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EXISTENCE, subst. fém.
A.− Le fait d'exister.
1. Lang. cultivée, PHILOS. [Le mot est pris dans sa plus grande extension] Philosophie(s) de l'existence; conscience, sentiment de l'existence; affirmer, croire à, prouver l'existence de Dieu. Sa doctrine [de Malebranche] de l'indémonstrabilité de l'existence du monde extérieur (Gilson, Espr. philos. médiév.,1931, p. 15):
1. La mort n'ayant réellement pas d'existence, la mort étant le non-être, n'entre dans le monde et en nous que par la connaissance. P. Leroux, Humanité,t. 2, 1840, p. 542.
En partic. Philosophie existentialiste; [p. oppos. à essence] Réalité individuelle, actuelle, unique et contingente. Existence concrète, vécue :
2. L'existentialisme athée, que je représente, est plus cohérent [que l'athéisme du xviiiesiècle]. Il déclare que si Dieu n'existe pas, il y a au moins l'être chez qui l'existence précède l'essence, un être qui existe avant de pouvoir être défini par aucun concept, et que cet être, c'est l'homme ou, dit Heidegger, la réalité humaine. Qu'est-ce que signifie ici que l'existence précède l'essence? Cela signifie que l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu'il se définit après. Sartre, Existent.,1946, p. 21.
Jugement d'existence p. oppos. à jugement de valeur (cf. jugement existentiel). [Le] dilemme qui fait de l'existence ou bien un prédicat ou bien une sorte de qualité ontologique qui viendrait s'ajouter du dehors à l'existant. − Seule donc l'intervention de la pensée substitue à la position irréductible d'un donné comme existant la notion d'un jugement d'existence portant sur un objet (Marcel, Journal,1914, p. 25).
Existence morale, physique. Dimension morale, physique de l'existence (cf. G. Gusdorf, Traité de l'existence morale, Paris, A. Colin, 1949).
Expr. Être persuadé de qqc. comme de sa propre existence :
3. Ce doute rafraîchit les sens de Maurice : un nuage sombre monta de son visage et ne dévoila un moment que des traits paisibles et bienveillants. − Soyez persuadée comme de votre existence, reprit-il avec franchise, que j'ai entendu rire et causer hier dans le pavillon d'Édouard. Gozlan, Notaire,1836, p. 168.
Spéc., MATH. Théorème d'existence. Théorème qui affirme l'existence d'un élément d'un ensemble donné possédant une propriété donnée (cf. Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 60).
2. Cour. Le fait que quelque chose ou quelqu'un se rencontre en un lieu ou dans un temps donné.
a) [L'accent est mis sur la composante « présence »]
[En parlant d'une pers. ou d'un animal] Révéler, signaler, soupçonner l'existence de qqn. À peine avait-il cessé le dialogue désagréable avec les officiers, qu'il avait oublié leur existence (Stendhal, L. Leuwen,t. 1, 1835, p. 34).Pourtant parfois un clapotis décelait l'existence d'une rainette qui venait respirer, un moment, entre les roseaux (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 188):
4. Il y a donc eu des banquiers dès la plus haute antiquité et les historiens signalent leur existence dès la civilisation babylonienne. Baudhuin, Crédit et banque,1945, p. 125.
[Le plus souvent en parlant d'une chose] Signaler l'existence d'une espèce végétale à une époque donnée; constater l'existence d'un minéral à une époque géologique donnée :
5. Le dosage de l'urée sanguine met fréquemment en évidence une hyperazotémie. Il peut exister de l'albumine dans les urines. Ces deux anomalies permettront de soupçonner l'existence d'une néphrite chronique. QuilletMéd.1965, p. 340.
b) [L'accent est mis sur la composante « réalité »]
[En parlant d'une pers.] :
6. Le propriétaire d'une rente viagère n'en peut demander les arrérages qu'en justifiant de son existence, ou de celle de la personne sur la tête de laquelle elle a été constituée. Code civil,1804, art. 1983, p. 356.
[Le plus souvent en parlant d'une chose] Apprendre, avoir connaissance, découvrir, être informé (de) l'existence d'un complot, d'une machination, d'une pièce compromettante :
7. Si le ministre, contestant le fond du droit réclamé, statue sur l'existence ou l'inexistence de la dette, la décision ministérielle est sujette au recours contentieux. Baradat, Organ. préfect.,1907, p. 78.
SYNT. Admettre, affirmer, attester, conclure à, établir, mettre en évidence, montrer, nier, reconnaître l'existence de qqc.; faire un constat d'existence.
c) [L'accent est mis sur la composante « identité, statut »] En donnant à regret une existence légale aux enfants naturels (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 212).En France, seule l'héraldique urbaine a une existence légale (L'Hist. et ses méth.,1961, p. 752):
8. Dans un syndicalisme qui repose beaucoup plus sur l'initiative des militants et leur capacité d'entraîner la base que sur la discipline des organisations, la section syndicale d'entreprise n'a pas d'existence juridique. Reynaud, Syndic. Fr.,1963, p. 217.
d) P. ext. (sens atténué). Le fait qu'il y a quelque chose. Une conception élargie de la défense nationale justifie l'existence d'un service civil national et de coopération (Serv. milit. et réf. armée,1963, p. 85).
Rem. Les dict. enregistrent l'emploi de existence dans le vocab. comm. Existence(s) en magasin. Ensemble des marchandises existant en magasin (cf. existant II A 2 a et exister A 2).
B.− P. ext. Vie, manière concrète de vivre. Beaux rêves avortés, ambitions déçues, Souterraines ardeurs, passions sans issues, Tout ce que l'existence a d'intime et d'amer (Gautier, Comédie mort,1838, p. 6).Mon existence est plate comme ma table de travail, et immobile comme elle (Flaub., Corresp.,1859, p. 324):
9. C'est la société qui trace à l'individu le programme de son existence quotidienne. On ne peut vivre en famille, exercer sa profession, vaquer aux mille soins de la vie journalière, faire ses emplettes, se promener dans la rue ou même rester chez soi, sans obéir à des prescriptions et se plier à des obligations. Bergson, Deux sources,1932, p. 12.
SYNT. a) (Mener, avoir) une existence active, agitée, austère, confortable, désordonnée, effacée, étriquée, fabuleuse, facile, frivole, hasardeuse, indépendante, intolérable, monotone, paisible, précaire, régulière, rude, scandaleuse, sédentaire, studieuse, tranquille, végétative; une existence brisée, comblée, perdue; (supporter, traîner) une existence vide; (les épisodes d')une existence mouvementée; (être réduit à, confiné dans) une existence solitaire; une brève, frêle, misérable, triste existence. b) Les agréments, les bienfaits, les charmes, les difficultés, les joies, les (bons) moments, les nécessités, les tracas, les vicissitudes de l'existence; (modifier) le cours, le déroulement de son existence; (marquer) un tournant dans l'existence; dans/dès les premières années de (l', son)existence; (on lui prête encore) quelques années d'existence; une existence de dévouement, de labeur, de privation; une existence de paradis; une existence de débauche, de paresse, de plaisir; une existence sans consistance. c) S'arranger une existence; (se) compliquer l'existence; se débattre dans l'existence; consacrer (une bonne partie de) son existence à qqn ou à qqc., à faire qqc.; décider de son existence; embellir son existence, faciliter l'existence; gâcher, meubler, organiser, orienter son existence; partager l'existence de qqn; persévérer dans l'existence; recevoir l'existence (de ses parents); traîner son existence; être fatigué, las de l'existence; avoir peur de l'existence; trouver un intérêt, un sens à l'existence; avoir un but dans l'existence.
Expr. Dire adieu à l'existence; mettre fin à son existence. Souvent fam. Une drôle d'existence; quelle existence! l'existence a du bon; c'est à douter de l'existence! (faire mener à qqn) la pire des existences; l'existence commence à me peser; ce n'est (vraiment) pas une existence; s'empoisonner l'existence.
P. anal. [En parlant d'une chose] À Londres (...) l'ancien métropolitain à vapeur qui avait plus d'un demi-siècle d'existence (Soulier, Gdes applic. électr.,1916, p. 160).La composition, le nombre et la durée d'existence de ces commissions [spéciales] varient considérablement (Pt manuel Conseil Europe,1951, p. 31).
Existence matérielle :
10. − Nous avons dit tout cela. Nous avons même expliqué, avec une foule de détails, que nous étions tous pauvres, que nous vivions tous plus ou moins de petits métiers, que nous pensions assurer notre existence matérielle en donnant quelques heures par jour de travail manuel et que, le reste de notre temps, nous entendions le consacrer à la pensée, à l'art, à la philosophie, à tout ce qui peut embellir et même ennoblir la vie. Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 47.
Moyens d'existence. Tout moyen permettant d'assurer la vie du point de vue matériel. Pourvoir à l'existence de qqn.
Manière de vivre; style de vie. Mode d'existence. L'existence de bandit qu'il [le chef des brigands de Schiller] adopte (Staël, Allemagne,t. 2, 1810, p. 276).La préhistoire aussi est entrée dans l'art [au XIXes.]; Cormon a reconstitué l'existence de l'homme des cavernes (Hourticq, Hist. art,Fr., 1914, p. 404):
11. Quoique, aujourd'hui, l'étendue des domaines pastoraux tende à s'accroître, c'est toujours la petite propriété, sous forme d'exploitation directe, qui reste par excellence le mode d'existence auvergnate. Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 295.
Temps pendant lequel on vit d'une certaine façon. Il nous paraît essentiel que tous les enfants reçoivent, au cours de leur existence scolaire, une éducation « technique » prise dans le sens de relier le travail manuel, l'expérience et l'abstraction (B. Schwartz, Réflex. prospectives,1969, p. 17).
Vx. Rang, position dans la société. C'est un homme qui a une belle existence (Ac.1835, 1878) :
12. ... le progrès de la nation vers l'unité s'accéléra par une plus grande concentration du pouvoir, et le progrès vers l'égalité civile par l'abaissement dans la vie de cour des hautes existences nobiliaires, et par l'élévation simultanée des différentes classes du Tiers État. Thierry, Tiers État,1853, p. 15.
Rem. On notera la double valeur d'expr. du type : Mener une existence d'ascète : a) Je mène une existence d'ascète (en ce moment parce que j'en ai besoin économiquement ou moralement), ce cas se classe sous « vie » au sens gén.; b) Pour parvenir à la sainteté, il faut mener une existence d'ascète, ce cas se classe sous « mode d'existence, style de vie ».
P. méton., le plus souvent au plur. Êtres vivants. L'incendie de la grande forêt, et surtout de la grande forêt humide, est bien la seule méthode qui procure le primordial moyen d'y installer des existences humaines vivant plus ou moins de la culture (Brunhes, Géogr. hum.,1942, p. 191).
Rem. On relève l'emploi philos. s'existentialiser, verbe réfl. Donner une existence à une essence. Le propre de l'existence, c'est de se donner à elle-même une essence, c'est-à-dire de retrouver un accès vers cet être qui est le lieu même de l'essence. Ce n'est pas à l'essence qu'il appartient de s'existentialiser. C'est plutôt à l'existence qu'il convient de s'essentialiser (L. Lavelle, Introd. à l'ontologie, Paris, P.U.F., 1947, p. 83).
Prononc. et Orth. : [εgzistɑ ̃:s]. Cf. é-1. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1330 « fait d'exister, réalité » (G. de Digulleville, Pèl. vie humaine, 5291 ds T.-L.); 2. 1734 « vie considérée dans sa durée et dans son contenu » (Voltaire, Rem. sur Pen. de Pascal, VI ds Rob. : notre existence n'est point si malheureuse qu'on veut nous le faire accroire); 1795 « mode, type de vie » déplorable existence (Genlis, Chev. cygne, t. 1, p. 60); 3. 1795 « fait d'avoir une réalité pour un observateur » (Id., ibid., t. 1, p. 204 : toi qui ... ignore jusqu'à l'existence de Célanire). Empr. au b. lat. ex(s)istentia « existence ». Fréq. abs. littér. : 13 356. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 20 072, b) 16 027; xxes. : a) 15 111, b) 21 999. Bbg. Ritter (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 420.