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* Dans l'article "GOUVERNEUR,, subst. masc."
GOUVERNEUR, subst. masc.
A. − Celui qui gouverne.
1. Celui qui a le gouvernement civil et militaire; celui qui est chargé de gouverner une province, un État, une colonie.
a) HISTOIRE
ANTIQ. Leurs magistrats [des villes conquises par Rome] rendaient leurs comptes au gouverneur de la province, qui recevait aussi les appels de leurs juges (Fustel de Coul., Cité antique,1864, p. 495).Nous sommes dans l'endroit où les gouverneurs romains avaient leur résidence (Bourget, Actes suivent,1926, p. 96) :
1. ... il [Cyrus] fit installer des relais à intervalles réguliers le long des routes principales de son empire (...). Sur ces routes, les ordres du roi aux gouverneurs de provinces étaient transmis, dit Hérodote, « avec la vitesse d'un oiseau qui vole ». P. Rousseau, Hist. transp.,1961, p. 26.
MOY. ÂGE et TEMPS MOD. Alexandre [Ier, empereur de Russie] (...) borna le pouvoir des gouverneurs de province (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 150).Nommé gouverneur de Languedoc en 1660, il [le prince de Conti] s'appliqua à réformer son gouvernement, à y introduire le bon ordre (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 430) :
2. De même que l'administration centrale n'a, à vrai dire, qu'un seul agent à Paris, elle n'a qu'un seul agent dans chaque province. On trouve encore, au xviiiesiècle, de grands seigneurs qui portent le nom de gouverneurs [it. ds le texte] de province. Ce sont les anciens représentants, souvent héréditaires, de la royauté féodale. On leur accorde encore des honneurs, mais ils n'ont plus aucun pouvoir. L'intendant possède toute la réalité du gouvernement. Tocqueville, Anc. Rég. et Révol.,1856, p. 101.
b) [Dans un État fédéral, au nom du pouvoir central] Pourquoi ce meeting? (...) S'agissait-il de la nomination d'un haut fonctionnaire militaire ou civil, d'un gouverneur d'État ou d'un membre du Congrès? (Verne, Tour monde,1873, p. 144).Roosevelt, alors gouverneur de l'État de New-York (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 216).
c) [Dans une colonie, au nom de la métropole] Son mari avait été nommé gouverneur d'une province anglaise plus grande que l'Europe (About, Grèce,1854, p. 96) :
3. Les gouverneurs envoyés par la métropole, ne regardant pas le pays qu'ils administrent comme celui où ils doivent passer leur vie entière, goûter le repos et jouir de la considération publique, n'ont aucun intérêt à y faire germer le bonheur et la vraie richesse. Ils savent qu'ils seront considérés dans la métropole en proportion de la fortune qu'ils y rapporteront, et non en raison de la conduite qu'ils auront tenue dans la colonie. Say, Écon. pol.,1832, p. 236.
Gouverneur général. Gouverneur d'une grande colonie ou d'un groupe de colonies. Éboué, nommé gouverneur général de l'Afrique équatoriale française, s'installait à Brazzaville (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 119) :
4. En 1899, le gouvernement de Sa Majesté Britannique et celui du Khédive d'Égypte conclurent une convention aux termes de laquelle le Soudan serait administré par un commandant suprême, militaire et civil, dénommé « gouverneur général du Soudan »... Humanité,19 janv. 1952, p. 3, col. 1-2.
2. Celui qui a le gouvernement militaire.
a) HIST. Celui qui commandait une place forte, un château, une citadelle, une forteresse. Des Anglais étaient nommés gouverneurs de toutes les villes (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 383).On m'a (...) conduit à la Bastille (...). Je fis prier le gouverneur de descendre (Dumas père, Demois. de St-Cyr,1843, II, 3, p. 123) :
5. ... au moment où M. de Guibert fut nommé gouverneur des Invalides, il se trouva aux Invalides six cents prétendus soldats qui n'étaient point blessés... Chamfort, Max. et pens.,1794, p. 78.
b) HIST. CONTEMP. Le prince de Hesse-Hombourg, gouverneur de la citadelle (Michelet, Journal,1842, p. 463) :
6. ... lorsqu'on eut enfin atteint la porte de Torcy [à Sedan], il fallut parlementer, supplier et se fâcher, presque faire le siège de la place, pour obtenir du gouverneur qu'il baissât le pont-levis. Zola, Débâcle,1892, p. 176.
En partic. [En France] Gouverneur (militaire). ,,Le général commandant la région dont le siège est à Lyon, et celui commandant la région dont le siège est à Metz portent respectivement le titre de « gouverneur militaire de Lyon » et « gouverneur militaire de Metz » (...). Un membre du conseil supérieur de la guerre est, en outre, désigné comme « gouverneur militaire de Strasbourg ». Ses attributions sont définies par décret`` (J.O., Loi sur organ. gén. armée, 1927, art. 47, p. 7269). Le général Kœnig qui prend les fonctions de gouverneur militaire (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 310).
B. − Haut fonctionnaire nommé par l'État à la tête de certaines institutions financières importantes. M. Prévinaire, gouverneur de la Banque Nationale belge (Hugo, Corresp.,1872, p. 340).À la Banque de France, le gouverneur, deux sous-gouverneurs et 6 membres du Conseil de Régence sur 15 étaient nommés par le Gouvernement (Lesourd, Gérard, Hist. écon.,1968, p. 56) :
7. Le groupe central de planification urbaine (GCPU) composé sous la présidence du gouverneur du Crédit foncier de France... Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p. 131.
C. − Celui qui est chargé de l'éducation d'un prince ou de certains jeunes garçons de grande famille. [M.] Soret, le spirituel député de Genève, qui a été gouverneur du duc de Saxe-Weimar (Michelet, Journal,1838, p. 257).Le prince emmené par son gouverneur, m'invita à sa leçon d'histoire fixée au lundi suivant (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 237).
Au fig. Pour achever cet admirable portrait qui nous est laissé d'un gouverneur des âmes (...) c'est par M. Singlin que Pascal entra d'abord et définitivement dans l'esprit de Port-Royal (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 476).
Rem. 1. Le fém. de gouverneur, en ce sens C, est gouvernante (v. ce mot C 2). 2. Emploi adj. Qui gouverne, qui mène. Les esprits gouverneurs du monde furent jaloux d'elle (Flaub., Tentation, 1874, p. 91).
REM. 1.
Gouvernateur, subst. masc.,synon. rare. de gouverneur.Et ces maîtres de l'homme et ces gouvernateurs Gouvernaient cet enfant que nous n'avons pas su (Péguy, Ève,1913, p. 827).
2.
Gouvernorat, subst. masc.,région. (Canada). Synon. de gouvernat (infra dér.). (Ds Bél. 1957).
Prononc. et Orth. : [guvε ʀnœ:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1130-40 gouverneres « celui qui a la charge de quelqu'un » (Wace, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 357); spéc. fin xves. gouverneur « celui qui a la charge de l'éducation d'un enfant » (G. Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 3, p. 68, 25); 2. a) ca 1165 governere « commandant, chef militaire » (B. de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 7865); fin xiies. guvernere « celui qui a la charge d'un pays » (Brut de Munich, 3787 ds T.-L.); fin xiiies. gouvreneur (Roisin, Coutumes Lille, éd. R. Monier, § 177, p. 114); 1645 gouverneur « représentant de l'autorité métropolitaine dans une colonie » (A.N. Colonies, F2A/13 ds L. Merle, Constant d'Aubigné, Beauchesne, 1971, p. 116); b) 1174-76 guverneür « celui qui a la charge d'une administration (ici l'Église) » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 4834); 1492 gouverneur des finances (N. Gilles, Ann., t. II, fo25 rods Gdf.). Du lat. gubernator « celui qui tient le gouvernail » et au fig. « celui qui dirige (un État) », formé sur le supin gubernatum de gubernare, gouverner*; gr. dor. κ υ ϐ ε ρ ν α τ η ́ ρ (gr. att. -η τ η ́ ρ), id. Fréq. abs. littér. : 1 942. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 382, b) 1 794; xxes. : a) 1 060, b) 2 067.
DÉR.
Gouvernat, subst. masc.Fonction, charge de gouverneur. Je suis ravi d'avoir envoyé le tout au diable et jeté mon gouvernat par une aussi large fenêtre (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 315).[guvε ʀna]. 1reattest. 1848 id.; du rad. de gouverneur, suff. -at*.
BBG. Rabotin (M.). Le Vocab. pol. et socio-ethnique à Montréal de 1829 à 1842. Montréal-Paris-Bruxelles, 1975, pp. 48-49.