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FLANQUER2, verbe trans.
Fam. et pop.
I.− [Avec un compl. prép. locatif; avec indication de mouvement] Jeter, envoyer, mettre brutalement ou brusquement qqn ou qqc. quelque part. Flanquer quelqu'un à la rue; flanquer en l'air, par la fenêtre, du haut de l'escalier. Synon. pop. ficher, foutre.Aujourd'hui, (...) pour un oui, pour un non, on vous flanque en prison et on vous envoie au pré pour le restant de vos jours (Ponson du Terr., Rocambole,t. 3, 1859, p. 446).Quand je traversais le pont, il [le chien] s'est foutu dans mes jambes, il m'a bien flanqué par terre (Montherl., Songe,1922, p. 125).Il fait trembler le comptoir d'un coup de poing formidable, et il avale un dernier petit verre, et il flanque ses sous à la figure du bistroquet (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 195).
[Avec un datif] C'était un gamin de quatorze ans que les garde-marine avaient découvert à fond de cale (...) − Vingt coups de garcette, s'était écrié le capitaine, et flanquez-le-moi par-dessus bord! (Cendrars, Bourlinguer,1948p. 11).Flanquez-moi cette dondon à la porte, James, sinon je vais moi-même l'attraper par la perruque (Aymé, Mouche,1957, p. 100).
Locutions
Flanquer qqn à la porte, à/dans la rue, la rivière, etc. Le congédier, le renvoyer, s'en débarrasser. Ils me doivent quatre termes et tout mon vin (...) je ne peux pas en avoir un sou!... (...) je vas chez l'huissier de ce pas, pour faire flanquer tous ces gens-là dans la rue (A. Daudet, Contes lundi,1873, p. 119):
1. ... comment vous traitait-on dans cette maison? − Moi? très bien d'abord, et puis très mal ensuite. Quand maman a vu que je gâtais son affaire, elle m'a flanqué à l'eau. − Comment ça? − (...) c'est bien simple. J'ai fait quelques fredaines vers seize ans; alors ces gouapes-là m'ont mis dans une maison de correction, pour se débarrasser de moi. Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Champ d'oliv., 1890, p. 91.
Flanquer qqc. ou qqn par terre, à bas. Réduire à néant, détruire, renverser. Tu as vu comme je lui ai flanqué sa quinte par terre? Elle en était retournée, la vieille (Zola, Conquête Plassans,1874, p. 976).À la fin, il m'embête, le jury!... Dites donc, voulez-vous que je le démolisse... Vous me donnerez des notes, n'est-ce-pas? et nous le flanquons par terre (Zola, Œuvre,1886, p. 88).
Flanquer qqc. en l'air. Jeter, se débarrasser de.
Flanquer à la tête, à la figure, par la face, etc.
[S'emploie pour signifier que l'on refuse, que l'on dédaigne ce qui est proposé] Vous figurez-vous l'émoi de M. Alexandre, chargé d'aller régler les frais de rupture, et trouvant pour le recevoir, à ce chevet d'agonisante (...) devinez qui? (...) La mère du mari (...) on a flanqué par la face de maître Alexandre ses offres d'argent (A. Daudet, Pte paroisse,1895, p. 172).
[Pour reprocher] Elle me l'avait déjà flanqué à la figure [le contenu d'une note] une ou deux fois, en nous chicanant (Léautaud, Journal littér.,1, 1893-1906, p. 220).
Flanquer (qqn) dedans. Synon. foutre (qqn) dedans*.
Flanquer (qqc.) sur les bras (de qqn). Se décharger d'une affaire (généralement désagréable).
Emploi pronom. réfl. [Elle] Va à l'homme (...) lui demande ce qu'il lui a promis (...) ouvre la fenêtre et lui dit : « Je me flanque par la fenêtre, comme Dieu est mon maître! » L'autre s'exécuta (Goncourt, Journal,1862, p. 1074).Réfl. indir. S'en flanquer jusque-là. Faire bombance. Alors, c'est bien convenu, tu m'envoies à ce dîner (...) je vais m'en flanquer jusque-là (Becque, Parisienne,1885, II, 7, p. 310).
Se flanquer par terre. Tomber, faire une chute. Se flanquer en l'air. Se suicider, se détruire.
II.− [Avec un compl. datif]
A.− Donner. Synon. pop. ficher, foutre (vulg.).Nous sommes riches, nous vous flanquerons une fête qui stimulera votre imagination (Balzac, Début vie,1842, p. 449).L' sexe, y a tout d'même que ça pour vous flanquer du cœur au ventre (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Souv., 1882, p. 170).J'évite de le punir [le fils d'un gaulliste-communiste] je m'arrange pour lui flanquer de bonnes notes. Quelle misère (Aymé, Uranus,1948, p. 181):
2. Comme si vous ne devriez pas avoir honte de vous faire flanquer quatre mille balles pour ne rien fiche, que rigoler tout bas et que ronfler tout haut depuis le jour de l'an jusqu'à la Saint-Sylvestre, pendant que les copains triment à votre place. Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 4etabl., I, p. 130.
Je vous/t'en flanque mon billet*.
Je vous /t'en flanquerais (de qqc.) [S'emploie pour montrer son désaccord avec les propos, les actions, l'attitude, etc. d'une pers.] On lui en flanquerait de la vertu! C'était toujours ces bégueules-là qui s'en donnaient à crever (Zola, Nana,1880, p. 1303):
3. À la fin des fins, elle dort (...). C'est pas malheureux! (...) Quelle scie que les enfants! (...) celle-là surtout (...) elle est gâtée! (...) Si t'étais à moi, va! (...) je t'en flanquerais de la docilité... Labiche, Fille bien gardée,1850, I, 1, p. 267.
Flanquer ses huit jours (à qqn), congé. Renvoyer. Je lui ai fait flanquer congé pour octobre (Zola, Pot-bouille,1882, p. 255).J'imagine (...) que tu lui as flanqué ses huit jours [à la bonne] (Renard, Lanterne sourde,1893, p. 48).
[Le compl. désigne une action violente ou désagréable pour qqn] Flanquer une danse, une fessée à qqn. Si j'étais fort comme Hercule, (...) quelle pile (...) quelle belle pile, je flanquerais à cet ignoble voyou! (Gyp, Mar. civil,1892, p. 54).Pour moi, j'aurais préféré le voir recourir à des moyens plus directs, comme de lui flanquer à ta mère un coup de pied dans le ventre (Aymé, Quatre vérités,1954, p. 193).
Flanquer un abatage. Réprimander violemment. Notre chameau de concierge a fait passer un de ses protégés avant nous, de peur, croyons-nous, de ne pas recevoir un deuxième denier à Dieu. J'en ai été réduit à lui flanquer un abatage court et soigné (Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], 1907, p. 104).
Flanquer sur la gueule (à qqn). Frapper quelqu'un, se battre avec lui. Synon. pop. foutre.Et puis, là, au milieu de l'eau, où ça aurait pu avoir l'excuse du sauvetage, je te lui en aurais flanqué sur la gueule tant et plus, à bien me passer mon envie. Après, je lui aurais dit : « Ah, vous savez, si j'ai frappé un peu fort, c'est que vous me teniez les jambes » (Giono, Baumugnes,1929, p. 199).
Emploi pronom. réciproque. Se flanquer une tripotée. L'Italie est tellement exaspérée que, si Emmanuel ne se battait pas, il sauterait. Les bons Italiens vont donc se flanquer une tournée avec l'Autriche (Flaub., Corresp.,1856, p. 215):
4. Du matin au soir dans la rue, à traîner, à se flanquer des piles pour une orange pourrie trouvée dans le ruisseau... On allait renifler les coquilles des veinards qui se gobergeaient d'oursins, sur le trottoir, avec un verre de blanc... (...). Ah, putain! mes joies familiales!... Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 43.
B.− [Le compl. désigne l'état physique ou psychique dans lequel qqn ou qqc. met qqn] Flanquer la frousse, la fièvre, le trac. Synon. pop. foutre.Le doute m'a toujours flanqué la fièvre (Zola, Corresp.,t. 2, 1877, p. 463).
Emploi pronom. réfl. indir. Se flanquer une cuite, une indigestion. Servin (...) disparaissait de la maison, se flanquant une cuite de quarante huit heures, de soixante heures, au bout desquelles la pauvre femme allait le ramasser plus mort que vif chez quelque marchand de vin (Goncourt, Journal,1886, p. 558).
Flanquer la paix (à qqn). Le laisser tranquille, cesser de l'importuner. Synon. pop. foutre, ficher la paix (à qqn).Allons, flanque-moi la paix, je te prie (Sand, Meunier d'Angib.,1845, p. 302).
Rem. La docum. atteste des emplois de flanquer au sens de « dire avec brusquerie ou brutalité ». Le malin des malins, c'était Fagerolles, auquel il [Claude] flanquerait ses quatre vérités (Zola, Œuvre, 1886, p. 178).
Prononc. et Orth. : [flɑ ̃ke]. [ɑ ̃ ˑ] ds Passy 1914. Ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. [1596 « jeter contre le flanc de quelqu'un (?) » (Hulsius, Dictionnaire françois-alemand ds FEW t. 16, p. 212b)]; 1619 [éd. 1634] « donner (des baisers) » (Le Cabinet satyrique, p. 611 ds DG); 1680 « donner (une gifle, etc.) » (Rich.); 2. a) 1690 se flanquer « se placer mal à propos » (Fur.); b) 1800 « jeter, mettre quelque chose » (Aude, MmeAngot, III, 4, p. 35 ds IGLF : ils veulent me flanquer [ces ornements] sur la tête). Dér. de flanc*; dés. -er.
STAT. − Flanquer1 et 2. Fréq. abs. littér. : 973. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 502, b) 1 642; xxes. : a) 2 600, b) 1 262.
BBG. − Chautard (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 431. − Quem. DDL t. 5.