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GÉSIR, verbe intrans.
Littéraire
A. −
1. [Le suj. désigne un animé]
a) Être étendu, couché, sans pouvoir se mouvoir (par suite d'un malaise, d'une blessure, d'une maladie, ou de la mort). MlleStangerson gît, inanimée, à moitié renversée sur le bureau, les yeux clos (Leroux, Myst. ch. jaune,1907, p. 117).L'observateur, tué net par le tir des chasseurs, gisait dans le fond de la carlingue (Saint-Exup., Pilote guerre,1942, p. 292) :
1. La vieille gisait tout de son long sur la face au milieu de la chambre, et, lorsque son fils l'eut retournée, elle apparut, immobile et sèche, avec sa peau jaunie, plissée, tannée, ses yeux clos, ses dents serrées, et tout son corps maigre raidi. Maupass., Contes et nouv., t. 1, En fam., 1881, p. 345.
P. métaph. Enfin la vieillesse était venue; l'âme gisait, tourmentée par le souvenir des avis négligés (Huysmans, En route, t. 2, 1895, p. 42).
[Le suj. désigne un animal] Une dinde morte gisait au milieu d'un amas de choux verts (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 13).
P. exagér. Être étendu (pour une raison autre que la maladie ou la mort) :
2. ... la tête de Carola reparut dans la porte entrebâillée, derrière le lit, tout près du lit, souriante... Une heure plus tard, quand il se ressaisit, Carola gisait contre lui, couchée entre ses bras, toute nue. Il dégagea de dessous elle son bras gauche qui s'aigrissait, puis s'écarta. Elle dormait. Gide, Caves,1914, p. 784.
b) Être couché dans la tombe, être enterré. Nous monterons tous deux la nuit sur la colline Où gisent nos aïeux (Hugo, Feuilles automne,1831, p. 730).[Les chartreux] gisent là confusément, humbles dans la mort comme ils l'ont été dans la vie (Gautier, Tra los montes,1843, p. 54).Des sépulcres non pareils où gisent les restes de ces rois hindous (Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 368).
En partic. [Anc. formule d'épitaphe] Ci-gît (v. ci1I B 2).
Emploi subst. Vous eussiez dit les deux os gravés au-dessus des ci-gît (Balzac, Contrat mar.,1835, p. 241).Vous n'attirerez à votre ci-gît éternel que vos fils bannis avec vous (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 573).
Au fig. « − Ci-gît le mal », dit-elle (Boylesve, Leçon d'amour,1902, p. 118).[Sous la forme rare ci-gisent] . Ci-gisent tous les rêves de l'ambition, toutes les conquêtes de la gloire guerrière (Flammarion, Astron. pop.,1880, p. 103).
2. [Le suj. désigne une chose]
a) [Le suj. désigne une chose abandonnée, détériorée; correspond à supra A 1 a] Être tombé, dispersé çà et là sur le sol. Des meubles, jetés dehors, gisaient sur le gravier de la terrasse (Zola, Débâcle,1892, p. 369).Des clairières où gisent les arbres abattus (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 248) :
3. ... des charrettes, des voitures de toutes sortes, même des fiacres venus on ne sait d'où, gisaient éventrés les roues en l'air, des châssis d'autos formaient d'immenses amas de ferraille; seuls les vignobles, par je ne sais quel hasard, paraissaient avoir peu souffert. Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 434.
b) [Le suj. désigne une chose cachée ou abandonnée; correspond à supra A 1 b] Se trouver enfoui, enfermé dans quelque chose. Un de ces vases allongés dont le couvercle porte un lièvre en faïence, pour indiquer qu'un lièvre en pâté gît au-dessous (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Boule de suif, 1880, p. 151).Aux abords du sentier solitaire où gisaient nos filons d'argent (Loti, Rom. enf.,1890, p. 301) :
4. ... j'ouvre en tremblant une humble caisse de noyer où gisent mes lamentables gages d'amour, où dort ma vie accomplie maintenant, où remue, quand j'y plonge les mains, la poussière morte de tout ce que j'ai adoré sur la terre? Maupass., Contes et nouv., t. 1, Pétition, 1882, p. 769.
P. métaph. Toute la morale qui gît en nous, tassée au fond de nos sentiments par des siècles d'enseignement héréditaire (Maupass., Contes et nouv., Hautot, 1889, p. 263).
En partic. [Le suj. désigne une localité, une habitation] Derrière la colline, au pied de laquelle gît le bourg (Balzac, Curé vill.,1839, p. 84).Le commencement du village, perdu au milieu des pommiers, gît au fond de la vallée (Stendhal, Lamiel,1842, p. 10).
MAR., vx. [En parlant de la position d'une île] Il est dit que les îlots de Martin-Vas sont à huit lieues de distance et gisent à l'est 1 sur 4 nord-est de l'île de la Trinité (Voy. La Pérouse,t. 1,, 1797p. 67).Le jeune capitaine donna la première marque de son audace militaire en prenant possession des petites îles qui gisent entre la Corse et la Sardaigne (Stendhal, Napoléon, t. 1,1842, p. 8).
Proverbe. C'est là que gît le lièvre*.
B. − Au fig.
1. [Le suj. désigne une pers.] Se trouver (dans tel ou tel état). Je gisais entre la vie et la mort (Claudel, Échange,1894, III, p. 708).Je gis au fond d'un noir et doux sommeil (Colette, Dialog. bêtes,1905, p. 140).
2. [Le suj. désigne une chose abstr.]
[L'élément abstr. s'inscrit dans un ensemble plus vaste, de même nature] Se trouver (dans), résider (en). (C'est) là (que) gît la difficulté. Le point mystérieux qui gît au fond de cet immense malentendu (Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 8).Au fond de tout déboire gît, pour qui sait l'entendre, un « ça t'apprendra » que j'écoutai (Gide, Si le grain,1924, p. 524).La passion même qui gisait au fond de ce désespoir (Camus, Homme rév.,1951, p.223).
[L'élément abstr. s'identifie à un autre] Consister en, résider dans (quelque chose). Une logique médiocre eût bien suffi à leur montrer en quoi gît la béatitude (Maurras, Chemin Paradis,1894, p. xxii) :
5. Le mensonge gît pour eux dans le fait de ne pas vouloir se rendre compte que le désir physique est à la base des sentiments auxquels ils donnent une autre origine. Proust, Temps retr.,1922, p. 746.
Rem. 1. Gésir est un verbe défectif que l'on rencontre surtout au prés., à l'imp. et au part. prés. (v. gisant, -ante). L'inf. est encore employé. Vous semblez gésir côte à côte (Bernanos, Mauv. rêve, 1948, p. 969). L'évêque doit depuis longtemps gésir sous lame [dans son tombeau], dans Beauvais (La Varende, Heur. humbles, Pèlerins d'Argentan, 1942, p. 22). 2. Dupré 1972 indique que ,,l'ancien futur (...) était gîrai plutôt que gésirai``, les deux formes sont attestées chez les aut. Je gésirai la tête fracassée sur un pavé (Balzac, Honorine, 1843, p. 380). Bientôt, tout de mon long, je gîrai par terre, les mains ouvertes (Claudel, Tête d'Or, 1901, p. 207).
Prononc. et Orth. : [ʒezi:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Conjug. : usité uniquement à l'ind. prés. : je gis, tu gis, il gît, nous gisons, vous gisez, ils gisent; à l'imp. de l'ind. : je gisais, etc., et au part. prés. : gisant(e). Buben 1935, § 174 rappelle que : ,,Quelques grammairiens enseignent aussi qu'il faut prononcer un s dur dans les formes verbales gisons, gisez, gisent, gisais, gisant [mais que] aujourd'hui cette prononc. est abandonnée ``. Étymol. et Hist. 1. 2emoitié xes. « être couché » joth parfait 3epers. sing. (S. Léger, éd. J. Linskill, 163 : a terra joth); ca 1100 spéc. « être couché dans le cercueil, la tombe » (Roland, éd. J. Bédier, 3693); 1911 part. prés. subst. B.-A. (L. Hourticq, Hist. gén. Art. France, p. 109 : les sculpteurs de ,,gisants``); 2. ca 1160 fig. « (d'une chose) résider dans, tenir à » (Eneas, 7195 ds T.-L.); 3. ca 1180 gesir de « accoucher de » (Fierabras, 152, ibid.). Du lat. jacere « être couché, être étendu; s'étendre, être situé ». Fréq. abs. littér. : 934. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 081, b) 1 436; xxes. : a) 2 063, b) 1 038.