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GROSSIER, -IÈRE, adj.
A. − Qui est constitué d'une matière médiocre ou dont la fabrication est rudimentaire. Métal, pain, tissu, vêtement grossier; laine, nourriture, pierre grossière. Là, rien n'attestait les choses de la vie, il ne s'y trouvait même pas le moindre ustensile nécessaire à la préparation des aliments les plus grossiers (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 19).Ses moustaches, poissées d'un cosmétique grossier, ressemblaient à une brochette dont on lui eût traversé la lèvre supérieure (Gautier, Fracasse,1863, p. 348).Alors elle se décida, et, relevant sa robe, montra une forte jambe de vachère, mal serrée en un bas grossier (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Mais. Tellier, 1881, p. 1187) :
1. On s'est massacré dans la chapelle. Le dedans, redevenu calme, est étrange. On n'y a plus dit la messe depuis le carnage. Pourtant l'autel y est resté, un autel de bois grossier adossé à un fond de pierre brute. Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 370.
Dont la façon, l'exécution manquent de soin, de fini. Bijou grossier; meuble d'un travail grossier; architecture, sculpture grossière; ébauche, imitation grossière. Autour de nous, rien que des choses d'autrefois, pauvres et primitives. Des chapelets très grossiers sont suspendus aux pierres brutes, au granit des murs (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 416).L'abside de l'église de Combray, peut-on vraiment en parler? Elle était si grossière, si dénuée de beauté artistique et même d'élan religieux (Proust, Swann,1913, p. 62) :
2. Le domaine propre du dessin, au contraire, c'est l'instantané, c'est-à-dire le mouvement et l'action. Et un enfant, par un dessin grossier, peut bien faire comprendre qu'un cheval galope, ou qu'un homme court... Alain, Beaux-arts,1920, p. 279.
En partic. Dont l'exécution ne réclame aucune finesse. Ce qui l'attendait si elle épousait un garçon comme Eutrope Gagnon, une vie de labeur grossier dans un pays triste et sauvage (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 193) :
3. ... il eût été difficile de dire le rang que Caroline occupait dans la maison. Elle ne se livrait point à de grossiers travaux domestiques; ses mains blanches le disaient assez : pourtant Caroline était habituellement éveillée, comme la bonne, à cinq heures l'été, à six heures l'hiver. Gozlan, Notaire,1836, p. 5.
P. ext.
1. [En parlant d'une chose abstr.] Dont l'élaboration est imparfaite, approximative. Analyse, notion, solution grossière; n'avoir, ne donner qu'une idée grossière de qqc. Comme il avait surpris (...) un désir d'être différent et indépendant, il me proposa la domination. Grossière psychologie (Barrès, Barbares,1888, p. 210).La perception sensible la plus grossière, (...) celle qui est dévolue à l'enfant ou à l'idiot (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 526).L'imagination grossière du Moyen Âge a placé Satan dans un royaume de flammes et de cris (Romains, Copains,1913, p. 200) :
4. Le mécanisme de l'imagination que nous proposons est certainement très grossier, très imparfait, mais il est grossier uniquement parce qu'il est schématique, non parce qu'il est faux. Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 180.
2. [En parlant d'une pers. sous son aspect physique] Qui manque de finesse, de grâce. Visage aux traits grossiers; attaches, mains grossières. Un gros homme, demi-paysan, demi-bourgeois, à figure grossière, bourgeonnée, mais pleine de bonhomie (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 142) :
5. C'est un jeune homme vulgaire, presque grossier. Ses cheveux bruns et mal peignés entourent confusément son front étroit; son œil noir s'enfonce sous des sourcils épais; son nez, gros et charnu, s'avance au-dessus d'une large bouche qui surmonte un menton osseux... Du Camp, Hollande,1859, p. 23.
B. − Qui n'a pas été affiné par la civilisation, l'éducation, la culture. Public grossier; dehors, gens grossiers; manières, mœurs grossières. Peuples grossiers (Chénier, Poèmes, Amérique, 1794, p. 112).Siècle grossier (Genlis, Chev. Cygne, t. 1, 1795, p. 23).Le père de l'ouvrier lettré, plus grossier et plus lourd, inférieur de tant de manières, avait néanmoins plus d'un avantage sur son fils (Michelet, Peuple,1846, p. 105).Au monastère d'Assise, un moine avait un accent grossier, qui puait sa Calabre. Ses compagnons se moquaient de lui (Paulhan, Fleurs Tarbes,1941, p. 55) :
6. On a vu des criminels qui tout dégouttans encore de meurtre, se faisaient scrupule de manger de la viande le vendredi; et les esprits grossiers, à qui l'on a persuadé que le plus grand des crimes consiste à désobéir aux pratiques ordonnées par l'Église, épuisent leur conscience sur ce sujet... Staël, Corinne, t. 2, 1807, p. 154.
P. ext. Qui est le fait d'une personne sotte, naïve ou peu subtile. Mensonge, piège, stratagème grossier; manœuvre, ruse grossière. Les Barricini (...) étaient les ennemis de sa famille, mais il fallait les préjugés grossiers de ses compatriotes pour leur attribuer un assassinat (Mérimée, Colomba,1840, p. 73).
Qui dénote beaucoup d'ignorance. Faute, illusion grossière. Tous les traducteurs d'Homère qui ont introduit le mot vous dans le dialogue ont fait un grossier contre-sens. Les Grecs se sont toujours tutoyés et ils se tutoieront toujours (About, Grèce,1854, p. 58).Croyez-vous donc encore que la science et la philosophie nient le surnaturel? Erreur, mon jeune ami : erreur grossière (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1380).
Ignorance grossière. Profonde ignorance. J'interrogeai les prêtres si renommés dans la science des choses du ciel et des traditions de la terre (...). Retombés dans une grossière ignorance, ils n'entendent plus la langue hiéroglyphique (Chateaubr., Martyrs, t. 2, 1810, p. 119).
En partic. Relatif aux réalités matérielles, charnelles, par opposition aux réalités spirituelles. Matérialisme grossier, appétits, désirs grossiers; préoccupations grossières. Un jouisseur grossier (Larbaud, Barnabooth,1913, p. 238).Un plaisir à la fois grossier parce qu'il reposait sur un bien-être matériel et délicat parce que derrière lui s'estompait une pure vision (Proust, Guermantes 1,1920, p. 89) :
7. ... une âme prosaïque, c'est-à-dire lente et timide pour tout ce qui est délicat, et ne sentant avec passion que les intérêts grossiers de la vie : l'amour des écus, l'orgueil d'avoir de beaux chevaux, les désirs physiques, etc. Stendhal, Amour,1822, p. 301.
C. − Qui est contraire à la bienséance, ou à la décence. Geste, langage, rire grossier; mots, propos grossiers; conversation, histoire, plaisanterie grossière; injures, manières grossières. Bosch redit sans cesse l'obsession des instincts qui sollicitent l'homme et compromettent son salut (...). Le détail grossier, voire scatologique, abonde (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 323).
[En parlant d'une pers.] Qui agit d'une manière contraire à la bienséance. Muche, à sept ans, était un petit bonhomme joli comme un ange et grossier comme un roulier. Il avait (...) une bouche pure qui sacrait, qui disait des mots gros à écorcher un gosier de gendarme (Zola, Ventre Paris,1873, p. 724).Tu crois qu'en refusant d'aller dans le monde et en étant grossière avec les gens tu échappes à ta classe : tu es une bourgeoise mal léchée, c'est tout (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 180) :
8. On ne dérange pas un homme qui dort, pour rien du tout, surtout que c'est la dixième fois. Cet enfant est fort comme un Turc et il est toujours sur le point de mourir à trois heures du matin! (...) Alors, quoique je ne sois pas grossier, puisque je suis docteur et membre de l'Académie de Marseille, je dis merde! et je n'ajoute pas un mot de plus. Pagnol, Fanny,1932, III, 14, p. 211.
Grossier personnage. Individu mal élevé, indélicat :
9. ... Fontan avait mis à la porte Madame Lerat, en disant qu'il ne voulait plus la rencontrer chez lui (...). Aussi ne tarissait-elle pas contre ce grossier personnage. Elle lui reprochait surtout d'être mal élevé, avec des mines de femme comme il faut, à qui personne ne pouvait en remontrer sur la bonne éducation. Zola, Nana,1880, p. 1308.
C. −(vx)Marchand grossier,,Cette locution vieillit : on dit marchand en gros`` (Littré).Cf. également grossiste.
REM.
Grossiérisé, -ée, adj.Rendu grossier, cf. supra B. Ils interprètent à contre sens la classification de Comte (...). Non pas seulement à contre sens. Mais à sens diminué. À sens grossier, grossiérisé (Péguy, V.-M., comte Hugo,1910, p. 816).
Prononc. et Orth. : [gʀosje], fém. [-jε:ʀ]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Subst. 1. 1260 « ouvrier en fer travaillant de grosses pièces » (E. Boileau, Métiers, 44 ds T.-L.) cf. aussi charpentier grossier « ouvrier charpentier travaillant le gros œuvre » (Id., ibid., 106, ibid.); 2. 1305 « commerçant en gros » (Lett. pat. de Phil. le Bel, Annuaire de la boulangerie des arrond. de St Denis et de Sceaux, p. 207, Paris 1856 ds Gdf.). B. Adj. 1. 1550 « rustre, inculte, primitif » grossiere multitude (Ronsard, Bocage, II, 104, éd. P. Laumonier, Œuvres, t. 2, p. 161); 2. 1555 « façonné sans finesse, rustique » grossiere laine (Id., Hymne des astres, 146, ibid., t. 8, p. 156); 3. 1604 « qui est l'effet d'un manque d'habileté, de finesse ou d'intelligence » grossière erreur (Montchrestien, Hector, éd. Petit de Julleville, Tragédies, p. 6 ds IGLF); 4. fin xviies. « choquant, qui tourne à l'obscénité » (St Evremont, Œuvres mêlées, t. 3 ds Rich. 1710). Dér. de gros1* adj.; suff. -ier*. B, attesté indirectement par grossièrement* au xives., l'est en a. prov. dès le début xiies. (jogarun joc grosser « jouer gros jeu » ds Guillaume de Poitiers, éd. Pasero, VI, 45) mais il est difficile d'établir le cheminement d'un empr. du fr. à l'a. prov. (cf. FEW t. 4, p. 280a, note 52). Fréq. abs. littér. : 2 821. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 863, b) 3 754; xxes. : a) 4 558, b) 3 092. Bbg. Delb. Matér. 1880, p. 159.