (A. France, Vie fleur,1922, p. 476) :
7. As-tu calculé les degrés de l'homme? Vois son échelle : L'homme inique, l'homme dépravé, l'homme sensuel, l'homme sensitif, l'homme sensible, l'homme moral, l'homme spirituel, l'homme sapientiel, l'homme divin. Saint-Martin, Homme désir,1790, p. 337, 338.
a) [L'homme est considéré dans sa grandeur et dans ses limites à l'intérieur de l'univers] Cet infiniment petit qui s'appelle l'homme (Amiel, Journal,1866, p. 216) :
8. ... c'est de là qu'il [Pascal] est parti pour montrer la misère de l'homme par son côté périssable, et sa grandeur par son côté immortel. Il commence par le ravaler au-dessous des vers qui le rongent au sépulcre, pour le peindre ensuite glorieux avec la vertu dans des royaumes incorruptibles. Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 127.
Être un homme; être homme; porter le nom d'homme. Assumer sa condition d'homme dans sa grandeur et ses limites. Je t'ai appris qu'un menteur était indigne de la qualité d'homme (Baudry des Loz., Voy. Louisiane,1802, p. 46).Rougissais-tu de ce nom d'homme (Lamart., Harm.,1830, p. 444) :
9. Être homme, c'est précisément être responsable. C'est connaître la honte en face d'une misère qui ne semblait pas dépendre de soi. Saint-Exup., Terre hommes,1939, p. 166.
b) [Déterminé par le nom d'un philosophe ayant sa propre conception de l'homme] Les chapitres tant vantés sur l'homme de Pascal (Chênedollé, Journal,1832, p. 139).
c) [P. oppos. à l'individu civil, professionnel] L'individu humain. Dans l'homme d'affaires, retrouver l'homme (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 269).Montherlant − l'homme Montherlant (Paulhan, Fleurs Tarbes,1941, p. 199) :
10. Mais il ne me semblait pas pouvoir distinguer l'homme sous le prêtre : mon caractère sacerdotal l'attirait seul. Martin du G., J. Barois,1913, p. 537.
d) [Dans une perspective religieuse] L'homme ne pourra être guéri de son péché que lorsqu'il sera délivré de son soupçon quant à la méchanceté de Dieu (Philos., Relig., 1957, p. 40-2) :
11. ... Dieu puissant (...), tu m'as fait homme; tu m'as donné ta vie de force... Mussetds Revue des Deux Mondes,1832, p. 365.
[P. allus. à Paul, Rom. 6, Éph. 4] Dépouiller le vieil homme. Renoncer à sa vie de pécheur. Le baptême efface les péchés, nous dépouille du vieil homme, nous revêt de Jésus-Christ et nous régénère (Dict. théol. cath.,t. 14, 1, 1938, p. 515).
L'homme propose, Dieu* dispose.
[P. allus. à Jean 19,5] Voici l'homme ou ecce homo. Voici celui dont il était question (d'apr. Rey-Chantr. Expr. 1979).
6. [Considéré dans son histoire, dans son développement ou défini par sa situation dans l'histoire]
a) [Considéré dans une perspective évolutionniste] L'homme des cavernes (...) plaque sa main sur la paroi (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 106).L'homme du paléolithique supérieur a dû passer par une phase pré-hominienne puis par une phase néanderthaloïde (Teilhard de Ch., Phénom. hum.,1955, p. 222) :
12. ... l'extension inévitable de la théorie [évolutionniste] à l'origine de l'homme irritait le monde religieux. Des controverses passionnées et violentes se déchaînèrent; à l'évêque anglican Wilberforce qui affirmait l'origine divine de l'homme, Huxley répondait qu'il préférait « être un singe perfectionné, plutôt qu'un Adam dégénéré ». Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 547.
SYNT. Apparition, évolution, origine de l'homme; musée de l'homme; l'homme antédiluvien, fossile, préhistorique, primitif; l'homme de Cro-Magnon, de Grimaldi, de Néanderthal.
b) [Considéré dans une perspective relig.] Seul l'esprit, s'il souffle sur la glaise, peut créer l'homme (Saint-Exup., Terre hommes,1939, p. 261) :
13. Cet homme-humanité, émana d'abord de la pensée divine homme [it. ds le texte] et femme à la fois, réunissant dans son unité les deux principes : « Dieu dit : faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur toute la terre. Dieu donc créa l'homme à son image; il le créa à l'image de Dieu : il les créa mâle et femelle. » Voilà l'homme androgyne, comme le sont encore certains êtres. P. Leroux, Humanité, t. 2, 1840, p. 525.
Le premier homme. Adam. Lorsque le Tout-Puissant eut formé le premier homme du limon de la terre (Chateaubr., Martyrs, t. 2, 1810, p. 157).L'Éternel interdisant au premier homme de manger du fruit d'un certain arbre (Gen., II, 17) (Philos., Relig., 1957, p. 32-5).
[Dans le mystère de l'Incarnation] Le fils de l'homme; Dieu fait homme. Jésus-Christ. Et l'on verra tomber du front du fils de l'homme La couronne de sang symbole du malheur (Aragon, Crève-cœur,1941, p. 34).Dieu, qui s'était fait homme, n'aurait pas honte de cette supplique (Queffélec, Recteur,1944, p. 192).V. homme-Dieu, s.v. homme-.
c) [Considéré dans sa situation dans l'histoire] L'homme moderne est en progrès (Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 190).Les hommes de notre temps vivent dans un grand désarroi et dans une grande attente (Cacérès, Hist. éduc. pop.,1964, p. 12) :
14. L'homme nouveau peut différer de l'homme bourgeois autant que l'homme bourgeois lui-même diffère du héros de la Renaissance ou du fidèle du temps de Saint Ferdinand de Castille ou de Saint Louis, que dis-je, autant, si l'on y tient, que le civilisé de l'Europe ou de la Chine diffère du nomade primitif. Maritain, Human. intégr.,1936, p. 103.
SYNT. L'homme d'hier, d'aujourd'hui, de demain; l'homme sauvage, civilisé; l'homme du Moyen Âge, des temps modernes, du xxesiècle.
C. − [Avec un déterm. plur. à valeur référentielle] Membre de l'espèce humaine. Nantes trafique des hommes (Michelet, Journal,1831, p. 96) :
15. Vous détruisez un enseignement traditionnel. Cinquante générations de notre pays, des millions d'hommes encore, ont subi cette formation. Barrès, Cahiers, t. 5, 1906, p. 56.
II. − Mâle adulte de l'espèce humaine.
A. − [Avec valeur de généralité, s'oppose à femme]
1. Être humain doué de caractères sexuels masculins. Caractères biologiques, physiologiques de l'homme. Beau comme le vice de conformation congénital des organes sexuels de l'homme (Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 339).Il ne savait rien, pas même si c'était un homme ou une femme (Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 146) :
16. Moi, je n'aurais pas détesté d'être archevêque. Si j'étais née homme, je serais peut-être archevêque. Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 42.
a) [L'homme se distingue dans son corps] Ce visage épais d'homme durci aux travaux des mines (Zola, Germinal,1885, p. 1291).
À dos* d'homme.
À la taille d'un homme, à hauteur d'homme, d'une grandeur d'homme. C'était une espèce de lit de pierre creusé au ciseau dans le roc vif, à la taille d'un homme (Lamart., Tailleur pierre,1851, p. 412).J'écrasai le ver luisant. Sa tête s'enfonça sous le sol d'une grandeur d'homme; la pierre rebondit jusqu'à la hauteur de six églises (Lautréam., Chants Maldoror,1869p. 131) :
17. ... ils distinguèrent à hauteur d'homme, contre la falaise, des contours qui figuraient le galbe d'un poisson gigantesque. Ils délibérèrent sur les moyens de l'obtenir. Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 86.
SYNT. Homme barbu, musclé, poilu, taillé en Hercule; bras, corps, épaule, tête, visage, voix d'homme.
b) [L'homme se distingue dans son habillement] Habiller, vêtir qqn en homme. Elle a revêtu des habits d'homme et s'est enfuie à pied sur la route de Paris (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 242).Elle (...) va chercher un complet d'homme pendu dans un placard (Sartre, Mains sales,1948, 3etabl., 1, p. 57).
c) [L'homme se distingue dans sa maturité sexuelle] :
18. J'ai dit, il y a un siècle, que j'aimais trouver un peu partout tes petites affaires d'enfant. Un jour je me suis aperçue que ces affaires qui traînaient étaient des chaussettes d'homme, des caleçons d'homme, des chemises d'homme. Ma chambre avait pris un air de chambre de crime. Cocteau, Parents terr.,1938, I, 4, p. 205.
19. la gouvernante : De toi le mariage saura faire une femme. alarica : Fera-t-il un homme de mon époux? la gouvernante : Même puceau, un homme est un homme, même puceau, même tout seul. Mais une femme n'est entière qu'autant qu'elle est une moitié. Audiberti, Mal court,1947, I, p. 136.
Pop. [Précédé d'un adj. poss.] Mari, compagnon, concubin, amant. Mon homme? Il doit être aux champs (Colette, Naiss. jour,1928, p. 25).Elle attendit respectueusement que son homme voulût bien s'expliquer davantage (Queffélec, Recteur,1944, p. 70).
Arg. Souteneur (Delvau 1883).
d) [L'homme se distingue dans les qualités phys. ou mor. traditionnellement attachées à son sexe] − Voilà ce que j'appelle un homme, dit Genestas (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 138).Ce n'étaient plus les vaches qu'on allait combattre, mais les taureaux magnanimes : adversaires enfin dignes d'un homme (Montherl., Bestiaires,1926, p. 412) :
20. Par ces raisons tous les hommes dignes du nom d'hommes courent à la guerre au premier appel, quelle que soit leur opinion sur la guerre. Alain, Propos,1921, p. 192.
Être un homme; être homme. Être digne du nom d'homme. − Allons, vieux Bark, va et sois un homme (Saint-Exup., Terre hommes,1939, p. 206).Va-t'en. Tu me dégoûtes. Tu n'es pas un homme (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 47).
Vivre, mourir en hommes. Et tous, ils moururent en hommes! (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 554).Maman décida de le « traiter en homme » (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 73).
Entre hommes. Alors, entre hommes, on causa du mariage (Zola, Nana,1880, p. 1423).
D'homme à homme. [Dans une explication franche] Je viens vous parler d'homme à homme (Bernanos, Sous soleil Satan,1926, p. 62).
Homme (du milieu) (arg.). Homme en marge de la loi, courageux et fidèle à sa parole. Anton. cave.L'artiche des caves, m'expliqua Doudou le Nantais, c'est pour Messieurs les Hommes! (Pt Simonin ill.,1957).
Homme à femmes. Homme volage, qui recherche les conquêtes féminines. Je te vois d'ici deux ans, rougeaud, courtaud, avec une dilatation d'estomac, de grosses fesses, double menton, une petite moustache de commis voyageur et des joues soufflées, salies de poil. Bref, un vrai homme à femmes. Et je te répète que ça viendra très vite (M. Aymé, Travelingue,p. 139 ds Rey-Chantr. Expr. 1979).
SYNT. Homme courageux, fort, intrépide, loyal; parole, affaire, métier d'homme.
2. [S'oppose à femme et à enfant] Les convictions austères que l'expérience apporte un jour à l'enfant qui s'est fait homme (Nodier, Fée Miettes,1831, p. 151).Il était devenu homme, virilisé par la bataille (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 436) :
21. Nous étions des enfants alors, − aujourd'hui des hommes faits, − demain... la vieillesse, − après-demain, mourir. Loti, Mon frère Yves,1883, p. 152.
SYNT. Homme adulte, mûr; l'âge d'homme; devenir (un) homme.
3. Jeune homme
a) Vieilli [Le plur. corresp. est jeunes hommes] Homme jeune. La lamentation d'amour de tous ces jeunes hommes (Duhamel, Suzanne,1941, p. 73) :
22. Et les jeunes hommes musculeux, et les jolies filles souples, la chemise nouée au col et les bras nus, faisaient sauter le grain avec de beaux gestes équilibrés. Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 145.
b) [Le plur. corresp. est jeunes gens; le fém. corresp. est jeune fille] Garçon pubère, homme jeune célibataire. Le serrement de main d'un jeune homme et d'une jeune fille qui dansent ensemble (Champfl., Bourgeois Molinch.,1855, p. 32).C'est qu'une femme − oui, c'était une voix de femme ou de très jeune homme peut-être − a appelé au secours, cette nuit, vers deux heures (Bernanos, Crime,1935, p. 767) :
23. Au pied d'un arbre vint s'asseoir Un jeune homme vêtu de noir, Qui me ressemblait comme un frère, Je lui demandai mon chemin. Il tenait un luth d'une main, De l'autre un bouquet d'églantine. Musset, Nuit de déc.,1835, p. 92.
c) Pop. [Déterminé par un poss.] Fils. Il dit que votre jeune homme court un danger (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 439).
d) [Le fém. corresp. est mademoiselle ou demoiselle; en partic., dans des interpellations adressées à des adolescents et parfois ressenties comme condescendantes] J'ai soixante-dix-neuf ans, jeune homme, permettez-moi de vous appeler ainsi (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 249).
B. − [Suivi d'un adj. ou d'un compl. déterminatif, homme s'oppose à d'autres hommes]
1. [Distingué par des particularités physiques] Grand homme de trente-cinq ans, l'air plus triste que dur (Michelet, Journal,1834, p. 150).Un gros homme de quarante ans (Zola, Assommoir,1877, p. 404) :
24. L'abbé Cruchot, petit homme dodu, grassouillet, à perruque rousse et plate, à figure de vieille femme joueuse, dit en avançant ses pieds bien chaussés dans de forts souliers à agrafes d'argent : « Les Des Grassins ne sont pas venus? » Balzac, E. Grandet,1834, p. 41.
SYNT. Bel, vieil homme; homme blond, brun, fort, maigre, malingre, svelte.
2. [Distingué dans son caractère, ses qualités ou ses défauts] Dimanche je serai un homme marié et ce n'est pas drôle (Camus, Possédés,1959, 1repart., 4etabl., p. 969) :
25. Oh! les hommes supérieurs! Hommes d'action! Hommes de pensée! Ceux-là, menés par les hasards des événements, des combats et des intrigues, tués ou déchus brusquement, au gré du sort aveugle; et ceux-ci, ceux-ci, étranges fous qui se croient les créateurs de l'éternité!... Adam, Enf. Aust.,1902, p. 216.
SYNT. Bon, brave, galant, malhonnête, méchant, pauvre, saint homme; homme célèbre, cultivé, estimable, honorable; homme intègre, probe, respectable, vertueux; homme à passions; homme de bien, d'esprit, de génie, de goût, d'honneur, d'apparence; grand homme; honnête homme; homme public, supérieur, du monde, d'argent, de peu, de qualité, de rien.
Expressions
Homme moyen, homme de la rue. Individu représentatif du type humain (à une certaine époque ou dans un certain lieu). C'est monsieur tout le monde, l'homme de la rue, le parfait citoyen de la démocratie, celui qui s'habille en série, mange en série, baise en série, a une petite 5 HP de série et ne se distingue et ne se particularise en rien (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 210).
Homme à tout faire*. Volat était un des métayers de Tancogne, et son homme à tout faire, son espion, un chacun s'en doutait (Genevoix, Raboliot,1925, p. 24).
Homme de confiance. Homme qui, bénéficiant de la confiance de quelqu'un, est chargé par lui de tâches, de responsabilités. Vous serez ici mon homme de confiance. Vous louerez, vous recevrez les loyers, vous donnerez les quittances, etc. (Karr, Sous tilleuls,1832, p. 233).
L'homme de la vie (de qqn). Le seul homme que quelqu'un aimera jamais. J'ai rencontré l'homme de ma vie (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 96).
Homme de paille. Prête-nom. Le Claperon, reprit Desroches, fut pendant six à sept ans le paravent, l'homme de paille, le bouc émissaire de deux de nos amis, Du Tillet et Nucingen (Balzac, Homme d'affaires,1845, p. 405).
Homme de parole. Homme fidèle à ses serments, qui tient sa parole. J'ai voulu prouver que Luigi Vampa est un homme de parole (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 547).
3. [Distingué par son orig., son appartenance à une époque, une classe soc.] Soudain un cri : « Un homme blanc! Un homme blanc » (Chateaubr., Natchez,1826, p. 285).Les hommes du peuple avaient un genou en terre pour prier (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 214) :
26. Cinquante années de misère l'avaient émacié, mais les traits étaient demeurés droits et fins, et la barbe encore blonde l'allongeait noblement et donnait à Gilbert Cloquet l'air d'un homme du Nord, Scandinave ou Normand, descendu parmi les herbages et les forêts du centre. R. Bazin, Blé,1907, p. 10.
L'homme du jour. L'homme célèbre, l'homme dont on parle. Il semble ici qu'on vit dans l'histoire. Tout est plus fort que l'homme du jour (Verlaine, Œuvres compl., t. 1, Sagesse, 1881, p. 265).
POL. Homme de droite, de gauche. Homme qui se situe à droite, à gauche. Lorsqu'on demande si la coupure entre hommes de droite et hommes de gauche a encore un sens, la première idée qui me vient est que l'homme qui pose cette question n'est certainement pas un homme de gauche (Le Nouvel Observateur, 30 mars au 5 avr. 1981, p. 34).
4. [Distingué par ses activités] Un très habile homme de mer (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 287).L'homme de loi ne m'avait pas trompé (Becque, Corbeaux,1882, IV, 1, p. 213) :
27. Dès que Malraux ouvre la bouche, son magnétisme faiblit. (...). Les images qu'il invente, au lieu de réchauffer son discours, le glacent : elles sont trop compliquées, on y sent la mise au point laborieuse de l'homme de lettres. Mauriac, Journal 2,1937, p. 202.
SYNT. Homme d'affaires, d'armes, d'état, d'église, d'équipage, de Dieu, d'équipe, de sciences, de théâtre, de ronde, de peine, de corvée, de cheval, d'épée, de guerre; homme de l'art, de cour.
Homme de barre. Homme qui tient la barre d'un bateau. L'homme de barre fut immédiatement remplacé par un de ses camarades, et les avirons plongèrent vivement dans l'eau (Verne, Île myst.,1874, p. 443).
Homme de métier. Spécialiste, homme qui connaît très bien une certaine discipline. Seuls des hommes de métier peuvent y correspondre (Serv. milit. et réf. armée,1963, p. 71).
Homme de main. Celui qui est au service d'autrui pour exécuter des tâches généralement répréhensibles ou illégales. Bien dirigé, il peut servir d'homme de main pour toutes les besognes (Sartre, Mains sales,1948, 1ertabl., 3, p. 29).
5. Individu qui est considéré comme dépendant d'un autre, qui est placé sous son autorité.
a) [Dans la hiérarchie féodale] Homme(-)lige. Vassal, homme qui a prêté serment à un suzerain. Je suis ton homme lige, et, toujours, n'importe où, je te suivrai, mon maître, et j'aimerai ta chaîne, et je la porterai (Hugo, Légende, t. 2, 1859, p. 495).
P. anal. Elle était mon homme lige, mon second, mon double : nous ne pouvions pas nous passer l'une de l'autre (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 45).
b) [Dans la hiérarchie milit.] Soldat qui est placé sous l'autorité d'un supérieur. Homme de troupe; homme d'infanterie. Les hommes étaient abrutis de fatigue (Benjamin, Gaspard,1915, p. 40).
Il faut (faudrait) quatre hommes et un caporal pour (faire) qqc. Il faut (faudrait) employer la force pour (faire) quelque chose. Ah! Il vous aurait fait secouer ça par quatre hommes et un caporal (Balzac, Illus. perdues,1844, p. 258).
Soldat, combattant gradé ou non :
28. ... Quant aux pertes bolcheviques en hommes, le 13 février, dans ce secteur, elles ont été de l'ordre de mille, alors que les Allemands ne perdaient que onze hommes en tout et pour tout! Gide, Journal,1943, p. 194.
Lutter, combattre jusqu'au dernier homme. Lutter, combattre jusqu'au bout, jusqu'à l'épuisement des ressources en hommes, jusqu'à la dernière cartouche. Les armées de l'Axe ont lutté jusqu'au dernier homme, jusqu'à la dernière cartouche, dans une ultime résistance héroïque (Gide, Journal,1943p. 239).
Comme un seul homme. En même temps, avec un ensemble parfait. Les Russes se mirent au garde à vous comme un seul homme (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 181).
Au fig. D'un commun accord. « Vous croyez que les socialistes voteront les crédits de défense nationale? » − « Comme un seul homme, Monsieur! » s'écrie le Belge, terrassant son interlocuteur d'un regard flambant de défi (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 693).
c) [Dans la hiérarchie civile] Individu agissant au sein d'une équipe, d'une entreprise, au service de quelqu'un. Les chefs conservateurs (...) avaient défendu à leurs hommes de venir en ville (Gobineau, Corresp. [avec Tocqueville], 1850, p. 143).
C. − [Avec un déterm. sing. ou plur. à valeur référencielle] Individu mâle. Un homme entra, l'homme entra. Le vieil homme coyote représente dans la mythologie des Crow ce curieux mélange (Lowie, Anthropol. cult.,1936, p. 223) :
29. ... un homme et deux fillettes, tous les trois tombés sur le sol de fatigue et de misère, sanglotaient, ne sachant où aller, ayant vu là s'envoler en cendre tout ce qu'ils possédaient. Zola, Débâcle,1892, p. 417.
D. − Dans diverses loc.
1. [Homme en fonction d'attribut] Être l'homme de qqn; être son homme. Être l'homme auquel on peut se fier, avec lequel on a accepté un marché, un défi. Si tu veux que je le tue... Je suis ton homme (Lenormand, Simoun,1921, 7etabl., p. 69).
2. [Précédé d'un adj. poss.; homme en fonction de compl. d'un verbe]
a) L'homme dont on parle, dont il est question. Et je le mène, et je domine mon homme, et je le chauffe, et il est à nous (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 159).Chacune des autos qui traverse la place, à toute vitesse, est dix fois capable de tuer son homme (Romains, Hommes bonne vol.,1938, p. 225) :
30. Seuls, quelques agents de change ou marchands de canons de l'époque disaient à leurs enfants que la Butte ne nourrissait pas son homme, et les emmenaient voir Louise, chef-d'œuvre topographique, carte d'état-major à musique qui contient tout ce que Montmartre a de sentimental, de charmant, de barbant, de léger, de ridicule, de féminin et de pervers. Fargue, Piéton Paris,1939, p. 34.
b) Avoir trouvé son homme. Avoir trouvé son maître (d'apr. DG).
3. Être l'homme de la situation. Être celui qui est capable de résoudre le problème posé dans une situation donnée :
31. Si tu m'objectes encore que tu ne sais pas ce que signifie : être l'homme de la situation, (...), je pousserai la condescendance jusqu'à l'excès en t'assurant que Storch ne répond pas aux aspirations et aux besoins de l'époque. Gobineau, Pléiades,1874, p. 106.
4. Être homme à + verbe à l'inf.Être capable de faire quelque chose. Vous n'êtes pas homme à vous retirer des affaires! (About, Roi mont.,1857, p. 284).
5. Un homme à la mer! Cri que l'on lance sur un bateau pour signaler qu'une personne est passée par dessus bord. Il se penche pour regarder sa ligne − et pouf − un homme à la mer! (Pagnol, Fanny,1932, I, 1ertabl., 14, p. 60).
6. Il y a (eut, a eu, ...) mort d'homme. À Saumur, il y a eu bataille, coups de fusil, mort d'homme (Courier, Pamphlets, Lettres partic., 1, 1820, p. 55).
Rem. Parmi ces expr. lexicalisées, la plupart peuvent s'opposer effectivement à celles qui sont construites avec femme : bon homme/bonne femme; saint homme/sainte femme; d'autres expr., si elles existent au fém., ne sont pas lexicalisées ou diffèrent dans leur sens : homme de qualité/femme de qualité, honnête homme/honnête femme, grand homme/grande femme. D'autres encore n'ont pas d'équivalent au fém. : un homme à la mer, y avoir mort d'homme, l'homme de la rue, l'homme moyen. Ces dernières expr. sous-entendent que l'homme masc. peut parfois représenter l'espèce humaine en général.
REM. 1.
Hommée, subst. fém.,région. Travail effectué en un jour par un ouvrier agricole; étendue de terre qui est travaillée dans ces conditions. Certaines prairies du marais de Redon (Bretagne) partagées en « hommées » théoriques de 40 à 60 ares, non matérialisées sur le terrain (Meynier, Pays. agraires,1958, p. 82).
2.
Hommelet, subst. masc.Diminutif hypocoristique de homme. Mon bel hommelet, aux beaux doigts qui prennent et serrent, viens ça, mon homme (Giono, Colline,1929, p. 123).
3.
Hommelette, subst. fém.,péj. ,,Homme qui n'a rien des qualités et des vices de l'homme`` (Delvau 1883).
4.
Hommement, adv.,hapax. D'une manière masculine. Le louloup ne saura jamais ni ce qu'il est, ni combien il est aimé. Il est aimé fémininement autant que hommement! Cet adverbe énorme me fait rire (Balzac, Lettres Étr., t. 2, 1850, p. 417).
5.
Hommilière, subst. fém.,hapax. [Sur le modèle de fourmilière, de taupinière] Groupe d'hommes, ville. Quel spectacle admirable, maître. Je vois une vaste hommilière, toute grouillante. Un brouillard gris la couvre et dans ce brouillard des hommes et des femmes marchent gaiement (Maurois, Mes songes,1933, p. 81).
6.
Hommerie, subst. fém.Bassesse, corruption de l'homme; ses manifestations. − Crois-moi, Jacqueline, nous partirons parmi les anges. Ma Jacqueline, plus d'hommeries!... Tu échapperas à cette noire succession des péchés, des crimes (La Varende, Homme aux gants,1943, p. 394).
Prononc. et Orth. : [ɔm]. Att. ds Ac. dep. 1694. Pour la famille de homme, Thim., Princ. 1967, pp. 68-69, dégage la règle suiv. : ,,L'm du radical ne reste simple que s'il est suivi d'un i voyelle`` : homme, bonhomme, prud'homme, gentilhomme, mais homicide, bonhomie, prud'homie; il propose de corriger homuncule (écrit aussi homoncule) en hommuncule afin de régulariser la famille. Étymol. et Hist. A. « Être humain (sans considération de sexe) » 1. fin xes. hom « être humain considéré par rapport à son espèce et aux autres espèces animales » (Passion, 8, éd. D'Arco Silvio Avalle : hom carnels); 2. ca 1155 « être humain considéré dans les qualités ou les défauts propres à la nature humaine » (Wace, Brut, 7870 ds T.-L. : Unches de plus grant saintée Ne sont l'un hume en sun eé); 3. 1160-75 « être humain considéré par rapport à son origine ethnique ou sociale » (Id., Rou, éd. A.J. Holden, III, 63 : hume de north). B. « Être humain de sexe masculin » 1. fin xes. « mâle de l'espèce humaine » (Passion, 377, éd. D'Arco Silvio Avalle : li om primers [Adam]); spéc. 1383 « individu mâle ayant acquis sa maturité physique et morale » (J. Froissart, Chron., éd. G. Raynaud, t. 11, p. 81 : eage et congnissanche d'omme); 2. ca 1050 hume « mari » (Alexis, éd. Chr. Storey, 493); 3. ca 1100 id. « guerrier » (Roland, éd. J. Bédier, 13); 4. id. hom « vassal » (ibid., 86); 5. ca 1260 « individu considéré par rapport à son activité, sa fonction, son métier, sa condition » ici ome del mestier [patenostrier] (E. Boileau, Métiers, 69 ds T.-L.); 6. 1391 « individu considéré par rapport aux qualités, défauts, aptitudes dont il fait preuve » (J. Froissart, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 14, p. 345 : homme de bien). Du lat. class. homĭnem, acc. de hŏmo « être humain » qui prit, dès l'époque impériale, le sens de « être humain du sexe masculin » en supplantant vir (cf. on; v. FEW t. 4, p. 457b). Fréq. abs. littér. : 153 718. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 259 842, b) 215 705; xxes. : a) 195 077, b) 199 119. Bbg. Bady (R.). L'Homme et son « institution » de Montaigne à Bérulle (1580-1625). Paris, 1964, 587 p. - Delb. Matér. 1880, p. 167 (s.v. hommelet). - Ducháček (O.). Les Chang. des microstruct. lex. et leurs causes. Sborník Praci Filos. Fak. brn. Univ. 1971, t. 20, p. 16; Déficiences du lex. Ét. rom. Brno. 1974, no7, p. 12. - Fabre-Luce (A.). Les Mots qui bougent. Paris, 1970, p. 119. - Hasselrot 1957, p. 183 (s.v. hommelet). - Krötzsch-Viannay (M.). Sexisme et lexicogr. : les mots femme et homme ds le dict. Osnabrücker Beiträge zur Sprachtheorie. 1979, no9. - Quem. DDL t. 1, 2, 3, 14, 16, 17, 19. - Tabachowitz (A.). Homme-femme... Vox rom. 1960, t. 19, pp. 341-385.