| ![]() ![]() ![]() ![]() HARDES, subst. fém. plur. A. − Vieilli 1. Ensemble des effets personnels que l'on emmenait dans ses bagages. Tour à tour, elle décida de se rendre le lendemain matin dans la chambre de Mrs Armstrong et de lui faire une confession entière, avec larmes, ou de rassembler ses hardes pour s'enfuir dans la nuit (Green, Journal,1934, p. 262). 2. Ensemble de vêtements. Ce sera comme une vente après décès, où, par le plus ou moins d'usage que faisait le défunt de ses hardes, de ses meubles, de ses livres, un observateur en découvre les goûts (Balzac,
Œuvres div., t. 2, 1830, p. 40) : 1. Toutes ces hardes de la soumission et de la servitude qu'il a portées, la robe grise à brandebourgs blancs du catéchumène dans l'église Saint-Jean, la livrée de Mmede Vercellis, n'étaient que les costumes d'une mascarade où malgré lui il jouait son rôle.
Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 50. − DR. CIVIL. La femme qui renonce, perd toute espèce de droit sur les biens de la communauté, et même sur le mobilier qui est entré de son chef. Elle retire seulement les linges et les hardes à son usage (Code Civil,1804, art. 1492, p. 273). − En partic. Ensemble des vêtements de marin ou de soldat. À deux heures, le même jour, après marché conclu, Yves ayant acheté des hardes de marin du commerce et changé de costume clandestinement dans un cabaret du quai, monta à bord de la Belle-Rose (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 317). B. − Péj. Vêtements pauvres et usagés. Paquet, tas de hardes; raccommoder, rapiécer de vieilles hardes. Moi, c'est en recousant mes hardes que je compose mes vers (A. France, Lys rouge,1894, p. 130).Il me semble voir la chair de Mignon à travers ses hardes, la chair d'Hélène sous sa pourpre (Giraudoux, Siegfried,1928, II, 5, p. 106) : 2. Avec leurs hardes et leurs loques
Et leur marche qui les disloque,
L'été, parmi les champs nouveaux,
Ils [les mendiants] épouvantent les oiseaux...
Verhaeren, Camp. halluc.,1893, p. 62. Prononc. et Orth. : [aʀd] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol et Hist. 1. [1480 « ensemble des effets personnels (vêtements, meubles,etc.) » (Compt. de tut., fo53 a, Barb. de Lesc., A. Finistère ds Gdf. Compl. : Pour achepter leurs petittes hardes) sens obscur]; 1539 (Est. : crier que chascung trousse ses hardes); 2. 1771 péj. « vêtements, vieux vêtements » (Trév. : Ce terme n'est pas du style noble); 1798-1878 (Ac. : De bonnes hardes. De vieilles hardes [Ac. 1694-1762 : De belles hardes. De riches hardes]). Empr. au gasc. et béarnaisharde « hardes, effets » (Lespy-Raym., Palay), écrit farde en a. gasc. (1376-78 ds Lespy-Raym.) et a. béarnais (1385 ds Levy Prov.), hardes en 1630 (A. d'Aubigné, Faeneste, I, 1 ds
Œuvres, éd. H. Weber, p. 677, prononc. gasc. imitée, cf. p. 1348). Le gasc. et béarnais harde correspond à l'a. fr. farde « charge, bagage » (farde*); « vêtements » (apr. 1170 fardres, Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 1651, var. fardes) empr. en ce dernier sens à l'ar. farda dont l'un des sens est : « moitié de la pièce d'étoffe de coton grossière, appelée ṯawb dammūr [grande chemise ou blouse en toile de coton, à manches très amples (au Tchad et au Soudan)] » (FEW t. 19, p. 46b; Dozy II, 251a et I, 166; Dozy Vêt., p. 107; A. Steiger ds Festschrift J. Jud, 1943, pp. 661-662). Cf. cat. alfarda « pièce d'habillement que portaient les femmes au Moy. Âge et qui leur couvrait le buste » (xives. ds Alc.-Moll), esp. alfarda « id. » (1303 ds A. Steiger, loc. cit., p. 646, 18), port. alffarda « id. » (ca 1366 ds Mach.). L'aragonais farda « vêtement » invoqué par FEW, loc. cit., semble ne pas exister (cf. Cor. t. 2, p. 494b, s.v. fardo). L'expr. trousser ses hardes d'Est. 1539 a son parallèle ca 1225, Pean Gatineau, St Martin, éd. W. Söderhjelm, 3748 : Meneis a ses fardes trosees. |