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FRÈRE, subst. masc.
A.− Celui qui est né du même père et de la même mère, ou de l'un des deux seulement, soit du même père (frère consanguin), soit de la même mère (frère utérin). Au pied d'un arbre vint s'asseoir Un jeune homme vêtu de noir, Qui me ressemblait comme un frère (Musset, Nuit déc.,1835, p. 92).Son frère, un peu de son sang, un autre moi (Zola, Nana,1880, p. 1443).Électre, je suis Oreste... ton frère. Moi aussi je suis un Atride, et ta place est à mes côtés (Sartre, Mouches,1943, II, 1ertabl., 4, p. 59):
1. − J'avais un ami. C'était mon frère. Nous avions étudié de compagnie. Nous habitions la même chambre à Stuttgart. Nous avions passé trois mois ensemble à Nuremberg. Nous ne faisions rien l'un sans l'autre... Vercors, Silence mer,1942, p. 73.
SYNT. Frère aîné, cadet, puîné; frères jumeaux; être frère et sœur; aider, perdre, protéger son frère; traiter qqn en frère, veiller sur son frère; se ressembler comme deux frères, comme frère et sœur.
En partic. Frère de lait. Enfant de la nourrice ou nourrisson, qu'elle a nourris tous les deux du même lait. Ma nourrice se mit à ma gauche; mon frère de lait à ma droite (Chateaubr., Mém.,t. 1, 1848, p. 39).Frères siamois. Frères jumeaux qui naissent attachés par quelqu'endroit du corps. Enfants à deux têtes et frères siamois ont été exhibés sur nos pistes (Hist. spect.,1965, p. 1536).
[P. allus. biblique et littér.] Un frère est un ami donné par la nature (Legouvé, Œuvres compl.,t. 1, Mort d'Abel, III, 3, Paris, L. Janet, 1826 [1793], p. 77).Joseph vendu par ses frères. Abel tué par son frère Caïn. Caïn, qu'as-tu fait de ton frère? (Sand, Lélia,1833, p. 306).Les frères ennemis. Étéocle et Polynice. Polynice est mort et il ne t'aimait pas. Il a toujours été un étranger pour nous. Un mauvais frère (Anouilh, Antig.,1946, p. 160).
Au fig.
[En parlant de deux choses] Le pendant, la paire. Ce cadre est le frère, comme dit Froment-Meurice, de celui où est le Christ [d'ivoire] (Balzac, Lettres Étr.,t. 3, 1850, p. 207).
[En parlant de deux pers. ou de créations artistiques apparentées par une indéniable ressemblance] Celui ou ce qui ressemble à une autre personne, à autre chose. Frère intellectuel; frère de croyances, d'opinions. Elle [une sonate de Schobert] le séduit [le petit Mozart] par la poésie, par un chromatisme frère du sien, et par l'emploi des tons mineurs (Ghéon, Promenades Mozart,1932, p. 39).Dans la région où se rejoignent les plus hautes créations, le Crucifix de Giotto est le frère douloureux de l'Ange de Reims (Malraux, Voix sil.,1951, p. 251):
2. Ces prophètes étaient frères sans se connaître; pas un d'eux ne savait (...) que quelqu'un de semblable à lui-même existât... Hugo, Légende,t. 4, 1877, p. 599.
Expr. Le sommeil est le frère de la mort.
Ce qui va ensemble. Le devoir et le droit sont frères (Cousin, Hist. philos. mod.,t. 2, 1847, p. 244).Elle [la guerre] a la cupidité pour marraine et son frère est le crime (Proudhon, Guerre et paix,1861, p. 326).
B.− P. anal. Celui qui est comme un frère pour quelqu'un.
1. [En parlant d'un lien de pers. à pers.]
a) Ami intime; ami de cœur, d'élection. Nous avions fait serment de ne jamais nous quitter, d'être inséparables, d'être frères (Hugo, L. Borgia,1833, II, 2epart., 2, p. 133).J'aimais Bercot. Fils de veuve, c'était mon frère. Il était beau, frêle et doux (Sartre, Mots,1964, p. 187).
b) Compagnon, camarade. Vivre comme des frères. C'est promis, bien sûr. N'es-tu pas mon compagnon et mon frère? (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 195).Oui Martinet, on se fréquente depuis l'école, d'avant le certificat. Des copains, des frères (Arnoux, Paris,1939, p. 212):
3. ... l'ami qu'il avait perdu avait été pour lui une sorte de frère aîné, un compagnon de jeunesse, un guide qu'il idolâtrait. Rolland, J.-Chr.,Maison, 1909, p. 1004.
Expr. Frères d'armes (vieilli). ,,Chevaliers qui avaient contracté une alliance d'armes, en se promettant une mutuelle assistance, et qui se donnaient réciproquement le nom de Frère`` (Ac.). Le sire de Coucy arriva aussitôt chez son vieux compagnon et frère d'armes qu'il aimait depuis si long-temps (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1921-24, p. 53).P. ext. Ceux qui combattent ou ont combattu côte à côte pour une même cause (cf. Lar. Lang. fr.). Faux(-)frère. Celui qui trahit. Voltaire, dès lors, commença de voir en Jean-Jacques un « faux frère », un « Judas » (Guéhenno, Jean-Jacques,1952, p. 19).Ça c'est un frère, un vrai frère (fam.). Au front, le moindre cuistot est un frère (Martin du G.,Thib., Épil.,1940,p. 986)Vieux frère (fam.). Adieu, vieux frère, aime-moi toujours (Mallarmé, Corresp.,1868, p. 269).
Arg. Individu. Ce qu'il prend, le frère! (Esn.Poilu1919, p. 252).
2. [En parlant d'un lien unissant une pers. à un groupe, une communauté, une confrérie, un pays, etc.] Frère de couleur, de race. Ceux-là, ce seraient ses compagnons, ses amis. D'avoir crevé la faim, il se sentait leur frère (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 496).Comme vous voyez, je suis votre frère, chez lui au milieu des siens (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 129):
4. ... le danger commun avait uni plus intimement tous les citoyens. Dans toutes les classes, on s'était rapproché davantage, on s'était reconnu frères, animés de sentiments semblables, touchés par les mêmes intérêts. Verne, 500 millions,1879, p. 213.
En partic. Frère franc-maçon. Un adepte de la franc-maçonnerie. Vous êtes franc-maçon, me dit-il [l'officier prussien] (...) je le suis aussi (...) et je n'ai pas voulu laisser sans secours un frère qui m'implorait (A. Daudet, R. Helmont,1874, p. 126).Frère trois-points (fam.). Même sens. Mon grand-père prétendait qu'il était frère-trois-points (Sartre, Mots,1964, p. 62).Frère rose-croix. Initié d'une confrérie secrète et mystique d'Allemagne au début du xviies. Les frères rose-croix dans l'origine étoient alchimistes (Staël, Allemagne,t. 5, 1810, p. 148).Frères de la côte. Les pirates et les flibustiers des Antilles aux xviieet xviiies. Je fis une toilette de frère de la côte pour ne pas effaroucher tous les amis auxquels j'allais être présenté comme un marin du Midi (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 88).
3. [En parlant d'un lien unissant une pers. à l'ensemble des hommes considérés comme les membres de la grande famille hum.] Aider ses frères; soulager les maux de ses frères. La raison m'est née. Le monde est bon. Je bénirai la vie. J'aimerai mes frères (Rimbaud, Saison enfer,1873, p. 218).Dire avec les Républicains que tous les hommes sont frères (Ménard, Rêv. païen,1876, p. 162).
P. ext. Lien affectif reliant une personne à l'univers (animaux, végétaux). Nos frères ailés (les oiseaux); nos frères inférieurs (les animaux). On se sent le frère de tout ce qui existe (Musset, Confess. enf. s.,1836, p. 27).Saint François (...) composa un cantique plein d'allégresse pour bénir le splendide frère Soleil, et notre sœur l'Eau (France, Lys rouge,1894, p. 214).
En partic., RELIG. L'homme considéré en tant que membre de la famille chrétienne. Frères en Jésus-Christ. Tu es le père des êtres; en toi tous les êtres sont frères (Renan, Drames philos.,Prêtre Némi, 1885, II, 2, p. 552):
5. Ils ne sont forts contre vous, que parce que vous n'êtes point unis, que parce que vous ne vous aimez point comme des frères les uns les autres. Lamennais, Paroles croyant,1834, p. 99.
,,Mes frères, mes chers frères, disent les prédicateurs en parlant à leurs auditeurs`` (Ac. 1878-1932).
Les frères séparés. Les non-chrétiens ou les chrétiens qui n'appartiennent pas à l'Église romaine. Tous ces frères séparés, retranchés dans le désert, (...) que l'on appelle schismatiques, hérétiques, nationalistes et musulmans (Claudel, Poète regarde Croix,1938, p. 302).
Personne appartenant à certains ordres religieux. Je ne suis plus don Juan ton fiancé (...), je suis frère Juan le trappiste (Dumas père, Don Juan,1836, IV, 5, p. 82).
En partic. Frère convers, frère lai, frère servant. Religieux qui n'est pas clerc et qui vaque aux besognes d'un couvent. Le frère Arsène, un convers qui cumulait les fonctions de tailleur et de concierge de l'abbaye (Huysmans, Oblat,t. 1, 1903, p. 90).Les frères mineurs. De l'ordre de saint-François. Les frères mineurs, à la robe grise, ceinturée de la corde à trois nœuds (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 52).
4. Emploi adj.
a) En appos. avec valeur d'adj.
[Le subst. est un terme concr.] Les deux sapins frères saluent de la tête sans rire, raidis dans leur vêture sombre (Colette, Cl. ménage,1902, p. 264).
[Le subst. désigne une pers.] Dans cette rencontre de deux génies [Goethe et Beethoven] égaux et frères à tant d'égards (...) Beethoven conserve manifestement la supériorité morale (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 2, 1851-62, p. 350).
b) [Suivi de la prép. de] Un entêtement frère du sien; des gémissements frères des siens. J'ai sombré dans un rêve étrange, vraiment frère de mon impression de veille (Gracq, Beau tén.,1945, p. 77).
REM. 1.
Fra, subst. masc.(ital., abrév. de frate « moine »). Fra Angelico. Attesté ds Lar. 19e, Lar. Lang. fr.
2.
Fratone, subst. masc. (ital.).Moine possédant un certain crédit. Sous le gouvernement du saint-père, quand on avait un fratone dans sa manche, on faisait à peu près ce qu'on voulait (Mérimée, Lettres Panizzi,t. 1, 1870, p. 232).
3.
Frelot, subst. masc.,fam. Frère. Cf. Lacassagne, Arg. « milieu », 1928, p. 95.
4.
Frérâtre, subst. masc.Mauvais frère. Laurence réclame sa part du papier, il ne faut pas être frérâtre et lui voler ses lignes (Balzac, Corresp.,1821, p. 95).
Prononc. et Orth. : [fʀ ε:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 842 fradre « enfant né de mêmes parents » (Serments de Strasbourg ds Henry Chrestomathie t. 1, p. 1); ca 1100 frere (Roland, éd. J. Bédier, 1214); 2. ca 1050 « homme considéré par rapport à ses semblables » (Alexis, éd. Chr. Storey, 119); 3. 1174-76 « membre d'une communauté religieuse » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2052). Du lat. class. frater « frère ». Fréq. abs. littér. : 16 826. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 27 323, b) 24 045; xxes. : a) 27 021, b) 19 106. Bbg. Arveiller (R.). Fr. mod. 1974, t. 42, p. 275. − Chautard (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 83. − Kuznecon (A. M.). On the typology of the semantic field of kindship terms. Linguistics. La Haye, 1974, no125, p. 9. − Quem. DDL t. 11, 15.