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EXIGER, verbe trans.
I.− [Le suj. désigne un animé]
A.− Faire savoir que l'on veut impérativement que quelque chose soit fait.
1. [Le compl. d'obj. est un subst.]
a) [Le compl. d'obj. est un subst. désignant une action] Exiger des excuses, des explications (de qqn). Mme la duchesse a exigé de notre obéissance le vœu d'être sincère (Stendhal, Lamiel,1822, p. 26).Une facture de librairie dont le paiement est exigé avec insolence (Bloy, Journal,1903, p. 202):
1. Parmi les conditions que Bismarck avait posées, il en était une qui était grave, et c'était la seule qui ne lui rapportât rien. Il avait exigé pour les troupes allemandes une entrée solennelle dans Paris. Bainville, Hist. Fr.,t. 2, 1924, p. 223.
[Le compl. d'obj. n'est pas précédé de l'art.] :
2. ... je ne suis pas infaillible, et mes erreurs peuvent avoir quelquefois des suites fâcheuses, dont l'offensé a droit d'exiger réparation tant que je ne l'ai point faite. Marat, Pamphlets,Appel à la Nation, 1790, p. 133.
b) [Le compl. d'obj. est un subst. ne désignant pas une action] Il exige des honneurs qui ne lui sont pas dus (Ac.).J'approuve le duc de Nemours d'exiger la culotte courte à ses soirées (Flaub., Éduc. sent.,t. 1, 1869, p. 203).Donner et afficher des ordres. Exiger la tenue, la discipline, les marques extérieures de respect (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 434).
En partic. [Le compl. d'obj. désigne le plus souvent une somme d'argent] Faire savoir que l'on veut impérativement que quelque chose soit payé, livré. Exiger des contributions de guerre (Ac.). Un usurier (...) qui leur louait des voitures, en exigeant un intérêt scandaleux (Zola, Ventre Paris,1873, p. 750).Mon fils (...) va exiger les huit mille roubles que je lui dois (Camus, Possédés,1959, 1repart., 2etabl., p. 951):
3. ... les villes de la Libye (...) s'étaient livrées à Régulus. Pour les punir, on avait exigé d'elles mille talents, vingt mille bœufs, trois cents sacs de poudre d'or, des avances de grains considérables. Flaub., Salammbô,t. 1, 1863, p. 96.
Rare [Le compl. d'obj. n'est pas précédé de l'art.] Beaucoup de curés (...) exigent salaire pour administrer les sacrements et pour dire la messe (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 47).
2. [Le compl. d'obj. est un procès exprimé par un verbe]
a) [Le compl. d'obj. est un inf. introduit par de] Je n'oserai dire que la marquise a exigé de lui de vous calomnier, mais le fait est probable (Stendhal, Chartreuse Parme,1839, p. 202).Une femme avait expressément exigé en se mariant d'avoir un appartement sur les boulevards, pour regarder les omnibus (Goncourt, Journal,1864, p. 42):
4. Nous sommes tous des cas exceptionnels. Nous voulons tous faire appel de quelque chose! Chacun exige d'être innocent, à tout prix, même si, pour cela, il faut accuser le genre humain et le ciel. Camus, Chute,1956, p. 1515.
b) [Le compl. d'obj. est une prop. compl. introduite par que dont le verbe est au subj.] Un monde incapable de rien comprendre à demi-mot et qui exige que l'artiste souligne, insiste, appuie (Mauriac, Journal,1937, p. 136):
5. Cavaignac, au temps où il régnait, a exigé de lui [Brisson] que l'on emprisonnât Picquart, parce que Picquart offrait de prouver que la grande preuve de la culpabilité de Dreyfus avait tous les caractères d'un faux. Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 157.
3. [Le compl. d'obj. est un propos rapporté au discours dir. ou un pron. neutre qui le représente] Georges Dupuis (...) s'est engagé à ne jamais me revoir. On a exigé cela et il y a consenti (Bloy, Journal,1901, p. 66).Mais précisez donc, mon garçon! exigeait madame mère (H. Bazin, Vipère,1948, p. 63):
6. Mes lettres ont été adressées à une apparence. Rendez-les-moi, je l'exige : vous les avez entre les mains par erreur. Montherl., Pitié femmes,1936, p. 1188.
4. [Le compl. d'obj. est un subst. suivi d'un attribut exprimant le contenu de l'exigence] Il surveillait maman Coupeau, exigeant les biftecks très cuits, pareils à des semelles de soulier (Zola, Assommoir,1877, p. 609):
7. Le mari de Cathie voulait avoir une maison bien tenue et Cathie ne voulait s'occuper de rien, son mari exigeait des repas à l'heure, et Cathie restait étendue sur un divan avec un livre... Triolet, Prem. accroc,1945, p. 162.
Rem. Au lieu de cette dernière constr., on emploie plus couramment une prop. compl. Exiger que les biftecks soient très cuits.
5. Emploi abs., rare :
8. Les Pharisiens veulent que les autres soient parfaits. Et ils exigent et ils réclament. Et ils ne parlent que de cela. Mais moi [dit Dieu] je ne suis pas si exigeant. Péguy, Myst. Sts Innoc.,1912, p. 101.
B.− [La volonté n'est pas toujours explicitée]
1. [Le compl. second. désigne une pers.] Faire savoir à quelqu'un que l'on s'attend impérativement à quelque chose d'heureux, de favorable de sa part, p. ext., s'attendre impérativement à quelque chose d'heureux, de favorable de la part de quelqu'un.
a) [Le compl. d'obj. est un subst.] Des références sérieuses sont exigées pour être admis à cet emploi. La taille exigée pour le service militaire (Ac.1932).Mme Chanteau (...) s'étendait sur les qualités qu'elle exigeait d'une bru parfaite (Zola, Joie de vivre,1884, p. 931).Il exigeait des épouses la fidélité, des jeunes filles l'innocence, mais consentait aux hommes de grandes libertés (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 38).
b) [Le compl. d'obj. est un adv. de quantité à valeur nominale] Il exigeait trop d'une femme, il en attendait le bonheur et un rien le froissait (Chardonne, Romanesques,1937, p. 16).Celui qui exige beaucoup de lui-même se sent naturellement porté à beaucoup exiger d'autrui (Gide, Journal,1938, p. 1299):
9. Vous avez trop étendu les devoirs. Vous avez dit : demandons plus, afin d'obtenir assez. Vous vous êtes trompé, si vous exigez trop des hommes, ils se rebuteront... Senancour, Obermann,t. 2, 1840, p. 82.
2. P. ext., rare. [Le compl. d'obj. est une chose] S'attendre impérativement à quelque chose d'heureux, de favorable de la part de quelque chose
a) [Le compl. d'obj. est un subst.] :
10. Tout dormait maintenant et seul veillait peut-être encore quelque aiguilleur ou quelque télégraphiste peu soucieux de donner à cette partie de la ville la physionomie pittoresque qu'en exigeait Pierrot. Queneau, Pierrot,1942, p. 199.
b) [Le compl. d'obj. est un adv. de quantité à valeur nominale] Sans la conception du bonheur, l'existence serait plus tolérable, nous exigeons des choses plus qu'elles ne peuvent donner (Flaub., Corresp.,1878, p. 105).
II.− P. ext. [Le suj. désigne un inanimé ou un animé considéré du point de vue de son développement temporel] Nécessiter impérativement.
A.− [Le compl. d'obj. est un subst.]
1. [Le compl. d'obj. est un subst. désignant une action] Travail qui exige une attention soutenue. C'est un grand souci qu'une écurie. Le cheval est un animal délicat, qui exige mille soins (France, Nos enfants,1887, p. 18).La poésie exige de son adepte un entier dévouement et le sacrifice de toute autre satisfaction (Béguin, Âme romant.,1939, p. 298):
11. Où êtes-vous né?... évidemment loin d'ici, probablement à la campagne (...). Cela signifie que vous êtes venu au monde avec des poumons qui réclament le grand air, des jambes exigeant la randonnée quotidienne à travers champs... Estaunié, Ascension M. Baslèvre,1919, p. 24.
[Le compl. d'obj. n'est pas précédé de l'art.] Il y a des admirations qui exigent effort, que le doute suit de près (Renard, Journal,1897, p. 398).L'enfant ne sait pas attendre, ses désirs exigent satisfaction immédiate (Mounier, Traité caract.,1946, p. 314):
12. Jour à jour, la colère s'accumulait, comme la soif et la faim. À certaines heures, elle exigeait assouvissement. Après de véhéments assauts, Justin cédait, s'humiliait. Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 246.
2. [Le compl. d'obj. est un subst. désignant une qualité] Travail qui exige de la patience. Cette place exige une grande assiduité (Ac.).Je demandais (...) au ministre de la marine si cette opération (...) pouvait être exécutée avec la rapidité exigée par les circonstances (Joffre, Mém.,t. 2, 1931, p. 187):
13. Ce qui est vrai, c'est qu'une politique effective de paix comporte ses risques. La paix, la vraie paix a son prix. Elle peut commander des sacrifices difficiles. Elle exige aussi du courage, un courage plus difficile encore. Guéhenno, Journal Révol.,1938, p. 260.
[Le compl. d'obj. n'est pas précédé de l'art.] La pensée exige maîtrise de soi, objectivité, ampleur du regard (Mounier, Traité caract.,1946p. 631).
3. [Le compl. d'obj. est un subst. désignant une chose concr.] Dans la pratique industrielle, c'est une coûteuse installation que celle qu'exige la fabrication de l'acide sulfurique (Verne, Île myst.,1874, p. 157).Des chemins creux qui exigent le chariot à roues géantes (H. Bazin, Vipère,1948, p. 16):
14. ... les cellules en culture exigent une alimentation spéciale : le simple plasma sanguin ne leur suffit point, il faut l'enrichir de jus d'embryon. J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p. 58.
B.− [Le compl. d'obj. est un procès exprimé par un verbe]
1. [Le compl. d'obj. est un inf. introduit par de] :
15. ... la qualité (...) n'est jamais obtenue par une cause connue et éprouvée, donc fatale; elle exige d'être chaque fois recréée, par une aventure. Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 393.
2. [Le compl. d'obj. est une prop. compl. introduite par que dont le verbe est au subj.] Les devoirs de la société exigent qu'on ménage l'amour-propre d'autrui (Ac.) :
16. ... l'ensemble des armées franco-britanniques (...) ne pouvait escompter le secours immédiat ou prochain de plus de 70 000 fantassins américains. La faiblesse indiscutable de ce résultat exigeait que les errements suivis jusqu'ici pour le transport en France de l'armée américaine fussent modifiés. Foch, Mém.,t. 2, 1929, p. 80.
C.− [Le compl. d'obj. est un propos au discours dir. représenté par un pron. neutre] Un conspirateur est bien obligé de vivre seul : le métier l'exige (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 39):
17. Bardoux est « au pinacle », je lui ai envoyé un mot de félicitations. Avez-vous pensé à lui expédier vos cartes de visite? ou même, toi, un mot aimable? Cela me semble exigé par la bienséance. Flaub., Corresp.,1877, p. 105.
Prononc. et Orth. : [εgziʒe], (j')exige [εgzi:ʒ]. Cf. é-1. Enq. : /egziʒ/ (il) exige. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. [1357, Bl.-W.3-5]; 1373 exigier « percevoir, recouvrer (un impôt); demander impérativement ce qui est dû » (Mandem. de Ch. V, p. 520 ds DG); 1604 « rendre indispensable, nécessaire » (Montchrestien, Les Lacènes, éd. P. de Julleville, p. 18 : Le devoir exigeoit qu'il me fust revelé). Empr. au lat. class. exigere (de ex et agere), proprement « pousser dehors, chasser; faire sortir » d'où « exiger ». Fréq. abs. littér. Exiger : 5 112. Exigé : 664. Fréq. rel. littér. Exiger : xixes. : a) 8 541, b) 4 858; xxes. : a) 6 029, b) 8 223. Exigé : xixes. : a) 1 151, b) 706; xxes. : a) 982, b) 872. Bbg. Buchsenschutz (K.). Ist das ein grammatischer Fehler? Die neueren Sprachen. 1932, t. 40, p. 424. − Cornulier (B. de). Sur une règle de déplacement de négation. Fr. mod. 1973, t. 41, p. 53, 54.