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FAIRE3, verbe auxil.
[Toujours suivi d'un inf.]
I.− [Auxil. à valeur factitive]
A.− Être cause que, obtenir que, aboutir à ce que.
1. [Le suj. désigne une pers.] Faire tomber un verre; faire rire qqn aux larmes; faire taire qqn; faire marcher*; faire suer* qqn. C'est lui qui fait vaincre son club (Montherl., Olymp.,1924, p. 253).Elle sortit de son cabas un tricot grenat et se mit à faire cliqueter ses aiguilles (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 84):
1. − Il y a quelques mois, notre Comité ne se voyait pas obligé de me déléguer pour connaître vos opinions : vous les lui faisiez connaître vous-même... Malraux, Conquér.,1928, p. 77.
2. [Le suj. désigne une chose] L'émotion la fit crier, la peur le fit trembler; c'est ce qui fait vivre; qu'est-ce qui te fait dire, penser cela? La forte odeur de bois vert me donnait une espèce de rhume des foins qui me faisait éternuer, larmoyer (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 189).C'est mon désordre qui vous fait faire cette tête-là? (Green, Moïra,1950, p. 158).
3. À faire + inf. Cf. l'article à I F 4 b.
B.− En partic. Charger (quelqu'un) de, inviter à. Faire prévenir un ami, réparer des chaussures, envoyer un télégramme, lire des livres, acheter un produit. Fils unique! je ne peux pas imaginer ce que ça représente, moi qui ai toujours eu une petite sœur à garder, à faire jouer (Duhamel, Jardin bêtes sauv.,1934, p. 32).Cinq seulement ont fait dire qu'ils viendraient. La neige arrête bien des gens (Montherl., Maître Sant.,1947, I, 1, p. 597).Quant à Dacha, elle est dans sa chambre. Voulez-vous que je la fasse demander? (Camus, Possédés,1959, 1repart., 4etabl., p. 971):
2. − Mais, Jacques, vous avez oublié de les faire tondre. Ces enfants ne sont pas présentables. − Maman, répondis-je aussitôt, papa estime que nous sommes désormais trop grands pour être tondus. H. Bazin, Vipère,1948, p. 107.
Rem. Ell. du part. passé dans une énumération. Il avait fait creuser des trous dans les plaines, coucher tous les jeunes arbres des forêts voisines (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Boule de suif, 1880, p. 122).
C.− Affirmer, prétendre, attribuer.
1. Faire dire qqc. à qqn. Attribuer des propos à quelqu'un.
Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Ne m'attribuez pas ces paroles. Ce n'est pas drôle d'être prisonnier, dit Odette sans lever les yeux. Il la considéra gravement : − Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit! (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 158).
2. Littér. Faire mourir un personnage à telle époque, à telle date. Il va jusqu'à tripler hiéroglyphiquement le septenaire, faisant ainsi vivre Lamech 777 ans (Leroux, Humanité,t. 2, 1840, p. 606).
Emploi pronom. Il signait « Pommereux », se faisant descendre de la famille Pommereux des lettres de Madame de Sévigné (Chateaubr., Mém.,t. 1, 1848, p. 153).C'est génial (...) de vous être arrangée pour vous faire prendre par tout le monde pour un petit cafard insignifiant (Anouilh, Répét.,1950, IV, p. 96).
D.− Constr. gramm. (pour les sens précédents).
1. Faire + inf. sans compl. d'obj.
a) [Le suj. de l'inf. est exprimé] Faire manger un malade; faire sortir qqn; faites-le obéir. On les a fait entrer dans la cuisine (Giono, Regain,1930, 2epart., 3, p. 225).Il a dit comme ça que d'insulter les revenants c'était le moyen de les faire partir (Cocteau, Machine infern.,1934, I, p. 36):
3. ... il ouvrait la bouche et la fermait tour à tour en faisant claquer ses dents (...). Quand la voiture du roi passa devant lui, il fit bondir son cheval, et certainement il eut la tentation de se précipiter sur le roi. Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 532.
b) [Le suj. de l'inf. n'est pas exprimé] L'opium fait dormir; cela fait sourire.
2. Faire + inf. avec un compl. d'obj. indir.
a) [Le suj. de l'inf. est introduit sans prép.] Faire obéir un enfant à ses parents; faites-le obéir à ses maîtres. L'encombrement des guichets le fit renoncer à rien demander de ce côté-là (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 233).
Littér. Cela le faisait penser à qqn/qqc.
b) [Le suj. de l'inf. est introduit par la prép. à ou se présente éventuellement à la forme indir., dans le cas d'un pron. pers.] Cela lui fit penser à; faites-moi penser à; faire changer d'avis, d'idée à qqn. Elle lui fit promettre d'écrire souvent et de venir la voir (Maurois, Disraëli,1927, p. 321).La matière de vingt livres... on ne me fera tout de même pas croire... Voyons, Lipotte! ... (BernanosMauv. rêve,1948, p. 939).
3. Faire + inf. avec compl. d'obj. dir.
a) [Le suj. de l'inf. n'est pas exprimé] Faire lire un livre; faites-le prévenir.
b) [Le suj. de l'inf. est un subst. introduit par la prép. à ou par] Faire construire une maison à/par un architecte.
[Prép. à] Il y a un arrêté du préfet (...) qui défend de faire porter aux enfants des charges excessives (Gyp, Souv. pte fille,1927, p. 77).Beaucoup de fermiers, ne vendant plus leur blé, font moudre leur farine aux petits moulins à vent (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 16).
[Prép. par] Ulianow me l'a fait répéter par sa femme : c'est un héros (Bourget, Actes suivent,1926, p. 99):
4. Si je fais trahir je ferai trahir par des traîtres. Si je fais bâtir je ferai bâtir par des maçons. Si je fais la paix je la ferai signer par des lâches. Si je fais mourir je ferai déclarer la guerre par des héros. Saint-Exup., Citad.,1944, p. 785.
Rem. L'emploi de la prép. de est également attesté par Dupré 1972. Cela me fera détester de tout le monde.
c) [Le suj. de l'inf. est un pron. à la forme dir. ou indir. ou introduit par par] Faites-le écrire la lettre; faites-lui écrire la lettre; faites-la lui écrire; faites écrire la lettre par lui. Je lui ai fait faire le tour du propriétaire (Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 122).Dubreuilh t'a rendu un service il y a dix ans; il ne va pas te le faire payer toute ta vie (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 114):
5. Il est seulement recommandé de lui faire toucher du doigt, positivement, certaines absurdités de fait, lui laissant tirer les conclusions... Mounier, Traité caract.,1946, p. 556.
Rem. 1. Le part. passé de faire devant un inf. reste invar. Copeau, Jammes, Claudel, Ghéon (je ne cite que ceux qui se sont fait connaître) (Gide, Ainsi soit-il, 1951, p. 1183). 2. Faire, verbe factitif, peut être employé comme auxil. de faire1, faire2. Faire faire une robe. M. le baron de Château-Renaud savait d'avance tout le plaisir qu'il me procurait en me faisant faire votre connaissance (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 574).
4. Emplois pronom.
a) réfl. dir. Se faire maigrir, bronzer, vomir.
b) réfl. indir.
Entreprendre une action dont on est le bénéficiaire. Se faire couler un bain.
Agir de telle façon qu'une autre personne entreprenne une action dont on est le bénéficiaire. Se faire couper les cheveux. Maintenant que les Chinois se font couper la natte et se modernisent (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 315).Cf. Faire1III A 2.
c) à valeur passive
[Le procès s'inscrit dans la durée] Se faire aimer, obéir. Un soldat distingué, lequel a pillé l'Espagne en se faisant battre (Chateaubr.Mém.,t. 3, 1848, p. 104).
[Le procès est ponctuel] Se faire attaquer, renverser par une voiture. Je (...) courus jusqu'à un taxi, me fis conduire rue Vauquelin (Gide, Journal,1939, p. 13).C'est Bichat qui va se faire sonner les cloches (Abellio, Pacifiques,1946, p. 244).On lui donnera un livre d'images, et il se fera gronder par sa bonne, sinon fesser pour en avoir déchiré les pages (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 190).
Fam. Aller se faire pendre* ailleurs, se faire fiche*, foutre* (vulg.). Aller se faire cuire un œuf.
Rem. L'omission du pron. réfl. devant l'inf. est cour. Faire asseoir qqn; tu me fais marrer (pop.). Ferai-je pâmer les renchéris? (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 158). Cependant le pron. est parfois maintenu lorsqu'il s'agit de verbes essentiellement pronom. ou pour lever une ambiguïté. Une rafale de mistral (...) faisait s'envoler les feuilles mortes (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 353).
II.− [Auxil. d'aspect et de temps]
A.− Ne faire que + inf.
1. [Indique la répétition d'une action, la continuité] Ne pas cesser de. Il ne fait que jouer; ne faire que pleuvoir.
2. [Indique une limitation, une restriction]
a) Faire uniquement, exclusivement (une chose et non une autre) :
6. Au fait, en période normale, qu'est-ce qu'il racontait à sa femme quand il était avec elle? Il lui arrivait aujourd'hui de se le demander. Rien en somme. Alors, pourquoi, toute la journée, lui manquait-elle tellement? Ici, il ne faisait qu'attendre; attendre la fin de la demi-heure. Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 11.
b) N'avoir d'autre effet que. Ne faire qu'empirer. La résistance ne faisant qu'accroître les désirs de l'ami du bibliophile (Nerval, Filles feu,Angélique, 1854, p. 582).L'inquiétude où son état le jetait ne faisait qu'aggraver son mal (Guéhenno, Jean-Jacques,t. 2, 1950, p. 44).
c) Se contenter de, faire à peine (temps bref). Ne faire qu'entrer et sortir; nous ne ferons qu'évoquer. J'en recueillerai quelques exemples en ne choisissant même pas et en ne faisant que me baisser pour les prendre (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 2, 1842, p. 58).Si la pluie était intermittente ou s'il ne faisait que bruiner (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 65):
7. Ibrahim et Bichos ne firent que passer. Le premier ne parlait qu'arabe ou latin; le second torturait l'anglais. Tous deux fort grands seigneurs et petits savants, ils déçurent beaucoup notre père. Bazin, Vipère,1948, p. 121.
B.− Ne faire que de + inf.[Pour indiquer le passé immédiat] Venir à peine de. Ne faire que d'arriver, de sortir.
Rem. Dans la lang. cour., on rencontre l'emploi de ne faire que de au lieu de ne faire que. Je ne fais que d'aller et venir (cf. Dupré 1972). Inversement, ne faire que est employé pour ne faire que de. La séance ne fait que commencer. Dans quinze ans, la vie ne fera encore que commencer (Radiguet ds Colin 1971).
Prononc. et Orth. Cf. faire1. Étymol. et Hist. V. faire1.