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FRANCHIR, verbe trans.
A.− Aller, souvent avec effort, au-delà de quelque chose qui sépare.
1. Passer un obstacle matériel.
a) En le sautant, en passant par dessus. Franchir une haie; franchir un fleuve; franchir d'un saut. Synon. vieilli sauter franc (Ac. 1798-1878).Bogun avait jeté trois ponts sur la rivière (...) il se flattait qu'à la faveur de la nuit il pourrait franchir les cours d'eau et les fondrières (Mérimée, Cosaques d'autrefois,1865, p. 188).Il enleva son cheval, lui fit franchir d'un bond le fossé du camp et se lança au galop (Grousset, Croisades,1939, p. 297).Jacques et lui avaient, d'un bond, franchi ces barrières blanches (Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 865).
b) Au fig. Chacun jetait en avant une profession de foi, comme une passerelle pour traverser la difficulté du jour; quitte à changer de direction, la difficulté franchie (Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 565).
Franchir le Rubicon. [P. allus. hist. à César qui, en passant sur l'autre rive du fleuve, se mit en opposition ouverte avec le Sénat de Rome] Prendre une décision irréversible (cf. Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 202).
Franchir le pas, le saut. Synon. faire le saut.Se décider à (faire) quelque chose après avoir hésité; aller jusqu'au bout d'un raisonnement avec les conséquences que cela implique. Cet amour effréné du réalisme lui [au peuple espagnol] fait souvent franchir le pas qui sépare la statuaire du cabinet de figures de cire de Curtius (Gautier, Tra los montes,1843, p. 50).Vers le milieu du XVIIIesiècle, Bordeu a approché le problème d'assez près, sans toutefois franchir le pas décisif (Bariéty, Coury, Hist. méd.,1963, p. 740).
Au fig. Un pas a été franchi. Un progrès a été accompli; une étape est atteinte. Un pas supplémentaire a été franchi avec la création de la médecine psychosomatique, dérivée en grande partie de l'œuvre de Pavlov et de ses élèves (Bariéty, Coury, Hist. méd.,1963, p. 674):
1. ... on sait depuis longtemps qu'un apport de sels ferreux produit une guérison plus ou moins complète de la maladie. De là à prononcer le diagnostic « carence en fer » induite par un excès de calcaire, il n'y avait qu'un pas qui fut vite franchi. Levadoux, Vigne,1961, p. 100.
Franchir le mot (vieilli).
Prononcer un mot que la pudeur ou la bienséance condamne. Il a franchi le mot et lui a dit qu'il était un fripon (Ac.1798-1878).
Se décider à une chose après avoir longuement tergiversé. Il a franchi le mot et a promis les vingt mille francs (Ac.1835, 1878).
2. Passer, aller au-delà des limites de quelque chose :
a) Une ligne conventionnelle. Franchir une frontière. Le 7 septembre, après avoir franchi l'équateur sous une belle brise du nord, il entra dans l'hémisphère austral (Verne, Enf. cap. Grant,t. 1, 1868, p. 69).
Au fig. On ne put pas franchir les bornes posées par la nature (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 174).Je ne crois pas franchir les bornes du respect dont je fais profession pour le prince (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 471).
Franchir les bornes de la pudeur, du devoir, de la modestie. Synon. passer, dépasser les bornes.
b) Ce qui constitue un repère, une limite conventionnelle qui clôt en laissant le passage. Franchir un pont, la porte, le seuil. Tout était anglais dans cette maison, le passé et le présent, et quand on avait franchi la grille, il semblait qu'on eût traversé la Manche (Sand, Hist. vie,t. 3, 1855, p. 77).L'auto franchit une grille, fait crisser des graviers, et vire (Martin du G., Devenir,1909, p. 9):
2. J'ai traversé un pont dormant qui s'appuie sur le Plaatz, j'ai franchi une arcade gardée par un factionnaire et je suis entré dans le Binnenhof (cour intérieure)... Du Camp, Hollande,1859, p. 61.
SYNT. (cf. A 1 et 2). Franchir une barrière, les bornes, une enceinte, les limites, un mur, un obstacle, un passage, un portail, une rivière; franchir d'un bond.
3. MARINE
Franchir la lame. ,,S'élever sur la lame et la descendre facilement`` (Ac. 1835-1932).
Franchir une barre, un récif, un écueil. ,,Passer par dessus sans y rester échoué, après avoir touché par quelque endroit de la carène`` (Ac. 1835, 1878). ,,Passer par dessus sans y rester échoué`` (Ac. 1932).
Franchir une voie d'eau. ,,S'en rendre maître`` (Lar. 19e-Lar. Lang. fr. et Lexis 1975).
B.− Passer, traverser hardiment des endroits difficiles, de grandes étendues, de grands espaces.
1. [Dom. spatial] Franchir la (les) mer(s); franchir l'espace; franchir une distance. À Lyon surgit une difficulté naturelle : la colline de Fourvières : elle est franchie par un tunnel (Albitreccia, Gds moyens transp.,1931, p. 44).La lumière a franchi des milliers de kilomètres (Valéry, Variété III,1936, p. 213).Les sentiers sinueux qui franchissent le djebel (Duhamel, Suzanne,1941, p. 172).
2. [Dom. temporel] C'est un terrible lieu commun que la fuite du temps : que t'en semble? voilà que nous avons franchi le plus lestement du monde tout un hiver, toute une saison de jours sombres et tristes (M. de Guérin, Corresp.,1832, p. 50).Vous avez franchi l'âge des leurres (Huysmans, Oblat.,t. 1, 1903, p. 19):
3. Quoique M. de Lallavain n'eût pas de beaucoup franchi la trentaine, son passé n'était point sans aventures Toulet, Demois. La Mortagne,1920, p. 131.
REM. Franchisseur, euse, subst. Celui, celle, qui franchit quelque chose. Des clowns et des franchisseuses de cercles de papier (Goncourt, Journal, 1859, p. 653). Il a l'âge des poulains aux longues jambes. Mais c'est sa nature aussi d'être de la race des coureurs, de la race des franchisseurs d'obstacles (Montherl., Olymp., 1924, p. 254).
Prononc. et Orth. : [fʀ ɑ ̃ ʃi:ʀ], (il) franchit [fʀ ɑ ̃ ʃi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1170 « libérer, affranchir » (Béroul, Tristan, éd. E. Muret et L. M. Defourques, 3007); b) ca 1170 franchir qqc. à qqn « accorder (quelque chose à quelqu'un) en franche possession » (G. de Saint-Pair, Mont-Saint-Michel, éd. P. Redlich, 332); c) [1240 en lat. médiév. franchire « libérer quelqu'un d'une charge » (Doc. ds Du Cange, s.v. franchire2)]; 1245 franchir qqn de qqc. « id. » (Ch. des compt. de Lille, 835, Arch. Nord ds Gdf.); 2. a) 1remoitié du xives. [éd. 1531] « passer par-dessus (un obstacle) en sautant, en le gravissant » (Perceforest, IV, 127 ds DG); b) 1580 « aller au-delà de (une limite) » (Montaigne, Essais, II, 2, éd. A. Thibaudet, p. 374, ici au fig.). Dér. de franc3*, franche; dés. -ir. Fréq. abs. littér. : 3 235. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 235, b) 5 342; xxes. : a) 3 702, b) 5 053. Bbg. Venck. 1975, pp. 249-253.