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FÉTICHE, subst. masc.
A.− Objet, naturel ou façonné, considéré comme le support ou l'incarnation de puissances supra-humaines et, en tant que tel, doué de pouvoirs magiques dans certaines religions primitives. Culte des fétiches; fétiches nègres. Les gambades des sauvages autour de leur fétiche (Stendhal, Corresp.,t. 2, 1800-42, p. 427).La sculpture caduveo (...) se limite (...) à des fétiches et des représentations de dieux toujours de petites dimensions (Lévi-Strauss, Anthropol. struct.,1958, p. 281).
Emploi adj. ou en appos. Dieu, idole fétiche. On invoque le serpent fétiche dans les pluies abondantes et dans les sécheresses extrêmes, pour obtenir de riches récoltes et pour faire cesser les maladies des bestiaux (Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 438).
B.− P. anal.
1. Objet, animal auquel est attribuée une influence bénéfique ou protectrice par des personnes superstitieuses. (Quasi-)synon. mascotte, porte-bonheur.Il faut me l'acheter [un chat]. Tony... ce sera notre fétiche! tant qu'il sera avec nous, je sens que rien ne pourra nous arriver de mal! (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 222).Il affectait de redouter les détours de la chance; il portait un fétiche d'or au milieu de son trousseau de clés (Duhamel, Combat ombres,1939, p. 26).
P. compar. [En parlant d'une pers.] Le hasard aidant sans doute, elle gagnait depuis sa liaison, elle traitait un peu Saccard en fétiche, l'objet ramassé que l'on garde et que l'on baise, même malpropre, pour la chance qu'il vous porte (Zola, Argent,1891, p. 224).
Emploi adj. ou en appos. Poupée fétiche. J'ai gardé (...) un papier fétiche que j'avais cousu dans une poche de mon veston, que je conservai plus tard comme signe de folie (Jouve, Scène capit.,1935, p. 218).
PARAD. Amulette, gris-gris, talisman et fétiche.
2. Personne, chose à laquelle on attribue des pouvoirs extraordinaires et/ou à laquelle on voue une admiration ou un respect exagéré. (Quasi-)synon. idole.Chaque coterie philosophopolitique a son homme, son fétiche qui pourrait sauver la République à lui tout seul et dont il n'est point permis de douter (Sand, Corresp.,t. 3, 1848, p. 73).Son Discours de la Méthode [de Descartes] est rempli de lapalissades, dont l'Université a fait des fétiches (L. Daudet, Rech. beau,1932, p. 143):
M'étant exprimé librement devant Isabelle sur le compte de la Prisonnière, à sa réaction j'ai pu constater que, pour elle non moins que pour Jacques, Proust était devenu le fétiche − le sujet auquel déjà on ne peut plus toucher. Du Bos, Journal,1924, p. 64.
Emploi adj. ou en appos. Ce sentiment fétiche, irréfléchi, irraisonné, absurde, qui a quelque chose de religieux (Goncourt, Journal,1857, p. 358).La pureté (...) devient, en passant par leurs lèvres [des adolescents], quelque chose qui me confond et m'abasourdit, une sorte de panacée, de terme fétiche, conjuratoire (Arnoux, Crimes innoc.,1952, p. 200).
En partic., PSYCHANAL. Objet provoquant et satisfaisant les désirs sexuels chez le fétichiste. La possession et la contemplation du fétiche provoquent soit l'orgasme sexuel, soit simplement des jouissances sentimentales platoniques (Guiraud ds Lafon1969).
Emploi adj. ou en appos. L'objet fétiche représente le pénis attribué par l'enfant à sa mère (avant l'Œdipe), avec laquelle il garde, par l'intermédiaire de ce que Winnicot a appelé « l'objet transitionnel », un lien symbolique et évocateur (H. Ey, P. Bernard, Ch. Brisset, Manuel de psych.,Paris, Masson et Cie, 1974, p. 386).
Rem. La docum. atteste un emploi subst. fém., vieilli. Le manitou est pour les sauvages ce qu'est la fétiche pour les nègres en Afrique (Baudry des Loz., Voy. Louisiane, 1802, p. 80).
REM. 1.
Arbre-fétiche. L'arbre-fétiche, à demi écorcé à la base par l'habitude que nous conservions d'y inscrire nos tailles successives (H. Bazin, Qui j'ose aimer,1956, p. 12).
2.
Fétiches-porte-bonheur. Sa table [de Roosevelt] encombrée d'une multitude d'objets surprenants : souvenirs, insignes, fétiches-porte-bonheur (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 240).
3.
Féticheur, subst. masc.Maître des fétiches, capable de les fabriquer, d'en assurer l'efficacité, de les procurer à ceux qui font appel à lui. Il [le docteur] avait en effet ces yeux brillants, fascinateurs, traversés d'éclairs sauvages auxquels les vieux coloniaux savent reconnaître, dans les villages, l'occulte féticheur (Morand, Magie noire,1930, p. 126).
4.
Fétichique, adj.Qui relève du fétichisme. Passé fétichique et théocratique commun à tous les peuples (Comte, Catéch. positiv.,1852, p. 333).
Prononc. et Orth. : [fetiʃ]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1605 fetisso (P. de Marées, Descr. et recit hist. du riche roy. de Gunea [texte trad. du néerl., v. Arv., p. 229, s.v. féticheur], p. 7 ds König, p. 92 : leurs Idoles ou Fetissos); 1669 fetiche (Villault, Rel. des Côtes d'Afrique, p. 82, ibid.). Empr., d'abord par l'intermédiaire d'un texte néerl., au port. feitiço « sortilège, amulette », attesté dep. le xves. (Crónica de Ceuta ds Mach.), attesté aussi comme adj. dep. le xves. au sens d'« artificiel », du lat. facticius (factice*). Fréq. abs. littér. : 160. Bbg. Arv. 1963, pp. 229-230 (s.v. féticheur).Boulan 1934, p. 59. − Quem. DDL t. 3 (s.v. féticheur), 9 (s.v. fétichique).