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FUIR, verbe.
A.− Emploi intrans.
1. [L'accent est mis sur la cause du déplacement (menace, difficulté); le suj. désigne une pers.]
a) Se sauver en toute hâte pour échapper à une personne, à une chose, importunes ou menaçantes. Il ne s'agit pas de nous défendre, il s'agit de fuir (Dumas père, Tour Nesle,1832, I, tabl. 2, 5, p. 22).Où vas-tu, que tu fuis si vite? (Flaub., Tentation,1849, p. 395):
1. ... le colonel (...) un Italien, crut voir que les Français commençaient à plier. Il (...) s'écria : − Français, vous fuyez! France, Vie littér.,t. 1, 1888, p. 203.
b) Au fig. Se dérober aux difficultés, aux devoirs qui pèsent ou indisposent. Incitant parfois à fuir devant les responsabilités (Meynaud, Groupes pression Fr.,1958, p. 215).
2. [L'accent est mis sur la nature du déplacement; le suj. désigne un inanimé]
a) [Le mouvement est réel] S'écouler, s'éloigner à toute vitesse. Au fil de l'an fuit la rivière! (Muselli, Ball. contrad.,1941, p. 116):
2. Si les galaxies fuient avec une vitesse croissante à mesure qu'elles s'éloignent, qu'arrivera-t-il lorsque leur vitesse avoisinera celle de la lumière? Decaux, Mesure temps,1959, p. 23.
Spécialement
MAR. Fuir à la lame; fuir devant le temps, devant le vent. Naviguer vent arrière avec une voilure réduite pour étaler le vent. Avec le fixe, la trinquette, un foc et la misaine de cape, en veillant pour bien prendre les coups de mer, nous fuyons sans trop sortir de notre route (Charcot, Expéd. antarct. fr.,1906, p. 5).
PHYS. [Le suj. désigne un fluide ou un gaz] S'échapper de son enveloppe, de son contenant :
3. Il saigne du nez tous les jours, et chaque goutte de sang qui fuit de ce corps pauvre est une torture pour sa mère. Vercel, Cap. Conan,1934, p. 153.
P. anal.
[En parlant d'une chose concr.] Sa chevelure abondante [de Méniquette], qui fuyait de tous les côtés (Fabre, J. Savignac,1863, p. 208).
[En parlant d'une chose abstr.] Ça c'est vrai, dit Françoise; si on n'est pas déjà au courant, ça [les nouvelles contenues dans les journaux] vous fuit entre les doigts (Beauvoir, Invitée,1943, p. 243).Si la mémoire fuyait, la haine en revanche restait tenace (Druon, Louve Fr.,1959, p. 234).
P. méton. [Le suj. désigne le contenant lui-même] Il raccommoda le baquet qui fuyait (Zola, Germinal,1885, p. 1260).Attention à l'eau. Votre radiateur fuit comme un panier (Saint-Exup., Pilote guerre,1942, p. 319).
b) [Le mouvement est fictif] Donner l'impression de s'éloigner.
α) [Le suj. désigne une chose concr. relative à l'espace]
[Le suj. désigne un paysage que, par un effet d'optique, un observateur mobile voit défiler] Il regardait fuir les poteaux télégraphiques, tâchant de se rendre compte de la vitesse (Zola, Bête hum.,1890, p. 144).
[Le suj. désigne une ligne, un plan de l'espace] S'enfoncer, s'éloigner par un effet de perspective. Un angle de la montagne couvert de bosquets en fleur, à travers lesquels fuient des sentiers en pente rapide (Sand, Lettres voy.,1837, p. 18).Ces chaînes de montagnes qui fuyaient à l'horizon comme de grandes vagues bleues (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 319).
Spéc., PEINT. M. C... me fit remarquer que les fonds ne fuyaient pas assez loin [dans un tableau de Legros] (Baudel., Curios. esthét.,1867, p. 236).
[Le suj. désigne une partie du corps hum.]
Disparaître, s'estomper en donnant une impression d'allongement, de profondeur. Les ventres ambrés qui fuient sous l'ombre des cuisses secrètes (Faure, Hist. art,1921, p. 168):
4. Elle baissa la tête, et il aperçut, sous les frisons, la nuque qui fuyait dans l'échancrure du corsage. Martin du G., Thib.,Pénitenc., 1922, p. 772.
[Le suj. désigne une partie de la tête (front, menton)] S'incliner, s'incurver en arrière. La partie supérieure [du visage de Joudetot] d'expression féline, grâce à un front lisse qui fuyait vers un crâne dénudé (Estaunié, MmeClapain,1932, p. 229).
[Le suj. désigne une surface servant d'assise à une pers.] Se dérober, s'enfoncer sous le poids de cette personne. Le sol fuit sous nos pieds (Proudhon, Créat. ordre,1843, p. 51).Il regardait le sol inondé qui fuyait sous lui (R. Bazin, Blé,1907, p. 311).
Au fig. Le monde extérieur m'échappe et fuit sous moi de toutes parts (Maine de Biran, Journal,1817, p. 4).
β) [Le suj. désigne une chose abstr. relative au temps] Je vois fuir l'été avec une sorte de désespoir (Gide, Journal,1948, p. 331).Le temps de l'enfance s'éternise (...) celui de la maturité fuit, et bientôt la vieillesse le précipite (Arnoux, Zulma,1960, p. 11).
P. anal. [Le suj. désigne une chose éphémère, fugace] Tout se transforme et fuit... Mon cœur est plus changeant qu'un ciel d'équinoxe (Loti, Journal intime,1878-81, p. 27).Elle était encore jolie, avec cette coquetterie éperdue, cette futilité un peu égarée des femmes qui sentent leur beauté fuir (Chardonne, Attach.,1943, p. 128):
5. Toutes ont défié les folles tentatives Des mains à saisir l'ombre inerte où fuit l'odeur De leurs cheveux épars... Régnier, Poèmes anc.,1890, p. 34.
B.− Emploi trans.
1. [Le suj. désigne une pers.] Chercher à éviter quelqu'un ou quelque chose, à s'y soustraire ou à s'en éloigner.
a) Fuir qqn.Fuir les siens, ses semblables. Donc, fuyez les femmes! (Flaub., Tentation,1874, p. 54).Je n'aime point les journalistes. Ce sont des esprits brouillons et entreprenants qu'il faut fuir comme la peste (G. Leroux, Myst. ch. jaune,1907, p. 58):
6. On t'aura dit souvent que j'avais fui le monde et que j'avais été lâche, que j'étais lâche, que j'avais abandonné maman; ils n'ont que ça à dire, que l'on a fui le monde, que nous fuyons le monde... Péguy, Myst. charité,1920, p. 160.
Fuir le regard de qqn. S'en détourner pour ne pas l'affronter. Mais il fuyait mon regard; il alla, la tête baissée, décrocher son manteau (Sartre, Nausée,1938, p. 210).
Emploi pronom. à sens réfl. ou réciproque. Se fuir les uns les autres. J'ai demandé les Mystères de Londres. On les apporte, je vais les lire pour me fuir moi-même (Balzac, Lettres étr.,t. 3, 1850, p. 160).
Rare, emploi part. passé adj. Le plus fui des hommes (Lamart., Voy. Orient,t. 2, 1835, p. 31).
b) Fuir qqc.Il avait fui la tyrannie, comme maintenant il fuyait la liberté! (Sand, Hist. vie,t. 4, 1855, p. 473).
Rare, emploi pronom. à sens réciproque. Nos passés s'ignoraient, nos avenirs se fuyaient (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 339).
2. Vx ou littér. [Le suj. désigne une chose] Échapper, se dérober aux désirs, aux souhaits de quelqu'un. Ils dorment... et le repos me fuit (La Martelière, Robert,1793, II, 1, p. 13).Beaucoup de choses qui m'avaient heureusement fui me sont revenues (Green, Journal,1941, p. 171):
7. Rire... comme s'il est de quoi, dans ce bas monde; Ne point pleurer des jours qui ne reviendront pas, Ses chairs qui vont mourir, sa chevelure blonde Et tout ce qui nous fuit, bien avant le trépas. Montesquiou, Hort. bleus,1896, p. 297.
REM.
Fuyeuse, adj. fém.Hapax. Qui fuit, fuyarde. Salomé, fuyeuse de fêtes nationales, écoutait la mer familière des belles nuits (Laforgue, Moral. légend.,1887, p. 173).
Prononc. et Orth. : [fɥi:ʀ], (il) fuit [fɥi]. Ds Ac. 1694-1932. Conjug. Distinguer les deux 1respers. du plur. de l'imp. de l'ind. et du prés. du subj. : (que) nous fuyions, (que) vous fuyiez et les 2 1respers. du plur. du prés. de l'ind. : nous fuyons, vous fuyez. Étymol. et Hist. 1. a) Fin ixes. trans. « chercher à éviter quelqu'un, quelque chose » ici « renoncer à quelque chose » (Eulalie, 14 ds Henry Chrestomathie : Qued elle fuiet lo no christiien); b) 1538 « échapper à l'intelligence, à la mémoire » (Est.); 2. a) ca 1100 intrans. « s'éloigner à la hâte pour éviter quelqu'un » (Roland, éd. J. Bédier, 1255); b) 1176-81 « céder, fléchir par l'effet d'un contact, d'un poids » (Chr. de Troyes, Chevalier Lyon, éd. M. Roques, 3512); c) 1549 « se dérober devant quelque chose » (Est.); d) 1640 « (d'une chose) s'éloigner rapidement » un jour qui fuit (Corneille, Horace, III, 1); e) 1704 « se prolonger en arrière par perspective » (Trév.); 1805 « être incliné en arrière » l'arc du menton va en fuyant en arrière (Cuvier, Anat. comp., t. 3, p. 17); f) 1762 ce vase fuit (Ac.). D'un lat. pop. *fūgīre, class. fŭgĕre « fuir, s'enfuir ». Fréq. abs. littér. : 6 641. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 10 469, b) 9 597; xxes. : a) 9 583, b) 8 401. Bbg. Gohin 1903, p. 376.