Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
HAGARD, -ARDE, adj.
A. − FAUCONN., vieilli. Faucon hagard. Faucon capturé après l'âge d'un an et qui reste farouche et difficile à apprivoiser. (Dict. xixeet xxes.).
B. − P. ext., lang. cour.
1. [En parlant gén. d'une pers.] Dont le comportement général traduit un état d'égarement, de désarroi, d'affolement hébété. Il arriva effaré, hagard, n'ayant pas l'air de voir ceux au milieu desquels il tomba (Gozlan, Notaire,1836, p. 245).Il avait l'air d'une bête forcenée. Il était livide, hagard (Duhamel, Suzanne,1941, p. 284) :
1. ... si le professeur s'avisait de l'interroger, Paul, hagard et le regard perdu, semblait revenir de si loin que toute la classe éclatait de rire. Gide, Si le grain,1924, p. 513.
En partic. [Appliqué à une allure gén. ou à un trait phys. partic.]
a) Air, allure, mine hagard(e); traits hagards. L'air fou, presque hagard, les yeux à la fois vagues et dilatés (Goncourt, Journal,1882, p. 146).Je me rappelle son allure hagarde, son air de bête traquée (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 292) :
2. Ses traits hagards exprimaient encore l'horreur suprême, et ses yeux, tournés en dedans, avaient une expression indicible d'égarement et de tristesse. Moselly, Terres lorr.,1907, p. 274.
b) Usuel. Œil (yeux) hagard(s), regard hagard. Œil (yeux), regard égaré(s), perdu(s), agrandi(s) par la peur, la souffrance, un état de déséquilibre physique ou mental :
3. Elle haletait, plus pâle que ses draps, secouée de frissons épouvantables, la figure convulsée, l' œil hagard, comme si une chose horrible lui eût apparu. Maupass., Contes et nouv., t. 1, Confess., 1883, p. 889.
P. métaph. L'épouvante au visage étonné, la vengeance à l'œil hagard (Chateaubr., Martyrs, t. 2, 1810, p. 50).
c) Voix hagarde, geste(s), propos hagard(s). Les amants séparés font des gestes hagards (Aragon, Crève-cœur,1941, p. 24).Elle releva la tête et dit d'une voix hagarde : « D'où viens-tu? » (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 566).
2. Au fig.
a) Domaine psychologique et moralÂme/esprit hagard(e). Âme/esprit atteint(e) d'égarement, de folie. Un esprit inculte, puéril et hagard (Chardonne, Éva,1930, p. 74) :
4. Ils [les bourreaux allemands] savaient qu'il est toujours une heure de la journée et de la nuit où le plus courageux des hommes se sent lâche. Ils ont toujours su attendre cette heure. Et à cette heure, ils ont cherché l'âme à travers les blessures du corps, ils l'ont rendue hagarde et folle, et, parfois, traîtresse et menteuse. Camus, Actuelles I,1944, p. 27.
b) Domaine concret, littéraireDont l'aspect a quelque chose d'étrange, d'un peu fou. Les grands immeubles hagards, couverts d'une étrange teinte livide (Montherl., Songe,1922, p. 22).Hagarde et toute sombre, la cathédrale [de Reims] se dressait sur la place déserte (Sem, Ronde nuit,1923, p. 79).
Poét. Le vent hagard, soufflant dans son clairon, Dénoue au-dessus d'eux sa longue et folle tresse (Hugo, Légende, t. 1, 1859, p. 767).
Prononc. et Orth. : [aga:ʀ] init. asp., fém. [-aʀd]. Att. ds Ac. dep.1694 Étymol. et Hist. 1. Ca 1393 fauconn. « qui, ayant mué à l'état sauvage, est farouche et difficilement dressable » (Ménagier, II, 317 ds T.-L. : esprevier hagart est celluy qui est de mue de haye [les mués de haye « sauvages » p. oppos. aux müés de ferme « domestiques »]); 2. 1410-17 « sauvage et inconstant » cueur hagart (Troilus, éd. Moland et d'Héricault, Nouvelles fr. du xives., p. 119); 1577 « d'aspect farouche » regard hagart (R. Belleau, Reconnue, IV, 1, éd. Marty-Laveaux, Œuvres poétiques, II, 397); 1585 (N. du Fail, Contes et Discours d'Eutrapel, éd. J. Assézat, Œuvres Facétieuses, II, 120 : regardant ce son non accoustumé d'un œil estonné et hagard). Orig. obsc. La 1reattest. laisse supposer une dérivation de haie* sur la forme norm. hague (1341 a. norm. hague de sens difficile à interpréter ds Gdf., à rapprocher de formes dial. modernes comme hague « palissade » en 1780 ds Littré, hague « bâton, trique » ds Moisy, haguete « baguette » ds Delb., cf. FEW t. 16, p. 115), mais il s'agit vraisemblablement d'une étymol. pop. (cf. Bl.-W.). Un empr. à un m. angl. hagger, dér. de hag « sorcière, vieille femme laide » semble confirmé sémantiquement par le fait que la forme angl. haggard, elle-même empr. en m. fr. à hagard, a été rattachée p. étymol. pop. à hag et en a pris la signification (cf. NED, s.v. haggard adj. et haggard subst. 3); cette hyp., proposée par EWFS d'apr. l'étymol. avancée par Kluge pour l'all. hager « maigre, have » et reprise par FEW t. 16, p. 113, est difficile à retenir étant donné que l'existence du m. angl. hagger n'est pas assurée (Kluge, s.v. hager ayant d'ailleurs abandonné cette hypothèse). Fréq. abs. littér. : 651.