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FOURCHETTE, subst. fém.
A.−
1. Ustensile de table en forme de petite fourche à deux, trois ou quatre dents, dont on se sert pour piquer les aliments. Fourchettes à découper; fourchette à huîtres, à poisson, à salade, à gâteaux; manger avec une fourchette. L'usage des fourchettes est moderne; on n'en a point trouvé dans les ruines d'Herculanum, où l'on a cependant trouvé beaucoup de cuillers (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 270).
2. Locutions
a) Vieilli. Déjeûner à la fourchette. Prendre de la viande ou des mets solides au petit déjeuner :
1. À dix heures, le café de Chartres commence à se remplir d'employés qui viennent, en déjeûnant à la fourchette, y attendre l'heure du bureau. Jouy, Hermite,t. 1, 1811, p. 296.
b) Familier
Avoir un joli, bon coup de fourchette et, p. méton., être une belle fourchette. Être gros mangeur. L'ange (...) mastiquait placidement, sans discontinuer. − « Quelle fourchette! » répétait l'enfant de chœur ébahi, « quelle fourchette! » (Flaub., Éduc. sent.,t. 1, 1869, p. 158).C'était une rude fourchette que mon oncle, un vrai curé normand capable de manger douze heures de suite (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 319).
Jouer de la fourchette. Manger avec appétit. Sénac se tient fort bien à table. Il souffre de l'estomac, du moins il le dit, et cela ne l'empêche pas de jouer de la fourchette (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 188).
P. plaisant. La fourchette du Père Adam. Les doigts. Se servir de la fourchette du Père Adam. Se servir de ses doigts pour manger. (Dict. xixeet xxes.).
c) Vx. Au hasard de la fourchette. Enseigne de restaurant où, pour un sou, les clients avaient droit au morceau qu'ils piquaient au hasard dans la marmite (d'apr. Littré) :
2. Savez-vous, me dit-il, comment mange une partie de cette population? − Je connais, répondis-je, le plat de viande à deux sous et de légumes à cinq centimes, et j'ai entendu parler du hasard de la fourchette, et du bouillon à jet continu. A. Privat d'Anglemont, Paris anecdote,Paris, Delahays, 1860 [1854], p. 41.
Au fig., fam. Sans choix ni règle. On pend, on vole, on boit, on s'accouple et on fusille beaucoup, au hasard de la fourchette (Arnoux, Juif Errant,1931, p. 199):
3. ... si je retrouvais quand je prends la plume les choses (...) qui me font dire, à part moi : « je lui écrirai ça », tu aurais vraiment peut-être des lettres amusantes. Mais, va te faire foutre, cela s'en va aussitôt que j'ouvre mon carton. N'importe, au hasard de la fourchette, comme ça viendra. Flaub., Corresp.,1850, p. 250.
B.− [P. anal. de forme] Objet, organe, pièce, dispositif dont la forme évoque une fourchette à deux dents :
4. Au-devant [du chœur] sur quatre rangs de longues fourchettes posées sur un pied de bois, brûlent de petits cierges minces qui, avec la flamme inégale et remuante du suif, font trembler la nuit autour d'eux. Goncourt, Sœur Philom.,1861, p. 55.
1. En partic.
a) ,,Pied fourchu dont les arquebusiers se servaient pour appuyer leur arme en tirant`` (Littré).
b) ,,Bâton fourchu sur lequel on assujettit des cisailles`` (Ac. 1932).
c) Partie du sabot des Équidés située dans l'échancrure de la sole et constituée par une corne élastique. Pourriture de la fourchette (St Riquier-Delp.1975) :
5. ... quand il fut ferré d'aluminium, les talons abattus, les fourchettes et la sole en contact avec la terre, comme une plante d'homme, afin d'empêcher le sabot de former ventouse dans l'action, il entra à l'entraînement... Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 57.
d) Partie du squelette des oiseaux située entre les deux ailes et constituée par la soudure des deux clavicules. L'épaule des oiseaux est composée de trois os, qui sont : la clavicule, la fourchette et l'omoplate (Cuvier, Anat. comp.,t. 1, 1805, p. 248).
2. AUTOMOB. Pièce mécanique à deux dents. Fourchette de boîte de vitesse (Poignon 1967); fourchette d'embrayage (Boissier 1975).
C.− Au fig. Disposition d'une chose qui évoque l'écartement des dents d'une fourchette.
1. Expr. pop.
Coup de (la) fourchette. Coup que l'on porte à un adversaire en enfonçant dans ses yeux l'index et le médius écartés. Lancer le coup de fourchette (Littré).
Vol à la fourchette. Vol à la tire qui consiste à plonger deux doigts dans la poche de la victime pour en retirer quelque chose (d'apr. Esn. 1966).
Marquer à la fourchette (p. réf. aux deux dents de la fourchette). Marquer à son débiteur plus de marchandises qu'il n'en a reçu. [Un sublime réglant avec le marchand de vins :] « Vous êtes un voleur, vous marquez à la fourchette... » (Poulot, Sublime,1872, p. 156).
2. ARTILL. ,,Encadrement de deux coups consécutifs, l'un court et l'autre long, dont la valeur est égale à quatre écarts probables`` (Lar. 20e).
Au fig., STATIST. Écart entre deux valeurs extrêmes dans une évaluation chiffrée (cf. Perroux, Écon. XXes., 1964, p. 545).
P. ext. Écart entre deux grandeurs extrêmes. Pour le lait, la « fourchette » est restée encore très ouverte entre 33 DM et 41,2 DM les 100 kilos (M. 9.1.66 ds Gilb.1971).
3. JEUX [au jeu de bridge]. Groupe de deux cartes que l'on a dans son jeu, dont l'une est immédiatement supérieure, l'autre immédiatement inférieure à celle que joue l'adversaire (par exemple, le roi et le valet, par rapport à la dame). Prendre son adversaire en fourchette. (Dict. xixeet xxes.).
P. anal. Prendre en fourchette. Coincer entre deux choses. ,,Coincer la voiture de quelqu'un entre deux véhicules`` (Dub.). Au fig. Piéger (quelqu'un).
D.− Arg. milit. Baïonnette. C'était l'endroit qu'on avait perdu (...) et que les coloniaux ont r'pris à la fourchette y a dix jours (Barbusse, Feu,1916, p. 216).
REM.
Fourchet(t)ée,(Fourchetée, Fourchettée) subst. fém.,rare. Ce que l'on peut prendre en une fois avec une fourchette. Paul Gaulot, était le plus éloquent de tous, par sa bonne figure ronde, toute en bouche, où disparaissaient d'énormes fourchettées (L. Daudet, Salons et journaux,1917, p. 186).
Prononc. et Orth. : [fuʀ ʃ εt]. Enq. : /fuʀ ʃet/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1302 fourchete (Abbé Chr. Dehaisnes, Doc. concernant l'histoire de l'art dans les Flandres... av. le XVe, I, 146); 1858 fig. c'est la première fourchette du Morbihan (Labiche, Deux merles bl., I, 3, p. 126). Dér. de fourche*; suff. -ette*. Fréq. abs. littér. : 346. Fréq. rel. littér. : xixes. a) 279, b) 500; xxes. : a) 629, b) 587. Bbg. Giraud (J.), Pamart (P.), Riverain (J.). Mots ds le vent. Vie Lang. 1970, p. 50. − Hasselrot 20es. 1972, p. 10. − Horiot (B.), Vurpas (A.-M.). Rech. sur le fr. région. In : Colloque sur le Fr. parlé ds les Villages de Vignerons. 1976. 18-20 nov. Dijon. Paris, 1977, p. 133. − Schwake (H. P.). Kleine Bemerkungen zur Wortgeschichte. St. neophilol. 1975, t. 47, pp. 265-274.