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GRINGALET, -ETTE, subst. et adj.
Péjoratif
I. − Subst. Personne de petite taille, maigre et chétive. Il avait surtout une invincible mésestime qui frisait la répugnance pour les pauvres gringalets sortis de l'école polytechnique, ces maigres petits hommes à lunettes, gauches et maladroits (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Lit, 1884, p. 255).Et près de la caisse se tenait (...) une gringalette bien peignée, bien ficelée, qui vous avait (...) deux yeux bleu tendre, réservés d'ordinaire aux menues demoiselles de la bonne société (H. Bazin, Barbe,1957, p. 26) :
− Galopin, ostrogoth! c'est maintenant que tu viens me voir? (...) − Mais, grand'mère, j'ai eu une bronchite. Je me suis levé hier pour la première fois. − Tais-toi. Tu es bien capable d'avoir eu une bronchite. Tu n'es qu'un gringalet, qu'un avorton, comme ta saleté de mère qui m'a cependant perdu mon Charles, toute avorton qu'elle était aussi... Ah! là, là! vous me faites mal. Daniel-Rops, Mort,1934, p. 271.
[Employé pour qualifier une pers. avec condescendance ou avec mépris dans l'intention d'insulter]
[Dans une interpellation] − Ne m'approchez pas, monsieur le carabinier, vous puez l'écurie! − Gringalet! Si je ne me retenais à quatre, je te souffleterais de ma botte! (Borel, Champavert,1833, p. 210).Fabrice ferma les yeux et but coup sur coup quatre verres d'eau-de-vie. − Comme tu y vas, gringalet! s'écria la cantinière (Stendhal, Chartreuse Parme,1839, p. 45).
[Emploi qualificatif antéposé] Tenez, monsieur, vous connaissez bien ce gringalet de ferrailleur qu'est à la porte? Eh bien, si j'étais veuve, une supposition, il m'épouserait les yeux fermés, tant il les a ouverts à mon endroit (Balzac, Cous. Pons,1847, p. 144).L'épicière avait flanqué son gringalet de mari à la porte et elle restait sur le seuil de sa boutique, troussée court, les mamelles flasques, le chignon défait, un œil au beurre noir (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 146).
Rem. L'emploi au féminin est très rare.
II. − Adj. [Qualifiant un subst. désignant (le corps d') une pers.] Qui est petit, maigre et chétif. C'était un tout jeune homme, gringalet et maigre, l'air maladif et triste (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 208).Un petit air nigaud et gringalet, qui fait qu'il conserve à cinquante ans l'aspect et les allures d'un jeune homme (Gyp, Province,1890, p. 38).Il voulait ignorer son buste trop long, ses jambes courtes, ses bras grêles, et sur ce corps presque gringalet, la disproportion d'une tête trop forte, dont la barbe augmentait encore le volume (Martin du G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 752).
Au fig. Faible au plan moral, artistique. Mallarmé pour la poésie, Maeterlinck pour le drame − et quoique auprès d'eux deux, je me sente bien un peu gringalet, j'ajoute moi pour le roman (Gide, Corresp. [avec Valéry] 1891, p. 46).
P. anal. Faible, qui manque de valeur, de vigueur, de puissance. Les pauvres petites misérables mines de plomb de M. Ingres, est-ce de l'art assez gringalet à côté des préparations de La Tour (Goncourt, Journal,1884, p. 316).Un son gringalet et comme chevrotant (Gide, Journal,1891, p. 20).
Prononc. et Orth. : [gʀ ε ̃galε], fém. [-εt]. Le subst. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. 1611 « bouffon amusant » (Cotgr.); 2. a) 1785 « homme de petite taille, de corps maigre et chétif » (Beaumarchais, Mariage de Figaro, II, 21); b) 1835 adj. « fluet, faible, chétif » (Pomier, Loc. vicieuses Hte-Loire, p. 67). Soit par antiphrase et ironiquement de l'anc. subst. gringalet « sorte de cheval » (1165-70, Chr. de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 3935); lui-même issu du gallois Keinkaled (composé de kein « beau » et kaled « dur, vigoureux »), nom du cheval de Gauvain dans un texte celtique daté du 3equart du xiies. Chrétien de Troyes a adopté ce nom, sous forme de gringalet, comme nom commun, pour désigner un cheval de race indéterminée, monture de Gauvain. La forme gringalet qui concurrence déjà guingalet dans les manuscrits d'Erec, s'explique par une mauvaise lecture des abréviations de gui-/gri-. Soit, plus vraisemblablement, du suisse all. *gränggeli « homme sans apparence, peu considérable », dimin. de gränggel « homme chétif », mot introduit en France par les mercenaires suisses. Sa rencontre avec gringalet serait alors tout à fait fortuite (FEW t. 16, p. 52a et Bl.-W.5). Fréq. abs. littér. : 48. Bbg. Sain. Sources t. 1 1972 [1925], pp. 297-298.