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HALEINE, subst. fém.
A. −
1. Air (souvent odorant) qui sort des poumons au moment de l'expiration. On les a vus tous deux qui revenaient du bois (...) L'un sur l'autre penchés et mêlant leurs haleines (A. France, Poésies, Idylles et lég., 1896, p. 102).Il sentit son haleine de pommes de terre frites (Montherl., Célibataires,1934, p. 847) :
1. Des cerfs emplissaient un vallon (...) et tassés, les uns près des autres, ils se réchauffaient avec leurs haleines que l'on voyait fumer dans le brouillard. Flaub., St Julien l'Hospitalier,1877, p. 95.
SYNT. Avoir bonne, mauvaise haleine; avoir l'haleine âcre, chaude, douce, fétide, fraîche, forte, maladive, parfumée, pestilentielle; haleine qui sent l'ail, le tabac, le vin.
2. Littér., p. anal. Substance impalpable (air, fumée, vapeur) qui s'exhale comme un souffle. La moindre haleine de vent d'été balance tout ce rideau mobile [des arbres] et fait sortir (...) des volées d'oiseaux (Lamart., Tailleur pierre,1851, p. 395).Une bonne haleine chaude nous accueille en entrant dans la cuisine (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 117).
En partic. Odeur qui s'exhale (d'un corps). L'haleine de foin de la grange ouverte (Renard, Journal,1901, p. 682).Loin derrière cet arome fade, une haleine d'épices chassée par le vent du sud montait des régions basses au long du canal et arrivait par bouffées sucrées (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 347).
B. −
1. P. méton. L'expiration elle-même et p. ext. la respiration. Synon. souffle.Avoir l'haleine coupée. L'haleine haletante Du bœuf qui rentre le soir (Hugo, Chans. rues et bois,1865, p. 82) :
2. J'entendis une de ses respirations plus forte et plus prolongée que les autres s'écouler lentement de ses lèvres, comme si sa poitrine oppressée par un poids invisible eût rendu dans une seule haleine toute l'aspiration d'une longue vie. Lamart., Raphaël,1849, p. 178.
a) Loc. adj.
Hors d'haleine. Qui a de la peine à reprendre son souffle. À l'instant même, tremblante, hors d'haleine, elle tombe à genoux (...) sans articuler un seul mot (Genlis, Chev. cygne, t. 3, 1795, p. 41).
Sans haleine (vx). (Ds Ac. 1835, 1878 et Littré; cf. infra loc. verb.).
b) Loc. adv. À perte d'haleine (vieilli), à perdre haleine. Jusqu'à l'essoufflement. Nous avons politiqué à perte d'haleine (Courier, Lettres Fr. et Ital.,1815, p. 871).Une de mes joies (...) était de m'esquiver vite après le déjeuner et de courir d'un trait, à perdre haleine, à travers le parc (Lorrain, Sens. et souv.,1895, p. 13).
Faire des discours, tenir des discours à perte d'haleine. ,,Faire des discours vains et vagues, et d'une longueur importune`` (Ac. 1835-1932).
c) Loc. verb.
α) [L'idée est celle de cesser de respirer]
Être sans haleine (vx). Être sans forces, sur le point de s'évanouir. (Ds Ac. 1835, 1878, Rob. 1970, Lar. Lang. fr.).
Perdre l'haleine et la vie (vx). Mourir (Ds Lar. Lang. fr.).
Retenir son haleine. S'arrêter de respirer (pour mieux écouter ou ne pas faire le moindre bruit). Était-ce un domestique? Était-ce Rocambole lui-même? (...) Venture n'en demeura pas moins immobile, retenant son haleine et serrant le manche de son poignard (Ponson du Terr., Rocambole, t. 5, 1859, p. 269).
β) [L'idée est celle de reprendre sa respiration]
,,Donner l'haleine à son cheval`` (Ac. 1835-1932). ,,Le mener quelque temps au pas après l'avoir mené au galop`` (Ac. 1835-1932).
Prendre haleine (vieilli), reprendre haleine. Reprendre sa respiration après un effort. Il s'était recouché comme pour prendre haleine; je l'entendais respirer avec peine (Krüdener, Valérie,1803, p. 242).
P. ext. Prendre un peu de répit, de repos. Le roi [Philippe IV, par Vélasquez], vêtu de brun, son fusil d'une main, son bonnet de l'autre (...) semble se reposer des fatigues de la chasse et reprendre haleine (Gautier, Guide Louvre,1872, p. 113).Pour bien faire, il aurait fallu, le 18 juin, sans reprendre haleine, marcher sur Paris (A. France, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 451).
Au fig. Retrouver sa tranquillité. Messieurs [dit Madeleine à ses soupirants], (...) pour cause de désenchantement, je désire demeurer quelque temps libre de ma personne, afin de reprendre haleine (Feuillet, Scènes et prov.,1851, p. 128).
2. Vieilli. Temps pendant lequel on peut rester sans respirer. Synon. souffle.Il faut qu'un plongeur, qu'un coureur ait beaucoup d'haleine (Ac. 1835-1932). Cet orateur, ce lecteur a beaucoup d'haleine (Ac. 1835-1932). Ce cheval a beaucoup d'haleine. Il n'a point d'haleine (Ac. 1835-1932).
a) Locutions
Loc. adv., littér. D'une haleine. Sans s'arrêter pour reprendre sa respiration. Bernard avait débité tout cela presque d'une haleine. Une flamme extraordinaire animait son discours et ses traits (Gide, Faux-monn.,1925, p. 103).
Au fig. Sans interruption. Accomplir un travail d'une haleine. Se jetant à son bureau, il écrivit d'une haleine une cinquantaine de lignes (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 375).
Loc. verb. Être court d'haleine, avoir l'haleine courte. Respirer fréquemment et de manière saccadée. Alors, tout en haut, les jambes cassées, l'haleine courte, elle eut la curiosité de se pencher au-dessus de la rampe (Zola, Assommoir,1877, p. 423).On entendit souffler M. Pétrarque Lescaa, qui était court d'haleine (Toulet, J. fille verte,1918, p. 291).
b) Au fig., littér. Capacité physique ou intellectuelle à soutenir un effort intense ou prolongé. Ne t'attaque jamais à une grosse affaire. Tu manques d'haleine (Renard, Écorn.,1892, p. 170).
α) Loc. adj.
[En parlant d'une pers.] À courte haleine, court d'haleine. Qui manque de génie et d'abondance. Le commun est le défaut des poëtes à courte vue et à courte haleine (Hugo, Cromw.,1827, p. 30).
P. méton. [En parlant d'une entreprise] De longue haleine. Qui demande de la persévérance dans le temps et l'effort. Anton. de courte haleine.Affaire de longue haleine. [Michel-Ange] a fait des pièces de courte haleine, comme il convient à un homme qui a autre chose à faire que de méditer longuement sur des rimes (Delacroix, Journal,1860, p. 253).Gilbert lui annonça qu'il allait entreprendre un travail de longue haleine. C'était une biographie de Robespierre, qu'un éditeur (...) lui avait demandée (Arland, Ordre,1929, p. 330).
β) Loc. verb.
Être en haleine (vieilli). Être en train de faire quelque chose. Il faut achever cette besogne tandis que les ouvriers sont encore en haleine (Ac. 1835-1932). Être en disposition de faire quelque chose. Je ne suis pas en haleine aujourd'hui; je ne me sens pas en haleine, il m'est impossible d'écrire une seule ligne, de faire un seul vers (Ac. 1835, 1878).
Mettre, tenir qqn en haleine (vieilli). Mettre, tenir quelqu'un en bonne forme, pour fournir un effort prolongé, stimuler quelqu'un. Tenir les soldats en haleine (Ac. 1835-1932). Ce qui mettrait un autre hors de combat ne fait que le mettre, lui [J. Janin], plus en train et en haleine (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 5, 1851, p. 23).
Tenir (qqn) en haleine. Tenir l'attention de quelqu'un en éveil, tout en le maintenant dans un état d'incertitude et d'attente sur la suite des événements. Avec cette idylle bourgeoise, les auteurs vous tiennent en haleine pendant plus de trois cents pages (A. Daudet, Crit. dram.,1897, p. 77).
Se sentir d'haleine à. Se sentir en bonne condition physique ou intellectuelle pour (accomplir un effort prolongé). Justement, ce soir-là d'Argenton est bien en veine; il se sent d'haleine à dicter toute la nuit (A. Daudet, Jack, t. 2, 1876, p. 127).
Prononc. et Orth. : [alεn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Homon. alène. Étymol. et Hist. Ca 1100 lunge aleine « souffle »; (ici, en parlant du cor du Roland) (Roland, éd. J. Bédier, 1789); début xiiies. « souffle du vent » (Guiot de Dijon, Chansons, éd. E. Nissen, I, 39); 1556 haleine (R. Belleau, Odes d'Anacreon, (I, 20) ds Hug.); 1595 « capacité de soutenir un effort intellectuel ou créateur » (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, I, XXI, p. 134). Déverbal de l'a. fr. alener, halener*; cf. le lat. médiév. anela (anhela, ca 640, La vie de St Colomban par Jonas ds Mon. Germ. hist., Script. rer. merov., IV, 120, L. 13 ds Thomas Essais, p. 365), alena (aliena, xes. ds CGL t. 3, p. 597, 38). Fréq. abs. littér. : 2 389. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 209, b) 5 017; xxes. : a) 3 958, b) 2 352. Bbg. Thomas (A.) Nouv. Essais 1904, p. 276, 365.