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FANER, verbe trans.
A.− Retourner (un fourrage fauché) en l'étalant pour le faire sécher. Faner l'herbe d'un pré, un carré de foin au râteau et à la fourche ou à la machine. Il lui devait de faucher sa prairie autour du château, de faner son foin et de le charroyer à sa grange (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 1, 1870, p. 12).Il avait envoyé là, pour faner une coupe de luzerne qui pressait, une fameuse mécanique d'un nouveau système (Zola, Terre,1887, p. 156).
Emploi abs. Faire les foins, faire la fenaison (cf. ce mot A). S'amuser à planter, à greffer, à faner soi-même (Senancour, Obermann,t. 2, 1840, p. 139).Là-haut, on fane, on moissonne, on cueille et l'on sème presque tout d'un temps, en août-septembre (Pourrat, Gaspard,1922, p. 49).
Machine à faner. Synon. faneuse (faneur* B).
B.− [L'idée exprimée par le verbe est celle d'une modification dans l'état ou dans l'apparence de qqc. ou de qqn]
1. Qqn (ou qqc.) fane qqc. (ou qqn).[Le suj. désigne une pers. ou un agent non humain qui opère la modification subie par le compl. (pers. ou chose)] Faire perdre sa fraîcheur, son éclat.
a) [Le suj. est un agent non humain, le compl. un être matériel]
α) [En parlant de plantes] Les grandes chaleurs fanent les fleurs. (Quasi-)synon. dessécher.La dernière brise avait fané les lis (Lamart., Chute,1838, p. 875).Leur cœur ressemble à cette rose avare. Un souffle plus puissant les fanerait (Camus, Malentendu,1944, II, 1, p. 149).
β) P. ext. [En parlant de pers., de couleurs, d'objets ou d'une création humaine] Les années ont fané la beauté du teint de (qqn); le soleil fane des rideaux, des tissus. (Quasi-)synon. défraîchir, ternir.Un de ces visages qui se sont éteints sans avoir été usés, ou fanés par les fatigues ou les grandes émotions de la vie (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, MllePerle, 1886, p. 631).Il a fané et usé tant de mots et tant de rimes! (Alain, Propos,1935, p. 1278).
b) Au fig. [Le suj. désigne une pers. ou un inanimé abstr., l'obj. un inanimé abstr.] (Quasi-)synon. altérer1(cf. ce mot A 1), estomper.Crainte de faner un sentiment que j'étais jaloux de nourrir à ma guise (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 150).Une fois si fraîche que rien ne semble pouvoir la faner jamais (Rolland, J.-Chr.,Mat., 1904, p. 203):
1. ... un mot de tendresse quotidienne, affaibli par l'usage, le touchait aux larmes, comme une invention toute fraîche du cœur, que des millions de bouches n'avaient point fanée. Zola, Dr Pascal,1893, p. 175.
2. [Le suj. désigne la pers. ou la chose concr. ou abstr. subissant la modification] Perdre sa fraîcheur, son éclat (sous l'effet de quelque chose).
a) [Avec un compl. subst. introd. par la prép. à, dans, sur ou sous, ou part. introd. par la prép. en indiquant la cause ou l'agent de la modification]
α) Emploi pronom.
[En parlant d'une pers., d'une plante, ou d'une couleur, odeur, etc.] Le parfum s'était un peu fané dans la solitude (Duhamel, Suzanne,1941, p. 267):
2. Pauvre petite plante sauvage, poussée dans les bois, elle venait de tomber comme bien d'autres dans l'atmosphère malsaine et factice où elle allait languir et se faner. Loti, Mariage,1882, p. 116.
Au fig. [En parlant d'inanimés abstr.] Une image qui leur semble se décolorer et se faner en la captant dans une phrase (Valéry, Variété I,1924, p. 274).La grandeur, la générosité d'Emmy se faneraient, se décomposeraient sur cette révélation (Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 308).
β) Emploi intrans. Qqc. (ou qqn) fane à (ou : dans, sur, sous l'effet de) + subst.Perdre sa fraîcheur, son éclat sous l'effet de quelque chose. (Quasi-)synon. se flétrir.C'est la gerbe et le blé qui ne périra point, Qui ne fanera point au soleil de septembre (Péguy, Tapisserie N.-D.,1913, p. 678).Un terrain où quelques cultures fanaient sous un ardent soleil (Gide, Si le grain,1924, p. 428).
b) [P. ell. du compl. prép.]
α) Emploi pronom.
[En parlant d'une plante] (Quasi-)synon. se flétrir.Un sol où toute fleur dépérit et se fane (Barbier, Iambes,1840, p. 107).L'automne avançait. Le soleil s'éteignait. La nature se fanait (Rolland, J.-Chr.,Antoinette, 1908, p. 909).Leurs feuilles verdoyaient au mois d'août. Je les ai vues jaunir, se faner, tomber (Bourget, Sens mort,1915, p. 4).
[En parlant d'une pers., d'une chose] (Quasi-) synon. se décolorer, se défraîchir, passer.L'âge vient, la fraîcheur se fane (Sainte-Beuve, Poésies,1829, p. 117).Une vieille créature lamentable, dont les joues se fanèrent instantanément (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 509).Les appliques dédorées, les rideaux qui se fanent (Green, Journal,1945, p. 208).
Au fig. Disparaître en perdant son éclat. (Quasi-) synon. s'estomper, s'éteindre.
[En parlant des éléments de la nature] Les yeux à la vitre où se fanent les neiges (Rimbaud, Poés.,1871, p. 83).Une à une les étoiles se fanaient (Gide, Nourr. terr.,1897, p. 161).
[Dans le domaine moral, des idées] Mes plus doux sentiments se fanent tour à tour; Et l'Amitié coûte à ma vie Autant de larmes que l'amour (Desb.-Valm., Élégies,1833, p. 127).Les vérités les plus originales se fanent et se refroidissent à être codifiées (Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 132):
3. À mesure que l'être humain avance dans la vie, le roman qui, jeune homme, l'éblouissait, la légende fabuleuse qui, enfant, le séduisait, se fanent et s'obscurcissent d'eux-mêmes. Baudel., Paradis artif.,1860, p. 453.
β) Emploi intrans.
[Le suj. désigne un végétal] Je n'ai que faire d'un laurier qui risque de faner bientôt (Gide, Nourr. terr.,1897p. 525).Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent (Ponge, Parti pris,1942, p. 23).
Au fig. [Le suj. désigne un inanimé abstr.] (Quasi-) synon. s'altérer, s'estomper.Ce n'est pas lui qui meurt seulement, C'est ce monde habituel qui fane et qui perd pour nous saveur et sens (Claudel, Messe là-bas,1919, p. 490).Leur joyeuse bonne grâce fanait de jour en jour (Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1222).
Rem. La docum. atteste a) Fanaison, subst. fém. Ramollissement, avant dessiccation, des tissus d'une plante privée d'eau. Chacun a pu observer la fanaison d'une plante herbacée telle qu'une laitue (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 1, 1931, p. 230). Une mousse (...) trahissant parfois la perte d'eau subie par une fanaison caractéristique (Id., ibid., t. 2, 1931, p. 200). b) Fanerie, subst. fém. Hapax désignant l'état des choses ou personnes fanées (cf. ce mot II A 2 a et b). Mauve par la fanerie de ses chairs recrépies, repeintes et marinées dans trente ans de baumes (Lorrain, Phocas, 1901, p. 159). La fanerie pisseuse des tapisseries (Id., ibid., p. 206). c) Fanoche, adj. ,,Dans l'argot boulevardier, on dit Fanoche, Fanoché (...) d'une personne que commencent à envahir les rides`` (Bruant, 1901, p. 394). Madame de Chambrun était maigre, couperosée, bizarre, avec un je ne sais quoi de penché et de fanoche (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p. 221). d) Fanoché, ée, adj. Presque, à peu près fané (cf. ce mot II A 1 et 2). Le feuillage des arbres plutôt fanoché que fané (Bourget, Pastels, 1889, p. 21). Au fig. On a bissé tous les « numéros » de la première partie, sauf la Cavatine de Raymond, plus fanochée que le reste (Willy, Entre deux airs, 1895, p. 12). e) Fanure, subst. fém., littér. (également attesté ds Rob. Suppl. 1970). État de ce qui est fané. La figure présentait cette fanure particulière aux garçons de restaurants de nuit (...) faite de grimaces de convention et du reflet blafard du gaz (A. Daudet, Nabab, 1877, p. 34).
Prononc. et Orth. : [fane]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 fener « retourner l'herbe coupée pour la faire sécher » (Naissance du Chevalier au Cygne, éd. H. A. Todd, 2087); 2. 1remoitié xiiies. p. ext. « faire perdre son éclat, sa fraîcheur à une plante, une étoffe, etc. » (Gautier d'Aupais, 282 ds T.-L. : cele qui le noircist et faine); ca 1393 fanner (Ménagier, II, 267, ibid.). D'un b. lat. *fenare, dér. du lat. fenum (foin*), cf. lat. médiév. fenare (1157 ds Du Cange). Pour le passage de fener à faner, voir les explications diverses de Bourciez § 94, Pope § 447 et 449. Fréq. abs. littér. : 281. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 382, b) 348; xxes. : a) 537, b) 352.