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FLOUER, verbe.
A.− Emploi intrans., vieilli. Tricher au jeu. Te rappelles-tu (...) ce caporal de grenadiers de la convention qui flouait si bien? − (...) il me donna une trop bonne leçon [de tricherie] pour que je l'aie oublié (Raban, Marco Saint-Hilaire, Mém. forçat,t. 4, 1828-29, p. 212).Et quand il faut tourner le roi Nul ne peut lutter avec moi. Je suis le major, Partout où l'on joue, Partout où l'on floue Paraît le major! Je coupe, Découpe, Fais sauter la coupe, Et possède encor, Mille autres talents (Meilhac, Halévy, Vie paris.,1867, II, 16, p. 48).
B.− Emploi trans., fam. et littér. Flouer qqn.Duper, voler en trompant, en escroquant. Synon. rouler (fam.).Lisa racontait comment son premier maître, un vieux monsieur, l'avait flouée, en crevant, sans même lui laisser son linge sale (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 202).À propos, je crois que nous nous sommes fait flouer pour l'affermage des pommiers de la route (Arland, Ordre,1929, p. 456):
1. Cette déclaration de principes vertueux fit l'effet d'une douche d'eau froide sur le baron qui s'éloigna sèchement de Maurice, en lui remettant toutefois son argent, mais de l'air dépité de quelqu'un qu'on a floué, qui ne veut pas faire d'histoires, qui paye, mais n'est pas content. Proust, Temps retr.,1922, p. 826.
Rare. Flouer qqc. (de l'argent) à qqn.Je lui ai donné assez d'argent cet été pour qu'il se calme, d'autant qu'il m'a floué cent francs que j'ai payés au mois de Juin de trop (Nerval, Corresp.,1830-55, p. 107).
P. ext. [Sur le plan moral ou affectif] Tromper quelqu'un. Il en est aujourd'hui de la destinée comme du gouvernement, on sait ce que c'est; on constate qu'on est floué partout, et on s'en va (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Endorm., 1889, p. 1172).Il [Zeus] aime d'amour une grosse pastoure aux fesses de jument; elle le floue devant lui avec un idiot à goître (Giono, Eau vive,1943, p. 54):
2. ... on nous annonça que l'URSS et les États-Unis venaient de déclarer la guerre à l'Allemagne. Je courus vérifier la nouvelle à Bayon et la lus affichée sur la porte de la mairie. Cette confirmation nous électrisa. Puis il n'en fut plus question et nous comprîmes que nous avions été floués. Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 25.
Prononc. et Orth. : [flue], (il) floue [flu]. Étymol. et Hist. xvies. « duper » (Dialogue de Gautier et Martin ds P. Aebischer, Trois Farces inédites, Revue du XVIe, XI, 168, 96); 1827 « tricher au jeu » (Grandval, Cartouche ou le vice puni, I, 332 ds Sain. Sources Arg. t. 2). Orig. incertaine; on le rattache d'ordinaire (cf. FEW t. 3, p. 768, 769a; v. une autre hyp. encore moins convaincante ds EWFS2et Dauzat) à froer « rompre, briser » (xiie-xives. ds Gdf., T.-L.; de fraudare), qui se dit surtout des armes qui en se rompant trompent l'attente du combattant (cf. Bl.-W.1-5), en s'appuyant sur frouer « tricher au jeu » que l'on a cru trouver chez Villon (cf. Sain. Sources Arg. t. 2, p. 349); cependant d'apr. A. Lanly (Villon, Ballades en jargon, p. 163) le sens de frouer aux arques est celui de « fracturer les coffres », ce qui n'appuierait nullement l'hyp. traditionnelle. Fréq. abs. littér. : 23. Bbg. Klein (J.-R.). Le Vocab. des mœurs de la Vie parisienne sous le Second Empire. Louvain, 1976, p. 225. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 64, 270, 284, 293; Sources t. 1 1972 [1925], p. 335, 364; t. 2 1972 [1925], p. 269, 340.