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GUÉRIR, verbe
I. − Emploi trans.
A. − [Le suj. désigne une pers. ou un moyen thérapeutique quelconque]
1. [L'obj. désigne une pers., le corps ou une partie du corps]
a) Guérir qqn/qqc. de qqc.Débarrasser d'une maladie physique ou mentale en ramenant à la santé. L'air parfumé de la campagne me guérit aussitôt de la grippe et de ma fatigue (Gide, Journal,1905, p. 189).S'improviser médecin à Lahore, guérir la sultane d'un abcès dans l'oreille (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 12).
Emploi abs., proverbe, vieilli. C'est un saint qui ne guérit de rien. ,,Se dit d'un homme qui n'a ni pouvoir ni crédit, qui ne peut être d'aucun secours`` (Ac. 1798-1878).
Emploi pronom. réfl. Pour se guérir de la blessure des vipères, on les écrase sur la plaie (Flaub., Salammbô, t. 2, 1863, p. 148).
Proverbe, vieilli. Médecin, guéris-toi toi-même. ,,Gardez pour vous-même les avis que vous donnez aux autres`` (Ac. 1798-1878).
b) Guérir qqn/qqc.Rendre la santé à. De même que Christ, Bacchus avait fait des miracles : il guérissait les malades, et prédisait l'avenir (Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 353).Puisque le grand froid détruit le bacille de Koch, on pourrait essayer de guérir les tuberculeux en les frigorifiant pendant plusieurs heures (J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p. 106).
Emploi pronom. à sens passif. Un malade ne se guérit pas dans un jour (Say, Écon. pol.,1832, p. 185) :
1. ... Monsieur de Bargeton (...) avait de temps en temps des digestions difficiles, et l'heureuse manie de regarder l'indigestion de son dîner comme une maladie qui devait se guérir par celle du souper. Balzac, Illus. perdues,1837, p. 133.
c) Emploi abs. Rendre la santé. Moyen de guérir.
Littér. L'art de guérir. La médecine. Le savant Hippocrate est considéré encore aujourd'hui comme le maître dans l'art de guérir (Maine de Biran, Journal,1816, p. 160) :
2. ... l'art de guérir périra, comme l'art de vivre ou la morale, étouffé par ces rêveries soi-disant métaphysiques de gens qui croient que disséquer un cadavre c'est étudier l'homme, et qu'ils connoissent l'ensemble, parce qu'ils nomment des parties. Bonald, Législ. primit., t. 2, 1802, p. 165.
Proverbe. Mieux vaut prévenir que guérir. Mieux vaut éviter une maladie que la soigner. Au fig. Mieux vaut éviter un ennui que remédier à ses inconvénients :
3. Il professe un axiome assez original : « Mieux vaut prévenir que guérir ». Et il me graisse le nez avant que la musique commence. C'est radical. Je peux pleurer comme je ne sais pas combien de mères qui auraient perdu leurs enfants, pas le moindre rhume. Quelquefois un peu de conjonctivite, mais c'est tout. L'efficacité est absolue. Sans cela je n'aurais pu continer à écouter du Vinteuil. Je ne faisais plus que tomber d'une bronchite dans une autre. Proust, Prisonn.,1922, p. 241.
2. [L'obj. désigne un mal physique ou mental] Guérir qqc.Supprimer, faire disparaître. Le quinquina guérit la fièvre (C. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 74).Pastilles destinées à (...) guérir l'enrouement des chanteurs (Huysmanns, Oblat, t. 1, 1903, p. 97).
[P. méton. du suj.] Le jour où la médecine (...) aura trouvé le moyen de guérir la tuberculose ou d'enrayer sa marche, elle aura augmenté pour l'avenir (Gaultier, Bovarysme,1902, p. 192).
B. − Au fig. [Le suj. désigne une pers. ou un inanimé]
1. Guérir qqn de qqc.
a) Débarrasser une personne de (quelque chose de blâmable, de répréhensible, de pénible). Synon. corriger.Guérir qqn d'une crainte, d'une obsession, d'un souci. Il entreprit de la guérir de ses excentricités (Zola, E. Rougon,1876, p. 146).Il n'y a point d'enchanteur qui guérisse quelqu'un de l'envie ou de la haine (Alain, Propos,1921, p. 293) :
4. ... quelques cents francs gagnés, quelque peu d'encens vous guérissent si vite du passé et l'éloignent si loin! Misères et blessures d'hier, il suffit d'un rayon d'aujourd'hui pour les cicatriser. Goncourt, Journal,1857, p. 331.
Emploi abs. Venez à Dieu car il guérit (Hugo ds Rob.).
Loc. verb. Ne guérir de rien. Ne servir à rien :
5. Si on l'accuse [l'Église] de s'être un peu méfiée de ces lettres qui ne guérissent [it. ds le texte] de rien, comme parle Sénèque; il faut aussi condamner cette foule de législateurs, d'hommes d'État, de moralistes, qui, dans tous les temps, se sont élevés, beaucoup plus fortement qu'elle, contre le danger, l'incertitude, et l'obscurité des sciences. Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 51.
b) Dégoûter, détourner d'(une chose) pour l'avenir. Synon. faire revenir.Que diable allais-je faire dans cette galère? Enfin cela me guérira pour jamais de la manie de conserver d'anciennes conquêtes et de réclamer d'anciens droits (Constant, Journaux,1805, p. 220).Il me semble que cette séparation me guérit à jamais de la manie des voyages (Michelet, Journal,1835, p. 768).
2. [L'obj. désigne un mal quelconque] Guérir qqc.Supprimer, faire cesser. Le spécifique pour guérir un événement malheureux (...) c'est une décision; car elle a pour effet (...) d'interrompre le flux de celles qui viennent de l'événement passé (Proust, Fugit.,1922, p. 444).Jane (...) passait sa main sur le front de Shelley et s'efforçait de guérir sa triste passion par de douces et magiques effluves (Maurois, Ariel,1923, p. 303).La vie est cruelle, mais le temps guérit les blessures (Green, Malfaiteur,1955, p. 184).
II. − Emploi intrans.
A. −
1. [Le suj. désigne un animé, le corps ou une partie du corps] Cesser d'être malade, recouvrer la santé. Il y a des malades qui meurent et d'autres qui guérissent; autrement s'ils guérissaient ou mouraient nécessairement tous, il n'y aurait plus de statistique à faire (C. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 61).[à Menton], les oranges mûrissent et les poitrinaires guérissent (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Notes voy., 1884, p. 437).
2. [Le suj. désigne un mal physique ou mental] Disparaître. Vous dites à nos maux : Guérissez! (...). Soudain nos maux guérissent (Delavigne, Louis XI,1832, IV, 6, p. 170).
En partic. [Le suj. désigne une plaie, une blessure] Synon. de cicatriser, se fermer :
6. ... tu as une blessure qui t'a fait souffrir, qui se cicatrise, mais qui te démange justement parce qu'elle guérit. J'ai toujours remarqué le même fait chez les gens qui avaient souffert violemment d'un premier amour; ils espèrent hâter la guérison dans la tranquillité, et la tranquillité ne revient jamais aussi pleine et entière que dans l'état d'innocence. Champfl., Bourgeois Molinch.,1855, p. 74.
B. − Au fig.
1. [Le suj. désigne une pers.] Se remettre de, cesser d'être tourmenté par. Il est possible que je parte avec Norvins pour Bruxelles. Il y a mille raisons, et je guérirai aussi de mon misérable amour (Constant, Journaux,1815, p. 450).Adieu, monsieur. On guérit facilement d'une passion pour une femme de mon âge (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 19).
[P. méton. du suj.] Si des maux soufferts les cœurs peuvent guérir; S'ils peuvent oublier (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr.,1828, p. 76).
Se débarrasser de, abandonner. Les épouses guérissent plus facilement des larmes que d'un tel sourire (Giraudoux, Amphitr. 38,1929, I, 2, p. 31).
2. [Le suj. désigne un mal quelconque] Disparaître. Qui m'eût dit à Combray, quand j'attendais le bonsoir de ma mère avec tant de tristesse, que ces anxiétés guériraient, puis renaîtraient un jour (Proust, Fugit.,1922, p. 501).
REM. 1.
Guéri, -ie, part. passé en emploi adj.,arg. Libéré, sorti de prison. Il est malade à Canelle (Il est arrêté à Caen) (...) et vous? Il paraît que vous êtes guéri (que vous êtes libre)? − Oui guéri, mais qui sait si je ne retomberai pas bientôt? (Vidocq, Mém., t. 4, 1828-29, p. 98).
2.
Guérit-tout, subst. masc.,rare. Plante aux nombreuses propriétés médicinales. Au fig., littér. Personne qui guérit tous les maux. Synon. panacée.Nasie m'embrassera demain comme son enfant, ses caresses me guériront. Enfin, n'aurais-je pas dépensé mille francs chez l'apothicaire? J'aime mieux les donner à mon guérit-tout, à ma Nasie (Balzac, Goriot,1835, p. 273).
Prononc. et Orth. : [geʀi:ʀ], (il) guérit [geʀi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 guarir « garantir, protéger » (Alexis, éd. Chr. Storey, 99); 2. a) ca 1100 guarir intrans. « recouvrer la santé » (Roland, éd. J. Bédier, 2036); 1176-81 p. ext. garir « disparaître, se cicatriser (en parlant d'une plaie) » (Chr. de Troyes, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 1375); b) 1130-40 garir trans. « rendre la santé » (Wace, Conception N.D., éd. W.R. Ashford, 1691); c) 1210-25 soi garir pronom. « se procurer la guérison à soi-même » (Yder, éd. H. Gelzer, 2588). De l'a. b. frq. *warjan « défendre, protéger » (cf. a. h. all. werian « id. », all. wehren « défendre ») qui est attesté d'abord en a. fr. sous la forme garir/guarir puis, vers la fin du xiiies. notamment dans les parlers de Champagne, sous la forme guerir (1288, C.A. Bevans, The Old French Vocabulary of Champagne, 33). Garir et guerir coexistent jusqu'au xviies. Pour les problèmes posés par l'a. prov. guerir (début xiies., Guillaume IX ds Rayn., t. 3, p. 430) v. DEAF, s.v. garir. Fréq. abs. littér. Guérir : 2 609. Guéri : 1 375. Fréq. rel. littér. Guérir : xixes. : a) 3 911, b) 4 469; xxes. : a) 3 371, b) 3 335. Guéri : xixes. : a) 1 629, b) 2 310; xxes. : a) 2 290, b) 1 842.