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* Dans l'article "FRANÇAIS, AISE,, adj. et subst."
FRANÇAIS, AISE, adj. et subst.
De (la) France (comprenant dans certains cas ses départements et territoires d'outre-mer).
I.− [En parlant d'une pers., d'un animal ou d'une plante]
A.− (Celui, celle) qui est né(e) en France métropolitaine ou d'outre-mer, qui en est originaire, qui y habite, qui en est devenu(e) citoyen(enne) par la naturalisation. Empereur, roi des Français. Il était un jeune musicien français tout fraîchement venu de Paris (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 57).
En partic.
En emploi coll., subst. masc. sing. Le Français, ce peuple spirituel (Flaub., Corresp.,1843, p. 145).
[P. allus. à une expr. du président Herriot, en 1924] Le Français moyen. Celui qui incarne l'opinion courante des Français, leur mode de vie habituel. L'inquiétude que le Français moyen éprouve encore à l'encontre du progrès (J. Fourastié, Gd espoir du XXes.,1969, p. 330).
Canadien/-ienne français/-aise. (Celui, celle) qui, d'origine française, habite au Canada et parle le français. Comme la plupart des Canadiens français, il répugnait au service de restaurateur (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 49).
[En parlant d'une collectivité] Issu d'une famille française réformée, qui s'était réfugiée à Bâle au XVIesiècle (Béguin, Âme romant.,1939, p. 65).
B.− (Celui, celle) qui, de nationalité française ou étrangère, est attaché(e) à la France, aux Français, qui en a certaines caractéristiques. Être français de naissance ou français de cœur. Il était du devoir de tout bon Français de défendre la Restauration et la charte constitutionnelle (Staël, Consid. Révol. fr.,1817, p. 248):
1. ... un étranger se fût étonné de les trouver [des paysannes] presque élégantes au cœur de ce pays sauvage, si typiquement françaises parmi les grands bois désolés et la neige... Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 11.
Rem. En arg., français, subst. masc. veut dire « homme sur lequel on peut compter ». J'en réponds comme de moi, c'est un ami et un français (Vidocq, Mém., t. 3, 1828-29, p. 126).
C.− [En parlant d'un animal ou d'une plante] Qui est originaire de ce pays, qui y vit, qui en a certaines caractéristiques. Sensible à la beauté de nos arbres françois (Delille, Homme des champs,1800, p. 73).En habit du matin au soir, c'est [la pie] notre oiseau le plus français (Renard, Nos frères far.,1910, p. 171).
Spéc. [En parlant d'un ensemble] Race française frisonne pie noire. Race bovine originaire des Pays-Bas, exploitée essentiellement dans le nord-est et le sud-ouest de la France pour les produits laitiers et la viande de boucherie (cf. Wolkowitsch, Élev., 1966, p. 88).
II.− [En parlant d'une chose]
A.− (Ce) qui est propre à ce pays (comprenant la France d'outre-mer dans les domaines administratif, politique en particulier), à ses habitants, qui en a certaines caractéristiques. État, gouvernement français; l'Académie française; la Révolution française. Avec une grâce et une politesse toutes françaises (Vigny, Serv. et grand. milit.,1835, p. 10).An II de la république française une et indivisible (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 2, 1870, p. 272):
2. ... dans un décor à la fois puissant et charmant (...), charmant par sa fraîcheur quasi française, profondes vallées vertes, bois de jeunes peupliers, ruisseaux et cascades... T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 97.
SYNT. Caractère, esprit français; civilisation, école, gaieté, galanterie, tradition française; les lettres françaises; la cuisine française; les départements français.
En partic.
[En parlant d'un quartier, d'une ville à l'étranger] Qui est habité(e) par des Français, qui est construit(e) dans le style français. La ville indigène double la ville française (Gide, Voy. Congo,1927, p. 824).
PATHOL. Mal français. Syphilis. Que le mal français des pieds jusqu'à la tête me ronge tout le corps plutôt que de signer! (Barbier, Satires,1865, p. 187).
Expressions
C'est, cela est (bien) français; ce, cela n'est pas français. C'est beau (...) c'est chevaleresque! (...) c'est français (Labiche, Chapeau paille Ital.,1851, V, 10, p. 130).
[P. allus. à une phrase de Napoléon pour qui rien n'était impossible aux Français] (Le mot) impossible n'est pas français :
3. Impossible n'est pas français (...). Vous me l'avez prouvé la première, en me faisant voir vous et Paris, deux choses des plus impossibles pour moi, il y a un an. E. de Guérin, Lettres,1838, p. 226.
Arg. milit. Le petit français. Canon de 75 mm (d'apr. Dict. termes milit., 1916).
B.− À la française, loc. À la manière des Français. Les Japonais ont une aimable ironie, une ironie un peu à la française (Goncourt, Journal,1884, p. 321).Permettez que je vous donne un rapide shake-hand à l'anglaise, et, à la française, que je vous embrasse (Cocteau, Poés. crit. II,Monologues, 1960, p. 199).
Habit à la française. Ancien habit de cour à col droit et à longues basques. Synon. mod. queue-de-pie.Un huissier en culotte, en bas de soie et en habit à la française (Balzac, Employés,1837, p. 77).
Jardin à la française ou jardin français. Jardin dont tous les éléments (parterres, plates-bandes, arbustes taillés, allées) sont disposés de façon symétrique :
4. Ce petit jardin anglais romantique de la police, était un lambeau déchiré et biscornu du jardin français à charmilles taillées au ciseau, de l'hôtel du premier Président du Parlement de Paris. Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 90.
TECHNOL. (reluire). [En parlant d'un livre, de son format] À la française. Dont le dos est placé sur la longueur du rectangle (cf. Maire, Manuel biblioth., 1896, p. 298).
C.−
1. LINGUISTIQUE
a) Subst. masc. Langue parlée en France et dans certains pays étrangers frontaliers ou de culture française, appartenant au groupe des langues romanes. Apprendre, enseigner, savoir le français; dire, écrire, traduire en français; faute de français. Il comprend le français, mais ne le parle qu'à peine (Du Bos, Journal,1928, p. 91).Distinction (...) que nous faisions au collège, pour la version latine, entre le mot à mot et le « bon français » (Benda, Fr. byz.,1945, p. 121).
Parler le français comme une vache espagnole (cf. espagnol A expr.).
Expr. fig.
Comprendre, entendre le français. Comprendre ce que veut dire son interlocuteur :
5. jef. − Avez-vous rapporté ce que M. Clotaire vous avait demandé? (...). étiennette, ahurie. − Quoi? jef.Vous ne comprenez pas le français? Achard, J. de la Lune,1929, p. 18.
En (bon) français. En termes clairs et nets. Voici le mien [un ultimatum] en bon français, reprit Petit-Claud d'un ton sec (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 639):
6. − (...) Fournissez-nous des caractères, du papier, des typos, et aidez-nous autant que vous le voudrez. − À la bonne heure, dit Thorel. Voilà ce que j'appelle parler en français. Le matériel est à vous. Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 67.
Loc. adv. Parler français. − C'est-y des tableaux vivants?... − Parlez donc français − dit Madame Garabis agacée (Gyp, Souv. pte fille,1928, p. 167).
Au fig. Parler clairement. Ne veut-elle plus coucher avec vous? Là, parlons français, corbleu! est-ce ça? (Flaub., 1reéduc. sent.,1845, p. 96).
[D'un point de vue hist.] Ancien français. Langue française issue du roman et parlée au Moyen Âge. La rainette, raine verte, verdier, en ancien français (Gourmont, Esthét. lang. fr.,1899, p. 190).Moyen français. Langue française parlée à la fin du Moyen Âge et à l'époque de la Renaissance. Français moderne. Langue française parlée de nos jours et qui commence à être fixée au xviesiècle.
b) Adj. Relatif à cette langue, qui en a les caractéristiques. Grammaire, traduction française. Il arrangea une petite phrase bien française, bien correcte (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 42).Écrivains belges de langue française (Larbaud, Journal,1934, p. 341):
7. ... à la fin du seizieme siecle (...) un nommé Hégémon, de Châlons-sur-Saône, s'avisa le premier de faire des fables en vers françois. Florian, Fables,1792, p. 32.
En partic. Le canadien français. Langue propre aux Canadiens français. Le canadien français présente avec le français de notables différences (Giraudoux, Siegfried,1928, I, 8, p. 53).
Rem. Dans cet emploi, on rencontre ce mot, adj. ou subst., accompagné d'un autre ethnique, adj. ou subst., avec ou sans trait d'union. Il s'agit alors soit d'un mélange de fr. et d'une autre lang., soit de la lang. fr. telle qu'elle est parlée dans un pays étranger. En un langage français-grec (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr., 1828, p. 210). Locutions singulières appartenant au français-suisse (Stendhal, Mém. touriste, t. 2, 1838, p. 308). L'assentiment royal (...) continue à se faire en français normand (Morand, Londres, 1933, p. 226). Cf. franco-3A 3.
2. ENSEIGNEMENT
a) Subst. masc. Matière dont l'objet est l'étude de la langue française et plus particulièrement de la littérature française. Il ne reste, pour juillet, à l'oral, que de l'anglais, du français et un texte facile dans une deuxième langue (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1907, p. 221).
b) Adj. Composition, dissertation française. Composition, dissertation rédigée en français et dont le sujet concerne souvent la littérature française (cf. composition ex. 7, dissertation B 1). Ces compositions françaises, je les ai en horreur! Des sujets stupides et abominables (Colette, Cl. école,1900, p. 34).
III.− THÉÂTRE
A.− Le Théâtre(-)Français et p. ell. le Français, les Français. Théâtre parisien où sont joués les chefs-d'œuvre de la littérature dramatique française et des pièces nouvelles; ensemble des acteurs attachés à ce théâtre. Synon. la Comédie(-)Française.Le Théâtre Français se vide. Le cortège ne peut tarder. Je me hisse sur une des colonnes du portique du Français (Gide, Journal,1905, p. 162).
B.− Les Comédiens Français. Les acteurs de ce théâtre. Les Comédiens Français me verraient avec plaisir présenter la pièce chez eux (Goncourt, Journal,1894, p. 647).
Rem. On relève des composés désignant des pers. 1. Avec un autre ethnique, adj. et subst. (Celui, celle) qui est à la fois français/-aise et d'une autre nationalité, qui en présente certaines caractéristiques. Dîné avec un Français-Espagnol et un Anglais (Michelet, Journal, 1835, p. 187). 2. Avec un mot autre qu'un ethnique. Emploi adj. Leurs camarades français-catholiques (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 358). Emploi subst. Le Français-type (Colette, Cl. s'en va, 1903, pp. 178-179).
REM. 1. Var. péj. de français en tant que pers. : a)
Franchicot, subst. masc.,néol. Synon. péj. et arg. de français, formé vraisemblablement sur le modèle de arbi, arbicot, bicot (cf. arbi ex. 1).
b)
Francimant, subst. masc.,franciot, subst. masc.[Dans le vocab. du Midi] Français du Nord; Français qui ne comprend pas le provençal, ou Méridional qui affecte de parler français. Vous êtes un faux du Midi, vous, un renégat, un Franciot, comme on dit chez nous (A. Daudet, N. Roumestan,1881, p. 123).Pourtant vous n'êtes pas un francimant, et il n'y a pas de métayer qui sache le patois mieux que vous (Bladé ds A. France, Vie littér.,1892, p. 74).À noter aussi Franciaux, subst. masc. plur. Les Provençaux appellent les Dauphinois les Franciaux (Michelet, Tabl. Fr.,1833-61, p. 53).
2.
Français-tirailleur, subst. masc.,néol. [Vraisemblablement p. réf. aux tirailleurs sénégalais] Langue française telle qu'elle est parlée par les Africains. Synon. petit nègre.Madame Auguet (...) n'entendait pas encore bien le « français-tirailleur » (Mille, Barnavaux,1908, p. 205).
3.
Frankaoui, subst. masc.[Formé sur français avec une finale arabe, employé par les pieds-noirs, avant l'indépendance de l'Algérie] Français de la métropole. (Les) Pieds Noirs s'opposent (...) aux Français de France ou Frankaouis (Lanly1962).Attesté ds Rob. Suppl. 1970 et Lar. lang. fr.
4.
Francité, subst. fém.,néol. Ensemble de caractères propres au peuple français, à sa culture. Il n'y a pas de contradiction entre la négritude et la francité (Senghor ds M. 21. 12. 66 d'apr. Gilb.1971).
Prononc. et Orth. : [fʀ ɑ ̃sε], fém. [-sε:z]. Ds Ac. 1740-1932; jusqu'en 1798 s.v. françois (à ce sujet cf. -ais). Étymol. et Hist. Ca 1100 adj. et subst. franceis (Roland, éd. J. Bédier, 396 et 49). Dér. à l'aide du suff. -ais* de France issu du b. lat. Francia « pays habité par les Francs »; cf. le lat. médiév. franciscus « relatif à la France » (viies. ds Du Cange). Fréq. abs. littér. : 24 528. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 32 835, b) 21 267; xxes. : a) 29 904, b) 42 666. Bbg. Brun (A.). En langage maternel françois. Fr. mod. 1951, t. 19, pp. 81-86. − Cohen 1946, p. 40, 48. − Fiorelli (P.). Pour l'interprétation de l'Ordonnance de Villers-Cotterets (1539). Fr. mod. 1950, t. 18, pp. 277-288. − Gall. 1955, p. 103, 432. − Henry (A.). Francophonie et francité autrefois... aujourd'hui. In : H. (A.). Automne. Paris-Gembloux, 1977, pp. 331-353 (s.v. francité). Noyer-Weidner (A.). Zur « Heidengeographie » im Rolandslied. In : [Mél. Gamillscheg (E.)]. München, 1968, pp. 379-404. − Pauli 1921, p. 92; p. 15 (s.v. franciot).Piron (M.). Francophonie et francité. B. de l'Ac. royale de lang. et de litt. fr. 1970, t. 48, pp. 136-151 (s.v. francité).Quem. DDL t. 11, 14, 15, 16. − Rabotin (M.). Le Vocab. pol. et socio-ethnique à Montréal de 1829 à 1842. Montréal-Paris-Bruxelles, 1975, p. 19, 21; pp. 24-26.