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FAUX1, adj., adv. et subst.
I.− Adjectif
A.− [Traduit l'idée d'une erreur, d'une opposition ou d'une déviation p. rapp. à ce qui est reconnu vrai, juste]
1. [En parlant d'une proposition, d'un énoncé, d'un fait] Qui est contraire à la vérité, ou qui contredit l'existence de quelque chose. Dire qqc. de faux (sur...), tenir qqc. pour faux.
a) [Par une erreur de jugement, d'appréciation] Synon. erroné.L'énoncé d'un fait ne peut être que vrai ou faux. Il n'en serait pas de même pour une proposition quelconque (Poincaré, Valeur sc.,1905, p. 225).La science d'aujourd'hui contient encore un certain nombre de faux concepts (Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 230).Une assertion est vraie ou fausse, simplement. Il n'y a place ni pour « en tant que », ni pour une catégorie tierce (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 335):
1. − Vous voilà encore avec votre fausse logique! Je vous ai enseigné la logique, mais vous allez à l'extrême et rendez faux, par l'abus des conséquences, ce qui est vrai au point de départ. Sand, Hist. vie,t. 3, 1855, p. 344.
SYNT. Idée, notion, proposition fausse; principe faux; faux dogmes; fausse morale, religion, conception (de la science); donner, se faire une idée fausse (de qqc.); tirer une conséquence fausse (d'un principe vrai).
Il est faux de (+ inf.), il est faux que (+ subj.). Il comprit qu'il était faux qu'on pût aimer deux femmes à la fois (Gozlan, Notaire,1836, p. 153).Il serait faux de croire que la première enfance vit dans un état de rêve bien caractérisé et homogène (Mounier, Traité caract.,1946, p. 338).
b) [Par déformation volontaire de la vérité] Synon. fallacieux, mensonger.Il avait trouvé la cuisinière avec un soldat, histoire fausse, uniquement inventée pour produire de l'effet (Flaub., Éduc. sent.,t. 2, 1869, p. 15).Les ragots, les fausses nouvelles, cavalaient tout le département (Céline, Mort à crédit,1936, p. 600).D'ailleurs, j'ai déjà en tête la fausse confession que je ferai tout à l'heure à Olivier (Aymé, Quatre vérités,1954, p. 215):
2. ... Cavaignac, pour se défendre, nous a appris que sa croyance à la culpabilité de Dreyfus venait d'une fausse confidence du général Mercier, le criminel originel, qui d'ailleurs n'avait pas osé donner ce mensonge en pâture à ses collègues. Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 497.
SYNT. Allégation fausse; faux avis, bruits, propos; fausse information; faux témoignage (p. méton. faux témoin); donner un faux nom, une fausse adresse; il est faux que, il est faux de.
2. Qui n'est pas conforme à un modèle, à un étalon.
a) Qui ne correspond pas à ce qui est attendu ou escompté.
[En parlant de mesures] Le baromètre descendit à vingt-sept pouces dix lignes; mais comme il nous avait donné plusieurs fois de faux indices, nous continuâmes notre route (Voy. La Pérouse,t. 2, 1797, p. 389).
Spéc. Fausse coupe (ou faux métrage). Ce qui reste d'une pièce d'étoffe débitée, mais qui n'est pas suffisant, notamment pour faire un vêtement.
Au fig. Jerningham. − Je pèserai chaque parole. Mac Allan. − Et pas de faux poids, hein? (Dumas père, Laird de Dumbiky,1844, I, 2, p. 9).
[En parlant d'opérations ou de manifestations de l'esprit] Calcul, problème faux; interprétation fausse; faux raisonnement; fausse citation; faire un faux sens. De fausses appréciations, où le symptôme est pris pour la cause et le résultat pour le principe (Comte, Philos. posit., t. 5, 1839-42, p. 516).Si du moins la vie était un calcul qui se puisse recommencer (...) mais autant croire qu'on corrigera une soustraction fausse en faisant une addition juste (Blondel, Action,1893, p. 195).On peut être plus sensible aux maux d'autrui, qu'à ses propres maux (...). De là un faux jugement sur la vie, qui empoisonne la vie (Alain, Propos,1910, p. 94).
[En parlant des facultés d'une pers.]
Avoir l'esprit, le goût, le jugement faux. Juger, raisonner d'une façon qui ne permet pas d'atteindre la vérité. On lui a rendu l'esprit faux, on l'a retenue sans cesse dans la terreur des devoirs chimériques; on ne lui a pas donné le moindre sentiment des devoirs réels (Senancour, Obermann,t. 2, 1840, p. 28).Rémusat le juge [Lamartine] très ambitieux, très positif, d'une grande suite de volonté, mais d'un faux jugement (Sainte-Beuve, Poisons,1869, p. 80).
P. méton. Un esprit faux. Personne qui a l'esprit faux. L'obstination étroite des esprits raides, ou (...) l'obtusion des esprits faux (Mounier, Traité caract.,1946, p. 641).
En partic.
Éducation, instruction fausse. Qui n'inculque pas des principes vrais, la manière de raisonner juste. Il est peu d'artistes (...) qui ne s'aperçoivent (...) que le temps leur manque (...) pour recommencer sur nouveaux frais une instruction fausse ou incomplète (Delacroix, Journal,1857, p. 24).
Prendre une fausse direction, faire fausse route. Se tromper sur la direction à prendre (au propre et au fig.). Pour la seconde fois, l'interprétation erronée du document venait de jeter sur une fausse piste les chercheurs du Britannia (Verne, Enf. cap. Grant,t. 2, 1868, p. 226).Elle cessa de se défendre d'avoir connu un Maubel, préférant laisser le jaloux s'égarer sur une fausse piste (France, Dieux ont soif,1912, p. 206).
Vers faux. Qui n'a pas le nombre voulu de syllabes. « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas ». (...) « Que la raison n'a pas », rectifia-t-elle (...) : « sans ça, le vers serait faux » (Martin du G., Thib.,Belle sais., 1923, p. 851).
b) [Gén. en parlant d'actes ou de leur résultat] Dont l'accomplissement ne correspond pas à l'intention, n'aboutit pas ou subit une déviation. Faux bond*, départ (des coureurs), mouvement. Lucien, essoufflé par cet exercice, avait fait un faux pas et s'était étalé au beau milieu d'une plate-bande (Zola, Page amour,1878p. 839).Les jambes de son pantalon soigneusement remontées, afin que l'étoffe ne prît point de faux plis aux genoux (Theuriet, Mais. deux barbeaux,1879, p. 111).Un accident (...) avait eu lieu en gare. Une fausse manœuvre. Un cheminot écrasé (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 105).
Fausse position. Instable. Je lui fais remarquer la fausse position de cette pierre, mais inutilement; elle y pose le pied, tombe et prend une entorse (M. de Guérin, Corresp.,1837, p. 316).
Au fig. Fausse position; situation, position fausse. Délicate, équivoque. Je vais, mes enfants, mettre un terme à la fausse position où je me trouvais depuis si longtemps (...) je viens vous annoncer mon mariage (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 357).Il passe ses soirées à me dire que nous sommes dans une situation fausse et que je le fais vivre en état de péché mortel (Flers, Caillavet, M. Brotonneau,1923, II, 4, p. 16).
P. anal. Douleur fausse. Qui n'est pas franche. Une douleur aiguë et fausse lui sciait l'épaule (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 24).
En partic. Qui manque son but (par défaut d'habileté, de justesse d'appréciation d'une situation). Fausse démarche, tactique. Le gouvernement, par ses fausses mesures, risque de faire mourir le pauvre de faim (Tocqueville, Anc. Rég. et Révol.,1856, p. 285).Le fils n'avait rien eu de plus pressé que de perdre dans une fausse spéculation ce champ et cette maison (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 781):
3. ... cette manie qu'ont les gens de vous regarder fixement quand ils vous parlent (...) pour être bien sûrs que vous les écoutiez. Faux calcul d'ailleurs, car dans ces cas-là, je ne pense plus qu'à m'échapper... Sagan, Bonjour tristesse,1954, p. 156.
c) Domaine esthétique.Qui est contraire à la justesse, au naturel.
MUS. Qui n'est pas juste, qui n'est pas dans le ton. Accord, son faux. Un petit clairon (...) souffla dans son instrument un rappel pas correct, aux notes fausses, mais en mesure, mais vibrant (Verlaine, Œuvres compl., t. 4, L. Leclercq,1886,p. 138)
P. méton.
Qui fait entendre des sons faux. Piano faux; voix fausse. Cette fanfare est fausse et criarde (Meilhac, Halévy, Belle Hélène,1865, I, 11, p. 200).
Qui ne perçoit pas les sons exactement. Oreille fausse. L'ouïe est quelquefois originairement fausse, soit que les deux oreilles n'entendent point à l'unisson (...) soit que dans (...) chacune d'elles (...) il se trouve des causes communes de discordance (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 435).
P. anal. Voix fausse, rire faux. Désagréable à entendre comme une note fausse. Sa voix fausse, tantôt haute, tantôt basse, procédait par brusques changements de tons et glapissements bizarres (Gautier, Fracasse,1863, p. 29).Un rire sec, nerveux, frémissant, un de ces rires faux qui semblent devoir casser les verres fins (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Bûche, 1882, p. 782).
P. ext. Fausse note. Note juste en elle-même mais qui n'est pas la note prévue dans la partition et choque l'oreille. Elle se remit à jouer (...) et elle faisait fausse note sur fausse note. Il ne s'en apercevait pas (Rolland, J.-Chr.,Matin, 1904, p. 193).
Au fig. Qui détone, qui n'est pas en harmonie avec l'ensemble auquel on se réfère. L'hôtel du banquier était très beau. Un grand luxe, beaucoup de jolies choses et très peu de fausses notes (Gyp, Leurs âmes,1895, p. 305).
− Domaine visuel
Couleur fausse. Qui ne présente pas un caractère de pureté, de naturel. Ton faux; nuance fausse. La lueur d'un incendie (...) répandit sur toute cette scène une teinte fausse et blafarde, qui n'est ni le jour ni la nuit (Lamart., Voy. Orient,t. 1, 1835, p. 220).Un nuage venu du couchant, d'un rose faux et acide, colorait vaguement son lâche vêtement blanc (Colette, Seconde,1929, p. 98).Quant aux arbres, on les aurait cru peints, de ce vert faux, brutal, acide qui leur prête le ton d'un décor de théâtre (Carco, Nost. Paris,1941, p. 155).
Faux jour, jour faux. Mauvaise lumière qui altère l'apparence des choses. Faux jour de soupirail, du crépuscule. À toute heure, ce jour double et faux de la fenêtre insuffisante et des ampoules excessives éclaire Rézi d'une lumière théâtrale (Colette, Cl. ménage,1902, p. 120).De gros nuages d'orage montaient sur l'horizon en volutes lourdes, fondus au ras de la mer dans un reste de faux jour livide (Gracq, Syrtes,1951, p. 231).
Au fig. Apparence trompeuse. Comme tu outres tout! Comme tu mets tout dans un faux jour! (Guéhenno, Jean-Jacques,1950, p. 116):
4. MmeSand fait de Maurice un sceptique, un grand poëte à la façon de Byron, et cela m'affligeait de voir présenter sous ce faux jour le nom de mon frère... E. de Guérin, Journal,1840, p. 384.
LITT., THÉÂTRE. Qui est contraire au naturel, à la vraisemblance. Genre, style faux; déclamation fausse; caractère, personnage faux; psychologie (d'un personnage, d'une pièce) fausse. Synon. affecté.Quant aux autres acteurs, il est impossible d'avoir un débit plus faux et plus affecté, des gestes plus exagérés et plus contraires au bon sens (Delécluze, Journal,1825, p. 270).Quelquefois, dans les plus vivants [des personnages de Balzac], une phrase ou une action fausse indique que l'inspiration a manqué (Taine, Nouv. Essais crit. et hist.,1865, p. 26).D'ordinaire les romans lui semblaient faux et puérils (Zola, Page amour,1878, p. 846):
5. Lu Quatre-vingt-treize que je n'avais pas ouvert depuis des années. Admiration totale pendant deux cents pages, puis tout à coup, la lecture devient impossible : c'est trop fabriqué, trop uniment faux. Green, Journal,1945, p. 119.
P. anal. [En parlant de l'attitude d'une pers.] Je renonce à combattre votre penchant : (...) je craindrais de jouer le rôle bête et faux d'un froid pédant (Barbier, Satires,1865, p. 55).N'avait-il pas [le docteur] daigné parfois l'élever jusqu'à lui? D'un geste aussi faux que l'était cette phrase, elle [Maria] saisit la main du docteur, l'approcha de ses lèvres (Mauriac, Désert am.,1925, p. 104).
3. Qui est fondé sur une erreur, qui n'est pas justifié. Comme j'ai deviné que de fausses terreurs vous inquiétaient, je suis venu (Péladan, Vice supr.,1884, p. 243).Mon petit, méfie-toi de la « fausse vocation ». La plupart des existences manquées, des vieillesses aigries, n'ont pas d'autre origine (Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 949).Hier après-midi, il y a eu une fausse alerte d'invasion due à l'erreur d'un radiotélégraphiste (Green, Journal,1944, p. 116):
6. ... j'ai eu de bien grands torts envers vous! − Et mettant de côté toute fausse honte, le poëte confessa franchement sa folle conduite... Theuriet, Mariage Gérard,1875, p. 185.
SYNT. Fausse alarme; fausse crainte, espérance, joie, pudeur; faux honneur, point d'honneur; faux pressentiment; fausse impression, reconnaissance.
Faux problème, dilemme; fausse antinomie, difficulté. Que l'on pose, que l'on envisage à tort :
7. La méthode de Charles Perrault, qui consiste à prendre des anciens pour les opposer aux modernes, nous fournit un bon type de faux problème (...). Ces auteurs latins (...) disposés parallèlement à des auteurs français, c'est une fiction oratoire. Ce qui existe réellement, ce qui vit et ce qui dure, c'est une suite... Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p. 248.
B.− [Traduit l'idée d'une ressemblance trompeuse, d'une imitation ou d'une contrefaçon] Anton. vrai, véritable, authentique.
1. Qui n'a que l'apparence de la chose réelle, sans en avoir les caractéristiques, les qualités essentielles.
a) Domaine concr. ou sensible.Faux brillant, chic, luxe; faux chef-d'œuvre; fausse élégance. La fausse distinction et la politesse de pacotille des hommes distingués, des hommes polis de l'Empire (Goncourt, Journal,1870, p. 575).Un magnifique et singulier képi (...) qui donnait à son Altesse un faux air de général mexicain (A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p. 115).Moins grande qu'elle ne semblait, elle était une fausse maigre, avec de belles épaules, des bras harmonieux (Rolland, J.-Chr.,Amies, 1910, p. 1160):
8. L'appartement occupé par ce ménage (...) offrait les trompeuses apparences de ce faux luxe qui règne dans tant d'intérieurs. Dans le salon, les meubles recouverts en velours de coton passé, les statuettes de plâtre jouant le bronze florentin, le lustre mal ciselé (...), tout chantait misère... Balzac, Cous. Bette,1846, p. 52.
Faux ménage. Couple non marié légalement. Joseph prétend que papa n'a pas moins de deux faux ménages, et il cite les adresses (Duhamel, Combat ombres,1939, p. 72).
[Au théâtre et p. compar. dans la vie courante] Fausse sortie. Sortie simulée suivie d'un retour presque immédiat. Tous les convives étaient partis, Courtenay, après une fausse sortie, revint au moment où elle passait dans sa chambre (Péladan, Vice supr.,1884, p. 161).
P. anal. Un faux dégel s'était produit dans la semaine, puis le froid avait recommencé (Zola, Rêve,1888, p. 18).
En partic., dans de nombreux domaines. [Pour désigner une chose ayant une certaine ressemblance, présentant un certain rapport ou faisant double emploi avec la chose proprement désignée par le subst.]
BOT., ZOOL. Faux acacia*, bambou, cèpe, ébénier, poivrier; faux bourdon2*; fausse chenille; faux terrier. Il est une fausse oronge, de même fumet que l'autre, et qui recèle un venin mortel (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 168).
ANAT., PATHOL., PHYSIOL. Fausses côtes*, pattes; fausse narine; fausse angine de poitrine; faux croup; fausse couche*, grossesse; faux jumeaux. Voulez-vous m'aider à soigner une diphtérique; (...) il faudrait la tenir pendant que j'enlèverai les fausses membranes de sa gorge (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Mis. hum., 1886, p. 649).
♦ Domaines techn.ARCHIT. Fausse cloison; faux mur, plafond, plancher. COUT. Faux col*, ourlet. IMPR. Faux titre. MAR. Faux bras, pont; fausse quille. VÉN. Faux arrêt, rembuchement. MUS. Faux-bourdon (v. bourdon2II A).
b) Domaine abstr.Fausse victoire; faux répit; fausse vertu; faux devoir. Ces faux biens que le vulgaire envie, Gloire, puissance, orgueil (Lamart., Harm.,1830, p. 477).Tout vaut mieux que le faux amour, le désir qu'on prend pour la passion (Claudel, Père humil.,1920, I, 3, p. 506).La vraie paix, celle qui vient de Dieu, et non cette fausse paix qui suit l'assouvissement de nos convoitises (Green, Journal,1942, p. 206):
9. Nous avons rencontré cent fois (...) ces ambivalences vertueuses : (...) la fausse chasteté des refoulés, la fausse pitié de la sensiblerie, le faux amour des maniaques de la protection et du dévouement égocentrique, la fausse bonté des faibles... Mounier, Traité caract.,1946, p. 733.
c) [En parlant d'un être] Faux génie, patriote, savant. Ce journal du mensonge, le Figaro, célébrant le faux honnête homme comme l'abbé Roussel, le faux homme de talent, comme... comme... (Goncourt, Journal,1889, p. 957).Il revoit (...) tant de faux révoltés, si éloquents dans le monde, qu'il a vus à ses pieds, risibles! (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 235):
10. Pour Gladstone, le beaconsfieldisme était une épouvantable hérésie qui avait souillé l'âme du peuple anglais (...). Maintenant le pays commençait à comprendre qu'il avait suivi un faux prophète. Maurois, Disraëli,1927, p. 314.
Faux dieu. Ces gens-là n'ont que leur patriotisme. Laisse-leur ce faux dieu à adorer (Renan, Drames philos., Prêtre Némi, 1885, V, 1, p. 596).Tous les faux dieux, toutes les philosophies païennes [se taisent], dès que le Christ apparaît (Claudel, Poète regarde Croix,1938, p. 203).
2. Qui est l'imitation, la contrefaçon de quelque chose.
a) Qui est le résultat d'une contrefaçon avouée ou non. Bijoux faux; faux diamant; fausse perle; fausse dentelle, fourrure; faux acajou, marbre; rideaux en faux gobelins. Les poils de lapin de la fausse hermine et de la fausse martre (Zola, Bonh. dames,1883, p. 390).Tu as cette horreur de toute surface libre qui a engendré les faux tanagras, les cache-pot, la végétation des cristaux (Chardonne, Épithal.,1921, p. 182).Ces petites maisons blanches où étaient peints de faux balcons, de fausses portes, de fausses fenêtres, en couleurs fanées (Montherl., Bestiaires,1926, p. 507):
11. À l'autel faux-gothique, Dont le faux byzantin Reluit de fausses pierres En toute vérité. Montesquiou, Hort. bleus,1896, p. 95.
[En parlant des attributs d'une pers.] Fausse barbe; faux sein, cheveux; tour de faux cheveux; fausses dents. Synon. postiche.Il jouissait de tous les membres que Dieu a donnés à l'homme : sain et entier, ni taie sur un œil, ni faux toupet, ni faux mollets (Balzac, Mais. Nucingen,1838, p. 603).
b) Qui reproduit l'apparence de quelque chose frauduleusement ou pour tromper.
[En parlant d'un objet] Synon. falsifié.Ces choses qui ne sont des objets d'art que pour les femmes, un faux pastel de Boucher, de faux pastels de Chardin (Goncourt, Journal,1862, p. 1188).J'ai des faux papiers qui me permettraient de rentrer facilement en Suisse (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 589):
12. ... cet escroc érudit (...) employait à fabriquer de faux palimpsestes un labeur et une science dont la centième partie eût suffi à lui assurer une situation plus lucrative, mais honorable... Proust, Swann,1913, p. 132.
SYNT. Faux assignat; fausse monnaie (p. méton. faux-monnayeur); pièce de fausse monnaie; fausse pièce; pièce fausse; fausse clef*.
P. ext. [Seule l'idée de fraude subsiste] Faux sel. Sel de contrebande; p. méton., faux saunier. Ils montraient grande prétention d'être nobles alors que l'arrière-grand-père se mêlait de faire des convois de faux sel (Pourrat, Gaspard,1925, p. 133).
[En parlant du comportement d'une pers.] Qui est feint, simulé. Fausse aménité, bonhomie, camaraderie, gaîté, humilité; faux soupirs. Le petit salon retentit de la fausse tousserie d'un homme qui voulait dire ainsi : « Je vous entends » (Balzac, Cous. Pons,1847, p. 30).Je t'en prie, pas de fausse modestie. Tu sais que le refus des louanges est le désir d'être loué deux fois (Montherl., Exil,1929, II, 5, p. 62).Cette fausse désinvolture qui est le signe d'un grand embarras (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 103):
13. Mais il était utile que nous revissions (...) la petite Marie, son faux regret, ses larmes volontaires, et sa venimeuse gentillesse... Colette, Jumelle,1938, p. 185.
Fausse attaque. Attaque secondaire destinée à faire diversion. Le prince de Waldeck devait tenter un assaut, tandis que (...) nous ferions diversion par une fausse attaque sur la place du côté de la France (Chateaubr., Mém.,t. 1, 1848, p. 412).
[En parlant d'une pers.]
[Le subst. indique une qualité soc. ou morale] Qui prend une identité, une qualification qu'elle n'a pas. Faux Anglais; faux prêtre; faux bonhomme, dévot, frère; fausse ingénue. Ces faux braves qui s'insultent et font battre leurs témoins (Lemercier, Pinto,1800, I, 2, p. 35).Il y a tant d'espions, de fausses infirmières, etc. (Montherl., Songe,1922, p. 194).Vuillaume est un faux camarade. Il sourit, d'un air débonnaire; mais il prépare sournoisement des coups de sa façon (Duhamel, Cécile,1938, p. 137):
14. Il n'y a rien de si méprisable que le faux ami, celui qui accepte tous les dévouements, tous les sacrifices, et qui n'a rien de pareil dans son cœur à donner en échange. Karr, Sous tilleuls,1832, p. 295.
Au fig. [En parlant de mots de langues différentes] Faux-amis. ,,Qui sont d'étymologie ou de forme semblable mais de sens partiellement ou totalement différent`` (Mounin 1974).
[Le subst. désigne une pers. partic. ou un de ses attributs] Qui affiche des sentiments qu'en réalité elle n'a pas; à qui on ne peut se fier. Homme faux; cœur faux; nature fausse; air, œil, regard faux; dégaine, mine fausse. Fam. faux comme un jeton, faux jeton*. Synon. hypocrite, sournois; anton. franc, sincère, vrai.Il avait pris la plus triste idée de Zola (...) il s'était trouvé en présence d'un être faux, retors, hypocrite (Goncourt, Journal,1886, p. 562).Elle n'était point fausse, étant seulement femme, étant changeante et variable, mais sans calcul (Ramuz, A. Pache,1911, p. 240).Soudain une expression basse et fausse enlaidit son visage (Martin du G., Taciturne,1932, III, 8, p. 1340):
15. Il n'y a presque que des hommes à demi faux. − Ayez donc un beau et pur regard si vous voulez tromper ou du moins les prunelles de marbre, ne commencez pas (...) par mettre la main sur votre bouche, les doigts en l'air vers le front, car il est impossible de plus s'avouer faux [it. ds le texte] qu'en agissant ainsi... Barb. d'Aurev., Memor. 1,1837p. 116.
P. méton., rare. Qui est le fait d'une personne fausse. La flatterie, la servilité, la bassesse, une fausse habileté souple et patiente, conduisent plus sûrement aux emplois que le génie et la vertu (Lamennais, Religion,1825, p. 34).Je vous laissai parler; me refusant à croire (...) qu'un dessein si faux pût séjourner dans l'âme (Ponsard, Lucrèce,1843, IV, 3, p. 80).
Rem. gén. Faux entre comme premier élément de compos. avec certains noms (séparé ou non par un tiret du nom qui suit) : a) pour désigner des choses qui ne sont pas conformes à ce que l'on attend et quand le composé prend un sens fig. : faux bond*, faux pas*; b) lorsqu'il indique que la chose est improprement désignée par le nom mais présente seulement un rapport, une ressemblance avec l'original : faux acacia*, faux ébénier*; faux bourdon*, faux col*, fausse couche*, faux filet*; faux-amis (sens fig., cf. B 2 b); faux-semblant; c) avec des noms qui sont essentiellement ou uniquement associés à cet adj. : faux-fuyant, faux-monnayeur.
II.− Emploi adv.
A.− Faux, adv.
1. Contrairement à la vérité, à la réalité. Si le journal dit vrai, la bonne chose qu'il a dit reste; s'il dit faux, c'est comme s'il n'avait rien dit du tout (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 473).Hélas! le père n'est pas homme à parler faux... l'est défunt (La Varende, Pays d'Ouche,1934, p. 94).
2. Contrairement à la logique, d'une manière inexacte. On pense faux comme on chante faux, par ne point se gouverner (Alain, Propos,1929, p. 864).Créon. Cela ne m'étonnerait pas, mon gaillard. Tu es homme à te vendre, et pas cher! Le Garde. − Il est triste qu'un prince juste puisse voir si faux (Cocteau, Antigone,1932, p. 18).
3. En péchant contre l'harmonie, le naturel.
a) MUS. Chanter faux. C'est comme un homme qui a l'oreille juste et qui joue faux du violon; ses doigts se refusent à reproduire juste le son dont il a conscience (Flaub., Corresp.,1847, p. 47).Lulu Maublanc descendait l'avenue de Messine, sifflotait faux la valse hongroise (Druon, Gdes fam.,t. 2, 1948, p. 53).
Au fig. Sonner faux. Il affectait une grande gaieté mais qui sonnait faux (Vialar, Bien-aller,1952, p. 121).Henri eut l'impression que cette voix cordiale sonnait faux : peut-être parce qu'en lui-même quelque chose sonnait faux (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 373).
b) THÉÂTRE. Dans Orphée le ton ne peut être ni familier ni « poétique » (...). Voilà le style que Jean Marais possède, d'où jamais il ne déraille et qui fait croire à certains critiques qu'il dit faux (Cocteau, Poés. crit. I,1959, p. 248).Ils [les acteurs] n'eussent pu d'eux-mêmes jouer faux tous à la fois. Ces attitudes, ce débit, tout leur venait du dehors, tout leur avait été imposé (Mauriac, Nouv. Bloc-notes,1961, p. 280).
B.− À faux, loc. adv.
1. Contrairement à la vérité, d'une manière erronée. Vous m'avez lu si négligemment que presque toujours vous me citez à faux (Flaub., Corresp.,1863, p. 79).D'ailleurs il était admis alors que les vrais prophètes pouvaient prophétiser parfois à faux (France, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 548).
2. D'une manière maladroite, anormale. Tomber à faux. Un jour, en descendant l'escalier − le tien! − l'oncle posa le pied à faux. Il dégringola bruyamment (Courteline, Vie mén.,Escalier, 1890, II, p. 66).
Spéc. Porter à faux. Ne pas porter directement sur son point d'appui. Les six arcades supérieures portent à faux, c'est-à-dire qu'elles n'ont pas été construites de façon à ce qu'au centre des arcades inférieures corresponde exactement un vide ou un pilastre (Stendhal, Mém. touriste,t. 1, 1838, p. 82).
En partic. Sans atteindre le but recherché. Si l'un d'entre nous, par hasard, essayait de se confier (...), la réponse qu'il recevait, quelle qu'elle fût, le blessait la plupart du temps (...). Bienveillante ou hostile, la réponse tombait toujours à faux (Camus, Peste,1947, p. 1278).
Rem. On rencontre ds la docum. qq. ex. où, p. ell. du verbe, cette loc. prend une valeur adj. Aussi quittent-elles [les femmes] assez volontiers un amant, quand il est assez inexpérimenté pour leur ravir (...) ces délicieux tourments de la jalousie à faux (Balzac, Ferragus, 1833, p. 25). Sache qu'un coup de gouvernail à faux casserait le bateau net sur les rochers (Flaub., Corresp., 1850, p. 178).
3. Sans raison, à tort. On peut, monsieur, être à la fois ancien marin et calomniateur en accusant à faux un brave et loyal camarade (Sue, Atar Gull,1831, p. 20).C'est s'alarmer à faux que s'émouvoir des inévitables lenteurs (...) d'une négociation (Jaurès, Paix menacée,1914, p. 229).
III.− Emploi subst.
A.− [Correspond à I A; précédé de l'art. déf., avec valeur de neutre]
1. Ce qui est contraire à la vérité. Prendre le faux pour le vrai; distinguer le vrai du faux; plaider le faux pour savoir le vrai. Le principe de l'insuccès [de Napoléon] n'est point dans les accidents de la nature et de la guerre (...) il est tout entier dans le faux des conceptions politiques (Proudhon, Révol. soc.,1852, p. 145).Quelques chefs militaires (...) avaient organisé le faux et le mensonge, à l'abri du prétendu secret d'État (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 294).Le faux n'est pas toujours soluble dans le vrai. Le vrai n'annule pas toujours le faux (Valéry, Mauv. pens.,1942, p. 143):
16. ... penser vrai c'est saisir mieux. Ce qui est vrai c'est le mouvement qui va du rêve à la chose; en ce sens il y a du vrai dans tous les contes, et du faux dans toutes les doctrines. Alain, Propos,1921, p. 333.
Être dans le faux. Être dans l'erreur. Je sens que je suis dans le faux, comprenez-vous? et que mes personnages n'ont pas dû parler comme cela (Flaub., Corresp.,1857, p. 240).
2. Ce qui est équivoque, délicat. Le faux d'une situation :
17. Manette avait changé sa familiarité avec lui en une politesse sèche, coupée d'allusions qui le renfonçaient, sous leur intimidation, dans le faux de sa position. Goncourt, Man. Salomon,1867, p. 353.
3. Ce qui manque de naturel, de sincérité. Si le faux règne en effet dans le style comme dans la conduite de certaines tragédies françaises, ce n'était pas au vers qu'il fallait s'en prendre, mais aux versificateurs (Hugo, Préf. Cromw.,1827, p. 33).L'exagération ou, pour parler franc, le faux du livre de Charron est de même nature que dans Montaigne (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 11, 1856, p. 254).Il y a des jeux de sensibilité en elle, des expressions de tendresse filiale (...) outrées et qui sonnent le faux (Goncourt, Journal,1859, p. 630):
18. Il [Racine] ne rompt pas d'un coup : le faux dans les sentiments dépare encore Alexandre, et il ne cessera d'y avoir, dans toutes ses tragédies et jusque dans Phèdre, des roucoulements. Mauriac, Vie Racine,1928, p. 110.
B.− [Correspond à I B; l'art. est déf. ou indéf.] Altération ou contrefaçon de quelque chose d'authentique.
1. DR. Faux (en écriture). ,,Altération de la vérité commise dans un écrit et de nature à causer préjudice`` (Cap. 1936). Être condamné pour crime de faux, pour usage de faux. Les crimes de faux ne peuvent être poursuivis que sur des plaintes privées (Balzac, Cabinet ant.,1839, p. 106).M. Nivardet a une assez belle écriture et il fait le faux dans la perfection, imitant toutes les mains (Ponson du Terr., Rocambole,t. 1, 1859, p. 83).Son ordonnance, un ancien du groupe franc, que grâce à d'invraisemblables faux en écritures, il avait réussi à traîner partout à sa suite (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 217):
19. Il est à peine croyable que nos grands capitaines aient mis deux ans à découvrir un faux fabriqué sur deux papiers différents collés ensemble (...). Sans cette maladresse du faussaire, le faux serait encore ignoré... Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 280.
SYNT. Faux en écriture authentique et publique. ,,Commis par un fonctionnaire ou officier public dans l'exercice de ses fonctions ou par toute autre personne ayant simulé les formes ou contrefait les signatures qui impriment aux actes le caractère de l'authenticité`` (Cap. 1936). Faux en écriture de commerce ou de banque. Faux portant sur les actes de commerce. Faux en écriture privée. Faux portant sur les autres catégories d'écrits. Faux matériels. ,,Faux qui consiste à falsifier une écriture par contrefaçon, grattage, ratures`` (ibid.). Faux intellectuel. ,,Altération de la vérité portant sur la substance ou les circonstances d'un acte`` (ibid.).
S'inscrire en faux (contre). Soutenir en justice qu'un acte, une pièce est fausse. Inscription en faux.
Au fig. Nier la valeur de quelque chose :
20. Toutes les fois qu'on nous dit : je vous aime bien, cela ne veut pas dire qu'on nous aime; et il y a encore mille autres cas où le positif est plus solennel que le superlatif, où tout adjectif affaiblirait la simplicité absolue de l'image, où la psychologie, en un mot, s'inscrit en faux contre la grammaire. Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 188.
2. Objet fabriqué à l'imitation d'un objet de valeur. Je n'aime pas beaucoup qu'une œuvre du XIIesiècle soit exécutée au XIXe. Cela s'appelle un faux. Tout faux est haïssable (France, P. Nozière,1899, p. 246).
Bijou en faux (vieilli). Bijou fabriqué dans une matière qui imite une matière précieuse. Synon. bijou (de) fantaisie.Bijoutier en faux. L'autre, au contraire, était bien l'œuvre de Paris, ce bijoutier en faux qui dispose de mille futilités charmantes, brillantes, mais peu solides, mal assorties, mal rattachées (A. Daudet, Fromont jeune,1874, p. 100).
Prononc. et Orth. : [fo], fém. [fo:s]. Enq. : /fo, -s, D/. Homon. faut (de falloir). Ac. 1932 écrit les composés en faux- avec un trait d'union. Mais l'usage est flottant comme le prouvent les ex. cités. Étymol. et Hist. A. Ca 1100 fals jugement « injuste » (Roland, éd. J. Bédier, 307) id. false lei « fausse loi, fausse religion, qui n'est pas vraie » (ibid., v. 3638); 1176 « contrefait, falsifié » (Chr. de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 3445) id. « qui cherche à tromper » (v. faux-semblant). B. Ca 1223, subst. « ce qui n'est pas vrai » (G. de Coincy, Mir. Notre-Dame, éd. V.-F. Kœnig, II Mir. 19, 240); 1611 « imitation, falsification » (Cotgr.). Du lat. falsus « faux, falsifié, trompeur, imposteur ». Fréq. abs. littér. : 9 917. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 13 146, b) 13 273; xxes. : a) 15 599, b) 14 743. Bbg. Archit. 1972, p. 209. − Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo..., 1972, p. 149, 360, 375-379.