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EXAGÉRER, verbe trans.
A.− [Le compl. dir. désigne une réalité concr. ou abstr. sur laquelle la pers. désignée par le suj. émet une opinion ou un jugement]
1. [Avec un compl. spécifiant l'aspect sur lequel porte l'exagération] Présenter (à quelqu'un) un aspect de quelque chose comme plus important qu'il n'est réellement. Exagérer l'étendue des dégâts. (Quasi-)synon. amplifier, surestimer; anton. minimiser.Exagérer l'importance d'une action (Ac.). Avec une hardiesse abominable, il exagérait certains aspects de la nature (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 408).
Emploi pronom. réfl. indir. Il s'exagère l'importance de ce contrat. Leconte de Lisle s'exagère l'éminente dignité du rôle de la volonté dans l'art (Barrès, Voy. Sparte,1906, p. 132).Nul ne peut s'exagérer la valeur scientifique de telles considérations (Gilson, Espr. philos. médiév.,1932, p. 4).
[Le suj. désigne un attribut de la pers.] La sensibilité détruite par les distractions n'a le temps de s'exagérer le prix de rien (Stendhal, Rossini,1823, p. 258).Leur candeur s'exagère sans doute les mérites de plusieurs de leurs amis (Bremond, Hist. sent. relig.,t. 4, 1920, p. 279).
2. [Sans compl. spécifiant l'aspect sur lequel porte l'exagération] Présenter (une chose) (à quelqu'un) en lui donnant une importance ou des proportions plus grandes qu'elles n'en a réellement. Exagérer une victoire; il exagère les vertus, le mérite de son ami (Ac.). (Quasi-)synon. amplifier, surestimer; anton. minimiser, sous-estimer.Tout le détail que l'on vient de lire, nous ne le connaissons que par M. Olier, qui, tout ensemble, l'exagère et l'atténue (Bremond, Hist. sent. relig.,t. 3, 1921, p. 441).Peut-être, pour se vanter, la doucheuse exagérait-elle le pourboire (Proust, Fugit.,1922, p. 520):
1. ... voici un fait... un fait réel... un fait horrible... un fait révélateur... celui-là, je ne l'invente pas... je ne l'exagère pas... je ne l'ai pas rêvé... il est bien tel qu'il est... Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 180.
Emploi pronom. réfl. indir. Il s'exagère les torts de cet enfant. − Je veux croire, dit-elle, que vous vous exagérez le danger. Sinon, c'est en effet très fâcheux. Mais qu'y puis-je? (Vogüé, Morts,1899, p. 316).Mais non, Auguste voyons, je t'assure!... tu te fais des idées! tu t'exagères les moindres mots! (Céline, Mort à crédit,1936, p. 86):
2. François soupçonnait peut-être mal la noblesse de sa mère. Aussi était-il porté, dans la vie qu'il menait, à s'exagérer son mérite personnel... Radiguet, Bal,1923, p. 80.
Emploi abs. (Quasi-)synon. amplifier, charrier (fam.), pousser (fam.); anton. minimiser.Il lisait le « Daily Mail ». « Lisait » est une façon de parler, car il ne savait pas l'anglais. Allons, n'exagérons pas : il en savait quelques mots (Montherl., Célibataires,1934, p. 768):
3. − J'ai trente ans, Monsieur. − Je vous en donnais vingt. − Oh! Monsieur, vous exagérez. Je vous jure que j'en ai trente, et je m'étonne que vous me rajeunissiez, car, ce matin, je ne suis pas moi-même. Renard, Journal,1898, p. 511.
B.− [Le compl. dir. désigne une réalité concr. sur laquelle le référent du suj. exerce une action; sans compl. datif]
1. [Le suj. désigne un animé agent du procès]
a) [Avec un compl. spécifiant l'aspect sur lequel porte l'exagération] Rendre (un aspect de quelque chose) trop (ou très) grand, long, intense, etc. (par quelque chose). (Quasi-)synon. accentuer, outrer; anton. diminuer, modérer.Pas besoin pour Brague, de poudrer mon nez, ni d'exagérer, d'un trait bleu, la longueur de mes paupières (Colette, Vagab.,1910, p. 52):
4. Nana, s'oubliant devant cette brusque attaque, allait se mettre les poings aux hanches et la traiter de salope. Elle se retint, elle exagéra le ton flûté de sa voix, avec un geste de marquise qui va marcher sur une pelure d'orange. Zola, Nana,1880, p. 1345.
b) [Sans compl. spécifiant] Rendre quelque chose excessif (v. ce mot B 1) (par l'emploi de quelque chose). Il exagère son accent. Elle [ma sœur] avait vieilli avant le temps, et elle avait l'habitude d'exagérer encore son âge par son costume et ses manières (Renan, Ma sœur,1862, p. 39).Lorsqu'elle aperçut que Daniel les épiait, elle exagéra sa gaieté (Martin du G., Thib.,Belle sais., 1923, p. 854):
5. Son âge − il était mon aîné de cinq ans − ses façons et son titre m'en imposaient plus que je ne voulais me l'avouer, et je m'en vengeais en exagérant, à l'occasion, une familiarité qu'il avait le bon goût de ne jamais rembarrer. Vercel, Cap. Conan,1934, p. 42.
Emploi abs. Aller au-delà de la mesure dans ses actions. Synon. abuser, charrier (fam.), pousser (fam.).Il exagère : il a pris la plus grosse part (Dub.).
Rem. La docum. atteste la constr. exagérer qqc. en qqc. Cependant il ne lui fallait pas exagérer le mépris en obsession pour pouvoir mépriser encore (Jouhandeau, M. Godeau, 1926, p. 114).
2. [Le suj. désigne le moyen]
a) [Avec un compl. spécifiant l'aspect sur lequel porte l'exagération] Rendre (quelque chose) trop (ou très) grand, long, intense, etc. Son costume exagère l'ampleur de sa carrure. (Quasi-)synon. accentuer, outrer; anton. diminuer, modérer.La gorge ronde des mannequins gonflait l'étoffe, les hanches fortes exagéraient la finesse de la taille (Zola, Bonh. dames,1883, p. 392).Le bouffant des manches [de la dame du portrait] exagérait encore la minceur de son cou (Lorrain, Sens. et souv.,1895, p. 73).Cf. atrophier ex. 1 :
6. Cette prétention d'aristocratie jurait singulièrement avec sa personne. Comme il était petit, sa grande redingote marron exagérait la longueur de son buste. Quand il ôtait sa casquette, on apercevait un visage presque féminin avec un nez extrêmement pointu... Flaub., Éduc. sent.,t. 1, 1869, p. 121.
b) [Sans compl. spécifiant] Donner (à quelque chose) des proportions excessives (v. excessif B 1). Cette veste exagère sa taille. (Quasi-)synon. accentuer, outrer; anton. diminuer, réduire.Qu'elle [la photographie] (...) exagère les animaux microscopiques (...), jusque-là rien de mieux (Baudel.Curios. esthét.,1859, p. 224).Voici le moment où flottent dans l'air Tous ces bruits confus que l'ombre exagère (Hugo, Art d'être gd-père,1877, p. 51).La jupe, enflée encore sous les reins, déguisait les formes en les exagérant (France, Dieux ont soif,1912, p. 51).
C.− [Le suj. désigne une réalité sur laquelle porte l'exagération]
1. [Avec un compl. dir. indiquant l'aspect sur lequel porte l'exagération] Présenter un aspect (taille, ligne, etc.) excessif (v. ce mot B 1). La rivière exagère sa sinuosité. (Quasi-)synon. accentuer.Sous l'influence des passions, le sourcil (...) exagère sa courbure (Richer, Nouv. anat. artist.,t. 2, 1920, p. 121).Devant lui [Gaston], une colline exagérait sa rondeur grâce aux talus qui la striaient (La Varende, Centaure de Dieu,1938, p. 193):
7. ... les Pyrénées écrasaient le village; les cimes espagnoles ou les cimes françaises étaient là, toutes également proches, comme plaquées les unes sur les autres, exagérant leurs bruns calcinés, leurs violets intenses et sombres. Loti, Ramuntcho,1897, p. 261.
2. Emploi pronom. à sens passif. La surdité s'exagère avec l'âge; la peur s'exagère de plus en plus. Devenir excessif (v. ce mot B 1); prendre des proportions excessives. (Quasi-)synon. s'accentuer; anton. diminuer, régresser.Quand je lisais, accroupi sur mon tabouret, je sentais s'exagérer tout ce qu'il y a de défectueux dans mon attitude ordinaire (Duhamel, Confess. min.,1920, p. 173).Les muscles s'exagèrent ou se rétrécissent, les doigts s'écartent en étranges masses osseuses (Gilles de La Tourette, L. de Vinci,1932, p. 40):
8. La santé ne réside-t-elle pas dans le pouvoir d'équilibre qui nous permet d'arrêter nos impressions avant qu'elles ne s'amplifient, qu'elles ne s'exagèrent, jusqu'à dépasser notre force? Bourget, Nouv. Essais psychol.,1885, p. 156.
Rem. 1. La docum. atteste a) Exagérant, ante, part. prés. en emploi adj. Qui exagère, qui est excessif. On peut dire (...) sans tomber dans les illusions exagérantes auxquelles on est sans cesse conduit lorsqu'il s'agit d'un homme tel que Mozart, que rien absolument ne peut être comparé à l'Idoménée (Stendhal, Haydn, Mozart et Métastase, 1817, p. 265, 266). Et c'est le moment que choisit son autonomie pour affirmer avec une fermeté exagérante qu'il ne comprend pas le vilain mot, qu'il ne le comprendra jamais (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 17). b) Exagéreur, euse, subst. Personne qui exagère. Pour lui [fils de Dieu] le contradicteur est un ennemi, l'exagéreur et le lanceur est un ami (Poulot, Sublime, 1872, p. 111). 2. La plupart des dict. enregistrent exagératif, ive, adj., vx. Qui tient de l'exagération. Ordinairement les nouvellistes sont exagératifs; terme exagératif (Ac. 1798-1835). Expression exagérative (Ac. 1835).
Prononc. et Orth. : [εgzaʒeʀe] ou [e-], (j')exagère [εgzaʒ ε:ʀ], [e-]. Cf. é-1. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Av. 1542 (G. de Selves, Pericl., p. 275, éd. 1547 ds Gdf. Compl.). Empr. au lat. class. exaggerare « augmenter, amplifier, grossir (au propre et au fig.) ». Fréq. abs. littér. : 1 303. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 539, b) 1 293; xxes. : a) 2 141, b) 2 246. Bbg. Jourjon (A.). Rem. lexicogr. R. de Philol. fr. 1915-16, t. 29, p. 147.