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FORT2, subst. masc.
I.− [Désigne une pers.]
A.− Individu doué d'une grande force, d'une grande vigueur physique. Demain il descendra de nouveau dans la lice, le fort des forts, le metteur au pas, le plus grand athlète des temps passés, modernes et futurs (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 159).
En partic. Fort de la Halle, des Halles, ou absol., fort. Employé des Halles de Paris chargé de la manutention des marchandises. Ammonius Saccas (...) était un portefaix. Imaginez donc un fort de la Halle créant chez nous un ordre de spéculation analogue à la philosophie de Schelling ou de Hegel (Renan, Avenir sc.,1890, p. 322):
1. Un lutteur, un fort de la Halle, un hercule qui s'enorgueillit des fardeaux soulevés, ne se doute pas des reins héroïques qu'il faut avoir pour se baisser cinq cents fois devant des enfants... Frapié, Maternelle,1904, p. 170.
B.− Domaine soc.Celui qui détient une grande puissance, qui est en position de dominer :
2. ... il [Nietzsche] estime que la majorité des faibles ne saurait contrebalancer l'importance qu'il y a à ce que règne et se réalise la minorité des forts; et ici encore gardons-nous d'aller trop vite, gardons-nous de simplifier : la notion nietzschéenne du fort, si, au moment où Nietzsche d'ailleurs va sombrer, elle aboutit à un César Borgia, est bien autre chose en son essence; et Nietzsche exige du fort tant de vertus que la plupart des gens préféreraient demeurer faibles au risque d'être broyés. Du Bos, Journal,1924, p. 21.
Proverbe. [P. allus. à la fable de La Fontaine, Le Loup et l'agneau, I, 10] La raison du plus fort est toujours la meilleure :
3. L'empereur trouvait qu'il y avait beaucoup trop d'ironie dans cette fable, pour être à la portée des enfants. Elle péchait d'ailleurs, disait-il, dans son principe et sa morale (...). Il était faux que la raison du plus fort fût la meilleure; et si cela arrivait en effet, c'était là le mal, disait-il, l'abus qu'il s'agissait de condamner. Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 874.
C.− Domaine moral.Personne qui possède une grande énergie morale, une grande force de caractère. Ne nous soumets pas aux épreuves; le fort s'y retrempe, mais le faible y succombe (Ménard, Rêv. païen,1876, p. 165):
4. Le fort et le faible offrent deux types de comportement devant l'action complexe. Le fort, plus encore qu'un capitaliste, est un bon entrepreneur de la force psychique. Il exécute facilement et fréquemment des actes qui réclament la mise en jeu de tendances supérieures. Mounier, Traité caract.,1946, p. 269.
II.− [Désigne une chose]
A.− FORTIF. Ouvrage défensif de petite dimension, souvent isolé et situé en dehors d'une ville sur un point stratégique, ou faisant partie du système de fortification d'une place. Fort isolé, détaché; fort à étoile; fort de campagne. Trois petits forts, dont deux armés de douze canons et un de six, garantissent la partie méridionale de la ville de toute entreprise chinoise (Voy. La Pérouse,t. 2, 1797, p. 323):
5. S'il parvient au bois Fumin, il [l'ennemi] emportera aisément la série des retranchements R3, R2 et R1 qui défendent les pentes au-dessus de l'étang de Vaux jusque près du fort. S'il s'empare des retranchements, le fort débordé tombera à son tour. Peut-être une journée lui suffira-t-elle pour opérer ce mouvement tournant qui lui livrera le fameux fort [it. ds le texte] cuirassé... Bordeaux, Fort de Vaux,1916, p. 170.
B.− Partie la plus épaisse, la plus résistante (d'une chose). Le fort d'une voûte, d'une poutre; le fort de l'épée. (Dict. xixeet xxes.).
Spécialement
1. MAR. Fort d'un navire. ,,Partie où les couples sont le plus larges, soit un peu au-dessus de la flottaison, soit à la flottaison même`` (Soë-Dup. 1906). Ligne ou lisse du fort (Bonn.-Paris1859).Largeur au fort (Gruss1952).
2. CHASSE. Partie la plus épaisse, la plus touffue d'un bois servant de repaire à certains animaux. S'enfoncer dans le fort du bois; le sanglier est dans son fort. Relancer une bête dans son fort (Ac.1798-1932).Il [le cerf] abordera son vrai fort (...). Et c'est d'un saut oblique, en hourvari (...) qu'il s'envolera vers le cœur du fourré (Genevoix, Routes avent.,1958, p. 120).
C.− Au fig.
1. Moment d'intensité maximum (d'un phénomène physique ou moral). Trois ou quatre saignées qui auroient calmé le fort de l'éréthisme (Geoffroy, Méd. prat.,1800, p. 142).Ces paroles survenaient au plus fort de sa détresse (Flaub., Salammbô,t. 2, 1863, p. 68):
6. L'art comporte une température et répugne à l'énormité. Une description ne devient pas plus émouvante pour avoir mis dix au lieu d'un. On a blâmé Conrad, dans le Typhon, d'avoir escamoté le plus fort de la tempête. Je l'admire au contraire d'arrêter son récit précisément au seuil de l'affreux... Gide, Voy. Congo,1927, p. 692.
SYNT. Dans le fort, au plus fort de la chaleur, de l'été, de l'hiver, de l'orage; au fort, au plus fort de la crise, de la lutte, de la tourmente; au plus fort de sa colère, de sa douleur.
2. Partie la plus importante (d'une chose). Il aurait vu d'un bon œil (...) comme il prenait de l'âge, le fort des travaux de la terre retomber sur les épaules d'un gendre vigoureux et vaillant (Guèvremont, Survenant,1945, p. 28).
Loc. Le plus fort est fait. Le plus gros, le plus dur est fait. Le plus fort était fait. Avec précaution, Gérard franchit le vestibule et monta l'escalier sur la pointe des pieds (Theuriet, Mar. Gérard,1875, p. 19).
3. Ce qui fait la puissance, la valeur, la qualité (d'une personne ou d'une chose). Le fort et le faible de qqc., de qqn; le fort et le fin de qqc. (d'un art, d'une science). Les faire naître [les conspirations], les étouffer, charger la mine, l'éventer, c'est le grand art du ministère; c'est le fort et le fin de la science des hommes d'État (Courier, Pamphlets pol.,Au Réd. du « Censeur », 1820, p. 39).Les parlementaires, comme tous les autres Français, ignoreront le fort et le faible de leur nouvelle Constitution (Mauriac, Nouv. Bloc-notes,1961, p. 155).
[Précédé d'un adj. poss. renvoyant à une pers.] Ce en quoi une personne excelle, manifeste des talents particuliers. La diplomatie n'était pas notre fort (Blanche, Modèles,1928, p. 227):
7. Son fort (...) sa véritable spécialité, c'était s'immiscer sournoisement dans les choses qui ne le regardaient pas... Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 1ertabl., p. 45.
Prononc. et Orth. : [fɔ:ʀ]. Cf. fort1. Étymol. et Hist. V. fort1, forte. Bbg. Archit. 1972, p. 164, 211. − Bambeck (M.). Mittellateinische Lexikalia zum FEW. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t. 2, p. 223.